Aérogrammes
98 pages
Français

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Aérogrammes , livre ebook

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Description

"Je parle d'une terre où l'esprit se révèle / Non dans le vent qui mime un discours sur les cimes / Des monts et des forêts mais dans le bruit des villes / Rumeur pleine de voix que l'éphémère sème".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 149
EAN13 9782296714489
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aérogrammes


Dominique Thiébaut LEMAIRE
Le Scribe cosmopolite – Poésie
Collection dirigée par Osama Khalil


Maquette de la couverture : Osama Khalil
Illustration de la couverture : xylographie de Sergio Birga


Illustrations
Sergio Birga
Aérogrammes


Dominique Thiébaut LEMAIRE
©
Le Scribe l’Harmattan
ISBN : 978-2-296-13645-8

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A vous que j’aime à vous ces lignes
Où nombre et mot font tous deux signe
Où j’ai voulu sans théorème
Unir la forme à l’éphémère
Afin qu’on ne puisse gémir
Que notre monde à rien ne rime
En vol
I
Nul besoin d’un bouteur pour aplanir le sol
Ni d’engins pour sabrer les feuillages qui cèlent
Des pièges d’eau qui dort coulant au bord des saules
Avec une lenteur désespérante et soûle

Lorsque tout fait obstacle à l’impatience lasse
Il suffit de partir où les avions s’élancent
La mer ne bouge plus tranquille entre ses laisses
A perte de regard les océans sont lisses

La terre simplifiée en surfaces de lœss
Pures géométries décapées jusqu’à l’os
Où ne subsistent plus de traces qui font sale

A ce point clarifiée devient autre et bien plus
Dans l’écarquillement sans paupières ni cils
D’un regard de hublot qui voit l’épure seule
II
Je me figure un premier homme un fou de rêve
Pourchassant le soleil jusqu’au pays de Cork
A la pointe des caps où l’Irlande s’achève
Et jetant comme offrande à l’océan son torque

Frustré de ne pouvoir poursuivre à la remorque
D’un banc de dauphins bleus que l’euphorie soulève
Ou bien comme un Jonas dans le ventre de l’orque
Le soleil qui s’éloigne au-delà de la grève

Je survole très haut ce rivage où déferle
Inaudible ressac pas même borborygme
Un figement de vague et d’écume blanc perle

Et rêve de rejoindre au tournant de sa boucle
Avant qu’il n’ait fini de clore son énigme
L’astre supersonique au couchant d’escarboucle
III
L’avion hausse le ton quand le vent le taquine
Il regimbe il descend au-dessus des arcanes
De fjords tout en replis dessinant des lacunes
Dans la forêt qui semble un velours de lichen

L’hélicoptère monte et s’apprête à franchir
Cent milles d’océan sillonné de hachures
Vers un îlot d’acier qui n’est plus le cracheur
De feu qu’il fut naguère il n’a plus de torchère

La visite achevée sous l’œil de trois cornacs
Pressés d’évacuer ces lieux pyrotechniques
De retour à Bergen heureux d’une heure en friche

Il me plaît d’aller voir col d’imper sur la nuque
Sans craindre désormais l’incendie ni le crash
De grands rhododendrons fleurir au bord des roches
IV
Sous l’avion qui descend au fond du crépuscule
Des cheminées d’usine élèvent des colonnes
Comme pour étayer de soufre et de carbone
Un dôme dont le faîte invisiblement brûle

Et se nourrit d’un carburant de particules
Aux piliers de fumée que nul vent ne ramone
Entre lesquels pour atterrir l’avion bourdonne
Traçant au réacteur un fil de funambule

Si tous ces combinats réchauffent l’altitude
N’est-ce que pollution gaspillage cracheur
Moyen de s’élever contre la servitude

Qu’inflige aux Ukrainiens le froid venu d’ailleurs
Ou bien rêve étonnant d’usines radiateurs
Qui pourraient décaler le climat vers le sud
V
Plafond zéro la neige entreprend le blocus
De cet aéroport dont s’effacent les pistes
Il n’y atterrit plus qu’épaves de stratus
Dans des gerbes glacées de tourmente anarchiste

C’est une aérogare aux airs de terminus
Un lieu définitif où chante une psalmiste
Amplis micro sono font trembler les murs tristes
Et la voix fait vibrer la déshérence russe

Un deuil furieux secoue son blanc voile de crêpe
Sur la contrée de Samarkand où l’été brille
Une constellation d’oasis dans la steppe

Quand cessent les flocons que la bise éparpille
On douche à l’antigel des ailes des carlingues
Sur lesquelles durcit un enduit de meringue
VI
Après des étendues sablées d’ocre désertes
Et parfois des sursauts des brusqueries de roche
Turbulence pierreuse où le soleil s’accroche
C’est une retombée de dépressions inertes

Après les soubresauts menaces que décoche
Lorsque passe l’avion la terre découverte
Soudain paraît un ciel où la grâce est offerte
Où des exclamations de neige se rapprochent

La crête aux pics persans dont mon regard dénombre
Les excès de lumière aigus comme des lames
Elève le pavois du dieu qu’elle proclame

Projette sur l’Iran le contraire d’une ombre
La diaphanéité brûlante d’un éther
Dont le souffle trop pur incinère la terre
VII
En contournant l’Irak j’imagine que Bob
Le yankee que la bible imprègne et même imbibe
Lâche dédicacées sans repentir ses bombes
Sur la cité maudite et son tyran nabab

Croit-il pouvoir changer en revanche splendide
L’exil d’un peuple élu sur les bords tristes d’ondes
Coulant comme des pleurs dans sa vision lourdaude
Qui mélange à plaisir Babylone et Bagdad

Les impies qu’il combat sans vertige canonne
Sont les fils de Babel et de Satan ceux mêmes
Qui ont cru s’élever jadis au maximum

Plus proche qu’eux du ciel il voit la terre naine
Fredonnant son gospel il s’envole déjauge
Vers les hauteurs d’un Bien plus guerroyeur que juge
VIII
Parmi tant de couleurs que l’ombre nous confisque
A terre ne luit plus que de l’orange rouge
Comme si les humains villes villages bouges
S’éclairaient tous en fête au néon couleur bisque

Je cherche au firmament la Polaire le bouge
Du moyeu de la roue le vrai centre du disque
Où gravite un secret constellé d’astérisques
Obscurément si lent que nul signe ne bouge

Bourdonnements de basse et stridences de fifre
Avec au bout de l’aile un clignotement borgne
L’avion dissone au ciel comme un ongle ou un plectre

Glisserait sur un disque où rien ne se déchiffre
Il dépasse lunaire un cratère qui lorgne
Orbite emplie de nuit son passage de spectre
IX
Sur une onde invisible enlevé comme une arche
L’aéronef dépasse indemne de la foudre
Avec ceux que le ciel a bien voulu absoudre
Ararat où parvint Noé le patriarche

Depuis les froids gradins et les frontières marches
De l’Arménie l’hiver partout s’est mis à moudre
En grand jusqu’au Bosphore un infini de poudre
Jusqu’aux ponts qui relient d’un grand écart sans arches

Istanbul à soi-même et l’Asie à l’Europe
Après les hauts plateaux faits pour la taciturne
Antique tragédie juchée sur ses cothurnes

Après le blanc de la mer noire après Sinope
La nef au bout du froid glaçant l’espace turc
Vers les cieux tempérés de l’océan bifurque
X
La boussole au plafond qui sautillait ingambe
En pointant les lieux saints s’est bloquée dans un spasme
Et des femmes en noir aux langueurs de marasme
A qui nul

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