L inconnu de Tian Anmen
238 pages
Français

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L'inconnu de Tian'Anmen , livre ebook

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238 pages
Français

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Description

Voici vingt ans, les contestataires étaient écrasés dans le sang sur la Place de Tian'Anmen, à Pékin. "L'inconnu de Tian'Anmen" était l'un d'eux, le monde entier l'a vu défier, seul, une colonne de blindés. L'auteur de cet ouvrage imagine son épopée, historique, amoureuse et paradoxale, son évolution humaine conciliant souplesse et fidélité, des débuts de la "Grande Révolution Culturelle Prolétarienne" à la fondation d'un musée chamanique, expression de la Chine légendaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 22
EAN13 9782336257594
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
Jean-Eudes HASDENTEUFEL, Chercheur d’or en Patagonie, 2009.
Jacques JAUBERT, Moi, Caroline, « marraine » de Musset, 2009. Alexandre PAILLARD, La Diomédée, 2009.
Bernard JOUVE, La Dame du Mont-Liban , 2009.
Bernard BACHELOT, Raison d’État, 2009.
Marie-Hélène COTONI, Les Marionnettes de Sans-Souci, 2009.
Aloïs de SAINT-SAUVEUR, Philibert Vitry. Un bandit bressan au XVIII e siècle, 2009.
Tristan CHALON, Une esclave songhaï ou Gao, l’empire perdu, 2009.
OLOSUNTA, Le bataillon maudit, 2009.
Jean-Noël AZE, Cœur de chouan, 2008.
Jean-Christophe PARJSOT, Ce mystérieux Monsieur Chopin, 2008.
Paule BECQUAERT, Troubles. Le labyrinthe des âmes, 2008.
Jean-François LE TEXIER, La dernière charge, 2008.
Robert DELAVAULT, Une destinée hors du commun. Marie - Anne Lavoisier (1758-1806), 2008.
Thierry AUBERNOIS, Le passage de l’Aurige. Combattre pour Apollon, 2008.
Tristan CHALON, L’Eunuque. Récit de la Perse ancienne au XVIII e siècle, 2008.
Tristan CHALON, Le Lion de la tribu de Juda ou un Destin de femme dans l’Ethiopie ancienne, 2008.
Dominique MARCHAL, La Porte du côté de l’Orient, 2008. Chloé DUBREUIL, Le temps d’Uranie , 2008.
Gabriel REILLY, La Fin des Païens. Rome An 385, 2008.
Jean Gérard DUBOIS, Un jeune Français à Cadix (1775-1788), 2008.
Norbert ADAM, Alfred Maizières. Une jeunesse ardennaise à l’heure prussienne en 1870, 2008.
Walther ADRIAENSEN, La falle du Caire, 2008.
Hélène VERGONJEANNE, Un laboureur à Versailles, 2008.
Claude BEGAT, Au temps des Wisigoths, Quitterie l’insoumise, 2008.
L'inconnu de Tian'Anmen

Yves Crehalet
Photo de couverture
© Stuart Franklin / Magnum Photos (détail).
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.iibrairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296091115
EAN : 9782296091115
AVERTISSEMENT
Les personnages imaginaires de ce roman vivent des événements authentiques.
J’avoue avoir été inspiré par la rencontre d’un acteur de l’histoire chinoise contemporaine, dont le parcours m’a paru parfaitement romanesque.

Le tour de Chine de Wang et Jiang
Sommaire
Roman historique Page de titre Page de Copyright AVERTISSEMENT WANG PARLE 1. ALLONS ENFANTS 2. HANGZHOU 3.MARCOULE 4. PARIS 68 5. PRENEZ MODELE SUR DAZHAI 8. TIAN’ANMEN 89 7. L’HOMME DE BRONZE EPILOGUE
WANG PARLE
C’est étrange, nul ne sait qui était cet homme sur la Place Tian’Anmen, cette nuit funeste de Juin 1989. Nul ne sait ce qu’il est devenu, celui qui seul, dans un moment d’éternité, fit face à toute une colonne de chars d’assaut bloquée devant sa silhouette fragile. Certains l’ont dit mort, sans que jamais son nom soit prononcé. Il est bien vivant ce héros anonyme. C’est mon ami depuis quarante ans, je l’ai connu jeune garde rouge. Aujourd’hui, il me libère du secret, je peux enfin révéler l’odyssée de Wang. Selon lui, à l’heure où le livre paraîtra il y aura prescription : le monde entier va célébrer le vingtième anniversaire du massacre.
— Tu peux tout dire, mais ne me trahis pas. J’ai accepté de te raconter mon histoire, et je me doute que tu l’accommoderas à ta fantaisie, je consens à ce que tu en fasses un livre, qui te rapportera des milliers de maos. Peut-être même t’y glisseras-tu comme un acteur important. Mais que connaitrais-tu de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne sans mon témoignage, si ce n’est quelques bribes que tu as pu recueillir ça et là, et les lubies des amphis de la Sorbonne que tu as fréquentés en 68 ?
Tu dédaignes un peu trop les idées, tu t’intéresses davantage aux faits. Tu me cites Confucius, selon qui, parait-il, « le sage n’a pas d’idée ». Je te rappelle que Confucius n’était pas vraiment notre tasse de thé à l’époque. Comment, sans l’Idée, faire avancer le monde ? Bon, tu vas me dire, pour aboutir à quoi ? Mao l’a très bien expliqué, c’est dans leur application qu’on peut juger de la justesse des idées.
Quand le Grand Timonier a lancé le mouvement, son idée simple a mobilisé la Chine. Comment n’y aurions nous adhéré, dans l’état de dénuement et d’humiliation où nous étions ? Mao pensait que dans notre monde, il n’existe que deux catégories, les exploiteurs et les exploités. Si on veut supprimer l’exploitation, il faut balayer les exploiteurs. Tu es vraiment spécieux, eh non, il ne restera pas que des exploités ! Ne cherche pas à réduire la force de l’idée. Dévastatrice ? Tu mélanges tout. Il y a eu de grosses erreurs, on les corrige. Il y aura toujours des erreurs... Tu voudrais me culpabiliser ? Je ne t’ai pas attendu, nous avons fait une double révolution, l’une d’abord pour l’égalité, puis une autre sur nous-mêmes.
Qui mieux que moi pouvait la vivre ? Je m’appelle Wang. Tu le sais, Wang, c’est le Roi. Mais je ne suis le roi de rien du tout, quoique depuis quelque temps, je m’efforce de régner sur mon cœur. Mes parents qui m’ont donné ce nom étaient d’une autre époque. Quand je suis né, la République Populaire n’avait pas un an. J’avais été conçu sous d’autres astres. Vois comment s’écrit le caractère Wang, un trait vertical qui relie trois traits horizontaux : en bas la Terre, c’est la réalité. Au milieu, l’Homme. Au sommet le Ciel. En somme, le calligraphe antique nous enseigne que le roi est un chaman. Ce rôle de passeur entre le Ciel et la Terre, avais-je le choix, j’ai du l’accepter. En ce temps là, on pensait comme Mao : « Notre ciel à nous, c’est la masse du peuple chinois ». Hélas, à confondre le ciel et les masses, on apprit que leurs colères sont également aveugles. Et moi-même, le sort a voulu que je cause la mort d’un autre chaman. Sans doute un charlatan, mais qui n’avait fait de mal à personne. L’eau renversée est difficile à rattraper.
Cependant, je suis désormais responsable d’un petit roi, c’est pour lui que je te dis mes crimes, je te supplie d’écrire honnêtement, pense à lui.
1. ALLONS ENFANTS
De Chengdu, province du Sichuan, jusqu’à Longtongba, un bourg perdu dans les montagnes aux confins du Guizhou, district de Pengshui, il avait fallu parcourir huit cents kilomètres, trois jours de cahots dans ce vieux camion brinqueballant, réquisitionné par Wang et sa brigade à Chengdu. Accrochés à des ridelles vibrantes au bord de la rupture, Chen et Wu s’offraient au vent de la course, pour repérer à l’avance les passages sur les épis de riz dont les cultivateurs jonchaient la route. C’était un battage gratuit, une productivité qui honorait les plans du Gouvernement. On entrait alors dans un océan blond, avec des rires de bonheur. Une poussière d’or enivrait l’atmosphère. Les pneus battaient le grain, Jiang battait des mains. Jiang l’aînée si l’on peut dire, elle venait d’atteindre dix-sept ans, était une exception. La consigne était stricte, garçons et filles ne devaient pas partir ensemble. Pas d’histoire d’amour qui eut pu distraire les gardes rouges. Mais Jiang n’avait pas voulu se séparer de Wang. Elle le connaissait à peine, et c’était comme s’ils s’étaient toujours connus. Ils s’étaient rencontrés dans le grand mouvement de foule d’Août 1966, au Parc du Peuple où, comme des guides de la Révolution Culturelle toute neuve, les hibiscus se préparent pour le Grand Soir. La fête battait son plein, au son assourdissant des cymbales, des tambours et des gongs. Les étendards pourpres flottaient dans la ferveur des hymnes et le vent chaud. Parmi les banderoles et les fleurs de papier multicolores, un char s’avançait sur les épaules des étudiants, portant un immense portrait de Mao, salué par les pétards. C’était comme un Nouvel An, comme le Grand Nuo* du temps des Tang. Dans la cohue enthousiaste, ils avaient été poussés l’un contre l’autre, et serrés un long moment dans un délicieux face à face. Elle avait tenu son petit livre rouge sur son cœur, talisman précieux brûlant entre leurs poitrines. La parole de Mao présidait à leur rencontre. Etait-ce son ardeur ou celle du corps de Jiang qui soudain émouvait Wang ? Bébé inassouvi d’un lait rare il s’était souvent rassasié de la fusion maternelle. Jamais depuis il n’avait senti contre lui la chaleur d’un corps féminin. C’en était tout de leur expérience charnelle, mais Wang ne pouvait oublier le sourire irradiant. Le sourire des gens heureux qui alentour, rend les gens heureux. Il l’avait comparé à la corolle des hibiscus, ce lendemain soir où ils s’étaient promenés dans le même Parc. Elle avait ri, pour les hibiscus tous les soirs sont le Grand Soir, disait-elle. Wang lui désignait la beauté des rouges, elle ajouta que le jaune impérial devait lui plaire, puisqu’il portait un nom de roi. Main dans l

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