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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juillet 2015 |
Nombre de lectures | 38 |
EAN13 | 9782336387338 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Robert PUJADE, Fantastique et Photographie, Essai sur les limites de la représentation photographique , 2015.
Nassim EL KABLI, La Rupture. Philosophie d’une expérience ordinaire , 2015.
Laurent CHERLONNEIX, De la volonté de vérité à la Mort de dieu , 2015.
Paul DUBOUCHET, De Georg Wilhem Friedrich Hegel à René Girard. Violence du droit, religion et science , 2015.
Oscar BRENIFIER, Apologie de la métaphysique. Ou l’art de la conversion , 2015.
Reza ROKOEE, L’attitude phénoménologique comparée, de Husserl à Avicenne , 2015.
François BESSET, L’âme de la guerre. Petite métaphysique de la Nation , 2015.
Philippe FLEURY, Hegel et l’école de Francfort , 2015.
Pierre ZIADE, Généalogie de la mondialisation, analyse de la crise identitaire actuelle, 2015.
Hamdi NABLI, Foucault et Baudrillard : la fin du pouvoir , 2015
Richard GROULX, Michel Foucault, la politique comme guerre continuée. De la guerre des races au racisme d’État , 2015.
Miklos VETÖ, De Whitehead à Marion. Éclats de philosophie contemporaine, 2015.
Auguste NSONSSISSA, Recherches philosophiques sur les théories des formes complexes , 2015.
Nikos KAZANTZAKIS, Friedrich Nietzsche et la philosophie du droit et de l’État , 2015.
Thierry HOULLE, Eau et reflets dans la philosophie de Platon , 2015.
Paul DUBOUCHET, Tout comprendre avec René Girard du moi aux grands problèmes actuels , 2015.
Titre
Camille LACAU ST GUILY
Henri Bergson en Espagne
Une histoire contrariée (1875-1930)
Copyright
Ouvrage « du même auteur » :
María Zambrano, La tumba de Antígona (y otros textos sobre el personaje trágico) , Paris, Puf-CNED, « Série Espagnol », octobre 2013 (programme de l’agrégation interne 2014), ISBN 978-2-13-062537-7, 190 p.
© L’HARMATTAN, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73744-7
Introduction
Dans son livre La gloire de Bergson , François Azouvi montre comment le plus grand philosophe de la Troisième République française, Henri Bergson (1859-1941), et sa pensée philosophique, le bergsonisme, à un moment en France, dans les années 1900-1914, « a coloré toute la culture ». L’originalité de la démarche d’Azouvi provient de son travail d’historien culturel. Jamais ce qu’il appelle les sphères « excentrées » de la métaphysique, que la philosophie bergsonienne a beaucoup animées, ne sont envisagées avec dédain. Comme lui, je ne peux pas concevoir que le transfert d’une pensée comme celle de Bergson dans des univers non métaphysiques, qui entraîne de fait la dilution de ses contours philosophiques, corresponde à une forme de « dégradation » ou de déperdition intellectuelle.
J’ai essayé de restituer l’ampleur [de l’« effet » Bergson, de ce phénomène sans précédent qu’a été sa gloire] en procédant par cercles concentriques, depuis le milieu des spécialistes aptes à discuter à armes égales avec l’auteur […], jusqu’aux réseaux de plus en plus larges, de plus en plus éloignés du monde des philosophes, les réseaux de ceux qui entendent dans cette philosophie l’appel de Dieu, la voix de l’exaltation esthétique et un hymne à la libération politique 1 .
Il ajoute : « Il va sans dire que, s’il y a eu un phénomène Bergson, c’est à l’écho de sa doctrine dans ces mondes excentrés qu’on le doit entièrement. » 2 Il ne faut pas voir, comme le font certains, ces « échos » comme des contre-sens. L’herméneutique rigoureuse des textes philosophiques n’est pas la seule réponse que l’on peut leur donner, l’unique existence possible de ces textes en-dehors d’eux-mêmes. D’autres peuvent les comprendre et les faire vivre dans un espace disjoint de l’espace philosophique, des spécialistes. Et c’est ce que j’aborde dans ce livre qui a fait l’objet de ma thèse soutenue en 2010, à Paris III, sous la direction de Serge Salaün 3 . Ce livre ne consiste pas en une analyse du bergsonisme stricto sensu , même si l’étude philosophique des trois premières grandes œuvres de Bergson – Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Matière et Mémoire (1896) et L’Évolution Créatrice (1907) – a été un préalable nécessaire. Mon but consiste à y découvrir l’histoire de ce que certains voient comme des « contre-sens » et que j’interprète comme des « sens » bergsoniens, non pas dans le pays où ils émergent initialement, mais chez son voisin, où ils sont réinventés secondairement : l’Espagne. Ainsi, je considérerai la vie du bergsonisme, dans des circonstances singulières, celles de l’Espagne de la Restauration, contemporaine du bergsonisme, sans perdre de vue ce qu’il signifie en soi : une philosophie de la durée, de la liberté, une philosophie qui découvre en l’homme une conscience créatrice, intuitive, dynamique et fluctuante, qui s’oppose au moi social, superficiel et spatial, celui de la doxa . Dans l’histoire des idées, le bergsonisme signifie la restauration de la métaphysique, de la spiritualité, mais d’une métaphysique « positive », au sens philosophique où elle cherche à parler du réel, du concret de l’homme, de la vie de la conscience. Il critique, en cela, les philosophies de la fin du XVIII e et celles qui ont régné sur tout le XIX e , comme le positivisme, le mécanisme, le déterminisme, le matérialisme, le dogmatisme, tout intellectualisme conceptuel, oublieux de la vie, tel que le kantisme ou l’hégélianisme. Il est, en ce sens, anti-intellectualiste mais non pas anti-intellectuel. Le bergsonisme correspond à la soif idéaliste qui se déclare dans une Europe qui asphyxie sous l’empire souvent déshumanisant de la science. Il est donc un sursaut idéaliste, spiritualiste, vitaliste qui secoue l’Europe à la fin du XIX e – début du XX e siècle. Friedrich Nietzsche (1844-1900), William James (1842-1910), Edmund Husserl (1859-1938), John Dewey (1859-1952) ainsi que les esthètes symbolistes, sont d’autres icônes de cette réaction « humaniste ». L’homme, dans sa réalité concrète et intime, et ses « impressions » acquièrent de nouveau une valeur critériologique 4 .
Or, pourquoi étudier le bergsonisme en Espagne ? Plusieurs raisons expliquent ce choix. D’abord, lorsque Rose-Marie Mossé-Bastide montre que Bergson est devenu, « entre 1900 et 1914, l’éducateur de toute l’élite intellectuelle de la nation française » 5 , et qu’Azouvi expose le magistère exercé par Bergson, en France, situant lui aussi son exercice entre 1900 et 1914 6 , un hispaniste ne peut que se demander quel fut son impact sur l’Espagne. En effet, comme le souligne Serge Salaün, « il n’y a jamais eu de Pyrénées pour les intellectuels espagnols soucieux de modernité : la France et, à travers elle, toute l’Europe leur ont toujours fourni des modèles et des références, politiques et culturels » 7 . L’Espagne, particulièrement à la fin du XIX e et au début du XX e siècle, voit dans la France un paradigme intellectuel et culturel dont elle tente d’acclimater certaines idées. À cette époque, les pensées les plus hétérogènes, comme celles des Français Hippolyte Taine (1828-1893), Ernest Renan (1823-1892), Théodule Ribot (1839-1916), Émile Durkheim (1858-1917), Charles Baudelaire (1821-1867), Stéphane Mallarmé (1842-1898), Paul Verlaine (1844-1896), déferlent sur l’Espagne, tout comme cell