Un éloge du vent
146 pages
Français

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Un éloge du vent , livre ebook

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Description

Entre le ciel et l'océan, deux hommes se rencontrent. Paul habite en solitaire une petite maison au bord de la mer. Louis vient se ressourcer dans une anse voisine. Leur occupation comune consiste à profiter de leurs points de vue sur la vie. Leurs échanges les conduisent sans attendre sur le chemin de l'amitié.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 48
EAN13 9782296691469
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
 
 
Essai
 
L'inévitable destin social de l'Internet, Éditions des Riaux (épuisé), Paris, 2004.
 
Livre d'art
 
L'œil des Maîtres, Éditions des Riaux (épuisé), Paris, 2004.
 
Roman & Nouvelles
 
Objets inanimés... (Nouvelles), Éditions des Riaux (épuisé), Paris, 2005.
 
La berloque tribord (Roman), Éditions des Riaux (épuisé), Paris, 2006.
 
Encyclopédie
 
La grande histoire des sous-marins français, co-auteur, Éditions SPE Barthélémy, Paris, 2009.
 
Philippe Metzger
 
 
Un éloge du vent
 
 
roman
 
 
L'Harmattan
 
 
 
© L'Harmattan, 2010
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-10910-0
EAN : 9782296109100
 
Aux vents maritimes qui m'ont porté
 
Chapitre 1
 
 
I l avait le visage d'un vieux sage.
Souvent, lors de mes errances littorales, je l'apercevais. Il se tenait sous l'auvent de sa petite maison blanche, le regard rivé sur l'océan offert. De loin, ses traits paraissaient marqués par la rudesse d'une vie au grand air. Sa tunique et son pantalon blancs faisaient resplendir sa silhouette. Son teint halé sous sa chevelure d'ivoire me fascinait.
 
Il se tenait sous l'auvent de sa maison au toit pointu, plantée sur le bord de la plage, juste avant la limite des marées hautes du plus fort coefficient. Durant les tempêtes, elle devait être inondée. Elle n'était ni belle ni laide, ni grande ni petite, avec ses murs blancs percés d'ouvertures libres de tout vitrage, son toit de paille, son unique arbre. Elle semblait à l'image de son habitant, simple, solide et accueillante.
 
Chaque jour je passais, déambulant sur ce rivage nu, marchant entre sable et eau, là où l'onde vient disparaître avec paresse dans le sable, les jours de calme. Cette promenade quotidienne m'était vitale. J'y trouvais matière à me découvrir, à la frontière de deux mondes, la terre et la mer, la certitude et l'inconnu, reflet du morceau d'existence que je traversais.
 
Chaque jour je passais, risquant un œil curieux lorsque j'approchais de cette cabane. Chaque jour je passais, et il se tenait sous l'auvent de sa maison.
 
Chaque jour, en passant, je me demandais sans pudeur de quoi cet homme pouvait vivre. Vraisemblablement, la pêche de quelques spécimens évoluant entre deux eaux devait suffire à ses repas. L'eau douce devait provenir des pluies sporadiques mais abondantes. Quant au reste, sa vie spirituelle devait nourrir des soirées bercées par le bruissement lancinant des vagues régulières et légères. Je me faisais de lui un portrait de solitaire, dont l'existence ne pouvait que se rapprocher de celle d'un ascète ou d'un naufragé sur un îlot désert.
 
Lorsque je passais devant lui, mon regard se détournait. Je ne sais par quelle timidité ou influence, je n'osais montrer mon intérêt pour cet homme. L'idée que je pusse lui adresser un signe amical de la main m'effleurait encore moins. Intrigué ou impatient, il devait m'observer passant ainsi devant sa maison, sous l'auvent de laquelle il se tenait, chaque jour.
 
Chapitre 2
 
 
C e matin-là, alors que je me trouvais devant sa petite maison blanche, il me héla. Sous le soleil de la matinée, dans un délicat souffle qui venait de terre, mes habitudes furent bousculées.
 
Ma première réaction fut de faire semblant de ne rien entendre. Cette stupide timidité. Mais je tournai mon visage vers le sien, mû par une sorte de réflexe. Malgré les dizaines de mètres qui nous séparaient, nos regards se croisèrent. Je lus dans le sien une bonté que je n'imaginais pas. Sa main levée m'invitait à m'approcher. Je déviai mon chemin en lui répondant d'un mouvement identique, et mes pas gravirent la pente de la plage, dans un sable plus fin, plus chaud et plus moelleux.
 
Comment va la vie, ami ? me lança-t-il alors que je franchissais la ligne des plus hautes eaux marquée par un dépôt d'algues séchées.
Bien, je vous remercie.
Je suis Paul. Joli temps, non ?
Magnifique, comme chaque jour. Je m'appelle Louis.
 
Sa main serrait la mienne avec la fermeté souple d'un homme de mer. La puissance de son regard exerçait une attraction irrésistible. Je ne le quittais pas des yeux.
Et ce petit vent de terre, un régal aussi, hein Louis ?
Je suis bien d'accord.
 
Notre premier contact fut ainsi, d'une simplicité exemplaire. Pourtant, ce qui passa dans nos regards augurait d'une relation riche. Je fus immédiatement séduit par son magnétisme. De sa voix chaude et posée se dégageait une autorité naturelle mêlée d'une douceur immense et sincère. Cet homme avait voyagé loin, parmi les hommes et en lui-même, cela transparaissait dans toute son attitude.
 
Sommes-nous voisins ? me demanda-t-il.
Oui, j'occupe la petite villa dans l'anse du Sud, de l'autre côté de ce promontoire, lui dis-je en donnant un coup de menton dans la direction d'où je venais.
Et vous marchez jusqu'ici chaque jour, passez devant ma cabane, et continuez votre chemin comme un courant d'air.
Je n'ai jamais osé vous aborder, sans doute par crainte de vous déranger. J'en suis navré.
Ne vous tracassez pas. C'est maintenant chose faite. » Il se tourna vers le large, laissant son regard s'évader sur l'horizon. Je fis de même.
 
La chaleur augmentait en harmonie avec la montée du soleil dans le ciel pur. Cette petite brise de terre évitait que l'air ne devienne épais. Elle faisait chuinter le feuillage du cocotier, unique arbre malicieusement planté tout près de la cabane, sur cette plage. Il procurait une ombre espiègle qui, comme la chaleur, suivait l'ascension puis la descente du soleil. Les yeux de Paul scrutaient l'océan étalé devant nous, son regard bougeait sans cesse, dans une vivacité animale.
 
Vous n'êtes jamais venu vous promener en fin de journée, je crois ? reprit-il sans détourner son attention pour l'horizon.
Non, en effet
Vous devriez. Tout change ici, entre le matin et la fin d'après-midi. La lumière, les couleurs, les sons, les parfums... Le vent tourne, l'air s'allège, un autre monde s'installe. Je suis sûr que vous aimeriez.
Sans doute. Je ne connais de cette plage que son tableau de la matinée.
Le spectacle y est déjà sublime. Je ne m'en lasse pas. Chaque jour, avant votre passage, je me poste ici, sur la terrasse. Je savoure chaque seconde, chaque instant. Tout évolue en permanence. Cet endroit est un kaléidoscope. Même lorsqu'il pleut, ce paysage est magnifique, je m'y plonge comme dans un bain purificateur. Je suis en communion complète avec cet endroit que j'ai mis des années à trouver. »
 
Je l'observais tandis qu'il me décrivait son coin de paradis. Son visage était celui d'un vieux sage, buriné par l'iode et les embruns de toutes les mers du monde. J'y voyais un jeune marin parcourant les océans, luttant pour survivre dans l'élément déchaîné, puis vivant l'escale réparatrice dans les bras indolents d'une jolie mulâtre. J'y voyais un capitaine de navire contrebandier, à la solde d'une puissance rebelle, transportant armes dans un sens puis substances illicites dans l'autre pour financer la révolte de quelque peuple opprimé. J'y voyais un prisonnier de pirates, soumis à la torture, réussissant à vaincre ses bourreaux et échappant aux griffes de ses geôliers. J'y voyais un loup solitaire forgé à l'école d'une vie sans répit, un homme d'aventures et de légendes.
 
Cette étendue calme et gorgée de soleil qui reposait devant nous était son royaume, son domaine et sa raison de vivre.
 
« Venez boire le verre de l'amitié ce soir, avant le coucher du soleil. Et je vous garde à dîner si rentrer de nuit dans l'autre anse ne vous rebute pas. »
 
Ce n'était pas une invitation, plutôt une injonction douce, une

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