Le conflit touareg et ses enjeux géopolitiques au Mali
254 pages
Français

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Le conflit touareg et ses enjeux géopolitiques au Mali , livre ebook

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Description

Depuis 2012, le Mali est confronté à une rébellion armée et séparatiste regroupée au sein de la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA). Cependant, si depuis janvier 2012, les interventions françaises (opération Serval) et les forces de l'ONU ont freiné l'offensive des terroristes, elles n'ont pas mis fin à l'insécurité dans la région. Depuis la signature de 2015 d'un accord de paix, le MNLA occupe toujours Kidal dans l'optique d'une reconnaissance juridique et politique de l'Azawad.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2016
Nombre de lectures 63
EAN13 9782140016479
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Etudes africaines
Série Politique
ABdOUlàye Tamboura
Le conflit touareg et ses enjeuxgéopolitiques au Mali
Géopolitique d’une rébellion armée
Le conflit touareg et ses enjeux géopolitiques au Mali
Collection « Études africaines » dirigée par Denis Pryen et son équipe
Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc.
Dernières parutions Didier N’KUPA Ntikala E-Benya,Le Congo-Kinshasa, une République démocratique ?,2016. Éric NGANGO YOUMBI,La justice constitutionnelle au Bénin, Logiques politique et sociale, 2016. LENDJA NGNEMZUE Ange Bergson,Les Babitchoua. Parenté, chefferie et résistance aux Allemands dans le sud-est bamiléké, 2016. BELEBENIE Pierre,Les transformations de la fiscalité locale au Cameroun, 2016. MAKENGO NKUTU Alphonse,La théorie générale du droit constitutionnel et les institutions politiques, sous la Première, Deuxième et Troisième République de la République démocratique du Congo, 2016. EBALÉ Raymond,Les Accords de Partenariat Economique entre l’Union Européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), 2016. MINKALA NTADI Pierre,La tutelle politique dans la production de l’information de presse en Afrique francophone, Le cas du Congo-Brazzaville, 2016. ASSOUMAN Kouadio Amos,Le rôle des préfets et sous-préfets de Côte d’Ivoire, Gestion et prévention efficaces des conflits communautaires dans un contexte de sortie de crise, 2016. BARRY Mamadou, YAYA Hachimi Sanni, DOUMBOUYA Mohamed Lamine,Les trop dits et les non-dits de l’aide au développement en Afrique. Nouvelles perspectives sur la dispersion et l’absence de coordination des bailleurs, 2016. MABANZA N’SEMY Aubin,Les marques en Afrique francophone. Approches comparatives et critique de la protection à l’OAPI et en R.D Congo, 2016.PORTEILLA Raphaël, HAYEM Judith, SÉVERIN Marianne et DIKA Pierre-Paul (dir.),Afrique du Sud. 20 ans de démocratie contrastée, 2016. BAGAYOKO Sidy Lamine,Écoles Communautaires au Mali, Fonctionnement, gestion et conflits, 2016. URSA Liana Maria,Libéria. La difficile construction nationale, 2016. LONGOMO MENGELI Marius,Les problèmes de l’Administration publique en RDC,2016.
Abdoulaye TAMBOURALe conflit touareg et ses enjeux géopolitiques au Mali
Géopolitique d’une rébellion armée
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-08706-1 EAN : 9782343087061
INTRODUCTION
Pendant longtemps, la « question touarègue » au Mali a été classée parmi les maladies de jeunesse des nouveaux États africains, une sorte d’affection endémique qui touche périodiquement les « Nords » peuplés d’éleveurs et d’agro-éleveurs. Restés en marge durant la période coloniale, ils ont été supplantés par les sédentaires du Sahel et du Soudan qui ont pris le pouvoir dans ces États neufs au départ des Européens. L’indépendance a été ainsi vécue par ces populations « noires » comme une revanche après des siècles de sujétion imposée par les grands éleveurs « blancs ». Même, si l’esclavage a été officiellement aboli par le colonisateur et par l’État postcolonial, il a été longtemps toléré par les autorités et ses séquelles marquent profondément les structures sociales et politiques au Sahel. C’est ainsi que des insurrections séparatistes, à éclipse, ont déchiré, outre le Mali, le Niger et le Tchad.
Aussi, certains observateurs ont-ils voulu rassembler dans ces « séparatis-mes africains » (Aquarone, 1987) d’autres soulèvements sécessionnistes comme ceux qui ont frappé le Sahara occidental, le Nigeria, la Casamance, le Soudan, l’Érythrée, voire l’insurrection qui a partagé la Côte d’Ivoire en 2002. Le caractère commun de ces mouvements rangés dans ce « fourre-tout » était, a-t-on cru, le refus des frontières tracées pendant la colonisation et conçues comme la malédiction à l’origine de tous les maux du continent. Or, les principaux séparatismes « qui ont réussi » (Érythrée, Sud-Soudan, Somaliland) ont repris le cadre territorial hérité des colonisateurs. C’est d’ailleurs au nom du respect des limites coloniales que le Polisario refuse toute intégration au Maroc dont les autorités rappellent les allégeances politiques traditionnelles au partage colonial. En outre, ceux qui étaient sécessionnistes ne combattent plus pour se séparer du territoire national, mais cherchent à s’approprier le pouvoir central et ses ressources. Cette révision des objectifs de la contestation politique tient compte de la résilience des découpages étatiques nés de la colonisation. En effet, les organisations régionales (OUA puis UA, CEDEAO…) et internationales sont bien plus des regroupements d’États (un syndicat de chefs d’État a-t-on persiflé) que des associations où les peuples ont leur mot à dire. De plus, l’augmentation récente de la demande des produits du sol et du sous-sol, marquée par l’envol du cours de l’ensemble des produits 1 agricoles (notamment des céréales), des hydrocarbures et des produits miniers a entraîné une ruée vers l’Afrique. Or, ce sont les États qui délivrent les concessions foncières et les permis d’exploration du sous-sol.
1 Même si la tendance est à la fluctuation rapide des cours de pétrole (actuellement, moins de 50 dollars), les hydrocarbures n’échappent pas à la convoitise des grands groupes pétroliers.
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Au cours des cinquante dernières années, les États soudano-sahéliens ont connu de brefs et violents accès de fièvre séparés par de longues périodes de rémission consécutives à la signature d’accords négociés par l’entremise des puissances régionales et avec le soutien discret des ex-colonisateurs. Le traitement, à l’origine de tous ces apaisements, a été l’instillation d’une dose plus ou moins homéopathique de régionalisation accompagnée de l’intégration d’une certaine « élite » dans les structures de l’État central. En outre, les éleveurs et agro-éleveurs sahéliens n’ont pas rejoint unanimement les mouve-ments séparatistes dont le recrutement recoupe les clivages sociopolitiques, linguistiques et religieux.
Au Mali et au Niger, les rébellions dites « touarègues » n’ont pas rassemblé tous les Touaregs qui ne sont plus, tous, éleveurs. Sans doute, les répressions sanglantes des années 1960 et 90 ont-elles créé des amalgames et des stigmatisations qui ont fait rejouer des clivages anciens et réactiver des irrédentismes qu’on croyait oubliés. En effet, les « séparatismes qui ont réussi » ont retrouvé, en palimpseste, des cadres territoriaux légués par la colonisation : ne pourrait-il pas en être de même pour les limites héritées de l’épisode bref de l’Organisation commune de régions sahariennes (OCRS), au Niger et au Mali ?
Au Mali, la fracture commencée en 2012 est née, semble-t-il, de la rencontre de facteurs de géopolitique interne et externe, au-delà d’une lecture 2 purement internationale de la crise (souvent trompeuse) . N’y a-t-il pas un phénomène d’usure des institutions dont l’immobilisme de la présidence d’Amadou Toumani Touré (ATT) a été le symbole et l’illustration ? L’atmosphère de « fin de règne » a encore été assombrie par la corruption, le népotisme et la kleptocratie qui caractérisent la classe politique. Par ces failles se sont introduits deux puissants voisins dont l’influence tutélaire et délétère s’est longtemps contre-balancée. Elles ont rempli les béances ouvertes dans le territoire national par l’« archipellisation de l’État » comme l’a signalé Pourtier (chercheur et universitaire français). La chute de Kadhafi a produit un vide dans le Sahel dans lequel se sont engouffrés tous les trafics et toutes les dissidences. L’Algérie, plus fragile que l’on croit, et qu’elle le croit, désireuse de protéger ses hydrocarbures (attaque d’In Amenas, en 2013), a préféré « fermer les yeux » sur le passage des « revenants » sur le long de ses frontières. En le faisant, ceux-ci se sont dirigés vers le « ventre mou » du Sahel, le Mali. Les autorités du Niger, en pleine reconstruction, n’ont pas agi
2  Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Dans l’œil du cyclone », inLa tragédie malienne, Paris, édit. Vendémiaire, 2013, p. 8. Voir également, l’ouvrage de Béatrice Giblin sur la géopolitique interne et externe.
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autrement. Le Tchad, lui qui relève d’une longue guerre civile, a également clos ses frontières et le Mali était donc la seule issue. Il était évident que l’effondrement du régime de Kadhafi aurait des répercussions dans toute la bande sahélo-saharienne. Pour autant, ATT, le président malien de l’époque avait évoqué, lors d’un voyage au Mali-Nord dès le début du conflit libyen, les effets collatéraux de cette crise, craignant ainsi le risque de déstabilisation de son pays et de toute la région. Certes, l’intervention en Libye n’est toutefois pas le seul facteur qui a poussé la zone sahélo-saharienne vers les crises. D’autres, plus anciens et profonds (marginalisation, crise climatique, insécurité, trafics en tout genre…) seront évoqués dans ce travail. Du coup, la présence des trafiquants et celle d’AQMI, en connexion avec les rebelles touaregs, a beaucoup contribué à affaiblir le pouvoir : « la chute de Kadhafi a été l’élément catalyseur pour déclencher la crise, mais tous les facteurs de cette crise étaient déjà réunis depuis longtemps », observe Amandine Gnanguênon, chargée d’études à l’Institut de recherches stratégiques de l’École militaire-IRSEM (Le Monde, 4 : 2012). Autrement dit, la faiblesse de l’État, laissant le champ aux acteurs mafieux et terroristes a précipité l’offensive des rebelles touaregs du MNLA (dès 2011) qui se sont emparé progressivement de nombreuses villes au Nord. Après la prise de Tin-Zawaten, à la frontière algérienne (décembre 2011), quelques semaines plus tard (janvier 2012), les grandes villes (Tombouctou, Gao, Kidal…) tombèrent aux mains des rebelles et de leurs alliés narco-djihadistes, presque sans combattre. Cette série de défaites a achevé de discréditer le chef de l’État malien (de plus, ancien militaire) dont la réaction tardive et la mauvaise communication (en refusant de dire la vérité) ont renforcé les doutes et les suspicions de ses compatriotes sur la capacité du pouvoir central face aux attaques des rebelles qui avaient mis en déroute l’armée. Ce récit illustra la manière dont la rébellion touarègue est arrivée à occuper une place capitale dans le débat politique malien et les relations inter-communautaires au Nord. Face à cette situation, l’opinion nationale malienne n’a cessé de critiquer la stratégie de défense adoptée par l’armée et pressa le président Touré de s’expliquer sur la crise. Ainsi, au-delà de cette dimension, nous apporterons une analyse géopolitique approfondie d’un des plus anciens conflits de l’Afrique de l’Ouest ; puisque c’est en 1963-64, il y a 50 ans, qu’a éclaté le conflit touareg au Mali. Ce conflit que certains experts appellent la « question touarègue » ou encore « le problème du Nord » pour les Maliens, n’est pas nouveau, mais il se pose aujourd’hui en des termes qui sont maintenant clairs : une revendication à la fois territoriale, autonomiste et séparatiste. Pour autant, l’effondrement du Mali a « surpris » la plupart des médias, au printemps 2012 alors que c’était le « bon élève » de l’introduction de la « bonne gouvernance » et de la décentralisation en Afrique subsaharienne sous
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