La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 avril 2007 |
Nombre de lectures | 280 |
EAN13 | 9782296167896 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
JOSÉ HIERRO,
ENTRE CENDRE ET FLAMME
© L'HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN :978-2-296-02809-8
EAN :9782296028098
Emmanuel LE VAGUERESSE
JOSÉHIERRO,
ENTRE CENDRE ETFLAMME
L'Harmattan
Classiques pourdemain
dirigée par Daniel-Henri Pageaux
Cette collection rassemble des études surdesécrivainsdenotre
temps, consacrés par lesuccèsdans leur pays (francophones oude
languesibériquesen particulier),pour lesquelsil n'existepasencore
d'approchescritiquesenfrançais.Ellevise donc à diffuserauprèsdu
public étudiantetdelecteurs soucieuxdes'ouvriraux littératures
étrangèresdes parcoursetdes propositionsdelectures,voireune base de
documentationbibliographique.
Déjàparus
LuciaDASILVA,David Mourão-Ferreira,2005.
MarceloMARINHO,João GuimarãesRosa,2003.
FrançoisPIERRE,Francisco Umbral oul'esthétique de la
provocation,2003.
Françoise MORCILLO,Jaime Siles:un poète espagnol"classique
contemporain",2002.
Dorita NOUHAUD,Isaac Goldemberg oul'homme duLivre,2002.
AnouckLINCK,AndrésCaicedo,un météore deslettres
colombiennes,2001.
Dorita NOUHAUD,LuisRafael Sánchezdramaturge,romancier
porto-ricain,2001.
EmmanuelLEVAGUERESSE,Juan Goytisolo, écriture et
marginalité,2000.
MadeleineBORGOMANO,AhmadouKourouma, le"guerrier"
griot,1998.
Jeanne-MarieCLERC,Assia Djebar. Ecrire,transgresser,résister,
1997.
AndréDJIFFACK,Sylvain Bemba. Récitsentre folie etpouvoir,
1996.
Jean-Claude VILLAIN,Jean-MaxTixier: à l'arête desmots,1995.
Michela LANDI,Mario Luzzi fidèle à lavie,1995.
MarieCHEVALLIER,Marc Alyn, lavoix, lavoyance,1994.
Françoise NAUDILLON,Jean Metellus,1994.
Daniel-Henri PAGEAUX(éd.),Ernesto Sábato,1993.
À mesparents
INTRODUCTION
Lorsquel’onévoquelapoésie de José HierrodelReal
(Madrid,1922-Madrid,2002),poète extrêmement populaire
dans son payset pratiquementinconnuchez nous, enFrance,
on seretrouvetrès vite, aussi, faceàlatriplequestionde
l’appréciationd’unepoésie espagnole dite, dans un premier
temps, « deposguerra»–c’est-à-dire del’après-guerre civile
espagnole, conflit quis’acheva en 1939aveclavictoire du
GénéralFrancoet remplit lepaysdeses pénitenciers,
1
disséminésdans lepays –,où surnagentde grandesfigures,
comme celle de Vicente Aleixandre, futurPrixNobel,oudu
critique et poète DámasoAlonso,quirestèrenten
Espagnepourcréer malgréla censure franquiste, dans un
contexte demisère etderépression ; puis, delapoésie dite
«sociale »,tellequ’on l’étiquetteparcommodité avecles
nomsde Blasde Otero ouGabrielCelaya,unepoésie
fortementinfluencéepar l’époque,par laquestionde
1
Cf.Josaé HIERRO : «lfríode OcañayBurgos,/al vientoheladodel
mar /delDueso...», « aufroid d’Ocaña etde Burgos,/au ventglacé dela
mer /de ElDueso...», « Losandaluces»(« LesAndalous»,Libro de las
alucinaciones).Nous traduisonsdésormais les titreset les verscités,une
traduction originale et proche du texte espagnol – sans tomberdans la
littéralité absolue–, dont laresponsabilité,parconséquent,nousincombe
ànous seuls.Parailleurs,nous traduisonsdirectement,sansdonner le
texteoriginal,toutcequin’est pasdel’ordre delapoésie.Pour les
recueilsdepoésie et tous lesautres ouvragesautres quelesétudes
universitaires,nousdonnons letitre enfrançaisentreparenthèses ou
crochetsàlasuite et,sil’ouvragen’apasététraduit,nousendonnons une
traduction littéralesuivie d’unastérisque.La date donnée est, dans tous
lescas, celle delapremièrepublicationenespagnol.
7
l’engagementdel’écrivain –à gauche,leplus souvent –,
cettequestionétant, enEspagne etailleurs, ences lendemains
de conflitcivil meurtrieret même de guerremondiale, «le
pontauxânesdelapériodesartrienne »,selon les motsde
l’historiencroate Predrag Matvejevitch;enfin, delapoésie
desannées soixante,plus libre,même enEspagne et
désormaisen phase avecunevolonté de « connaissance » de
l’hommeplus que de «communication» aveclui, avant que
lesannées soixante-dix,un peu partout, donc également sur le
territoire ibérique,nesejette dans le feudela déconstruction
etdelapostmodernité.
Néanmoins,on saitbien quelesétiquettes nesont,la
plupartdu temps,que desfacilitéset que, derrièreune
taxinomierigide,se cachentdes œuvresetdesécrivains
spécifiqueset originaux,toutautant que divers, irréductibles
àunemise en ordre générationnelleoucatégorielle,quisonne
toujours un peucommeunfichage.
Mêmesila Francerivaliseparfoisavecl’Espagne,pource
2
qui estdel’inventionde générationsformatées, endépitde
tentatives récentesde certains universitairesdelesabolir
définitivement, il sembleque, dans le cas très précisde José
Hierro,saméconnaissance delapartdu public français lui ait
évitéune classification trop normative.Peu traduitdans notre
langue, etessentiellementaucoursdesannées soixante, ila
été ensuite assez viteoublié etdes lecteursfrançaisetd’une
grandepartie delarechercheuniversitaire française.Ces
quelques poèmes traduitsdans lesannées soixantepeuvent
êtrelusdansdesanthologiesaujourd’hui assezdatées,
consacréesen majorité àlapoésie dite «de combat»
antifranquiste, commeLa poésie espagnolede Pierre
2
Ainsi,on parlevolontiersde «générationde [18]9de «gé8 »,nération
de [19]27»,respectivementà cause dela crisepolitique etintellectuelle
ème
que connut l’Espagne àla finduXIXsiècle, aveclaperte deses
dernièrescoloniesetdesoninfluencesur l’échiquierinternational,mais
aussi du renouveaudelapoésie espagnole,quise fit
jourdanscesannéeslà.
8
Darmangeat, en 1963, chezSeghers,quiproposetrois
traductionsde grands poèmesde Hierro,maischoisis parmi
les plus«sociaux»ouhistorico-politiquesdenotre auteur.
D’ailleurs,notrepoèteseretrouve coincé entre deux poètes
relativement mineursducontre-franquisme, MarcosAna,
présenté commeun poète ayantété « [e]n prisonde dix-huità
quarante ans...» etGabrielPradalRodríguez, «jeunepoète
exilé » etaujourd’huioublié.Malgrétout,les quelques lignes
deprésentationde Hierro nel’enferment pasdanscette
catégorie,se contentantd’égrener ses récompensesetd’en
faire «undeschefsde file delatrès vivantepoésie espagnole
d’aujourd’huci »,ommesilaspécificitépoétique de Hierro
empêchaitDarmangeatdesacrifier, enbonhispanistequ’il
fut, àlatentationdel’étiquetagestéréotypé, endépitduchoix
des pièces poétiques qu’ila effectué.
La « Berceusepourendormir un prisonnier»(« Canciónde
cunapara dormiraun preso»),l’undes trois poèmesde
l’anthologie,réapparaît, d’ailleurs, dans l’autre grand
florilège depoésie espagnoletraduite enfrançais, àlamême
époque,Chantspourl’Espagne,paruauClub desAmisdu
Livre Progressiste en 1966.C’estAlainSicard, hispaniste
françaisderenom,quiprésente et traduit les poèmesde
Hierro.Cet ouvrage collectifsevoulaitclairement politique
et neprésentait quelapoésie espagnole alorsactuelle et,
beaucoup,parmilaplusengagée.On nes’étonnera doncpas
deretrouver, dans lesdeuxautres poèmesde Hierro retenus
danscet ouvrage,un« Chant pour l’Espagne »(« Cantoa
España »),quasi-doublondu titre générique del’anthologie.
Un poème futaussipublié dans larevueEuropede
septembre-octobre1962 (n° 401-402)consacré àlajeune
poésie espagnole, ainsiquelatraduction parRobertMarrast
de déclarationsde Hierro paruesinitialementenEspagne.Et
deuxautres poèmesétaientapparusauparavantdans le
volume d’Emile VandercammenetFernand Verhesen
consacré àlapoésie espagnole contemporaine,Poésie
espagnole d’aujourd’hui(1956) oùHierroest présenté, de
9
mêmeque GabrielCelaya etLeopoldode Luis, comme
faisant partie d’une– pour nous trèshypoth&