Etre et langage
216 pages
Français

Etre et langage , livre ebook

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Description

Le physicien a-t-il le moyen de dire ce qu'il en sait ? Le modèle proposé en Occident depuis vingt-cinq siècles pour la connaissance du monde a permis le progrès scientifique en vue d'un objectif : dominer la nature. Ce modèle ne rencontre-t-il pas aujourd'hui les limites de sa pertinence ? D'autres civilisations l'ont adopté récemment pour son efficacité pratique. La conception occidentale du monde était-elle nécessaire, ou est-elle un artefact sans consistance, un épiphénomène ?

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Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 11
EAN13 9782296534483
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

ÊTRE ET LANGAGE
« La physique concerne uniquement ce que nous pouvonsdirede la nature » (Niels Bohr). Certes. Pourtant le physicien a-t-il le moyen dedirece qu’il en sait ? Le modèle proposé en Occident depuis vingt-cinq siècles pour la connaissance du monde a permis le progrès scientiIque en vue d’un objectif : dominer la nature. Ce modèle ne rencontre-t-il pas aujourd’hui les limites de sa pertinence ? D’autres civilisations l’ont adopté récemment pour son efIcacité pratique, sans perdre de vue que la connaissance n’est pas la compréhension. La conception occidentale du monde était-elle nécessaire, ou est-elle unartefact sans consistance, un épiphénomène ? Si elle s’est fourvoyée, il faut en établir le constat, et la replacer sur une voie plus rationnelle.
Roland Tournaire,auteur de plusieurs ouvrages traitant de la sémantique des langues anciennes (hébreu, grec, latin), adapte la même démarche critique à l’étude du langage scientiIque et à ses rapports avec l’expression de l’être.
22 € ISBN: 978-2-343-00438-9
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Roland TOURNAIRE
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ÊTRE ET LANGAGE
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ÊTRE ET LANGAGE
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques. Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu'elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n'y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Jordi COROMINAS, Joan Albert VICENS, Xavier Zubiri. La solitude sonore (Tome 2 1931-1940), 2013. Rémy GAGNON,Phénoménologie de l’individualité, 2013. Jean-François MELCER,Ethique et rhétorique (d’)après Chaïm Perelman, ou la raison hospitalière, 2013. Jean-François MELCER,Justice et rhétorique selon Chaïm Perelman, ou comment dire le juste ?, 2013. Jacques STEIWER,Les méandres de la raison impure, 2013. Philippe RIVIALE, L’éternel dans le fini. Rencontre de Maître Eckhart et de Simone Weil,2013. Norbert HILLAIRE,La fin de la modernité sans fin, 2013. Jean-Pierre GRES,La démocratie et le vivant. Un système à l’épreuve des hommes, 2012. François HEIDSIECK,L’Ontologie de Merleau-Ponty(réédition), 2012.María PUIG de la BELLACASA,Politiques féministes et construction des savoirs, 2012. Pascal KOLESNORE,Histoire et liberté : éclairages kantiens, 2012. Mahamadé SAVADOGO,Penser l’engagement, 2012 Françoise KLELTZ-DRAPEAU,Une dette à l’égard de la culture grecque. La juste mesure d’Aristote, 2012. Julien GARGANI,Poincaré, le Hasard et l’étude des Systèmes Complexes, 2012. Jean-Pascal COLLEGIA,Spinoza, la matrice, 2012. Miklos VETÖ,Explorations métaphysiques, 2012. Marcel NGUIMBI,Penser l’épistémologie de Karl Popper, 2012.Joachim Daniel DUPUIS,Gilles Châtelet, Gilles Deleuze et Félix Guattari. De l’expérience diagrammatique, 2012.
Roland TOURNAIRE ÊTRE ET LANGAGE L’Harmattan
Du même auteur Aux Editions L’HARMATTAN Genèse de l’Occident chrétien,2002. L’intuition existentielle : Parménide, Isaïe et le midraš protochrétien,2004. Modernité de la logique archaïque,2008. © L’HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00438-9 EAN : 9782343004389
AVANT-PROPOS
 Thèse traditionnelle : la philosophie grecque classique, avec Platon et Aristote, marquerait un progrès sur la pensée dite présocratique. Nietzsche l’a mise en doute.  Elle repose sur une erreur qui déforme le sens des propos de Parménide, en ignorant la signification du terme «l’existant»(to on)qu’il convient d’entendre sans anachronisme. Exister ne signifiait pas, comme aujourd’hui, « être réel », mais « être stable, immuable, immobile, hors de la durée ». Il faut donc renoncer à traduireto on« par l’étant», pour éviter la confusion introduite au temps des sophistes et de Platon dans l’usage du verbe grec einai. La doctrine simple et limpide des deux aspects opposés, l’existant immuable et l’inexistant en mouvement, était celle de l’archaïsme philosophique grec, d’Héraclite et des Eléates à Anaxagore. En rompant avec elle, la sophistique grecque et l’héritage platonicien ont introduit dans la logique des contradictions dont elle n’est jamais sortie. Cette doctrine affirmait qu’une réalité existe, mais qu’elle échappe au langage, par conséquent à la déduction, à la causalité temporelle, à toutes les catégories et aux logiques formelles établies ensuite par Aristote. Les efforts de la physique pour connaître le monde et agir sur lui sont donc légitimes, mais l’objet des sciences ne saurait être de le comprendre. Ainsi peut-on admettre l’adage de Newton, repris aujourd’hui par d’éminents physiciens: hypotheses non fingo. Je ne puis saisirce qu’il y a sous les faits observés, car la réalité n’est pas sousla réalité existentielle est ailleurs, et-jacente ; inaccessible à la méthode.  « La physique concerne uniquement ce que nous pouvonsdirela de nature » (Niels Bohr). Certes. Pourtant le physicien a-t-il le moyen dedirece qu’il en sait?  Les pages qui suivent ont pour objet de reconstituer une pensée ancienne dont les linéaments n’ont jamais été produits car ils allaient de soi pour les contemporains. De surcroît, il en subsiste des fragments de textes qui
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ignoraient les procédés modernes d’analyse et de déduction, et le sens des termes fondamentaux s’est modifié dès l’époque classique en Grèce, de sorte que l’on attribue à l’archaïsme des notions modernes dérivées de l’enseignement de Platon et d’Aristote. Toutefois le rappel d’idées devenues étrangères en Occident permet une appréciation plus objective de la pensée actuelle et des difficultés que rencontre de nos jours la physique : notre monde vu par un Parménide ou un Zénon d’Elée, un monde conçu hors de toute pensée discursive, que nous sommes tenus néanmoins de décrire par le discours.  «Nausiphanès prétend que l’on ne peut non plus démontrer l’existence que la non-existence des êtres ; Parménide, que rien de ce que nous voyons n’existe réellement ; Zénon d’Elée, qu’il n’existe rien. On ne comprend guère ni comment des hommes célèbres chez les Anciens ont avancé d’aussi étranges paradoxes, ni comment ils ont été renouvelés de nos jours par des hommes non moins célèbres ;mais à la honte de la raison humaine, ce qu’on ne conçoit point du tout, c’est comment ces sophistes n’ont jamais été solidement réfutés » (Diderot,Essai sur les règnes de Claude et de Néron 2,31). La rigueur visionnaire de la pensée archaïque et de Nausiphanès est plus proche de la réalité moderne que le réalisme de Diderot.  La doctrine des Eléates est une autre manière de voir, indépendante des langages, que ce livre tente de décrypter. Il prend la suite de trois ouvrages, Genèse de l’Occident chrétien,L’intuition existentielle etModernité de la logique archaïque, publiés de 2001 à 2007.
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PREMI ÈRE PARTIE
LOGIQUE ET PHYSIQUE
1 PARMÉNIDE AU BORD DE L’EAU Récit de Zénon d’Elée  Parménide avait l’habitude chaque jour de s’asseoir au bord d’un étang, tandis que chacun faisait silence autour de lui. Il ne se lassait pas d’y lancer des cailloux.  Il arriva qu’une pierre, presque sans bruit, tomba droit sur l’eau très calme. C’était, je crois, un après-midi, au cœur de l’été, dans la chaleur moite qui précède l’orage. Parménide contemplait les premiers cercles ondoyants, quand il eut ce mouvement du corps qui signalait chez lui la surprise.  L’onde développait ses cercles depuis un moment, et il demeurait immobile. Puis il se tourna vers nous.  « Vous ne remarquez rien ?  – Si, lui dit-on. Les cercles se dessinent bien, car l’eau est particulièrement paisible.  – Voyez-vous qu’ils partent d’un même centre, qui est tout juste l’endroit où est tombée la pierre ?  – Chaque fois que tu joues ainsi, les mêmes cercles partent d’un même centre. On ne constate rien de nouveau.  – C’est précisément parce que ce n’est pas nouveau que je suis surpris, finit-il par murmurer. Les cercles partent de l’endroit où le caillou est tombé, pourtant cet endroit n’est pas le centre du cercle, car le centre est un point et la pierre a une dimension.  – Si elle n’en avait pas, elle ne provoquerait aucune ondulation.  – Donc les ondes n’émanent pas du centre des cercles, néanmoins elles partent de là. En outre, la pierre n’était pas circulaire, et l’onde est circulaire.  – Nous observons ce phénomène chaque jour, et l’étonnant serait qu’il en aille autrement aujourd’hui. »  Parménide ne répondit pas sur le moment. Il continuait d’observer les ondulations qui se perdaient au large et venaient caresser le sable à nos pieds. Il semblait méditer sur quelque problème dont nous n’avions aucune
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