Mes hôpitaux
58 pages
Français

Mes hôpitaux

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
58 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Moins facile, sinon moins courageuse la seconde épreuve supportée. Au palais duretcru, mais comme protecteur ont succédé des baraquements, sapin et briques, à l'instar, paraît-il, des hôpitaux volants américains. L'extérieur ressemble passablement à quelque abattoir, dedans c'est l'architecture d'une chapelle méthodiste 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 18
EAN13 9782824711690
Langue Français

Extrait

P A U L V ERLAI N E
MES HÔP I T A UX
BI BEBO O KP A U L V ERLAI N E
MES HÔP I T A UX
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1169-0
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
MES HOP I T A UX
1CHAP I T RE I
   ne fut p as la faute de la liératur e , qui l’aurait
comblé d’ or et d’honneur s, mais bien un p eu la sienne pr opr e etA celle d’autr ui, n’ est-ce p as, chèr e madame  ? — s’il s’était tr ouvé
à l’hôpital. Sans plus insister sur ce p oint, aussi bien insignifiant, ce n’ est
p as moi qui p arlerai, c’ est lui qui p arlera, et ce , plutôt imp er sonnellement,
selon son temp érament p articulier de p oète comme ça.
D ans de hautes salles dans un liéral p alais, se p assèr ent les semaines
d’appr entissag e . Les immenses ride aux blancs aux fenêtr es, et le b e au
soleil de juillet qu’il fit lui g ar nir ent l’âme d’une chaude fraîcheur qu’ entr
etenait au p oint quelque ar g ent comptant et à é choir à coup sûr , en sorte
que la situation actuelle , sur place et au dehor s, n’app araissait p as p
énible , fièr e tout au plus dans son embar ras lég er . D es mé de cins en chef
et de leur s états-major s d’inter nes et d’ e xter nes, qu’ en dir e sinon qu’ils
étaient très bien  ; des emplo yés aussi — ( l’Église dit serviteurs) — et des
malades, sinon que les p auv r es g ens faisaient de leur mieux p our guérir .
2Mes hôpitaux Chapitr e I
Une mort seulement sur ces quarante et quelques jour s, un vieillard qui
s’éteignit en balbutiant  : « Maman, maman  ! » En somme , une très b onne
impr ession pr emièr e , un début courag eux, mais facile . . .
Moins facile , sinon moins euse la se conde épr euv e supp orté e .
A u p alais dur etcr u, mais comme pr ote cteur ont succé dé des
baraquements, sapin et briques, à l’instar , p araît-il, des hôpitaux v olants
américains. L’ e xtérieur r essemble p assablement à quelque abaoir , de dans c’ est
l’ar chite ctur e d’une chap elle métho diste  ; il n’y manque que des citations
de saint Paul sur é crite aux blancs accr o chés aux mur s de b ois v er ni. On
dirait aussi du kur saal d’une station balné air e nouv ellement installé e .
C’ est deux jour s après la T oussaint. Les fenêtr es donnent sur un
jardin d’horticulteur fleuriste , riv erain du chemin de fer de ceintur e . Un rang
d’acacias joue la lisièr e d’un b ois dont l’intérieur des fortifications v ues
der rièr e serait l’ép aisseur  ; mais les feuilles, se raréfiant, défont vite cee
illusion des y eux. Les mé de cins et les élè v es sont toujour s p arfaits, mais
semblent à la fois un p eu bien sceptiques et infatués  ; le p er sonnel, mon
Dieu, toujour s ir répr o chable , mais les malades ne p araissent p as
raffoler du dép art des Sœur s. Eux-mêmes sont quinteux et quelques-uns plus
bêtes que de dr oit. V er s 2 heur es, le g ar çon de nuit rang e sur un grand
buffet central app elé appareil les p ots d’étain p our les tisanes. Une alèse ( ou
demi-drap ), dont il va les couv rir durant le balayag e , fait l’ effet, comme
il l’a jeté e sur ses ép aules dont elle p end autour de son cor ps et le long
de ses bras, du sur plis d’un prêtr e disp osant un tas de Saintes-Huiles  : de
l’ ouate , en tamp ons et en flo cons, çà et là , complète la vision.
Bons sommeils p arfois. On v ous ré v eille au p etit jour p our « fair e v os
couv ertur es ». Une fille de salle est une p ay sanne ré cemment descendue
du train, pr esque du co che . Un p eu simple sans tr op de naïv eté et très
b onne v raiment. Pas l’ ombr e d’une p ensé e d’intérêt. Elle s’y pr end si g
entiment p our v ous dir e  : « Par esseux, dr essez donc v ous, qu’ on ar rang e v os
or eiller s », qu’ on est tout char mé sans p ouv oir r etenir un sourir e
vaguement sensuel, car elle est jeune encor e et de g entil visag e .
Guèr e d’incidents au cour s d’un semestr e d’hiv er é coulé p ar mi la
touffeur de feux de cok e dans de la fonte . Un alco olique , — un co cher  ! — très
raisonnable dans la jour né e , s’é chapp e un matin v er s 4 heur es et saute
minu p ar une des fenêtr es, de plain-pie d d’ailleur s, à quelque cinquante
cen3Mes hôpitaux Chapitr e I
timètr es près, et r e vient en civièr e , ar rêté qu’il avait été p ar des hommes
de l’ o ctr oi, av e c cee p ar ole  : « Mais ce n’ est p as moi, je v ous assur e . »
Il fait un clair de lune glacial, dé coup ant les objets comme av e c des
cise aux, faussant toute p er sp e ctiv e , soleil louche au ray on fou, et c’ est très
essalien et très Canidiaque .
Morts insignifiantes. Et puis l’ on s’y fait. Situation p é cuniair e
assombrie qui va tour ner à l’ obscur .
Un entr’acte noir absolument  : Misèr e et pr esque corde , si bien qu’une
r e cr udescence de la maladie et la r entré e dans un tr oisième hôpital sont
les bienv enues. A u moins c’ est la p aix loin des g ens et la souffrance
laissé e tranquille . Les idé es de mort, mort aux g ens, mort à soi-même ,
s’évap or ent dans les o deur s d’éther et de phénol. Le sang bat plus calme ,
la tête raisonne de nouv e au, les mains se font ce qu’ elles fur ent plutôt
toujour s, b onnes et p aisibles. A ussi bien le lieu sie d à l’ap aisement qu’il
cré e , fin du X V I I I ᵉ siè cle av e c ar rang ement et accommo dement
LouisP hilipp e et arante-huit. L’intérieur de l’immeuble a surtout un air de
ces maisons de pr o vince à très hauts plafonds. Le p ar quet, cr uellement
ciré , p arfois b ombé de vétusté , dit, p ar sa disp osition en fantasques
bise aux, l’âg e considérable de ce logis. C’ est dans une p etite salle en r
etrait d’une autr e b e aucoup plus longue , der rièr e un tamb our vitré isolant
sans isoler du r este des malades qui sont quatr e . Cela for me chambr e pr
enant jour lar g ement sur un faub our g r elativ ement p eu p assant de la riv e
g auche , en face du jardin v ert clair d’un établissement sup érieur de l’État.
Nous sommes au printemps et il y a des oise aux.
L’intensité de la situation à la fois désesp éré e et à essay er de sauv er
p ar la p atience quand tout p ousse à des violences sup erb es qui p erdraient
affr eusement les choses, met un bande au sur les y eux et de la cir e dans les
or eilles. D es laideur s non intér essantes sans nul doute et des soises que
de la banalité r end plus hor ribles encor e , é chapp ent. Une chap elle o
dieusement mo der ne où toutefois chante une jolie v oix sur un har monium
discr et. Comme il y a un affr eux costume p our les femmes, on n’y v oit
p oint de malades du « b e au se x e », à l’ e x ception de deux ou tr ois vieilles
et de toutes fluees g amines déjà pleines d’ œillades, p our la plup art.
Paraît qu’il e xiste au fond, à g auche du p avillon d’accouchement, des
baraquements comme là-bas. Mer ci. Soup é .
4Mes hôpitaux Chapitr e I
Le g az, en le définitif hôpital, est contenu dans son juste rôle de
domestique . Il é clair e les cuisines, offices, cor ridor s, escalier s — et les
cabinets.
Difinitif s’ emploie ici p ar ce qu’

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents