La ruse de la mondialisation
364 pages
Français

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La ruse de la mondialisation , livre ebook

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Description

Paul Dobrescu met en évidence les particularités de la mondialisation et la manière dont elle influence les rapports entre les puissances mondiales. Son analyse surprend les évolutions qui se préfigurent à l'aube du troisième millénaire : l'ascension de la Chine et des géants asiatiques au détriment des Etats-Unis, la remise en question du modèle de développement traditionnel. Le livre décèle aussi les caractéristiques du nouveau mode de développement et pose la nécessité d'autres stratégies à suivre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 36
EAN13 9782336388496
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Paul DOBRESCU






La ruse de la mondialisation

L’assaut contre la puissance américaine

Traduit du roumain par
Denisa-Adriana Oprea
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73860-4
Dédicace

À mes petites-filles, Carla et Agata
La redéfinition géopolitique du monde « post-crise »
Préface à l’édition française
La préface à l’édition française devrait « compléter » les cinq années écoulées depuis la publication de cet ouvrage en roumain, selon deux perspectives : la manière dont le livre et les analyses qu’il contient ont traversé le temps, et la signification de certains événements importants intervenus depuis 2010. En ce qui concerne la première, nous laissons à nos lecteurs français le droit de juger et d’apprécier. Quant à la seconde, l’élément le plus important de ces dernières années, c’est que le monde développé a oscillé autour de 1 ou 2% de croissance quand il n’a pas enregistré de rythmes négatifs d’évolution économique. Si croissance il y a eu, on ne peut toutefois pas parler d’un redressement. Par exemple, l’Union européenne n’a pas encore retrouvé le niveau le plus élevé de son PIB d’avant la crise. Ceci explique le prolongement de la crise et le dépassement de sa « date de péremption », estimée initialement à deux ou trois ans 1 .
Nous aborderons certaines évolutions qui peuvent impacter considérablement l’avenir et nous questionnerons les situations critiques du monde actuel, de sorte que le lecteur puisse se représenter le plus clairement possible les traits dominants du monde futur.
Selon nous, le plus important dans les prochaines années, c’est que la puissance économique chinoise l’emportera sur la puissance économique américaine. Les estimations divergent quant à l’intervalle nécessaire pour que cela se produise : trente ans, vingt ans ou dix ans. Jacques Attali avance l’an 2017 2 , et l’OCDE vient de préciser que si le pays le plus peuplé du monde stabilise ses rythmes de croissance économique à 7 ou 8% annuels, alors « son économie l’emportera sur l’économie américaine et deviendra la plus importante au monde d’ici 2016 3 » (de telles estimations prennent en considération le PIB calculé du point de vue du pouvoir d’achat). Si l’on envisage le PIB en valeur nominale, alors l’arrivée de la Chine à la tête de la hiérarchie économique mondiale devrait se situer au début de la décennie suivante). Nous sommes là dans le champ des prévisions. John Kenneth Galbraith avait l’habitude de dire : « La seule fonction des prévisions économiques, c’est de rendre l’astrologie respectable ». Soyons donc patients et suivons l’évolution de ces estimations. Si elles se confirment, si une économie qui ne comptait pas dans la hiérarchie mondiale l’emporte sur la plus forte, alors on pourra parler d’un véritable miracle. Il s’agira là d’un événement géopolitique comparable à la chute du mur de Berlin ou de l’empire soviétique, voire d’un événement encore plus riche de significations. Il redéfinira la géopolitique mondiale sur des bases difficiles à imaginer à présent. La crise n’a pas provoqué cette redéfinition géopolitique (les spécialistes l’ont bien anticipée), mais elle en a été un accélérateur.
En outre, les États-Unis et la Chine ne représentent plus seulement les deux premières puissances économiques de la planète, mais ils symbolisent deux mondes , à savoir le monde développé et le monde émergent, et la compétition qu’ils se livrent est également une compétition entre l’Ouest et l’Est. Les vainqueurs se dessinent déjà. En 2030, affirme Angus Maddison, l’Asie détiendra 53% du PIB mondial, alors que l’Occident – c’est-à-dire l’Europe, les États-Unis et autres États développés – n’en détiendra que 33% 4 . En 2050, précise Guy Verhofstadt, la hiérarchie économique mondiale sera la suivante : la Chine, les États-Unis, l’Inde, le Brésil, le Japon, la Russie 5 . Il est possible de commenter, et même de faire des objections quant à une position ou autre, mais on ne peut pas douter de la direction qui se profile : le XXI e siècle sera le siècle de la grande transition de l’Ouest vers l’Est , et dans ce processus, les pays émergents l’emporteront peu à peu sur les pays développés qui resteront les pays en déclin les plus respectables au monde .
Quelles pourraient être les conséquences ? La première et la plus importante serait la tendance à la marginalisation géopolitique de l’Europe . Le contre-argument est somme toute facile : après tout, l’Europe aura aussi en 2020 un poids économique sinon égal, du moins similaire à celui des États-Unis ; par conséquent, il n’y aurait pas de quoi s’inquiéter de ce point de vue. Selon les données statistiques, au cours des prochaines années, le PIB européen accusera du retard par rapport au PIB américain. Cette différence s’expliquera avant tout par la rapidité avec laquelle l’économie américaine est en train de se redresser après la crise et par le retard que l’Union européenne enregiste à cet égard. Les États-Unis seront de plus en plus le symbole du monde développé. La compétition « au sommet » entre le monde développé et le monde émergent est portée par d’autres protagonistes. Par la force des choses, l’Europe va détenir une position secondaire. Surtout que, après la crise, l’enthousiasme de jadis a disparu et que le Vieux Continent semble se diriger vers la stagnation, sinon le déclin ; il semble même revenir à la réalité des conflits et des tensions intérieurs.
Quelles pourraient être les racines de cette évolution, qui est, selon nous, pour le moins inquiétante ? Les puissances et les superpuissances émergent toujours au moyen d’une vision stratégique, qui, habituellement, devance le temps historique au sein duquel elles évoluent ; de la même manière, le déclin d’une puissance va toujours de pair avec une raréfaction de stratégie, qui s’exprime par l’absence de boussole, par toutes sortes d’indécisions et d’atermoiements, par des hésitations coûteuses et par un affaiblissement général nourri surtout par des causes intérieures. Il est impossible d’expliquer la situation dans laquelle se trouve l’Union européenne sans prendre en considération le fait que son activité manque évidemment de composantes (ou d’une composante) stratégique. Il est vrai que l’Union est aux prises avec une crise économique prolongée et douloureuse. Mais en amont de celle-ci, il y a une crise de vision stratégique, qui s’explique non pas par un manque de potentiel, mais par l’hésitation à mettre le doigt sur les plaies ouvertes et surtout, à décider de l’évolution de l’Union : fédérale ou nationale. Il serait possible de dresser une liste des hésitations et des oscillations ayant marqué la vie récente de l’Union. Au début des années 1990, la perspective d’une évolution fédérale semblait l’emporter, mais une décennie plus tard, l’accent se déplace au niveau national. L’idée qui primait en 2008, c’était que l’Europe ne serait pas touchée par la crise ; ensuite, la crise s’est installée et on s’est tourné vers l’austérité comme solution de salut ; cette position a été maintenue, même lorsqu’il est devenu évident que l’austérité était une solution dépassée.
Un moment significatif de cette véritable impasse stratégique dans laquelle se trouve l’Union, c’est le récent assouplissement quantitatif lancé au niveau européen, qui suppose d’imprimer chaque mois 60 milliards d’euros, et la manière dont il a été conçu. Les États-Unis ont lancé un tel programme dès 2008, et leur rythme de développement ces dernières années est deux fois plus rapide que le rythme européen. Il est encore plus significatif que, bien qu’il s’agisse d’un programme homonyme, du point de vue de la substance stratégique et politique les deux stratégies sont tout à fait différentes. Voilà ce que précise à cet égard George Friedman : « La Réserve Fédérale a imprimé de l’argent et a acheté des liquidités. La Banque centrale européenne imprimera à son tour de l’argent, mais les banques nationales de chaque pays de la zone euro achèteront individuellement des liqudités et il leur sera permis de racheter uniquement la dette de leur propre gouvernement. La raison de cette décision en dit long sur la crise réelle de l’Europe, qui n’est pas tant économique (mê

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