AETERNITAS

Catherine Lechner-Reydellet

Description

AEternitas est l'histoire à saisir, comme de soyeux instants de grâce, du couple que forme l'homme avec la femme à longueur de pouvoir, de plaisir contre haine, entre dialogues et meurtrissures, promesses ou compromis. Un homme, une femme se découvrent, veulent croire à leur alliance. Ils essayent de se voir et de s'apprivoiser, de percevoir leur faim, annoncent qu'ils y arriveront à force d'euphorie. Ils se tiennent debout malgré d'autres amours, malgré leur loi tout en envie, qui les enserre, les paralyse. C'est cette quête étrange, intermittente soif de l'un pour l'autre, qui constitue l'essence de ce récit magique en trois volets.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Poésie
• Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 novembre 2009
• Nombre de lectures: 199
• EAN13: 9782296685826
• Langue: Français

Extrait

ÆTERNITAS NASCI - VIVERE - MORI
 
Catherine Lechner-Reydellet
 
 
ÆTERNITAS
NASCI - VIVERE - MORI
 
 
L’ H armattan
 
DU MEME AUTEUR
 
La force d’être et de raison, poésie, Debresse, 1982
Mémoires d’un prince, roman, Aléas, Prix du festival de littérature fantastique de Gérardmer, 1991
Esther, roman, Le Bord de l’Eau, 1996
Le miroir, poésie, PL, 1996
Le profil de l’ombre, roman, Séguier, 2001
Alsace Lorraine, histoires d’une tragédie oubliée , récit, Séguier, 2004
Guide musical répertorié à l’usage de tous les pianistes, guide pédagogique, Séguier, 2005
Le cercle d’or, poésie, L’Harmattan, 2007
Cadence rompue, roman, Séguier, 2007 (sélection Prix Drouot 2008)
Messiaen, l’empreinte d’un géant, biographie témoignage, Séguier, 2008
 
 
 
 
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-10193-7
EAN : 9782296101937
 
À la mémoire de Pierre Emmanuel,
l’ami de toujours
 
D’elle à nul autre que lui…
 
 
D’elle à nul autre que lui
Mis à nu, différent, qui s’est glissé en elle
tel un bel imparfait ;
Agonisant de part en part au jus de ses détresses,
Goûtant jusqu’à la lie son désir de la prendre et de se fondre en elle.
 
Telle est l’histoire de cet écho funèbre, la place de leur interdiction.
Tel est le fût de grâce, portant jusqu’à sa cime, La courbe tirant d’elle, une jouissance leur oraison.
 
NASCI
 
Lui, capable de tromper, désormais réfléchi,
Et pouvant condamner,
Jugeant honte, règne et cet esprit en détresse devenu,
Qui en appelle, n’en appelle plus,
A la raison, substitué à ce désir qui précède l’appétit !
Capable de fixer en la trace son centre,
Son regard en quête et sans esquive où tout advient,
Une chose ou tout bien deux, si droit debout et prêt à recevoir.
 
Eve exhibée en proie consentante et domptable,
L’autre qui se contemple et lui tout seul, aveugle car il demeure,
Comme au maître son esclave, un intendant, ce misérable,
Un égal quand un soir, son amour transhumant, il invoque plaignant,
Il cherche cet esprit, rien qu’un bout d’une fois, de vide à sa naissance,
Eveillé plus qu’avide, d’une limite au goût de boire son corps, une parfaite trajectoire.
 
Le seuil franchi au point de leur rencontre, sans gêne, en certitude,
Cette transparence née qu’il ne craint d’ailleurs pas,
il la nomme au contraire, avec force, avec rage,
Une force décuplée, lui qui se moque, lui qui colère.
La manger, la prendre et la manger !
C’est être vivant, capable d’entrer en elle.
 
Alors il ne réfléchit plus, ou encore si peu avant même de s’être tout d’abord exalté.
 
Un jour menaçant pas plus qu’hier, qui use, détruit, ordonne la redevance :
Voilà qu’il croît sans plus bouger, l’épuise, veut la forger, se dévoiler.
 
Elle ailleurs aussi forte que lui, différente et hargneuse, différente qui sait rire à toute très voix haute,
L’humilie et bouillonne, quelqu’un d’autre sur son ombre, pose et debout se tient droit.
Rien ne l’émeut et pourtant : source du monde, son arrogance, cette dictée en loi,
La substance de son offre, pour qui s’est-il toujours pris, à cesser d’être un nom, un même homme,
Un anonyme, lui qui par elle cherche à être Dieu en se donnant parole,
Consistance et parole, l’amour qu’il tient du sang, de sa chair confondue ?
Elle rigole carrément mais tout de même issue du désir de le voir, le toucher, de se l’approprier.
Sans transparaître, ni même faiblir, cet homme au demeurant qui cherche à la séduire !
 
Qu’attend-elle ?
Qu’il livre provision en désespoir de vieillir de sa toute propre grâce ?
Un festin de saveurs, son oraison ou simplement son cri,
sa voix si forte,
Lorsqu’il saurait la prendre et la faire tant jouir ?
 
Elle cherche à voir de quoi il est capable, prétentieux dont la méprise est toute ici nimbée,
Par ce temps de patience, mais qu’avec l’âge il ne tolère plus.
Son monde, son amour, ne sont plus rien qu’un milieu grave où doit se faire la vie, se formuler, Avant que s’accomplisse l’ordre effrayant de toute l’éternité.
Des premiers battements qui n’ont nulle part mené, elle se souvient :
Jeunesse perdue avant même l’origine ébauchée :
« Tu te tiens droite et tu ne répliques pas ». Mais tout de même « notre petite reine, notre si douce lumière, tendresse ».
Son geste accru à force de connaissance, de soumission et de reconnaissance,
Ses appels inaudibles, on ne doit pas l’entendre désirer autre chose que ce qu’on lui enseigne !
Enfant sage allaitante, maîtresse si l’on veut qu’elle respire pour une fois dans sa vie, Comme buée dans son antre, cette ouverture à la caverne qu’elle bien seule détient.
Mais quoi encore, certaines menaces, jambes écartées,
Il serait temps et bien debout sur cette charge, De voir le monde et son miroir !
Mettant à vif ses certitudes, sa conviction de le trouver,
Ressuscité des haines, saisi et pétrifié, un homme sans meurtrissure ni sans pensée et juste bien pour elle.
Est-il le bon ? Qu’importe en somme ! Il est. Bien suffisant avec sa hargne au sexe,
Pour ce qu’elle est à demander et que bel imposteur est en passe de donner.
 
Répugnant. C’est ce qu’elle cherche !
Il use impertinent de sa froide, son authentique patience, à son âge !
Patience de la suivre, de la presser pour bien la recevoir,
Invisible comme un guide mais là présent, perdu,
Si arrogant peut-être même aveugle ;
De la trouver parfaite, une femme sans défaut, sans ombre à sa lumière.
N’étant que l’ordre irréversible de son grand absolu, qui rivalise, conçue attachée à son flanc,
Pour l’étayer, la dessiner, la sculpter du regard.
 
Cette chair telle la fin d’une toute précédente, D’un autre paradis comme bien d’anciennes amours,
C’est son désir à la force du monde, son apogée sans déshonneur, quelque chose d’effrayant,
Faite de leurs corps, de leurs sexes assoiffés à n’en pouvoir survivre.
 
Elle se moque de savoir son aveu, sa division à lui, son lierre qui paralyse ses gestes,
S’il en a connu d’autres qui furent son âme aussi,
Son cœur pour faire la loi,
Une même identité, ça lui suffit, il est son âme, ou tout au moins cette partie gainée,
Pour naître d’une seconde fois, d’une troisième, d’une multitude de fois ;
Baisé comme elle l’entend d’un corps à corps où la courbe de son poids est comparable à celle de leur âge.
 
Elle s’y connaît, s’y reconnaît, s’y trouve en paix,
Et chaque fois éprouve la rondeur du pouvoir comme le bonheur de vivre,
Et de le percevoir sans un scrupule.
Il ne manquerait plus que ça !
Elle lui offre son tout, s’il veut bien partager, Dieu sait quel homme il est,
Tout confondu en de la vaine errance s’il ne fait pas d’efforts.
 
Elle est prête à donner, dédoublée même au point où ils en sont venus !
Presque fouisseur tel un chien vagabond parce que son répondant, celui qui sera là, appelle en la cherchant ;
Tendre, enceinte à tout moment, repue de le doubler, de même le faire marcher,
Certaine d’unir une chose importante à son trouble, à son éternité.
Guide autant que son regard le peut, et source pour qu’il boive,
Elle aura tout prévu