Là où tu es je ne suis pas
105 pages
Français

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Là où tu es je ne suis pas , livre ebook

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105 pages
Français

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Description

Martin a 12 ans. Après son combat contre son cancer, la vie reprend, pendant un an. Mais un jour de janvier, pendant que Martin peint une forêt lumineuse, l'image sur l'ordinateur est sombre. " Le médecin lui a tout expliqué… Martin a tout écouté, a regardé l'image sur l'ordinateur puis il a dit : je ne veux pas revenir ici pour faire une chimio, je veux aller à l'école. " Un récit terrible et magnifique d'une vie trop courte qui résonne éperdument dans un dialogue entre Martin et sa maman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 2
EAN13 9782336692142
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Au-delà du témoignage


Au-delà du témoignage
Collection dirigée par Dominique Davous

Ces femmes, ces hommes qui écrivent dans cette collection confrontent le lecteur à la puissance du témoignage, conçu aussi bien comme rapport à l’événement extraordinaire – celui qui fait de vous un autre – que comme rapport au quotidien ordinaire de la démarche d’une vie construite dans la durée. Puis, retraversant leur vécu, ils en dégagent les lignes de force, ils introduisent la pensée dans l’expérience, rejoignent l’universel dans le singulier et, au-delà de leur témoignage, risquent une parole critique pour suggérer d’autres possibles. L’expérience vivante de leur histoire incite le lecteur à la laisser résonner en eux.
L’enfant est au cœur de la collection, l’enfant à naître, l’enfant vivant, l’enfant bien portant qu’il soit bien ou mal-traité, l’enfant malade, l’enfant qui meurt aussi. La collection porte des regards sur la médecine, les soins, des démarches thérapeutiques, l’éducation et les personnes âgées malades.

Déjà parus

Robert LAURENT, Le Roman de Mademoiselle L ., 2012. Sophie LECLERCQ, Mon frère, cet étranger , 2012.
C. DE LA PRESLE et D. VALETON, Lettres à un petit prince sorti de sa bulle , 2010.
Martine SILBERSTEIN, Ma Princesse est atteinte de leucodystrophie. Témoignage d’amour d’une mère à sa fille , 2010.
Ange AYORA, avec l’aide de Claire DEVEZE, Mais pour dormir, vous faisiez comment ? Moi, Ange, résistant, déporté , 2009
Gaëlle BRUNETAUD, Marie-Kerguelen. Histoire d’un deuil périnatal , 2009.
Florence PERIER, Michèle BROMET-CAMOU, La désadoption. Une famille pour Hugo ? , 2007.
Françoise GOURGUES, Marie-Hélène WAGNER, Rencontres avec les malades Alzheimer , 2007.
Nicole D’ARCY, Le cahier qui parle , 2006. Victoria GRANT, Un linceul pour trois, 2005
Michèle VIALLET, Dans la tourmente de l’épilepsie, 2005. Anne CURMI, La cicatrice. Une traversée du cancer, 2005.
Copyright

















Illustration de couverture : Martin B.


© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http ://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub: 978-2-336-69214-2
Dédicaces


À Léonard et à Gilles, témoins infaillibles et éternels de l’histoire de Martin…
Citation


« Tu crois avoir fait naître l’enfant de lumière. Mais c’est lui qui t’a fait naître. » Dialogues avec l’ange
Les vacances suspendues
Il fait beau, très beau.
Ma mère me rend visite, une visite qui me dérange un peu. Nous nous installons au bord de la rivière, seul endroit ombragé qui atténue cette chaleur de juillet. Je ne l’écoute pas vraiment, j’attends des nouvelles de mon fils aîné. Il va avoir 12 ans dans quelques mois.
Je me souviens comme sa naissance m’avait bouleversée. Tout d’abord à cause de la fragilité de ces 50 cm de vie qui sortaient douloureusement et incroyablement de mon ventre. Puis j’avais eu peur du cordon ombilical, me faisais du souci pour ses pleurs nocturnes, pour mon lait peut-être pas assez bon pour lui. Il était ma merveille que je n’étais pas sûre de savoir soigner, consoler, cajoler. Il était un mystère qui allait me guider sur ce nouveau chemin, celui de cette transformation qui porte un nom : une mère.
Il est en vacances chez sa grand-mère paternelle, à 900 kilomètres de moi. Depuis deux semaines, il vomit le matin, souffre de douleurs abdominales et a perdu cinq kilos. Hier, j’ai convaincu son papa d’aller à l’hôpital, ça commence à m’inquiéter vraiment, il va se déshydrater, il l’est déjà sûrement. Intoxication ? Fatigue et chaleur ? J’ai envie d’aller le rejoindre, mais je dois réfréner ces élans de mère poule dont mes proches se moquent si souvent !
Je propose à ma mère une menthe à l’eau, je reste silencieuse, fixée sur la couleur de la menthe, les glaçons, le téléphone près de moi.
Nous l’avons appelé Martin, un prénom qui veut dire « voué à Mars », Mars le dieu de la guerre à Rome. Martin sera notre petit guerrier. Nous ne savions pas que l’été indien s’appelle aussi « l’été de la St Martin ». Nous ne savions pas non plus qu’il trouverait injuste que sa fête ne soit pas inscrite sur les calendriers, le 11 novembre. Il est né la veille de cette fête inscrite nulle part.
Nous ne le savions pas.
Le téléphone sonne, c’est lui, Gilles.
– Il faut que tu viennes, les nouvelles ne sont pas bonnes.
– Il a quoi ?
Pourquoi ne me dit-il pas directement ce qu’il a ?
– Il a une tumeur au cerveau.
Quoi, une tumeur ? une tumeur, une tumeur, une tumeur, une tumeur, une tumeur…
– Comment, comment ça ? Elle est comment ?
– Grosse, elle empêche le passage du liquide céphalo-rachidien dans la moelle épinière, il faut qu’il soit transporté par hélicoptère à l’hôpital de Montpellier pour qu’on lui pose un drain, pour que le liquide s’écoule…Tu peux venir ?
Oui, je peux, je ne peux que ça !
– Oui oui bien sûr, j’arrive !
– Prends l’avion, tu arriveras en même temps que lui car l’hélico est à Marseille pour le moment…
– Oui oui d’accord, comment va t-il ?
– Très bien, il est perfusé et ne mange plus donc plus de maux de ventre ni de vomissements !
– Ok, à tout à l’heure. Je viens tout de suite, je viens.
Je viens, je viens, mon fils, mon fils.
L’avion, prendre l’avion, mon fils, à Montpellier, le voir, absolument. Ma mère me regarde, sans voix. Elle n’ose même pas me poser de questions. Je lui dis, la tumeur, mon départ immédiat, que oui je lui donnerai des nouvelles. J’appelle Air France, un avion dans une demi-heure ? Oui, je réserve…
Prendre pantalon, slip, trousse de toilette, chargeur portable, partir. Réussir à atteindre Charles De Gaulle en une demi-heure. Foncer, être concentrée, pas d’accident. Conduire vite, poussez-vous les autres j’ai une sirène dans le cœur, dans le ventre, poussez vous, feux rouges passez au vert, piétons ne traversez pas, avion attends moi, Martin, mon fils, mon bébé, mon grand garçon, que t’arrive t-il ? Je fonce, rien ne m’arrêtera, attention, pas d’accident, arriver là-bas. 18h10, je dois y être dans 5 minutes, mais le temps de me garer, c’est impossible. J’appelle Air France. Non on ne peut pas prévenir le comptoir, il faut téléphoner vous-même à l’aéroport et demander le comptoir. Mais je n’ai pas le numéro ! Je ne peux rien faire, me dit la dame, l’atroce dame qui parle si calmement…
Je raccroche, je fonce, voilà le terminal quel nom affreux, 18h15, fin de l’enregistrement maintenant. Je me gare, érafle la portière. Je cours. Le comptoir, je cherche le comptoir. Madame, pour Montpellier, je n’ai pas de bagages… C’est trop tard me dit-elle mécaniquement.
Je sanglote : je vais rejoindre mon fils à l’hôpital, c’est très grave, très très grave ! Vous comprenez ? Mon mouvement est suspendu au bon vouloir de cette femme anonyme, après cette course folle…
Finalement, elle me propose de m’accompagner. Elle m’escorte jusqu’à l’avion, je la remercie, je lui dis :
« C’est très gentil, très très gentil… ».
L’appareil est plein, il est aussi très long à partir. Je ne peux qu’attendre même si je veux aller plus vite que l’ombre de cet avion qui va décoller. Ai-je bien noté le nom de l’hôpital ? Une tumeur mais comment, pourquoi ? Les passagers sont calmes, paisibles. Sauf deux bébés, qui s’époumonent en duo, à chaque bout de la carlingue.
Je me souviens de son sourire béat après la tétée, de la merveilleuse sensation de cette nourriture directe. Je laissais sa main minuscule enserrer mon index. Je ne bougeais plus, jusqu’à ce que je le dépose délicatement dans son lit et qu’il se réveille aussitôt, criant pour téter encore.
À l’accueil de l’hôpital, on me dit qu’il n’est pas encore arrivé. J’appelle Gilles.
– L’hélico est encore à Marseille…
– Mais,

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