Portes
135 pages
Français

Portes , livre ebook

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135 pages
Français

Description

Quelque part en Haute-Saintonge, une enfant parle aux arbres et regarde avec curiosité le monde des adultes...Pour ses parents, elle est une petite chose dénuée d'intérêt; à l'internat, elle n'est qu'une "petite folle". La raison de la jeune femme s'altère; un fait troublant survient l'obligeant à s'enfermer. Max, son livreur, reste son seul lien avec l'extérieur. L'auteur pose ici la question : quelles incidences les "petites mises à l'écart", les jugements des autres ont-ils sur notre vie?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 février 2012
Nombre de lectures 7
EAN13 9782296481404
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce roman a été écrit lors de la résidence d’écriture organisée par « Lecture en tête » à Laval. Que Brigitte Maligorne, « Lecture en tête », et tous ceux et celles qui ont soutenu cette résidence en Ma-yenne, soient ici chaleureusement remerciés. ISBN : 978-2-296-54-682-0 Photo de couverture : Emmanuelle Embert © L’Harmattan, Paris 2012
Portes
Du même auteur ROMANS Milosz ou l’Idiot magnifique, collection « Écritures », Éditions L’Harmattan, Paris, 2007. Nostoc 15h58Éditions« Écritures », , collection l’Harmattan, Paris, 2008. RECUEIL DE POÈMES À la patience du temps, Drac de Guyane, 2000. Le gardien de la nuit, Théâtre de Montreuil, 2003, (traduit en japonais). L’écorce du midi, Théâtre du Lucernaire, 2008.
Jaunay Clan
Portes
Roman
L’Harmattan
l’heure où le soleil plonge, nu, dans l’océan ; où Àchaque chose baigne sans doute dans une quié-tude de fin de jour, Urnica Z, logeant au 45 du pas-sage Mallarmé de la petite ville de Saint-Yves, affa-lée dans le fauteuil de son salon, un pan de sa jupe remonté sur l’un de ses bas, n’a plus vu le soleil nu plonger dans l’océan depuis longtemps. On peut même dire, mais peut-être est-ce trop tôt – peut-être pas – qu’elle a oublié que le soleil puisse plonger ainsi. Urnica Z avait eu des souve-nirs, mais ils s’étaient perdus. Elle se les figurait cachés dans de sombres bosquets. Ah la meilleure ! C’étaient quand même les siens ! Ils s’étaient détachés d’elle. Cependant ils surgissaient
8 JAUNAY CLAN au moment où elle ne s’y attendait pas ; et sans nul doute, c’était ce qu’elle appréhendait le plus. L’idéal eût été que les souvenirs ne se présentent pas d’eux-mêmes mais apparaissent quand on le souhaitait. Et dans l’ordre. L’ordre était très important. N’ayant plus la capacité de les faire advenir quand elle le dési-rait, ses souvenirs remontaient à la surface sans crier gare, la précipitaient dans les plus grands tourments. Dans le salon, où une pâle clarté résistait encore, Ur-nica Z sentit une présence derrière elle. « Que veux-tu trésor ? » demanda-t-elle. «Une p’tite pomme », répondit la petite voix. Urnica Z sortit le mouchoir de la poche de sa jupe. Dans la coupe posée près d’elle, elle choisit la plus petite pomme et l’essuya tout en jetant un coup d’œil sur le jardin. L’une de ses lectures lui revint : il s’agissait d’arbres. De beauté et de gravité. Dans quel livre ? Elle ne savait plus. Urnica Z oubliait les titres, ne retenait jamais une histoire, se souciait, comme d’une guigne, du nom de l’auteur ; et si elle n’était pas en mesure de se remé-morer ce qu’elle avait lu, elle pouvait imaginer des intrigues que le romancier n’avait pas même envisa-gées. Elle confondait les chapitres, déplaçait sans au-cune difficulté les héros d’un roman pour les glisser dans un autre. Embrouillement sans importance. Elle
PORTES 9 avait faim de ce plaisir aussi simple qu’extraordinaire qu’était le plaisir de lire. La lecture invitait à de se-crets vagabondages, livrait de profonds enchante-ments, provoquait quelques fois de délicieuses rémi-niscences, et causait invariablement de mystérieux bouleversements. Les mots, lus à haute voix, laissaient entendre d’insoupçonnables sonorités qui dessinaient de saisissants paysages ; paysages que l’on avait l’impression d’avoir déjà vus, sans savoir à quel mo-ment le regard les avait embrassés. Les personnages de romans, quant à eux, et même si elle les malme-nait, étaient pour Urnica Z des compagnons irrem-plaçables. Elle en admirait certains, en plaignait d’autres, mais les vénérait tous avec une ferveur peu commune. Bref, dans l’un de ces livres, elle se rappe-lait que la beauté s’opposait à la gravité. Elle n’était pas convaincue. Ces notions ne pouvaient pas s’opposer complètement. Sinon comment passer de l’une à l’autre ? Il lui semblait plutôt que les choses étaient liées. Dépourvue d’une prodigieuse imagination, Urni-ca Z se livrait à d’innombrables rêveries qui la con-duisaient à d’aussi nombreuses digressions. Ce fait était, certes, commun à beaucoup d’individus, mais l’on pouvait affirmer que chez Urnica Z, la réalité s’estompait régulièrement pour laisser place à des réalités plus lointaines, si lointaines d’ailleurs que l’on pouvait se demander s’il s’agissait encore de réalité.
10 JAUNAY CLAN Cette situation, nourrie sans doute aussi par des événements plus anciens, avait tout simplement em-pêché la jeune femme d’exercer son professorat.
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