Contre-croisade
300 pages
Français

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Description

Les attaques du 11 septembre 2001 ont radicalement transformé notre époque et altéré de manière durable l'ordre international. Mais que sait-on exactement de ces opérations ? A-t-on réellement mesuré l'origine, l'ampleur et la portée des événements ? Se penchant de façon détaillée sur le film des attaques, et retraçant la genèse et les préparatifs du complot qui a mené aux attentats, ce livre expose les soubassements politiques, cutlurels et stratégiques de l'assaut contre New York et Washington.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 97
EAN13 9782296466524
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CONTRE-CROISADE

Le 11 Septembre et le retournement du monde
Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou





CONTRE-CROISADE

Le 11 Septembre et le retournement du monde




Seconde édition, mise à jour et augmentée


Préface inédite de l’auteur
L’Harmattan
Du même auteur


Societal Transition to Democracy , Ibn Khaldoun Center for Development Studies, Le Caire, 1995.

Iraq and the Second Gulf War – State-Building and Regime Security , Austin and Winfield, San Francisco, 1998, seconde édition 2002.

Understanding Al Qaeda – Changing War and Global Politics , Pluto Press, Londres, 2011.

















© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55399-6
EAN : 9782296553996
Notre magie à nous est blanche, plus
d’hérésie possible dans l’abondance.
Nous attendons les irruptions brutales
et les désagrégations soudaines qui, de
façon…imprévisible, mais certaine…
viendront briser cette messe blanche.


Jean Baudrillard,
La Société de Consommation
À mon fils Kemal
Préface à l’édition de 2011




« Comprendre, c’est beaucoup
demander à l’homme ».

— Fiodor Dostoïevski, brouillons de
L’Idiot

E n l’espace de dix ans, le monde est devenu une prison. Cabane dorée pour les uns, geôle insupportable pour les autres, univers pénitentiel inévitable pour tous, barbelé de frayeurs abyssales. De la même façon que le monde du dix-neuvième siècle s’était évaporé au lendemain de la première guerre mondiale, révélant brusquement des pistes de modernité inattendues qui mèneront tour à tour à la crise économique de 1929, au Nazisme et à la seconde guerre mondiale, le mode de vie dominant du vingtième siècle — un âge d’or des idéologies (fascisme, communisme, libéralisme) — mourut abruptement durant la première décennie du vingt et unième siècle.
Coïncidant avec une révolution technologique qui accéléra ce crépuscule, cette disparition annonça l’avènement d’un autoritarisme moderne globalisé inédit. Pourquoi, à l’occasion de ce changement d’époque aussi tranché, une mondialisation, qui aura transformé la planète de façon immédiate et profonde et suscité tant d’espoirs, aura, au bout du compte, généré plus d’injustice, plus d’ignorance, plus d’inégalités sociales et économiques, plus de conflits barbares et plus de soumission que de liberté, d’éducation, de bien-être et de justice sociale, demeure l’une des interrogations centrale de notre temps.
Le changement fut moins le fait au bout du compte anticlimatique d’un « an 2000 » tant attendu que celui, foudroyant, d’un « 11 Septembre », qui s’invita à la surprise générale, entamant une infernale décennie bordée, d’un côté, par le plus grand attentat terroriste de l’histoire moderne et, de l’autre, par la crise économique la plus sérieuse depuis le crash financier de 1929.
Vingt ans après le « moment unipolaire »1 de l’après-guerre froide, celui-ci était devenu un « moment impérial »2 poursuivi de manière compulsive3 et enthousiaste4 dans un « après-Septembre » guère plus défini au-delà de l’identité de son principal protagoniste. Qui, en effet, dit prison dit geôlier, et en l’espèce ce furent les États-Unis d’Amérique, unique puissance planétaire depuis l’autodestruction de l’Union soviétique en 1989, qui mirent en branle ce que nous vivrons désormais comme la fermeture du monde . En apparence, l’attitude naissante des États-Unis en 2001 semblait être une réaction justifiée face aux attaques du 11 septembre, et l’unipolarité apparaissait essentiellement comme la résultante d’aléas historiques successifs. Ce n’était point le cas, et, à la faveur du désir revanchard de cette nation d’assouvir une ambition impérialiste longtemps en gestation, libérée par un inconcevable assaut sur son sol, une logique carcérale mondialisée se mit en place avec une rapidité déconcertante.
La vélocité avec laquelle la descente aux enfers américaine a eu lieu, s’illustrant d’abord aux États-Unis eux-mêmes, suscite, à cet égard, autant de perplexité qu’elle révèle la présence puissante d’une sourde et obscure ambition5. Ainsi, en moins de un an après les attaques du 11 septembre 2001, l’opacité du travail gouvernemental américain avait été érigée en pratique administrative normale (dans un pays de « gouvernement ouvert » et de transparence de l’action publique), les atteintes à la vie privée s’étaient multipliées (dans une contrée où le droit à la sphère privée est sacro-saint), le traitement des immigrés avait évolué vers une forme de discrimination ouverte (dans la terre d’émigration par excellence), le système criminel tolérait de massives violations des droits des prisonniers (dans un état de droit), et l’unilatéralisme américain s’était déjà imposé de façon manichéenne au reste du monde (faisant fi de la traditionnelle politique étrangère de démocratie et de droits de l’homme de cette nation)6.
Non moins surprenante fut la faiblesse des oppositions à ce dessein de domination globale qui vit partout le jour en ce début de siècle tant au sein de l’Amérique, autrefois protectrice et retranchée et désormais comme « lâchée », qu’au niveau mondial, et autant au niveau des institutions qu’à celui des individus. Partout, et en dépit de critiques sotto voce , on s’accommoda majoritairement de l’équation « vous êtes avec nous ou contre nous », faisant partout le premier choix.
Pourtant, ce fut paradoxalement l’Amérique elle-même qui eut le plus à souffrir des avanies de cette « décennie de l’enfer »7.
Après les élections présidentielles de novembre 2000 entachées d’accusations de fraude, la série noire se poursuivit de façon ininterrompue immédiatement après les attaques du 11 septembre et au fil des ans : crash du vol American Airlines 587 (deux cent soixante-cinq morts), lettres contaminées à l’anthrax, guerre en Afghanistan, tireur embusqué semant la panique à Washington durant un mois (dix morts), guerre en Irak, scandales et faillites financières à Wall Street (Lehman Brothers, General Motors, Chrysler, United Airlines, Circuit City, Kmart, Fannie Mae et Freddie Mac), inondations en Nouvelle-Orléans suite à l’ouragan Katrina, dégringolade des marchés financiers (moins vingt-six pour cent au plus bas en 2008), triplement des prix pétroliers (le baril atteignant cent quarante-sept dollars américains au plus fort en juillet 2008), torture à Abou Ghraib et massacres à Virginia Tech (trente-trois morts) et Fort Hood (treize morts). L’Amérique qui a une longue histoire de violence et de troubles internes dans sa jeune existence en a, certes, vu d’autres, mais il semblait souvent, durant cette décennie, que l’instabilité était devenue le maître mot aux États-Unis.
Tout à son désir de frapper un grand coup donc, lorsqu’en 1996 Oussama Ben Laden commandite la préparation d’un attentat sur le territoire des États-Unis, le millionnaire saoudien est loin de se douter que ce seul acte fera basculer les États-Unis dans une telle instabilité, et le monde dans une réalité toute nouvelle, dont les conséquences se déclineraient durant de longues années. Victime de son succès, il le sera assurément, devenant du jour au lendemain l’objet de la plus grande chasse à l’homme de l’histoire, qui ne prendra fin que le 2 mai 2011. Outre une instabilité désormais pérenne aux États-Unis, à quel prix se sera faite, pour le reste du monde, cette attaque ? Quel aura été l’impact de la réaction si mal inspirée d’une Amérique traumatisée et revancharde ?8 Et quel fut l’effet du suivisme international qui, derechef, vit le jour ? Dix ans plus tard, le diagnostic est sévère : celui d’un asservissement multiforme passant par l’élaboration d’une nouvelle grammaire qui, à la foi

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