Mais que faire de Mayotte ?
534 pages
Français

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Mais que faire de Mayotte ? , livre ebook

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Description

L'Ile de Mayotte, acquise par la France en 1841, a voulu rester française lorsque, en 1974, le territoire des Comores a pris unilatéralement son indépendance. Les Comoriens, soutenus par les Nations unies et l'Unité africaine, ont toujours réclamé le retour de Mayotte dans l'orbite comorienne. Les Mahorais sont restés résolus dans leur volonté d'être départementalisés. La consultation sur la départementalisation vient d'être organisée mais le département est-il la meilleure solution pour l'île de Mayotte ? Les Mahorais ont-ils bien appréhendé les conséquences inévitables qui en découleront ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 271
EAN13 9782336260815
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mais que faire de Mayotte ?

Philippe Boisadam
Sous-titre
L’expression « affaire aussi dérisoire » est de Louis de Guiringaud représentant de la France à l’Organisation des Nations unies en 1975
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296086128
EAN : 9782296086128
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace LE MYTHE D’UNE FRANCOPHILIE FONDATRICE DE « MAYOTTE LA FRANÇAISE » (1841-1843). ÉCROULEMENT DU RÊVE SAINT-SIMONIEN DÉBUTS DE LA COLONISATION (1843-1851). TRÈS VITE LE TEMPS DU MÉPRIS : « LE SYNDROME DU ROCHER ». D’UNE SOUMISSION A L’AUTRE : ABOLITION DE L’ESCLAVAGE EN 1846. ENGAGEMENTS DANS LES PLANTATIONS. LE TRAVAIL FORCÉ. PRÉCÉDENTS À MÉDITER : BAKARI KOUSSOU ET LA RÉVOLTE DE 1856. ÉVÉNEMENTS DU 19 FÉVRIER 1993. TÂTONNEMENTS ADMINISTRATIFS DE 1841 A 1946. FIASCO COLONIAL À L’AUBE DU XXe SIÈCLE. LE TERRITOIRE DES COMORES (1946) : MAYOTTE ENTRE LES MAINS DE MORONI. LOI-CADRE ET NAISSANCE DE L’ÉTAT COMORIEN (1956). RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL (28 SEPTEMBRE 1958). AVÈNEMENT DE LA Ve RÉPUBLIQUE (4 OCTOBRE 1958). LE MOUVEMENT POPULAIRE MAHORAIS (MPM) : ZEINA N’DÉRÉ, MARCEL HENRY, YOUNOUSSA BAMANA, ADRIEN GIRAUD. PRÉMICES DE L’INDÉPENDANCE (1972-1973) ACCORD FRANCO-COMORIEN DU 13 JUIN 1973. MORT DE GEORGE POMPIDOU (AVRIL 1974). ÉLECTION DE VALÉRY GISCARD D’ESTAING À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. NOMINATION DE JACQUES CHIRAC COMME PREMIER MINISTRE (MAI 1974). TURBULENCES DU NOUVEL ÉTAT COMORIEN. COUP D’ÉTAT D’ALI SOILIHI (AOUT 1975). LOI DU 10 DÉCEMBRE 1975 SUR LES CONSÉQUENCES POUR L’ÎLE DE MAYOTTE DE L’INDÉPENDANCE DES COMORES. MAYOTTE COLLECTIVITÉ TERRITORIALE : L’ÉTAT DE DÉLABREMENT DANS LEQUEL SE TROUVE L’ÎLE (1977). AUX COMORES : RÉVOLUTION PERMANENTE D’ALI SOILIHI. COUP D’ÉTAT DE BOB DENARD (MAI 1978) ET RETOUR AU POUVOIR D’AHMED ABDALLAH. MAYOTTE S’INSTALLE DANS LE PROVISOIRE (1976-1979) PROLONGATION DE SON STATUT (DÉCEMBRE 1979). EN FRANCE : HOSTILITÉ DES SOCIALISTES (1981-1984). LE BOUTRE DE NOUHOU : BALLET ROCAMBOLESQUE DE JUILLET 1985 À SEPTEMBRE 1986. PREMIÈRE COHABITATION: JACQUES CHIRAC PREMIER MINISTRE (MARS 1986). RÉÉLECTION DE FRANÇOIS MITTERRAND (8 MAI 1988). MICHEL ROCARD PREMIER MINISTRE (10 MAI 1988). LOUIS LE PENSEC MINISTRE DES DÉPARTEMENTS ET TERRITOIRES D’OUTRE-MER. COLLOQUE À MAYOTTE (AVRIL 1991). CENT CINQUANTENAIRE DU RATTACHEMENT DE MAYOTTE À LA FRANCE. DÉMISSION D’ÉDITH CRESSON ET NOMINATION DE PIERRE BÉRÉGOVOY COMME PREMIER MINISTRE (MARS-AVRIL 1992). RÉFÉRENDUM SUR LE TRAITÉ DE MAASTRICHT (SEPTEMBRE 1992). - NOUVELLE CONSTITUTION COMORIENNE (JUIN 1992). TENTATIVE DE COUP D’ÉTAT À MORONI (SEPTEMBRE 1992). A MAYOTTE : ÉMEUTES DE FÉVRIER 1993. ÉLECTIONS LÉGISLATIVES. POLÉMIQUE ENTRE MANSOUR KAMARDINE ET HENRI JEAN-BAPTISTE (MARS 1993). DÉVALUATION DU FRANC CFA ET DU FRANC COMORIEN (JANVIER 1994). ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES FRANÇAISES (AVRIL-MAI 1995). TOUR DE PISTE DE JEAN-FRANÇOIS HORY. VICTOIRE DE JACQUES CHIRAC CONTRE ÉDOUARD BALLADUR ET LIONEL JOSPIN. ALAIN JUPPÉ PREMIER MINISTRE (MAI 1995). JEAN-JACQUES DE PERETTI, MINISTRE DE L’OUTRE-MER. AUX COMORES : ÉLECTION DE MOHAMED TAKI ABDOULKARIM (MARS 1996). ÉLECTIONS CANTONALES À MAYOTTE. AFFAIBLISSEMENT DU MOUVEMENT POPULAIRE MAHORAIS (MARS 1997). SÉCESSION D’ANJOUAN ET DE MOHÉLI (JUILLET 1997). DÉROUTE DES TROUPES COMORIENNES DÉBARQUÉES À ANJOUAN (SEPTEMBRE 1997). TRAVAUX DU GROUPE DE RÉFLEXION PARISIEN SUR L’AVENIR INSTITUTIONNEL DE MAYOTTE. DÉBAT RICHE MAIS CONFIDENTIEL (1996-1997). LE GROUPE DE RÉFLEXION LOCAL. « SPÉCIFICITÉS MAHORAISES » ET « BLOC DE MAHORITÉ ». RAPPORT FINAL SUR L’AVENIR INSTITUTIONNEL DE MAYOTTE REMIS AU SECRÉTAIRE D’ÉTAT À L’OUTRE-MER (JANVIER 1998). MISSION DU CABINET DU PREMIER MINISTRE À MAYOTTE (DÉCEMBRE 1998). AUX COMORES : DURCISSEMENT DE LA SÉCESSION ANJOUANAISE (1998). MORT DE MOHAMED TAKI. NOMINATION D’ABBAS DJOUSSOUF COMME PREMIER MINISTRE (NOVEMBRE 1998). AFFRONTEMENTS SANGLANTS À ANJOUAN ENTRE MILICES RIVALES (DÉCEMBRE 1998). SILENCE DU GOUVERNEMENT SOCIALISTE. ÉLECTIONS EUROPÉENNES (JANVIER-JUIN 1999). SUICIDE DU DIRECTEUR DE LA SOCIÉTE IMMOBILIÈRE DE MAYOTTE (MARS 1999). 27 JANVIER 2000 : ACCORD SUR L’AVENIR INSTITUTIONNEL DE MAYOTTE. MARCHÉ DE DUPE OU « DOCUMENT HISTORIQUE » ? DÉNOUEMENT (PROVISOIRE) DE LA CRISE DANS L’ÎLE D’ANJOUAN : DU RÉFÉRENDUM SUR SON INDÉPENDANCE (JANVIER 2000) AU BLOCUS DE l’ÎLE (FÉVRIER 2000) ET AUX DEUX ACCORDS DE FOMBONI (26 AOÛT 2000 ET 17 FÉVRIER 2001). PROJET DE LOI ORGANISANT UNE CONSULTATION DE LA POPULATION DE MAYOTTE. RECOURS DEVANT LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL CONTRE LA LOI ORGANISANT UNE CONSULTATION DE LA POPULATION MAHORAISE (AVRIL 2000). PROMULGATION DE LA LOI (9 MAI 2000). EN GUISE DE CONCLUSION (PROVISOIRE): «MAIS QUE FAIRE DE MAYOTTE EN 2010 (2008-2009) ? » REPÈRES HISTORIQUES (1792-2001) LES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT FRANÇAIS, LES MINISTRES OU SECRÉTAIRES D’ÉTAT CHARGÉS DE L’OUTRE-MER RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
« Quelle dose de vérité l’homme peut-il supporter ? » Nietzsche.
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ». René Char.
« Vous épuisez, vous asséchez, vous détruisez la terre. Vous vous croyez plus fort que la nature, vous vous prenez pour Dieu » . Aaju. Une femme Inuit. Le Monde 30-31 août 1998. Rubrique « Horizons ».
A la mémoire de Younoussa Bamana.
Mayotte dans l’Océan Indien

L’île de Mayotte
LE MYTHE D’UNE FRANCOPHILIE FONDATRICE DE « MAYOTTE LA FRANÇAISE » (1841-1843).
L’histoire de Mayotte et, a fortiori, celle d’une Mayotte qui se serait déclarée francophile dès 1841, ne laisse pas de susciter chez ceux qui restent attachés à cet archipel perdu dans l’océan Indien, harassé par un destin implacable, un sentiment de malaise, histoire que seuls des politiciens ont choisi d’enjoliver auprès d’une majorité de Mahorais encore peu au fait des arcanes de l’objectivité historique et d’une métropole ignorante ou hostile.
Comment ne pas éprouver une certaine surprise lorsque, à la pointe Mahabou, à Mamoudzou, les esprits, dits bienveillants, Dramanakava Arivo, Boto Sambo, Boto Vazaha, Boto Tsianquizi sont invoqués pour rappeler la mémoire du dernier sultan qui vendit, de la manière la plus vénale qui soit, l’île à la France en 1841 dans des conditions peu honorables ? Certes, les transes des femmes, les « troumba », les offrandes accompagnant les danses comme l’eau de Cologne et les bois de santal sont-elles, pour les habitants d’origine malgache, l’occasion de faire revivre les rites de possession qui sont au cœur même de l’âme mahoraise, s’agissant pour eux de satisfaire leurs ancêtres par des modes rituels transmis oralement de génération en génération.
Mais il faut dire que l’une des personnes dont les mânes sont rappelés par les vivants, le dernier maître de Mayotte avant les Français, si tentés que nous puissions utiliser ce terme pour un souverain fantoche, aux pouvoirs très amoindris, Adriantsouli, désigné parfois sous le nom de Bouba Sadiki, fut, pour tous ceux, Anglais et Français qui l’approchèrent, un homme méprisable et un fieffé coquin. Ivrogne, grand amateur d’alcools comme l’absinthe, autoritaire, vénal, brutal, versatile, il s’était rendu très impopulaire dès son arrivée à Mayotte en 1832. C’était un chef sakalave, connu d’abord sous le nom de Tse-Levalou qui changea de nom lorsqu’il se convertit à l’islam en 1823. Il était devenu roi du Boueni au nord-ouest de Madagascar alors que les Sakalaves étaient en guerre ouverte avec le roi Radama Ier. Battu à plusieurs reprises, il finit par être obligé, en 1826, de s’enfuir de Madagascar où il revint en 1828 à la mort du roi des Hovas et réussit à reconstituer le royaume sakalave du Boueni mais il se rendit odieux à ses sujets. La reine nova, Adrianevalona, connue pour son tempérament autoritaire et impétueux, le chassa. Il se réfugia, escorté de ses esclaves, de ses domestiques et de ses courtisans chez le sultan de Mayotte, Boina-Combo, qui le reçut tout d’abord avec aménité. Cependant, des querelles et des rivalités opposèrent les deux hommes et le Malgache Adriantsouli prit le dessus sur son ami devenu son adversaire.
Durant la période où il put réellement gouverner (du 19 novembre 1835 au 25 avril 1841), il favorisa ses compatriotes d’origine sakalave et il organisa systématiquement la vente comme esclaves des autres habitants de l’île, ce qu’atteste, entre autres témoignages, le rapport d’un capitaine d’un vaisseau britannique, Sir John Marshall, qui fit un voyage à Mayotte durant le mois d’octobre 1842 : «

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