Les milices du XVIè siècle à nos jours
225 pages
Français

Les milices du XVIè siècle à nos jours , livre ebook

225 pages
Français

Description

Depuis une trentaine d'années, le phénomène des milices a pris une ampleur sans précédent et s'impose comme une réalité politique majeure. L'intérêt de cet ouvrage réside dans sa pluralité de points de vue. La mise en perspective historique permet de comprendre le glissement progressif d'une "milice d'Etat" à des milices infra-étatiques ou illégales, voire criminelles. L'analyse comparative des milices actuelles permet, en outre, de révéler les logiques politiques, financières, techniques ou médiatiques qui les sous-tendent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2010
Nombre de lectures 235
EAN13 9782296261884
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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!"#$% &'"(#$)&#*'" %#+%(#$)&#*'" +% ,-.#/# 0Ouvrage publié avec leconcours du C.R.I.S.E.S., université Montpellier-3
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-12429-5
EAN: 978229612429-5AVANT-PROPOS
Cet ouvrage se proposed’étudier le phénomène desmilicessurla longue
durée, de lafin du Moyen Âge à nosjours. Sonpoint de vueest également
international, essayant sinon d’atteindre une impossible exhaustivité,du
moins de proposer untableau richeet variédefaçon à souligner les aspects
extrêmement divers pris par le phénomène milicien à traversl’histoire, mais
aussiselonles aires géographiques. Cettedoubleambition – tempslong et
larges espaces –explique le plan de l’ouvrage .
L’introduction étudie l’histoiredu mot « milice », soulignant d’emblée la
grande polysémieduvocableetson caractère le plussouvent négatif .
La première partie les milices légales expose l’évolution historiquedes
emilices jusqu’au seuil du XX siècle. Cette partieest construite selon une
logiquegéographique de façon àfaireémerger,à travers les âges,différents
types de milices:en Occident,en Orient, mais aussi dans le monde
communisteetsans oublierledomainecolonial. Ce premier âge desmilices ,
malgré d’énormes différences, démontre leur caractère légal etleur
participationà laconstruction de l'État .
La seconde partie les milices illégales présente un tableau aussi complet
e eque possible du phénomène milicien contemporain (XX et XXI siècles) .
eDansla mesure où, à partir du début du XX siècle, le phénomène milicien
change de natureet d’étatiquedevient paraétatique ou contre-étatique (même
si,dans certains cas, lesmilicespeuvent participer à la reconstruction d'États
tombés en déshérence),cette partie metl’accent sur lecaractère illégal des
milices contemporaines,du Libanà l’Afrique, de l’Amériquecentrale à
l’exYougoslavie. La tentative de dégager une sériede types communs à ces
milices explique l’organisationrésolument thématiquedecette partie .
L’ouvrage résulte destravaux de plusieurs enseignants-chercheurs ,
chercheurs et doctorants de l’équipede recherche États, Sociétés, Idéologies ,
Défense (E.S.I.D.) UMR 5609 CNRS Montpellier III et auxquels se sont
joints des chercheurs extérieurs et des hommes de terrain ayantparticipéau
séminaire organisé sur ce thème le 11mars 2005. La miseenœuvredecet
ouvragea été coordonnée par les professeurs Jean-François Muracciole
(première partie) et Danielle Domergue-Cloarec (deuxième partie).
7INTRODUCTION
La « milice»du mot à lachose; ou l’aventure d’un vocable
particulièrement polysémique
S’il est difficile de dater avec précisionledébut de l’emploi du mot
« milice»en français,force est de constater que, dèsson origine, il a revêtu
une forte polysémie. Toutefois, uneconstanteémerge :en dépit de cette forte
polysémie, une caractérisationmajoritairement péjorative semble parcourir
les âges. Sile mot « milice»a toujours revêtu dessens divers, il aaussi été
le plusnégativement connoté .
« Milice» ou « milicie », dérivedu latin « miles» (le soldat) et
« militia» (le service militaire, lecorps de troupe),désignent, selonle
contexte etpar extension du latin, l’armée en général, le maniement des
armes, le service militaire, lacampagne militaire ou même l’expédition
militaire. Après le mot « milicie» (1372),« milice»connaît sa première
occurrence en français en 1578 sousla plume de Brantôme dans son
Discourssurles duels dans le sens d’armée en général. En1611, apparaît un
sens voisin – les «arts militaires» en général – puis,en1617, vientle
«corps de troupes armées », enfin, vers 1636, le mottend àdésigner des
contingentslevés dans les communespour renforcerl’armée régulière. Cette
définition se retrouvedans le nouveau dictionnaire de la langue française (fin
eXVII siècle): « troupe composée de bourgeois et de paysans à qui l’on fait
prendre les armes en certainesoccasions.» Le terme« milicien» n’apparaît
qu’en1725 .
La Chesnaye-des-Bois(Dictionnaire militaire…, Lausanne, 1743)
précise: « les premières milices furent levées dans lesprovinces du royaume
pour le servicede nosrois, sous Charles VII,dit le Victorieux en1422. Les
premiers chefs,capitaines et commandants de milices,dits francs archers de
la ville, prévôtéet vicomtéde Paris,furent créés en1440 (…). Aujourd’hui ,
le roi acent bataillons de milice dans les provinces et généralités du
royaume, dont S.M.se sert entemps de guerre, pour fairegardersesplaces.
Chaquegénéralité est obligéedefournir un certain nombre de bataillons de
milice. »
L’Église, de son côté, emploie le mot dans unsens trèsparticulier. En
latin médiéval et moderne, « militia»désigne la« milice céleste» ou
« l’armée des anges ». Par extension,en français,« milice sacrée»est une
métaphorede la croisade sousla plume des clercs ou dans les textes
religieux .
eÀ lafin du XVI siècle, « milice» ne désigne donc pas une troupe
particulière, mais plutôtlefait de faire laguerre. Ce sens premier et général
9e
est très usitéau XVII siècle. Bossuet évoque la« milice admirable»
e(comprenonsl’armée) que Romeentretenait. Le sens perdure au XVIII
siècleet,dans son Histoiredu règne de Charles XII, Voltaireemploieà
plusieurs reprises « milice» pour désigner l’armée régulière. Onretrouve le
même usagechez Fénelonou même chez Rousseau dans sonEssai de
constitutionpour la Pologne. Ce sens très général va peu à peu disparaîtreà
epartir de lafin du XVIII siècle même si, ici ou là, on entrouveencore trace .
Ainsi, on note sousla plume de Joseph de Maistredans Les Soirées de
SaintPétersbourg (1821):« Ce monde est une milice, un combat éternel ». Au
emilieu du XIX siècle, Littré indique quece sens n’est plus guère usité .
Aujourd’hui, il acomplètement disparu .
Toutefois,decette imprécision, vont progressivement émergertrois sens
plusprécis: la milice d’Ancien Régime;laforce de réserve régulièredu
e eXIX siècle; laforce paramilitaire du XX siècle .
I.L’EPOQUEMODERNE : LA « MILICE » COMME SYNONYME DE RESERVE
eÀ partir du XVIII siècle, par un glissementmétonymique très classique
substituant la partieau tout, le terme tendà désigner non plusl’art de la
guerreen généralou l’armée dans son ensemble, mais une force militaire
particulière: une troupe levéeenréserve. L'Encyclopédie (1758) est
révélatrice de ce basculement. En effet,faisant dériverle mot français du
latin miles(soldat) qui viendrait de mille (chaque tribu de Romedevantlever
mille hommes…), l’Encyclopédiecommence par proposerladéfinition
couranteet vague du mot: l’armée romainedes citoyens. Mais, sans
transition, l’Encyclopédie propose uneautredéfinition: la« milice »ce sont
les habitants d’un pays ou d’une ville qui « s’arment soudainement pour leur
propredéfense» et,en ce cas, les « milices» sont opposées aux « troupes
réglées » .
À partir des années 1610,en effet, un usage plusrestrictifa commencé à
apparaître pour désigner « un corps de troupes armées, levées dans les
communespour renforcerl’armée régulière». Ce qui est notable, c’est qu’en
cette circonstance, lefait précède largementle mot. En effet, lespremières
« milices» urbaines(dans le sensrestrictifetmodernedu mot)surgissent
e
dèsle XIII siècleavec le mouvement chartiste. En échange de leur fidélité
au roi, les communes à charte reçoivent ledroit de s’administrerpar
ellesmêmes et,enparticulier,d’assurerleur propre police. Elleslèvent alo

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