Alzheimer, mon nouveau colocataire
132 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Alzheimer, mon nouveau colocataire , livre ebook

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132 pages
Français

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Description

Ce roman livre le combat d'une femme de soixante-cinq ans avec la maladie d'Alzheimer. Maxie, avec son époux et sa fille, part à la découverte de la dégénérescence et de la démence. Sa rencontre avec le jeune Alexandre lui permet de concevoir la vie plutôt que la mort qu'elle se programmait. Le roman est rythmé d'une conjugaison qui exprime le ressenti de Maxie vis-à-vis d'elle-même, de son époux, de sa fille, du couple, de la famille, des autres et de... ses neurones.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2015
Nombre de lectures 30
EAN13 9782336398860
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Rue des Écoles
Rue des Écoles

Le secteur « Rue des Écoles » est dédié à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Il accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques.

Déjà parus

Weck (Françoise), Les dits de la ménagère , chroniques, 2015.
Thibaud (Aurore), Beau temps sur tout l’univers , récit, 2015.
Prunet (Paul), La vie ou les futurs du passé , essai, 2015
Rey (Michel), Une lumineuse affaire , roman, 2015.
Kissel (Myriam), Refuges lointains , roman, 2015.
Alpace (Christian), De briques et de broques , mémoires, 2015
Apicella (Patricia), Figure-toi un danseur de corde , roman, 2015.
De Montmollin (Danièle), Mocumbi (Adelina), Mozambique, destins croisés d’une femme et d’un pays , récit, 2015.
Leroux (Martial), Devant, derrière , roman, 2015.
Pannequin (Martine), Églantine , roman, 2015.
Demirdjian (Véronique), Une voix si douce , récit, 2015.
Le Goaziou (Véronique), Les nuages à nos pieds , roman, 2015.

Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Titre
Anne Marie Gaffino










Alzheimer, mon nouveau colocataire
Copyright





















© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-74897-9
Citation

L’optimisme est la foi des révolutions
Jacques Bainville
Dédicace

À mon époux
VOUS ALLEZ FINIR DE M’AIMER
Belle journée d’été, on dirait. Ce petit matin est magnifique. Le souffle frais qui parcourt ma peau est un délice. En léger déshabillé sous le porche de la maison, je sirote mon café après le thé avalé en tête à tête avec moi-même dans la cuisine. C’est le moment que je préfère dans cette putain de vie qui s’annonce imprévisible. Quoique. Mon cahier et mon stylo m’accompagnent désormais partout-le-temps, comme je dis maintenant. J’observe de tous mes sens et j’écris, tout. Tellement peur d’oublier. Ce que je n’identifie pas, je le retiens pour en rechercher le sens sur internet. Désormais, je ne laisse plus les choses m’échapper. Ce matin, mon ami le rapace est de retour. Et je dois me donner l’objectif de définir de quelle espèce de rapace il s’agit. Terminées les approximations bêtifiantes. Il tournoie dans le ciel, se laisse porter par les airs, bat cinq fois des ailes et repart dans les courants. J’aime croire qu’il est mon ami, que c’est le même que je vois chaque jour et qu’il m’indique sa présence en tournoyant sous mon regard. J’aime croire que je communique avec lui. Je pense à lui et je lui envoie ma solitude. Il tourne, tourne encore en grands, petits cercles, il dévie, il demeure à ma portée d’yeux le temps de me dire qu’il reçoit mon message. Je me sens moins seule, il s’en va alors et les hirondelles captent mon attention. À moins que ce ne soient des martinets ? Seconde approximation à éliminer. Ils fusent dans l’air par trentaine au moins, j’imagine qu’ils boulottent tous les insectes à leur passage fulgurant. Troisième supposition à éclaircir. Ils semblent jouer entre eux, se poursuivre, se croiser, se frôler. Ils forment un ballet enivrant de piqués, de pirouettes, de soubresauts et de ports d’ailes. Tiens, j’entends la fauvette et la grive. Eh ! La linotte est là aussi, elle me saoule bien souvent, mais son chant me fascine tellement. L’alouette est bien entendu au rendez-vous et le moineau aussi. Et, la mésange, comme je l’aime. Le mot me plaît. C’est peut-être parce qu’il y a le son ange au pluriel dedans. Un reliquat de mon éducation catholique. Et pourtant, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour l’évacuer. Sinon, pourquoi aimerais-je tant ce mot ? Il sonne doux à mon oreille. J’aimerais tant avoir une mésange entre mes mains, m’étonner des quelque dix grammes qu’elle pèse et sentir la douceur de ses plumes, cette chaleur tellement réconfortante dégagée par tellement peu de matière. Une chaleur aussi apaisante que le bon whisky. La corneille aussi est ici et peut-être le gros-bec, et ça, ça doit être l’épeiche. Curieusement, bien que je les voie, je n’entends ni la pie ni le pigeon, le tumulte de cette symphonie d’oiseaux, sans doute, me les fait perdre d’ouïe. Concentre-toi davantage. Demain peut-être. Le pinson et le rossignol, en revanche, je les entends aussi. Et je ne suis pas sûre de moi, mais je crois parfois entendre le roitelet, le rouge-queue, le tourne-pierre, le troglodyte aussi. La tourterelle est omniprésente, mais je ne l’entends que pendant la pause des autres.
Je veux tout écrire. Pour reprendre là où j’aurais stoppé lorsque ma tête partie ailleurs serait revenue. Pour que l’auxiliaire de vie, lorsque j’en aurais une, je l’ai déjà baptisée Pélagie, et mon mari, Mathieu, me liraient tout ça lorsque mon cerveau serait parti. Et aussi pour simplement mieux observer ces jours qui passent, relever tout ce que je peux identifier, me concentrer sur une activité cérébrale. Des fois que ça opère comme le stimulus qu’il faut entretenir. Je ne comprends pas tout encore de ce qu’Alois a découvert et, au fur et à mesure de mes recherches sur internet, je note ce que je trouve. Je ne retiens pas ce que les toubibs disent, à part que certains prononcent le patronyme d’Alois. Alzheimer.
À l’écoute de cette sentence, je comprends ce que veut dire l’expression selon laquelle le sang quitte notre corps. Littéralement et instantanément glacée, je suis envahie d’une torpeur contre laquelle je ne peux rien. Je sens chaque cheveu se hisser droit sur ma tête, comme s’il voulait s’en échapper à force d’un bond gigantesque sur le tremplin de mon cerveau dégénérescent. Mes yeux s’exorbitent et ne voient plus rien, pourtant, qu’une vapeur blanche qui envahit mes oreilles bourdonnantes. Ils finissent par vouloir se fermer. Fermer cette porte sur ce putain de monde tellement con. Tout ça pour ça. Mon cœur cogne et je suis molle. Molle comme les montres de ce peintre espagnol, Salvador Dali et pourtant, mon intérieur vide est dur comme du granit. À force d’effort, je bouge mes lèvres, les mots que je m’efforce de raisonner sortent. Je veux mettre à profit l’énergie du choc pour formuler quelque chose de sensé qui serait constructif. Lorsque Mathieu a voulu me quitter, cette exploitation énergétique du choc a permis de nous raisonner et de demeurer ensemble. D’éternelles secondes me sont nécessaires. Je parviens à questionner, à quel stade en suis-je ? À quelle vitesse évolue la maladie ? Que dois-je faire pour la retarder ? Je trouve curieux de ne pas pleurer, mon désespoir m’inspire le nécessaire et inéluctable suicide, mais je n’ai pas envie de pleurer. J’ai tout aussi curieusement l’impression que j’ai déjà assez pleuré dans ma vie et que c’est inutile. Et pourtant, je ressens une tristesse d’une telle soudaineté que mon corps me fait l’impression de n’être plus qu’une enveloppe foutue que seuls la morale et le peu d’esprit qui me restent obligent à demeurer parmi les miens. Mon corps est encore là. Il m’embarrasse. Pourquoi est-ce que je ne glisse pas de cette mollesse à une évaporation libératrice ? Pourquoi est-ce que je ne rejoins pas les nuages pour m’évanouir loin de ce monde qui, désormais, n’a plus de sens ? Plus de sens sensé, en tout cas. C’en serait fini pour moi, pour mon entourage, certes chagriné, malheureux, mais capable d’attendre que la vie reprenne ses droits. Non, je dois vivre cette déchéance et la leur faire supporter. Je vais finir par me haïr, tu vas finir par me détester, elle va finir par me maudire, nous allons finir par nous répudier, vous allez finir de m’aimer, ils vont finir par me fuir.
DES RIRES AUX LARMES
« Maxie, tu as vraiment cru qu’ils partaient avec leur camping-car au Canada ? » .
« Ben, oui, j’avoue qu’un moment j’ai imaginé ça » .
« Mais enfin, ils partent en avion ! Tu as cru qu’ils allaient embarquer le camping-car dans l’avion, comme ça se fa

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