Voyages et aventures de deux enfants dans un parc
145 pages
Français

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Voyages et aventures de deux enfants dans un parc , livre ebook

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Description

Extrait : "Lorsque l'on transporte un chat de la maison où il est né dans une nouvelle demeure, le premier soin de l'animal est en quelque sorte de dresser l'inventaire des lieux qu'il doit habiter. À peine l'a-t-on tiré du panier dans lequel il a fait son voyage, qu'on le voit regarder avec attention autour de lui, gagner à la hâte un coin obscur, et là, sombre et accroupi, réfléchir profondément..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. 

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 23
EAN13 9782335047905
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335047905

 
©Ligaran 2015

Introduction
J’ai l’honneur de vous présenter M. Paul et M lle Math…
Mais non, la présentation est pour le moment impossible. Comment, dans la situation où ils se trouvent, mettre mon héros et mon héroïne en évidence ? D’abord où sont-ils ? Je vois un bras par-ci, j’aperçois une jambe par-là ; de ce côté, je distingue quelque chose qui ressemble à une tête ; j’entends de petits grognements sortir d’une brouette renversée, puis des soupirs plaintifs. Il faut avouer que le lieu a été mal choisi pour renverser, les pieds en l’air, la grande brouette du père Antoine. Nous sommes au bord d’une mare à l’eau bien verte, bien noire, bien fangeuse, et c’est l’endroit qu’a choisi la brouette pour se retourner traîtreusement sens dessus dessous.
Il y a moins d’un quart d’heure, M lle Mathilde était vêtue d’une robe bleue, de bas bien tirés, d’un tablier couleur de neige. Ses cheveux bruns, dont les boucles étaient retenues par un ruban d’un bleu plus tendre encore que celui de sa robe, encadraient à merveille son frais visage, M. Paul, non moins coquet dans sa mise, se cambrait dans une veste marron, et, au-dessus d’une collerette plissée s’épanouissait son visage rose couronné de cheveux blonds. Dans leur simple costume, c’étaient deux petits êtres assez agréables à contempler que M. Paul et M lle Mathilde. Je crois même que ce fut leur bonne mine qui m’inspira l’idée de vous les présenter. Hélas ! je ne sais quel mauvais génie venait de passer par là pour tout gâter. Franchement, j’aurais tort d’attirer l’attention sur ce petit garçon au nez barbouillé de boue, aux vêtements souillés d’eau verte, aux cheveux ébouriffés, lequel se tire à grand-peine des brancards de la brouette. Quant à sa sœur, la jeune personne qui, le visage baigné de larmes, marche à quatre pattes pour sortir de dessous le véhicule renversé, je suis forcé d’y regarder moi-même à deux fois pour découvrir à quel sexe elle appartient. M. Paul a le front enrichi d’une grosse bosse ; il est sérieux comme un docteur. M lle Mathilde a la joue ornée d’une égratignure ; elle pousse de temps à autre un léger sanglot.
« Qu’est-il arrivé, bon Dieu ? ne puis-je m’empêcher de m’écrier, à la vue de ce spectacle navrant.
– C’est Paul, répond M lle Mathilde.
– C’est la brouette, réplique M. Paul.
– La brouette ne m’a rien fait du tout, reprend la petite fille ; c’est Paul qui l’a poussée du côté de la mare. »
M. Paul se frotte le front, regarde son interlocutrice et dit avec vivacité :
« Mathilde se trompe, papa, je n’ai pas poussé la brouette vers la mare ; c’est au contraire la brouette qui m’a entraîné, ce qui n’est pas la même chose. Nous étions là-haut, sur le bord ; je voulais aller du côté du bois, la brouette a tourné à droite ; j’ai essayé de la retenir, file a été plus forte que moi ; alors nous avons roulé tous les trois, Mathilde sous la brouette, puisqu’elle était dedans. »
Je n’avais pas besoin de cette explication pour comprendre la catastrophe dont je voyais les résultats. La taille de M. Paul, la dimension de la brouette et la disposition du terrain parlaient assez clairement. Si quelque chose pouvait me surprendre, c’est que le conducteur, la brouette et M lle Mathilde n’eussent pas pénétré plus avant dans la mare.
« C’est Paul, s’écrie de nouveau Mathilde.
– C’est la brouette ! réplique péremptoirement celui-ci.
– Non.
– Si. »
J’impose silence aux deux petits êtres méconnaissables qui sont devant moi, et j’ai de la peine à réprimer mon envie de rire en les voyant indignés l’un contre l’autre comme deux jeunes coqs, et si bien barbouillés. Le bruit des respirations haletantes succède aux récriminations. M. Paul continue à se frotter le front, tout en regardant la brouette, et M lle Mathilde, à force d’essuyer ses larmes, achève de faire disparaître son visage sous un masque de terre.
« Je voudrais d’abord savoir, dis-je, qui vous a autorisés à vous servir de cette brouette et surtout à la conduire où la voilà.
– Je l’ai amenée jusque là-haut, répond M. Paul en me montrant la crête du talus ; mais elle est descendue toute seule ici. La preuve, c’est que plus je voulais la retenir, plus elle tirait fort. Mathilde a eu peur, elle a crié d’arrêter, la brouette ne l’a pas écoutée, puis c’est tout.
– Alors, vous avez trouvé la brouette en haut du talus ?
– Non, papa, elle était sous la remise ; mais tu vas voir : nous passions pour aller jouer, Mathilde et moi, quand nous l’avons aperçue. « Si tu étais fort, m’a dit Mathilde, tu serais le cheval, je m’assoirais dans la brouette qui serait l’équipage, et j’irais en voiture. » Je lui ai répondu que fêtais très fort, que grand-maman le disait à tout le monde, que je voulais bien être cocher, mais pas cheval. Elle m’a répondu que cela lui était égal, pourvu que je la promène dans la brouette. Alors elle est montée dedans, et ça n’allait pas trop bien, parce qu’elle n’était pas assise au milieu. À la fin ça roulait presque seul. Alors Mathilde m’a dit : « Allons vers le bois, ce sera censé les Champs-Élysées. » Arrivés là-haut, la roue a tourné, les brancards ont remonté, nous avons roulé, puis c’est tout.
– Non, ce n’est pas tout ! s’écrie M lle Mathilde. Je lui avais recommandé d’aller doucement, et il a couru très vite ; je lui avais demandé s’il était très fort, il m’avait répondu que oui, et il n’a pas été très fort.
– Comment ! je ne suis pas fort ? réplique M. Paul d’un ton indigné. Remonte donc dans la brouette, et tu vas voir.
– J’ai assez vu, dit Mathilde en reculant d’un pas ; je ne veux plus de la brouette, je n’y remonterai jamais.
– Voilà qui est bien, dis-je à mon tour ; mais, si l’idée de transformer une brouette en voiture vous passe dorénavant par la tête, je vous défends expressément de la conduire du côté de la mare, du l’étang ou des fossés. Maintenant retournez à la maison, et priez votre sœur Hortense de faire disparaître les traces de votre mésaventure, avant que votre maman voie le bel état dans lequel vous avez mis vos toilettes. »
Les deux enfants s’éloignent et se dirigent à pas comptés vers la maison. Ils sentent bien qu’ils ne seront pas accueillis par des félicitations.
« C’est de la faute, murmure Mathilde qui sanglote de plus belle.
– C’est la brouette, répond imperturbablement M. Paul.
– Tu ne pleures pas, toi, répond la petite fille ; tu aimes le pain sec.
– Je ne pleure pas, parce que je suis un homme ; mais je n’aime pas plus que toi le pain sec lorsqu’on m’en donne pour me punir », répond M. Paul.
Au moment où le frère et la sœur, qui ont gravi le perron, l’un par la droite, l’autre par la gauche, se rencontrent devant la porte d’entrée et franchissent ensemble le seuil, j’entends répéter : « C’est de ta faute », et : « c’est la brouette ».
M. Paul est un jeune homme de huit ans, blond, rose, les yeux bleus, et taillé comme un petit hercule. Bien qu’il ait été vaincu par une brouette posée sur un plan incliné, il est en réalité très fort pour son âge. M. Paul est sérieux, avide de savoir, studieux par conséquent, et le plus terrible logicien de la famille. Il argumente avec son grand frère Émile et veut éternellement connaître le dernier pourquoi des choses ; aussi ses frères et sœurs l’appellent-ils familièrement M. Pourquoi. Au demeurant, c’est un bon petit garçon, franc, raisonnable, un peu rageur, aussi ardent à l’étude qu’il l’est au jeu, ce qui n’est pas peu dire. En dépit de sa logique à outrance, M. Paul sait se faire aimer de tout le monde ; c’est, je crois, le plus bel éloge que puisse mériter un enfant.
M lle Mathilde, mince, vive et légè

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