Bruit des tombeaux
90 pages
Français

Bruit des tombeaux , livre ebook

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90 pages
Français

Description

"L'âme de Mabanza expulse des mots par coulées entières", écrivait Sony Labou Tansi dans la préface pour L'Arrière parle. Le fleuve, obstiné noyeur? L'encre des mots trop lourds? Ou le poids séché du sang qui entraîne et qui coule ? Un bateau de papier fait si peu de bruit lorsqu'il coule ? Pas plus fort le bruit des tombeaux qui ne dérange plus que les âmes obsédées des révolutions mortes de vie." Michel SéonnetŠ

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 19
EAN13 9782296491427
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lebruitdestombeauxsuivi de L’Arrière parole
Poètes des Cinq Continents En hommage à Geneviève Clancy qui l’a dirigée de 1995 à 2005. La collection est actuellement dirigée par Philippe Tancelin et Emmanuelle Moysan  La collectionPoètes des Cinq Continents non seulement révèle les voix prometteuses de jeunes poètes mais atteste de la présence de poètes qui feront sans doute date dans la poésie francophone. Cette collection dévoile un espace d’ouverture où tant la pluralité que la qualité du traitement de la langue prennent place. Elle publie une quarantaine de titres par an. Déjà parus 558 – Jean-Pierre BARBIER-JARDET,L’effroyable chanson du poète voyant, 2012. 557 – Claire GALLI,Un été de solitude, 2012. 556 – Mahshid MOSHIRI,S’il n’y a pas d’amour, 2012. 555 – Anne-Marie JEANJEAN,Stèles pour un signe, 2012. 554 – Abdelkhaleq JAYED,Musique de pierres,2012. 553 – Jean-Damien ROUMIEU,Nucléus, 2012. 552 – Cheikh Tidiane GAYE, Maria Gabriella ROMANI KOUACOU,L’étreinte des rimes/Rime abbracciate, 2012. 551 – Thierry MATTEI,Je serai voltigeur, 2011.550 – Rita MORANDI,Vers l’ailleurs, 2011. 549 – Philippe TANCELIN,Au pays de l’indivis amer. Cahier, 2011. 548 – Emmanuel MATESO,Les mères de Kolomani,2011.547 – Serge VENTURINI, Éclats d’une poétique de l’inaccompli (2009-2012) Livre V, 2011. 546 - Françoise et Sonia DELMAS,Pages Marges Visages, 2011. 545 – KÂLIDÂSA,Pour la naissance de Kumâra, 2011. 544 – Nicolas BELLISARIO,Haïkus, 2011. 543 – Jean GILLIBERT,La mort à vif, 2011. 542 – Jacques GUIGOU,La mer, presque, 2011. 541 – Henriette SAINT-RENAN,Yianniné, 2011. 540 – Philippe TANCELIN,L’Ivre traversée de clair et d’ombre, suivie deLes camps oubliés,2011. 539 – Luisa BALLESTEROS ROSAS,De l’autre côté du rêve, 2011.
Édouard Mabanza Le bruit des tombeaux suivi de L’Arrière parole PoèmesPréface de Michel Séonnet L’HARMATTAN
Du même auteurPoésie : L’Arrière Parole, Collection La Nouvelle Proue, Compiègne, 1985. La Moitié du mensonge, Editions Tanawa, 1997. Afrique des amants,nat002.6,EtidisonHaLatrm Visage des palmiers, Editions L’Harmattan, 2008.© L'HARM ATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96222-4 EAN : 9782296962224
Table Si peu de bruit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Le bruit des tombeaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 L’Arrière parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Si peu de bruit...
« L'âme de Mabanza expulse des mots par coulées entières » écrivait Sony Labou Tansi dans la préface qu’il avait donnée pourL’Arrière parolepour la publié première fois au Congo en 1985. Les années ont passé. Les bords de la Marne et de la Seine ont depuis longtemps remplacé pour Mabanza les rives du Congo. Et si le fleuve a poursuivi son cours, c’est en lui, dans l’effort douloureux des mots qui ne sont plus portés par son flux tonitruant mais doivent un à un être extraits d’une sorte de fossilisation des flots. C’est un lent mouvement que l’on peut suivre de recueil en recueil. Dans l’éloignement imposé, le fleuve a transmué sa nature d’onde en nature de songe. A moins que ce soient les songes qui, à force, ont pris figure de fleuve. Ici, Mabanza évolue entre les deux. Tantôt c’estle fleuve songe. Tantôt,le songe fleuve. Comme si s’était installée une commutativité telle qu’on puisse les lire dans un sens ou dans l’autre. L’un comme l’autre ont fini par prendre matière d’histoire, matière politique.Fleuve politiquetout autant que songe politique soumisà la parole rêvée... qui reste affamée.
Que reste-t-il des promesses du fleuve ? Que reste-t-il des promesses des songes ? Aux deux étaient dévolus tous les fastes de l’utopie active ? S’il est vrai que l’assassin revient toujours sur les lieux du crime et l’amoureux sur les pas de la foudre qui l’a saisi, le militant, lui, avec pour seules armes des mots si faibles, à peine dits, des mots ressassés et ressassés encore, le militant, de poème en
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poème, de recueil en recueil, revient sans cesse sur les lieux oùla prophétie des saisons mortes / s’est faite interdire de la terre promise / du fleuve. La guerre est-elle finie ? Les utopies, les rêves, sont-ils passés de saison, les jours versés et délavés au grand bain démobilisateurs des réalismes, des pragmatismes ? Mabanza n’en a cure. Quand bien même aspirerait-il à des apaisements auxquels comme tout un chacun il aurait droit, le songe ramène le fleuve, et au milieu du fleuve, les tombeaux éventrés intimant au rêveur ahuri qu’il est de plonger une fois encoredans la danse des corps funèbreset qu’il n’en sortira pas tant qu’il n’aura pas répondu. A chaque blessure du sang revenue dans le songe doit répondre un poème. A chaque visage. A chaque nom quand bien même seraient-ils tous oubliés.Le poète ne choisit pas la tâche qui lui incombe. Comme l'âne sous le joug, il n’a d’autre dignité que de porter un peu plus loin la charge reçue en terrible héritage. Aussi, à peine sorti du songe, à peine sorti du fleuve, le voilà une fois encore qui se redresse et annonce :Je raconte... Je décris... Je parle... J’écrirai... Jusqu’à l’obsession, parfois. Comme si à force de dire, d’écrire, de raconter, la charge si lourde, trop lourde, pouvait être déposée quelque part. Mais où ? Faudrait-il imaginer que chaque page où s’inscrit le poème puisse être pliée en forme de bateau pour tenter une fois encore la traversée du fleuve ? Lorsque le bateau de papier finira par sombrer et rejoindre la profondeur des tombeaux, qui faudra-t-il incriminer ? Le fleuve, obstiné noyeur ?
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L’encre des mots trop lourds ? Où le poids séché du sang qui entraîne et qui coule ?Un bateau de papier fait si peu de bruit lorsqu’il coule.Pas plus fort lebruit des tombeauxqui ne dérange plus que les âmes obsédéesdes révolutions mortes de vie.Au poète échoit la tâche démesurée de faire parole et chant de ce presque silence.Est-ce pour cela que lescoulées entières dont parlait Sony Labou Tansi sont devenues des rus fragiles, des oueds assoiffés pour temps de terres sèches ? Les poèmes s’écrivent désormais sur despages collées / du sang non daté. Le simple dire, écrire, raconter, demande alors une force déraisonnable. Une vigilance. Une assiduité. Peut-il y croire encore celui qui, voulant échapper, murmure malgré tout à faible bruit de tombeaux qu’il s’estaffranchi de l’histoire ? L’ultime poème se referme alors sur lui-même comme une trappe. D’une main qu’il voudrait définitive, et comme on pilerait un grain amer, il broie le poétiqueet l’histoire, l’imaginaireles et corps revenants. Pour en finir une fois pour toutes avec le poids trop lourd ? Pour parvenir enfin à disperser les cendres au fil du songe, au fil du fleuve ?Michel Séonnet octobre 2011
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