Souvenirs de soixante années
243 pages
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Souvenirs de soixante années , livre ebook

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Description

Extrait : "Au mois de mai 1789, Étienne, âgé de huit ans, était confié aux soins de Savouré dont la pension relevait du collège de Lizieux où le jeune enfant devait achever ses études. Les grands événements de la Révolution rendirent l'exécution de ce dernier projet impossible." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. 

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Publié par
Nombre de lectures 26
EAN13 9782335047974
Langue Français

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Extrait

EAN : 9782335047974

 
©Ligaran 2015

Avertissement
La vie d’Étienne a été divisée en deux parts : la première consacrée à la culture des arts, l’autre à celle des lettres. Dans un premier ouvrage sur Louis David, ont été recueillis les souvenirs relatifs à cet artiste, à son école et à son temps ; dans ce livre nouveau offert au public, Étienne s’est proposé de faire un retour analogue sur ce qui touche à la littérature. Cette dernière tâche a été plus difficile à remplir que la première. Dans les arts, les principes émis par L. David, généralement adoptés en Europe, et ayant exercé une influence égale sur toutes les branches des arts et même sur l’industrie, ces principes ont établi une unité de doctrine qui a rendu l’exposé de ses résultats assez facile. Mais il n’en a plus été ainsi lorsqu’il s’est agi des lettres. Depuis la mort de Voltaire et de J.-J. Rousseau jusqu’à nos jours, bien que des écrivains d’un mérite incontestable aient entretenu le feu sacré, il n’est cependant aucun d’eux qui ait émis des opinions formant un corps de doctrine dont la force de cohésion ait été assez puissante pour faire tendre le plus grand nombre des esprits vers un centre intellectuel commun.
Ce qui caractérise au contraire cette époque littéraire, c’est la diversité des opinions, des systèmes et des goûts qui se sont succédé et toujours combattus ; c’est surtout l’indomptable esprit de critique qui a remis et remet encore sans cesse tout en question.
La période de temps à laquelle se rattachent ces derniers souvenirs commençant vers 1789, se termine vers 1849. Étienne n’ayant occupé aucun emploi public, et étant resté toujours étranger à la pratique des affaires, ne parle que des faits qui sont parvenus à sa connaissance et des personnes lettrées dont il a pu apprécier le caractère personnel et le talent. Ces pages laisseront nécessairement bien des lacunes dans l’histoire littéraire de ces soixante années ; mais quelques-uns des traits principaux qui la caractérisent, y seront fidèlement indiqués.
Partant donc de la rude atteinte portée aux lettres par l’interruption des études universitaires en 1793, on aura pour grandes divisions : les efforts tentés sous le Directoire pour renouveler la littérature française par l’imitation de celles des Grecs, des Anglais et des Italiens ; le refroidissement à l’égard de la philosophie du XVIII e  siècle préparant le retour aux sentiments religieux vers 1800, et le déclin rapide d’un républicanisme devenu théâtral auquel succède un système monarchique plus absolu que celui que l’on avait détruit peu d’années avant. Puis viennent les quinze années du premier Empire et celles des deux Restaurations.
Ici, quittant le rôle de simple observateur, Étienne prend part au mouvement littéraire si animé à cette dernière époque. Il est admis au nombre des rédacteurs du Journal des Débats et se trouve bientôt en relation habituelle avec une bonne partie de cette jeunesse ardente et distinguée qui suivit alors le drapeau du romantisme.
En 1830, le plus grand nombre de ces jeunes écrivains entourés d’une certaine célébrité, sont tout à coup employés au gouvernement des affaires publiques ; l’ardeur essentiellement littéraire qui s’était maintenue telle sous la Restauration, se modifie pendant le règne de Louis-Philippe ; la politique domine impérieusement la littérature, et le chemin de la tribune devient aussi celui de l’Académie.
Dans l’ensemble de ces souvenirs, apparaît sous mille formes différentes, le défaut d’unité dans les institutions sociales, causé par le choc incessant de systèmes opposés en politique, en philosophie et même en religion. Quant à la littérature qui est le miroir où les opinions des hommes viennent se réfléchir, elle a nécessairement reproduit la confusion excessive des idées émises depuis 1789 jusqu’à nos jours ; or c’est ce conflit de systèmes dont Étienne, dans ce dernier ouvrage, s’est efforcé de donner une idée.
Dans ces derniers souvenirs comme dans ses premiers, publiés il y a cinq ans, Étienne n’apparaîtra que lorsque son intervention sera indispensable pour donner plus de vérité au récit des évènements dont il a été témoin et de vie aux personnages avec lesquels il a été en relation.
I
Au mois de mai 1789, Étienne, âgé de huit ans, était confié aux soins de Savouré dont la pension relevait du collège de Lizieux où le jeune enfant devait achever ses études. Les grands évènements de la Révolution rendirent l’exécution de ce dernier projet impossible. Au commencement de 1793, les collèges ayant été supprimés, les idées révolutionnaires s’étant même introduites jusque dans le sein des institutions particulières, Étienne rentra sous le toit paternel, n’ayant fait que sa sixième au collège, mais ayant achevé sa quatrième chez Savouré.
Les fureurs révolutionnaires croissaient de jour en jour, lorsque Étienne rentra chez son père. La maison, comme celle de presque tous les habitants de Paris, était triste ; et les parents d’Étienne ne voyaient pas sans inquiétude leur jeune fils privé tout à coup d’instruction, passant ses jours sans la surveillance incessante d’un maître. Étienne, quoique vif et ardent, ne donna cependant pas à ses parents de graves sujets de plaintes en ces tristes jours ; il leur portait une tendresse pleine de respect, et la société de ses deux sœurs qu’il a toujours chéries tant qu’elles ont vécu, adoucissait déjà ce qu’il avait d’emporté et de capricieux dans le caractère.
Pendant la durée de la Terreur, Étienne, quant à ce qui touchait à ses occupations, fut totalement livré à lui-même. Il satisfaisait sa passion dominante alors, en copiant indifféremment les dessins et les gravures de toute espèce qui lui tombaient sous la main. Toute étude sérieuse d’ailleurs était mise de côté ; et non seulement il ne pensait plus au latin, mais il ne s’occupait pas régulièrement du français.
Le père d’Étienne, architecte, avait, même en 1793, d’importants travaux à surveiller, conséquemment peu de loisirs. Quoique son éducation eût été négligée, un instinct naturel le portait à se rapprocher des personnes qui, par leur conversation, pouvaient le mettre au courant des connaissances qu’il n’avait pu acquérir dans sa jeunesse. Né en 1733, enfant du XVIII e  siècle, il avait quelques-uns des goûts généralement répandus à cette époque. Il aimait la géométrie, parlait de physique qu’il avait étudiée sous l’abbé Nollet, et d’histoire naturelle à laquelle son ami Valmont de Bomare l’avait initié. Quant à la littérature proprement dite, il ne s’en occupait guère et avait presque du mépris pour la poésie.
Dans son cabinet était un petit corps de bibliothèque toujours ouvert, d’où ses enfants pouvaient prendre des livres à leur choix. Or voici le catalogue de ceux qui se trouvèrent à la disposition du jeune Étienne : c’était d’abord l’ Encyclopédie , les Œuvres de J.-J. Rousseau et de Montesquieu ; puis la Recherche de la Vérité du père Mallebranche, la Physique de l’abbé Nollet, le Dictionnaire d’histoire naturelle de Valmont de Bomare, une traduction des Métamorphoses d’Ovide, les Caractères de Labruyère, un seul poème, la traduction du Paradis perdu de Milton, et enfin les Œuvres de J. Racine qui appartenaient à la mère d’Étienne.
Pendant cette triste époque, la famille d’Étienne ne résidait pas constamment à Paris. À la fin de l’année 1791, le père d’Étienne et l’un de ses amis avaient réuni les fonds dont ils pouvaient disposer pour acheter en commun une maison de campagne à Meudon. Ce fut là où les deux familles, qui voyaient l’orage révolutionnaire grossir incessamment, se proposaient de se retirer pour vivre ignorées s’il était possible, ou au moins dans l’idée peu prudente de se soustraire, si près de Paris, aux persécutions déjà menaçantes du gouvernement républicain. On faisait donc de temps en temps des voyages à la campagne, et ordinairement on s’éloignait de Paris lorsque l’agitation de la ville faisait p

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