La guerre des six jours à Kisangani
144 pages
Français

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La guerre des six jours à Kisangani , livre ebook

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Description

Unis dans la guerre, par nécessité de chasser le Maréchal Mobutu du pouvoir en 1996, le Rwanda et l'Ouganda ont eu besoin de l'aval des Etats-Unis pour mener à terme leur projet de vassalisation de la RDC. L'affrontement à Kisangani des forces ougando-rwandaises s'est soldé par la victoire de Kigali, brisant ainsi l'entente cordiale entre les anciens alliés et mettant à nu leurs rivalités d'intérêts sur le leadership régional. Pourquoi cette guerre a eu lieu à Kisangani ? Quelles leçons géopolitiques peut-on en tirer ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 220
EAN13 9782296241381
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La guerre de six jours à Kisangani
Collection « Géopolitique mondiale »

Dirigée par Mwayila TSHIYEMBE


L’objet de la collection « Géopolitique mondiale » est de susciter les publications dont la vocation est double : d’une part, donner un sens aux mutations provoquées par la mondialisation, étant donné la perte des repères du monde ancien et la nécessité d’inventer des repères du monde nouveau ; d’autre part, analyser la complexité des enjeux territoriaux, des rivalités d’intérêt et de stratégies qui pousse les acteurs à user de la force ou de la diplomatie, pour modifier ou tenter de modifier le rapport de force (ressources naturelles, humaines, culturelles), selon des idéologies qui les animent. A cette fin, la prospective et la pluridisciplinarité sont des approches privilégiées.


Déjà parus :
Jean-Lucien EWANGUE, Enjeux géopolitiques en Afrique centrale, 2009.
Mwayila TSHIYEMBE, La politique étrangère de la République démocratique du Congo , 2009.
Richard Kadiebwe


La guerre de six jours à Kisangani
Leçons géopolitiques et géostratégiques


Préface de Mwayila Tshiyembe


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10397-9
EAN : 9782296103979

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Préface
La guerre de six jours, dont il est l’objet ici, n’a rien à voir avec la célèbre guerre de six jour qui a opposé en 1967 (du 5 au 10 juin), Israël à ses voisins arabes, notamment l’Egypte, la Jordanie et la Syrie et dont la conséquence est double : d’un côté la défaite militaire de ces trois pays arabes, de l’autre, l’annexion par Israël des territoires arabes de l’Egypte (la péninsule du Sinaï et la bande de Gaza), de la Jordanie (la Cisjordanie, Jérusalem-Est), de la Syrie (le plateau du Golan). II s’agit d’une guerre préventive, menée par Israël à la suite du blocage, par l’Egypte le 23 mai 1967, du détroit de Tiran à ses navires.
Cependant, qu’elle soit préventive ou non, la guerre est, dans sa matérialité même, un affrontement armé, un ultime recours à la violence entre les protagonistes, dès lors que toutes les autres solutions pacifiques ont échoué. Elle se déroule sur un espace donné, parfois en plusieurs épisodes appelées batailles ou fronts. Elle implique généralement des acteurs multiples, opérant en faveur des intérêts souvent inavoués sinon obscurs, l’enjeu primordial étant de soumettre l’adversaire à sa volonté, selon Clausewitz.
Régulateur social depuis la nuit des temps, la guerre, par-delà les pays, les civilisations, les religions, les stratégies, les tactiques, le génie des commandements, la bravoure des troupes, l’adversité des circonstances, impose implacablement sa logique paradoxale {1} , matérialisée aujourd’hui par la théorie de la guerre asymétrique. Et ce, d’autant plus que la victoire d’un camp sur l’autre, n’est pas toujours liée à l’ampleur de la force en jeu.
La guerre de six jours à Kisangani (du 5 au 10 juin 2000) confirme ce postulat, bien qu’elle soit singulière à plus d’un titre.
Primo, les deux belligérants (Rwanda et Ouganda) ont été les alliés de Laurent-Désiré Kabila et son bras politique l’A.F.D.L (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). C’est grâce à leur alliance tacite que l’épopée de Laurent-Désiré Kabila et de l’A.F.D.L a vu le jour (1996-1997) et a été écrite sur les pages blanches de la région des Grands Lacs, avec l’encre noire des larmes de joie de leurs années autant que des enfants soldats dits Kadogo. Et ce, faute de résistance des FAZ (Forces années zaïroises), c’est-à-dire les résidus des forces éparses qui en tenaient lieu, pour défendre le régime déliquescent et impopulaire du maréchal Mobutu.
Secundo, la guerre de six jours à Kisangani (du 5 au 10 juin 2000) ne se déroule ni sur le territoire du Rwanda, ni sur le territoire de l’Ouganda. Bien au contraire, son champ d’action est la capitale de la Province Orientale, au cœur du territoire congolais.
Dès lors, on peut de demander non sans raison, pourquoi cette guerre a-t-elle eu lieu à Kisangani et non ailleurs, à l’Est de la République Démocratique du Congo ? Quelles leçons géopolitiques et géostratégiques peut-on en tirer ? C’est à questionnements que l’auteur de ce livre répond avec talent et originalité.
L’auteur a raison de postuler que la guerre de six jours à Kisangani est une guerre pour le leadership sur la République Démocratique du Congo. En effet, le but inavoué du Rwanda et de l’Ouganda est de mettre à profit la « souveraineté déchue {2} » de la RDC, depuis la débâcle du régime Mobutu, pour faire main basse sur ses ressources, sous prétexte de se rémunérer à la source de l’effort de guerre de 1996-1997. En effet, les deux protagonistes ne cessaient d’accuser Laurent-Désiré KABILA de manquer le « devoir de reconnaissance », pour ne leur avoir pas payé en monnaie sonnante et trébuchante.
Dans l’esprit de l’Ouganda et du Rwanda, notent les observateurs, la bataille pour le leadership régional a comme conséquence, soit le démembrement de la RDC, soit sa mise en tutelle sous forme de protectorat {3} de fait et non de droit, l’ONU étant opposée à cette vision du monde post -communisme.
Abordée sous cet angle, la guerre de six jours à Kisangani atteste que l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats, même en soutenant les rébellions locales, renoue avec la pratique classique du droit de faire la guerre, sinon « la guerre préventive » contre le régime de Laurent-Désiré KABILA, en vue de le contraindre, disait-on, à renoncer aux changements d’alliances en perspective.
Par ailleurs, la victoire militaire des troupes rwandaises sur les troupes ougandaises, a changé l’équilibre des forces entre les deux alliés. En effet, la prétendue supériorité militaire de Kampala, cousue de fil blanc depuis que la guérilla conduite par Yoweri Museveni, avec l’aide des réfugiés tutsis a pris le pouvoir en 1986 en Ouganda, a mordu la poussière dans les dédales de Kisangani. Du coup, militairement émancipé de la tutelle de Kampala, Kigali joue à armes égales la carte pour le leadership régional, en tenant la tête dans l’eau, la République Démocratique du Congo.
Quant à savoir pourquoi Kisangani est le champ de bataille des forces rwandaises et ougandaises, la réponse de l’auteur est classique du point de vue géopolitique et géostratégique : située en amont, la ville de Kisangani surplombe la ville de Kinshasa, capitale de la RDC dont la vulnérabilité est rendue possible par la navigabilité du fleuve Congo et de ses affluents. Autrement dit, c’est le rôle de nœud de communication, sinon de chemin de passage de toutes les rébellions depuis l’indépendance de la RDC, qui donne cette importance stratégique à la ville de Kisangani, y compris sa proximité avec les provinces du Kivu et de Kampala la capitale de l’Ouganda, même si les ressources de son sol et sous-sol, à ce jour non exploitées, notamment les ressources forestières, peuvent contribuer également à cette attractivité de la ville martyr et berceau du nationalisme congolais.
Par ailleurs, les acteurs rwandais et ougandais des crimes de guerre (des violations graves des lois et coutumes de la guerre ou du droit international humanitaire) n’ont pas été jugés et les victimes congolaises n’ont obtenu réparations. De même, face aux violations du droit international, notamment les principes de non recours à la force et le règlement pacifique des différends, la communauté internationale s’est figée dans un silence complice.
In fine, cette recherche corrobore parfaitement l’idée moderne de la géopolitique, définie comme l’étude des rivalités de pouvoirs ou conflictualités se déroulant sur un territoire, impliquant des acteurs internes ou externes, à la recherche d’un gain matériel ou moral, guidés par des idéologies ou des représentations du monde et de la société souvent contradictoires.
C’est à l’honneur de Richard Kadiebwe d’avoir pris soin d’exhumer les pans entiers

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