La mémoire et le Souffle
205 pages
Français

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La mémoire et le Souffle , livre ebook

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Description

S'engager vers l'autre et revenir à soi, le regard transformé. "Soi" désigne ici ce qui est au fondement de notre culture dite "judéo-chrétienne" : la Bible. L'autre, c'est le yoga, dans sa dimension corporelle, philosophique, spirituelle. Comment cette discipline multi-millénaire, venue de la lointaine Inde, permet-elle de se réconcilier avec un héritage devenu problématique ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 180
EAN13 9782336271279
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La mémoire et le Souffle
Pratique du Yoga, lecture de la Bible. Récits d'une rencontre

Gisèle Siguier-Sauné
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo-fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296069688
EAN : 9782296069688
Sommaire
Page de titre Page de Copyright A la mémoire de Gudrun Remerciements Histoire d’une rencontre - Ou le chemin d’une réconciliation Voyage sur l’aile du souffle Le retournement Retour dans la demeure Le souffle des eaux profondes La voix du silence Ci-contre : calligraphie de Anne-Marie Hebeisen Doé de Maindreville - “La Voie du Silence” Une mise en marche Le Yoga : de l’engagement à la dilatation
A la mémoire de Gudrun
Un acte de tradition dans le sens vivant du terme : être soi-même l’actualité d’un message qui n’a pas en nous son origine.
Paul Beauchamp Psaumes nuit et jour
Tout cheminement personnel n’est pas seulement “épanouissement persannel ”, mais aussi participation au travail de culture au sens où Freud l’entendait, c’est-à-dire à l’élaboration d’un destin collectif qui fasse lien entre les hommes.
Jacques Arènes et Nathalie Sartou-Lajus La défaite de la volonté
Remerciements
Je tiens ici à remercier vivement Ysé Tarda-Masquelier, directrice de l’Ecole Française de Yoga, qui a toujours, et ce dès le départ, soutenu le projet d’atelier de lecture biblique, ainsi que celui de ce livre.
Gisèle Siguier-Sauné
Histoire d’une rencontre
Ou le chemin d’une réconciliation
Dans un article intitulé “La Bible en héritage” Frédéric Boyer écrit : « Nous sommes les héritiers d’un déchirement : l’étude des textes saints a été un lieu considérable de civilisation, de notre civilisation sans doute déjà perdue, et qui semble s’être dépassée dans la conviction qu’il est fondamentalement étranger à la pensée moderne de s’orienter en fonction de textes sacrés. » 1 Autant ce constat paraît juste s’agissant du texte biblique, autant l’intérêt actuel pour les sagesses venues d’Orient vient nuancer cette assertion.
Car si la Bible ne fait plus autorité, il n’en va pas de même pour des œuvres comme les Yoga-sûtra, la Bhagavad-Gîtâ ou le Dhammapada  ; et la critique, souvent très virulente à l’égard du texte biblique, l’est beaucoup moins quand il s’agit de ces dernières. Il est vrai que le besoin est fort aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous, de se distancier d’un héritage, d’une tradition jugés inopérants ; où l’obéissance à une autorité morale et religieuse a trop souvent pris le pas sur l’expérience personnelle et le chemin spirituel de transformation de soi. On préfère se tourner vers les spiritualités orientales.
De plus, nombre de ces pratiques et sagesses venues d’Asie intègrent dans leur parcours la dimension corporelle, permettant dès lors de dépasser un certain dualisme qui oppose le corps et l’esprit. Ainsi du yoga, dont il sera beaucoup question dans ce livre, qui conçoit mal que l’on puisse s’engager sur un chemin d’unification de soi sans prendre en compte le corps.
Toutefois, dans cette traversée vers un ailleurs oriental, au-delà des limites de notre culture, on ne cherche pas forcément à fuir ses racines. Car n’y a-t-il pas là, aussi, un désir de les revisiter à la lumière d’une expérience autre, d’un point de vue autre que la distance justement aura rendu possible ? Il est illusoire de toute façon d’espérer échapper à son passé. Il demeure toujours présent dans les profondeurs de soi. Et une discipline comme le yoga, parce que précisément elle englobe la dimension du corps, est un travail sur la mémoire profonde, comme en témoignent les récits qui suivent. Il provoque une reconnaissance de ce qui, du passé, est toujours agissant. Remontant cette mémoire vive, nous allons à la rencontre de ce qui a marqué notre histoire, façonné notre devenir, construit en partie notre identité. Et nous ne saurions nier ici la part considérable de l’héritage biblique, tel qu’il nous fut transmis, tel que nous l’avons reçu. Redécouvrir, autrement, ce patrimoine de notre tradition, c’est là un souhait que la pratique du yoga ne manque pas souvent d’éveiller.

Ainsi est née la proposition d’un atelier de lecture biblique au sein de l’Ecole française de Yoga : afin de répondre à une demande de certains élèves de l’Ecole soucieux de retrouver une porte d’entrée dans les textes bibliques, de renouer avec ce passé au fondement de notre culture.
L’atelier une fois mis en place, quelle fut la voie proposée pour répondre à ce désir, sans occulter pour autant les raisons pour lesquelles on a, à un moment donné, mis cet héritage à distance de soi, ou même violemment rejeté ? Les propositions formulées par Maurice Bellet dans son livre “La quatrième hypothèse ” 2 , les travaux de Paul Ricœur sur l’interprétation des textes 3 , et les écrits de Paul Beauchamp 4 , m’ont beaucoup aidée à structurer et orienter ce travail de lecture. Car si un des principes de base de l’atelier était d’offrir un espace de libre parole autour du texte, encore fallait-il un cadre suffisamment structuré et structurant pour que cet espace devienne réellement créatif.
Je vais donc dans un premier temps m’expliquer sur les quelques principes qui ont guidé notre travail de redécouverte du texte biblique ; pour en venir à ce qui fait plus précisément l’objet de ce livre, et que l’on pourra entendre comme un prolongement de ce travail de ré-appropriation.

L’ouverture symbolique
Un premier choix fut celui des traductions. Nous en avons utilisé plusieurs : La Bible de Jérusalem, la TOB (Traduction oecuménique de la Bible), la Bible Bayard, la Bible du Rabbinat français pour le Premier Testament ; la traduction de Louis Segond, celle d’André Chouraqui. Pourquoi ?
Parce que c’est déjà une manière de renouveler l’écoute, de se laisser surprendre. Certaines traductions étonnent- je pense notamment à celle de Chouraqui - et éveillent du coup notre curiosité face à des textes dont on croyait avoir tout entendu. De plus, chaque personne réagit différemment à la lecture des différentes versions. Ainsi la Bible Bayard par exemple : certaines ont été gênées par un langage collant trop à notre époque ; d’autres, au contraire, ont trouvé une grande pertinence dans cette actualisation du texte.
Et puis, lire différentes versions d’un même passage permet de ne pas se limiter à un angle de vue, un champ conceptuel déterminé. En effet, par le choix même des mots, les associations qu’ils génèrent dans l’esprit du lecteur, la manière de les agencer, donnant ainsi au texte traduit un rythme qui lui est propre, chaque traduction est déjà une interprétation, même lorsqu’elle se veut la plus littérale possible. Se sensibiliser à ces différentes possibilités de traduction offre d’être plus attentif à la profondeur symbolique du langage biblique.
Car on ne lit pas la Bible comme un simple livre d’histoire ou un code d’éthique au langage clair et univoque, du fait même de l’extraordinaire diversité des genres littéraires auxquels ses auteurs ont eu recours : mythes, contes, sagas et chroniques familiales, épopées, codes de lois, oracles prophétiques, écrits de sagesse, recueils de poèmes, récits évangéliques, épîtres, apocalypses... Dans les récits de création des premiers chapitres de la Genèse par exemple - récits tissés à partir de matériaux mythiques empruntés - il serait vain de chercher l’histoire des débuts de l’humanité.
En revanche, les entendre au niveau symbolique qui est le leur, c’est s’ouvrir à la profondeur d’une parole dont l’ampleur créatrice est restée souvent enfouie, pour nombre d’entre nous, sous un moralisme réducteur. C’est reconnaître là un lieu, une matrice symbolique où chacun peut entendre un écho de sa propre histoire.

Mais peut-être serait-il bon de préciser ce que nous entendons par symbolique.
Le mot renvoie à une manière de dire où l’essentiel n’est pas dit mais suggéré ; comme un langage indirect et allusif qui dévoile tout en cachant et dit ce qu’il ne dit pas. Aussi, ce langage donne-t-il à entendre infiniment plus que ce qui est contenu dans une seule explication destinée à en dire le sens, si savante soit-elle. « Aucune représentation particulière ne peut s’établir comme la signification d’un symbole. Il demeure toujours disponible pour d’autres interprétations, d’autres déterminations conceptuelles.» 5 Ainsi un ensemble de paraboles, un mythe, un poème, en tant que systèmes de symboles, se caractérisent par cette densité

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