Les Clans des Orcs : Chapitre Quatrième
63 pages
Français

Les Clans des Orcs : Chapitre Quatrième

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Description

A l'aube du Monde, à la naissance des peuples pensants, les orcs arpentent la Plaine. Ce sont des êtres pacifiques, révérant la vie et vouant un respect des plus profonds envers l'Esprit du Monde, âme de toute chose.
Le passé difficile d'Olthâr, d'Orosh et de Lana les a unis dans la douleur, et leur a offert force, sagesse et renommée.
Olthâr est le Poing des Plaines, le plus puissant lutteur orc de tous les temps. Orosh Tireur des Vents fait partie des meilleurs archers de la Plaine. Et Lana, dite la Belle, est la plus magnifique des créatures...
Mais, manipulé par un Shaman, serviteur fanatique du Grand Esprit, Orosh est rongé par la jalousie envers Olthâr.
Peu à peu, entre eux, rien ne va plus. Ajoutée à un contexte difficile, la disparition tragique de Lana attise irrémédiablement les tensions entre les Deux Frères.
Et celles-ci, exacerbées par le Shaman, mèneront les orcs jusqu'au plus terrible des maux.
Jusqu'à la guerre.

Informations

Publié par
Publié le 05 novembre 2011
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Langue Français

Extrait

LESC
LANS
 DESO
CRS
L’Histoire du Monde
Chapitre Quatrième
F.B.Inconnu
Les Clans des Orcs Lana se réveilla avec peine lorsque le premier rayon de soleil frappa sa rétine au-travers de ses paupières closes. Encore immergée dans un océan de sommeil, ce fait simple ne l’émut pas de prime abord. La fatigue l’inondait d’un besoin impérieux de dormir, comme si son inconscient creux s’emplissait de cette nécessité, et retenait sa lucidité au fond de ce récipient imaginaire par une lourde pierre de fainéantise. Une vaste surface lumineuse rayonnait à l’autre bout de l’infinie masse liquide la surplombant, miroir solaire dont le vague reflet l’aveuglait péniblement. Tel un phare, celui-ci l’alertait, puissante et irrésistible mise en garde à son encontre. La lumière lui rappelait la présence en ce lieu de récifs meurtriers, vers lesquels elle se dirigeait à vive allure, mais dont elle ne pouvait se souvenir. Profondément en retard, elle percuta. Comment donc un rayon solaire était parvenu à passer au travers des énormes nuages de la veille ? Le paradoxe s’imposa brutalement dans son esprit suffoquant, réactivant dans cet océan fatigué une poussée d’Archimède naturelle et psychique. Trop longtemps supprimée des eaux ensommeillées, elle se libéra avec violence, emportant brusquement son esprit, qui à la manière d’une torpille tirée depuis les profonds sols océaniques de sa torpeur, jusqu’à l’éclatante surface du réveil. Ses yeux s’ouvrirent soudainement, comme si ses paupières avaient été soulevées par le raz-de-marée mental qui avait dévasté son sommeil.
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Les Clans des Orcs Lana fut surprise par l’agression minime que perpétrait le petit rayon de soleil qui frappait sa rétine. L’étendue lumineuse qui avait surplombé l’ombre de son endormissement ne se révélait être qu’une simple et faible raie solaire, négligemment déposée sur son œil au travers d’une minuscule fente dans le bois de la hutte. Surprenant... La belle orquæ s’assit dans son hamac, les pieds ballants dans le vide sous sa couche. Elle tendit les bras et s’étira longuement, avec un énorme soupir, tandis que ses muscles se détendaient. Le sang lui monta à la tête et, comme chaque fois, elle eut une sensation virulente de fourmis courant un peu partout sur son corps. Elle perdit la vue et l’ouïe pendant un instant excitant, et eut la sensation de tomber évanouie. Bien vite, trop vite, le pseudo-malaise passa et la hutte s’offrit de nouveau à son regard. La pénombre dominait le lieu, chichement éclairé par quelques rayons qui filtraient au travers de petits trous dans la charpente de la hutte. Le mobilier simple, réduit au strict minimum, était toujours bien à sa place, et rien ne troublait la quiétude bâillante qui pesait sur l’intérieur de la hutte. Lana ne parvint pas à déterminer si la faiblesse de la lumière était due à une heure matinale, ou aux énormes nuages qui avaient couvert leurs têtes la veille. La théorie voulait que ce soit au minimum la faute d’un ciel couvert et pluvieux, mais les raies solaires et l’absence troublante du ruissellement et de la musique habituelle de la pluie semblaient toutes deux contredire cette hypothèse.
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Les Clans des Orcs Pourtant, les chances pour qu’un orage tel que celui qui avait débuté la veille disparaisse en une nuit étaient dérisoires. Quelque vent étrange avait eu à souffler bien fort pour disperser les nuages de la veille... Pour dire, de mémoire d’Ancien, cela ne s’était encore jamais vu. La belle orquæ quitta finalement son hamac, se laissant tomber souplement sur les pieds. Elle délaissa la petite tunique de lin serrée -elle commençait à dater un peu- qu’elle portait pour la nuit, et choisît dans son coffre une tenue qui serait plus présentable. Parmi le peu de vêtements qu’elle possédait, elle choisit de s’habiller d’une jupe et d’une chemise de lin simples, passant une jolie veste de cuir sombre par-dessus cette dernière. Puis elle se saisît d’une paire de souliers de cuir primitifs, sans colifichets, qu’elle garda à la main. De l’autre, elle écarta doucement le rideau de peaux qui camouflait son petit coin chambre, et s’éloigna de son hamac. Décemment vêtue, elle traversa la hutte en silence et poussa d’une main la porte de bois. Elle devait de ses yeux établir un bilan de la situation. En coulissant lentement, le battant grinça avec force remontrances, arrachant une grimace de déplaisir à la jeune orquæ. Ses frères ne se réveilleraient pas pour si peu, c’était certain, mais elle détestait faire du bruit dans un environnement silencieux. C’était une question de respect... Après une courte réflexion, elle décida de sortir complètement plutôt que de passer uniquement la tête par
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Les Clans des Orcs l’entrebâillement de la porte. Surprise, elle stoppa un instant son mouvement en apercevant combien le ciel était dégagé -comparé à la veille, du moins. Sang... Là, elle était bien obligée d’admettre que, contre tout attente, la pluie avait cessé totalement de tomber. Lana leva le nez et huma l’air par profondes inspirations. Sa fraîcheur n’était pas déplaisante, quand bien même la forte humidité de l’air et de la terre en rehaussait l’intensité. L’odeur puissante d’humus mouillé qui se dégageait du sol rappelait les senteurs boisées et rares que la jeune orquæ affectionnait. Dans le doux vent qui soufflait sur le côté de son visage, rien n’annonçait qu’une modification rapide du climat n’était -ou n’avait été- à prévoir : pas de souffle chaud, pas de puissants mouvements d’air pour chasser les nuages. Olthâr n’avait pas pu se tromper. Il n’y avait rien. En somme, tout était normal. Mais quand même... Si le ciel n’était pas du bleu pur et épuré d’un été ensoleillé, loin de là, l’épaisseur nuageuse du jour n’avait strictement rien à voir avec celle de la veille. Les nuages couvraient encore la totalité du ciel, mais ils étaient moins sombres, moins noirs, moins orageux. Contrairement à ceux qui les avaient précédés, ils ne s’identifiaient pas ostensiblement comme diluviens. Pour preuve, quelques trouées dans la couverture cotonneuse laissaient même passer des rayons solaires privilégiés, expliquant la semi-luminosité pénétrant à l’intérieur de la hutte.
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Les Clans des Orcs La jeune orquæ ne détecta rien dans le vent ni dans les nuages ; pourtant, sa méfiance ne décrût pas. Il lui serait nécessaire d’interroger les fleurs et les arbres, les oiseaux, les chiens de prairie et les grands cerfs d’Alb’Arât, une fois que la tribu se serait rendue aux Trois-Collines. L’Esprit du Monde pouvait se manifester de tant de façons différentes qu’avant d’être certaine de son impassibilité dans l’affaire, il lui faudrait vérifier chacun des vecteurs messagers au travers desquels il sexprimait. Quoiqu’il en soit, une chose était certaine. Qu’un orage se dissipe autant en une seule nuit était très suspect. Même si la journée précédente avait été placée sous le signe du déluge, dans les plaines, il ne fallait pas croire que les nuages pouvaient se vider de pluie en une journée. Cela n’arrivait jamais. Et quand bien même la preuve du contraire s’affichait devant les yeux de la belle orquæ, cela n’y changeait rien : quelque chose n’allait pas. Lana repensa à la veille. La pluie était tombée violemment tout au long de la journée, sans coup férir. Olthâr avait craint qu’une coulée de boue mortelle ne se forme dans la pente au-dessus du camp et ne le ravage. Sa peur ne s’était pas matérialisée, mais à la réflexion, elle n’avait pas été injustifiée pour autant. Toute la journée, une certaine tension s’était maintenue. Les chefs de familles avaient passé tout leur temps, pour la plupart, à la fenêtre de leurs huttes, surveillant ciel et terre. Ils s’étaient tenus prêts à faire face, de quelque manière que ce fut, à tout
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Les Clans des Orcs évènement imprévisible qui surviendrait ; et même, s’il le fallait, à abandonner leurs habitations. Lorsque la nuit était tombée, l’orage n’avait pas perdu de sa force, et l’air fraîchissant avait au contraire permis aux hostilités de redoubler d’ardeur. Chargeant sous les coups de canon de gros roulements de tonnerre, la foudre avait fait feu deux fois à proximité du camp, embrasant pas si loin que cela quelques arbres isolés. Les éclairs avaient foudroyé la nuit de flashs lumineux éphémères, éclats vibrants de colère céleste qui avaient ostensiblement fasciné Olthâr. Préférant rester éveillés une longue partie de la soirée, Lana et ses frères avaient surveillé la charpente de la hutte, afin de surveiller sa résistance. Ils avaient quitté les rebords de la fenêtre, car observer le noir nocturne n’avait plus été très utile... Après plusieurs heures de patience nerveuse, harassés, ils s’étaient couchés. Malgré sa fatigue, le bruit à la fois reposant et angoissant de la pluie qui battait le toit, par-dessus lequel sporadiquement s’élevaient des coups de tonnerre, l’avait empêchée de fermer l’œil. L’orage avait semblé ne jamais vouloir s’arrêter, et Orosh, pas plus endormi qu’elle et pensant à haute voix, avait craint qu’il ne dure pendant plus d’une semaine. L’idée s’imposant dans son esprit, Lana l’avait redoutée à son tour. Elle avait songé à ce qu’auraient été leurs conditions de voyage si cela s’était révélé vrai. Patauger dans la boue glissante, avancer sous une pluie glaciale venue du nord, surveiller des alentours flous de
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Les Clans des Orcs brumes et de rideaux de cordes liquides, camper dans le froid des nuits humides... Rien de tout cela n’était très réjouissant. Mais finalement, la nécessité du sommeil avait terrassé l’anxiété éveillée de Lana, et tandis que le bruit n’avait à l’évidence pas diminué d’un iota, elle s’était paisiblement endormie. Et ses rêves s’étaient hantés de nuages sombres et d’horizons pluvieux à l’infini. Alors de voir qu’au petit matin, le ciel s’était tant épanché de son eau que cela... Il y avait de quoi être surprise. Lana rentra finalement dans la hutte, pas vraiment plus avancée qu’avant. Un second grincement mécontent s’éleva de la porte, auquel cette fois elle ne prêta aucune attention. Pensive, elle se remémorait les paroles d’Olthâr, la veille. Son frère avait brièvement décrit la discussion que les chefs de famille avaient partagée au feu de réunion, puis annoncé la conclusion de Kor’tar. Soudain Lana se remémora la raison de son réveil étrange. Ils ne pouvaient pas se lever bien tard en ce matin, parce qu’ils devaient préparer le voyage à venir ! Mais où se cachait le soleil ? Etait-il trop tôt, ou bien trop tard ? Le camp avait l’air totalement endormi, mais cela ne la rassurait pas beaucoup. Devait-elle réveiller ses frères ? Après la nuit éprouvante qu’ils avaient tous subie, et dans l’optique d’une longue journée qui serait tout aussi difficile, ce n’était pas évident. La jeune orquæ désirait leur laisser du temps pour dormir, mais il ne fallait pas mettre la tribu en retard...
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Les Clans des Orcs Finalement, elle décida de jouer la sécurité et s’accroupît à côté du hamac d’Orosh. Elle observa le beau visage de son frère, doux et serein, plongé dans le sommeil. Son faciès rude de guerrier en était adouci, ses beaux traits détendus pendant que peut-être -Lana lui souhaitait- il faisait un beau rêve.  La jeune orquæ l’aimait plus que tout au monde, fascinée par l’orc puissant et attentionné qu’il était. La vie n’avait épargné aucun d’eux trois, mais ils étaient restés forts et soudés, vainqueurs face aux épreuves que leur opposait l’Esprit du Monde. Désormais leurs noms étaient connus parmi la Plaine, et leur réputation courait d’une tribu à l’autre sans jamais s’arrêter. Ils avaient tous reçu des titres honorifiques, plus ou moins mérités certes, mais c’était rare dans une famille. Ceux-ci d’ailleurs causaient une certaine tension en son sein : Lana voyait la jalousie qu’Orosh ressentait envers son frère. Si Olthâr ne semblait pas s’en rendre compte, elle, l’avait bien remarqué. C’était triste et cela l’ennuyait profondément, mais à dire vrai, son petit frère avait des raisons de l’envier. Si le Poing des Plaines n’avait pas existé -non pas qu’elle souhaita cela, il était plus qu’un père pour elle ! Mais dans l’hypothèse où cela eut été vrai, Orosh aurait été de fait le plus puissant et le plus admiré des orcs. A la place de son frère, en somme. Pour preuve, cinq ans auparavant, cela faisait déjà la troisième fois qu’il tombait au combat final du Râgg’Ansha, le plus grand tournoi de lutte de toute la Plaine. La troisième fois qu’il
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Les Clans des Orcs était vaincu par son frère, et donc autant où il aurait potentiellement pu le remporter. Même dans la victoire, aucun de ces trois duels n’avait été aisé pour le Poing des Plaines. Tous avaient duré près d’une dizaine de minutes -un exploit, quand l’on savait que la plupart se terminaient après quelques minutes. Ils avaient été intenses et tendus, ponctués de cris hystériques poussés par la foule immense de leurs spectateurs transcendés. Les orcs présents ne se trompaient pas : ils se savaient pertinemment assister aux plus beaux combats que des enfants de la Plaine étaient capables d’offrir au regard de l’Esprit du Monde. Depuis leur premier duel, les rencontres sportives entre ceux que l’on nommait désormais « les Deux Frères » représentaient de grands évènements à elles seules... Alors il était vrai que sans Olthâr pour vaincre toujours et le surpasser, Orosh son frère aurait été le plus puissant lutteur de tous les temps. Mais la réalité primait, et il n’était que le deuxième. Orosh Tireur des Cieux, voilà comment on le nommait, tandis qu’Olthâr restait le Poing des Plaines. Et cela, Lana le savait, ne changerait jamais.
Et c’était précisément ce qui agaçait son frère...
Repoussant ces pensées, Lana prit tendrement les épaules d’Orosh entre ses mains, et les secoua avec douceur. Elle chuchota son nom dans un souffle léger, puis haussa le ton progressivement, continuant jusqu’à ce
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Les Clans des Orcs que son frère gesticule dans une vaine tentative d’échapper à son étreinte. Son réveil dès lors ne tarda pas. Il ouvrit des yeux fatigués, qu’il referma dans l’espoir d’échapper à la lumière du jour et à l’éveil, mais Lana savait qu’il ne trainerait plus. Simplement, il émergeait lentement, préservant son calme et laissant le temps à son esprit de se remettre en route tranquillement. Sûre qu’Orosh se lèverait bientôt, Lana traversa de nouveau la hutte et s’agenouilla près d’Olthâr. Une petite barbe pointait sur son menton et ses joues, qui ravissait moins son détenteur qu’elle-même. La jeune orquæ appréciait cette marque visible de sagesse âgée. Ses victoires au Râgg’Ansha avaient fait naître une vénération incroyable envers Olthâr dans le cœur de la plupart des orcs. Le coté brutal et sauvage que lui valait son titre ne pouvait pourtant pas être considéré comme l’unique facette de sa personnalité. Olthâr était un sage, solide psychologiquement autant que physiquement. Ses raisonnements étaient profonds, saufs de tout préjugé, et ce qu’il ne pouvait prouver, il le mettait en doute. Sa relative jeunesse de corps ne correspondait en rien à la noblesse ancienne de son âme, et Kor’tar lui-même s’était montré expansif quant à la sagesse précoce du lutteur. Par-dessus tout, Olthâr savait observer. A la lutte, il étudiait la technique de ses adversaires avec une précision chirurgicale, détectait leurs points faibles, ce jusqu’à anticiper leurs actions. Il parvenait à pressentir et ressentir les temps forts d’un combat, les moments clés
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