NOVAYA ERA
148 pages
Français

NOVAYA ERA , livre ebook

-

148 pages
Français

Description

Novaya Era, mouvement communiste nostalgique, au cœur de Riga en Lettonie. Son leader, Valdis, fantasque et utopiste, vivant dans la micronation d'Uzupis au sein de la capitale lituanienne. Une Occidentale en voyage, Line Darsan, syndicaliste convaincue, épouse désenchantée d'un fonctionnaire du Ministère des Affaires étrangères et mère marquée par le deuil de son enfant, tombe sous le charme et la fascination du jeune Valdis. De la passion à l'aveuglement, Line rentre dans un monde fragile et menaçant, encore empreint des relents contradictoires d'un passé totalitaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2017
Nombre de lectures 16
EAN13 9782806108937
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

9HSMIKG*badeag+
Martine Roland
Novaya Era ou la femme qui perdit deux fois la tête
NovayaEraoulafemmequi perdit deux fois la tête
Du même auteur
C’est un secret entre nous, Tenneville, Memory, 2016.
D/2017/4910/24
©Academia – L’Harmattan s.a. Grand’Place 29 B-1348 Louvain-la-Neuve
ISBN : 978-2-8061-0340-6
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’auteur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
Martine Roland
NovayaEraoulafemmequi perdit deux fois la tête
Entre réalité et ction, l’imagination de l’auteur s’amuse. Ne dit-on pas de l’utopie qu’elle rend possible ce qui a priori ne l’est pas ? Ils sont tous là, transformés sous ma plume, ceux que j’ai rencontrés en juin 2016, aux conns de l’Europe, dans ces pays merveilleux où la lumière de l’inspiration s’insinue entre les ombres du passé, les grandissant ou les amenuisant.
Prologue
— Allo, Line, c’est Miglë. Je dois t’apprendre une triste nouvelle. Line venait de rentrer en Belgique, le temps de repartir le week-end à la côte, seule. Marc n’y voyait aucun inconvé-nient, comme toujours. Elle marchait de long en large dans le living, le mobile collé à l’oreille. Un serrement au cœur l’empêcha de parler. — Valdis est mort. On l’a trouvé poignardé sous la statue Milda. Line s’immobilisa. « Sous les yeux de cette garce de Milda ». Elle revit la jeune femme minérale, portant les trois étoiles, la Marianne lettonne, qui surmontait le monument de la li-berté sur l’esplanade de Riga. — Tu venais de quitter la Lituanie. Je regrette de devoir t’annoncer sa disparition, mais vu les liens entre vous... Comment l’aurais-tu appris autrement ? Lukas est cho-qué. Il est reparti pour Riga auprès du père de Valdis. Il ira ensuite voir sa mère à Tallinn. Perdre son meilleur ami dans de telles circonstances, lardé d’une dizaine de coups de couteau. Je crains encore pour Lukas. Mais tu connaissais leurs activités, je t’avais prévenue.
5
Martine Roland
Line sentit le sol se dérober sous ses pieds. Elle dut prendre appui sur le buet, xant le mobile d’un air ahuri. Aucun mot ne pouvait sortir. Elle s’écroula sur place. — Tu es toujours là ? lui demanda son amie. À moitié pour elle-même, Line murmura : — Valdis savait qu’on le haïssait, qu’on le jalousait, qu’on 1 voulait sa peau et celle deNovaya Era, il me l’avait dit tant de fois. Il pressentait tout, j’aurais dû rester encore un peu, un tout petit peu. Je ne suis pas parvenue à le protéger. Il lui brûlait pourtant aux lèvres de parler de Lukas, le ls de Miglë, dont la docilité apparente était à la hauteur de la répulsion de sa mère pour tout ce qui touchait de près ou de loin à la Russie. Même liée à Miglë par une amitié sin-cère, Line ne comptait pas lui révéler le retour à Novaya Era, plus engagé encore, d’un ls que les sentiments maternels avaient toujours placé au-dessus de tout soupçon. Après son arrestation, trois semaines auparavant, pour le meurtre d’un camarade, et sa relaxe, Lukas s’était tenu discret avant de renouer avec ses anciennes amours ocielles, la lutte bolchevique, pour laquelle il s’investissait plus que jamais. S’il avait fait montre de conviction avant cette arrestation, il le ferait à présent par délité à la mémoire de Valdis, son ami assassiné. Peu avant son retour en Belgique, Line l’avait aperçu, discret, à la sortie de la dernière réunion du Spïkeri, ce petit quartier de Riga près de la Daugava et du Marché central ; Lukas avait renoué avec le mouvement en cachette, tandis qu’il continuait à jouer devant ses parents la comédie de l’enfant soumis qui jamais plus ne mettrait les pieds dans
1
Nouvelle Ère(en russe).
6
Novaya Era
ce panier de crabes. Line se rappelait les paroles de Valdis : « Enn, Lukas est revenu, tout peut recommencer ». Pourquoi si vite ? Dès les débuts de Novaya Era, il avait été l’un des plus fervents activistes que le mouvement de re-naissance bolchevique ait jamais connus, discret et charis-matique, plus encore que Valdis. Qui l’eût cru ? Lukas, le petit-ls ingrat, semblait avoir oublié la déportation de son grand-père maternel vers la Sibérie et méprisé le combat de sa mère pour une Lituanie libre et occidentale. Même son arrestation pour le meurtre du camarade était tombée dans l’oubli. Miglë avait toujours cru à une grossière erreur de la part de la police, et à juste titre. On nageait encore en plein romantisme dans ces pays aveu-glés par leur erté d’avoir terrassé le monstre rouge, qui n’avait pas encore déposé la faucille et le marteau. Les idéo-logies muselées, qu’elles soient d’extrême droite ou d’ex-trême gauche frémissaient et s’emparaient des jeunes et d’aînés en manque de reconnaissance, encore inassouvis de tant de puissance illusoire. — C’est areux, Miglë. Je suis anéantie, lâcha-t-elle, noyée dans les pleurs. Je te retéléphonerai plus tard. Je dois quitter. J’espère que tout va bien pour toi et ta famille. Elle avait dit ces derniers mots sans les penser, par simple politesse. Elle aussi savait jouer la comédie. Elle raccrocha, les yeux brumeux. Elle courut vers sa chambre et s’enfouit le visage sous l’oreiller. Les sanglots remontaient par saccades de son ventre jusque dans sa gorge où ils se bloquaient. Elle crut un moment qu’ils allaient l’étouer. Après tout, c’était peut-être ce qu’il lui arriverait de mieux.
7
Chapitre I
Cinqsemainesplustôt.
Line Darsan prendrait ses congés en juillet, la deuxième quinzaine. Cela tombait bien après une année éreintante, dis-tribuée entre grèves, manifestations, réunions extraordinaires et colloques de tout poil. La situation sociale belge se détério-rait peu à peu depuis les mesures d’austérité contraignantes du nouveau gouvernement de droite. La Fédération des Entreprises tirait la couverture à elle tandis que les syndicats recouraient à tous les moyens en leur pouvoir pour défendre le travailleur, la veuve et l’orphelin. Les grèves paralysaient le pays dans tous les secteurs. Le tout sur fond d’attentats terro-ristes à répétition de l’État islamique. Une année de merde. La date de ses vacances l’arrangeait aussi puisque Marc allait partir comme chaque année dans le chalet familial arden-nais. Les quinze jours traditionnels au coin de l’âtre, même par temps caniculaire, les promenades répétitives du chalet au village et du village au chalet, les parties de scrabble à côté de la minuterie et du dernier Robert, et l’ennui mortel, que l’endroit jadis magique lui inspirait, convenaient à cet homme qu’elle avait épousé quinze ans plus tôt ou quinze ans trop tôt, Dieu sait pourquoi. Elle l’avait rencontré au mariage d’une amie de cours. Élancée et svelte, le visage souriant sous des boucles blondes semées de-ci de-là tels des boutons d’or dans un champ châ-
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents