Tirsis d’un excez de plaisir Estoit sur le point de mourir Entre les bras de Filis qu’il adore, Quand Filis que l’Amour range soûs méme loy, Et que le méme feu devore, Luy dit, ah! Mon Tirsis, ah! Ne meurs pas encore, Je veux mourir avecque toy. Tirsis alors suspend l’envie, Qu’il avoit de perdre la vie; Mais par cette contrainte il se met aux abois, Et n’osant pas mourir il se meurt mille fois; Cependant lors qu’au sein de cette jeune Amante, Le Berger à longs traits boit l’Amoureux poison, Elle qui sent dejà qu’elle entre en pâmoison, D’un régard languissant, et d’une voix tremblante, Lui dit, mon unique soucy, Meurs, mon Tirsis; car je meurs aussi. Soudain ce Berger tout en flâme, Luy répond, comme toy je me meurs, je me pâme. Ainsi dans les ravissemens, Moururent ces heureux Amans; Mais d’une mort si douce et si digne d’envie, Que pour mourir encor ils reprirent la vie.