Les défis de l Etat en Afrique
207 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Les défis de l'Etat en Afrique , livre ebook

-

207 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ces réflexions constituent des voies novatrices sur l'Etat en Afrique. Elles prennent en compte une gouvernementalité multiforme et très souple, véritable laboratoire politologique et sociologique qui permet aux Etats africains d'expérimenter des formes gouvernementales très évolutives, articulées tant bien que mal à des sociétés très changeantes ; ce qui leur permet de survivre aux événements, coups d'Etat, conflits régionaux ou guerre continentale avec une inventivité permanente.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2007
Nombre de lectures 158
EAN13 9782336268842
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les défis de l'Etat en Afrique
ACTES DU COLLOQUE DE MILAN

Michel Galy
E. Sannella
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Avant-Propos - La science politique de l’État africain : démarches innovantes Note Editoriale Discours inaugural du Centre de Recherche et de formation sur l’État en Afrique (CREA) Allocutions et introduction au colloque
L’État en Afrique. Les défis contemporains L’Afrique apres Gleaneagles La participation de l’université de Pavie
Contributions
Les défis actuels de l’État en Afrique, une introduction L’État africain dans une perspective historique : origine, nature et évolution L’État africain à l’épreuve du présidentialisme Physique des appareils. Forces et faiblesses des États ouest-africains Paraconstitutions - Les pratiques sociales dans les régimes politiques africains en voie de démocratisation : hypothèses théoriques et empiriques sur la « paraconstitution » L’ héritage de la colonisation
Interventions
Africa and federalism Taking stock of Africa‘s fifty years of independence Le cas de la Somalie La paix et la loi en Afrique : l’exemple de la Côte d’Ivoire État, développement et marché The african peer review mechanism Les institutions locales et l’État. - – Nouvelles approches pour la coopération au développement – L’État et le développement dans le sud de l’Italie Allocution de cloture du séminaire
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattanl @wanadoo.fr
9782296031234
EAN : 9782296031234
Avant-Propos
La science politique de l’État africain : démarches innovantes
Par Michel GALY

Que reste-t-il du juridisme forcené des études constitutionnalistes sur l’État africain des années 60 ? Toute la science politique africaniste contemporaine semble s’être reconstituée contre ces dernières... C’est dire qu’à l’objection immédiate à l’« overdose » des études sur cet inépuisable sujet, on peut immédiatement opposer le peu d’études réellement intéressantes sur la longue durée - et reprises à la fois par les intellectuels africains et occidentaux, les praticiens et les politiques des États en question, tant il est vrai que des bibliothèques pourraient brûler tous les jours sans que la pratique des princes qui gouvernent en soient changée d’un iota.
Et pourtant... loin d’être obsolète, la science juridique de l’État est parfois au cœur de la démarche du politique, comme le prouvent bien les enjeux ivoiriens. En effet, face au juridisme des rebelles et de l’opposition portant sur les dates des élections et les revendications juridico-identitaires, le pouvoir ne revendique-t-il pas « toute la Constitution », imprudemment votée par ses adversaires et qui a pu servir d’arme de guerre diplomatique, en ralliant de grandes puissances et nombre d’États du tiers-monde à la position ivoirienne, défendant l’État ivoirien contre une volonté de « mise sous tutelle » ?
Mais n’y a t-il pas, aussi, d’autres démarches et d’autres approches théoriques concernant ce champ central de la science politique que le colloque de Milan et plus largement le CREA (Centre de Recherche et de formation sur l’État en Afrique) ont pu esquisser ? Je distinguerai quant au CREA trois approches prometteuses, renvoyant à la présentation qualifiée de son fondateur - à tout seigneur, tout honneur : le professeur Paolo Sannella, le soin de préciser les motifs et les détails de son établissement !
La difficile rencontre, ensuite, entre chercheurs ou universitaires et responsables politiques ou économiques. Car si, comme on le sait, les politiques, dans la logique d’urgence qui est leur lot, ont bien du mal à s’intéresser aux problématiques ou aux acquis de la recherche, l’inverse n’est pas moins patent : que des diplomates, des responsables nationaux ou onusiens participent à une réflexion à la fois pragmatique et théorique sur les États africains n’en est pas moins remarquable; succès qu’on peut espérer amplifier par la tenue d’une prochaine réunion sur le thème des migrations interafricaines, qui sont souvent, comme entre la Côte-d’Ivoire et les pays du Sahel, une des causes profondes du conflit en cours.
Enfin par une volonté têtue de faire dialoguer aussi les disciplines, et on rentre là au cœur de l’innovation dans la recherche africaniste. En effet, entre politologues, historiens, juristes, économistes... c’est un programme de retour à l’interdisciplinarité, sur un objet ou un thème précis, pour les ateliers ou colloques à venir, qui se dessine. Malgré des oeuvres pionnières comme celles de J.F. Bayart 1 en France, les chapelles idéologiques, les enfermements disciplinaires, le caractère partiel et fragmenté des recherches renvoient en effet les synthèses à un avenir sans cesse repoussé.
C’est d’ailleurs en partant entre autre, de ces constatations que Guy Martin propose un remarquable et novateur paradigme qui replace le problème de l’État dans la longue durée braudélienne, renvoyant les problèmes ponctuels et contemporains de construction/déconstruction de l’État aux riches heures pré-esclavagistes en tout cas précoloniales, des Empires du Sahel, du Zimbabwe ou du Monomotapa (comme le rappelle ci-dessous Lansana Kouyaté). Rompant avec les « échelles » évolutionnistes de transitions ordonnées de J.W. Lapierre 2 autour d’un pouvoir toujours plus concentré et étatisé, il renouvelle du côté de l’anthropologie des pouvoirs africains les thèses de B. Badie sur l’« État importé 3 » - et surtout sur les causes de son rejet et de ses échecs. Inversement, comme le «pharmakon », cet ambigu médicament qui en Afrique comme dans la Grèce platonicienne paraît parfois salvateur et parfois destructeur, et qui inverserait ce processus involutif, l’autre versant de cette approche voudrait anthropologiser l’État africain, à l’instar de ce que propose par exemple M. Tchiyembé 4 sur un « Sénat de l’ethnicité » pour renouveler la construction étatique congolaise...
Cette science juridique renouvelée (comparant ici les avatars du « présidentialisme ») que nous indiquions supra, par la plume d’Albert Bourgi, prouve son dynamisme en avançant des solutions originales - et le juriste devient, par son action un acteur engagé, convoquant les acquis d’un africanisme pluridisciplinaire. Politologue bien souvent en même temps que conseiller du prince, en tout cas de nos jours exerçant parfois ses capacités dans les lieux de pouvoir en même temps que dans les universités, que propose donc de nouveau l’intellectuel contemporain qui se préoccupe des structures de l’État africain ? Luc Sindjoun, lui aussi, part bien du législatif pour le dépasser par ce qu’il nomme le « paraconstitutionnel » - ce qui rappelle bien les perspectives d’une certaine sémiologie (cf. le « paratexte » de G. Genette 5 par exemple): non seulement tout le corpus des textes, accords, coutumes plus ou moins formalisés autour des lois et de la Constitution, mais des croyances, mœurs, pratiques qui les sous-tendent, composent avec eux et parfois s’y opposent : manière habile de renouveler par les perspectives de mobilisation les anciennes dichotomies, qui opposaient par exemple l’État et les sociétés. Les idéologiques assez générales du « culte du leadership », de la diversité ethnicorégionale, de la solidarité sont ainsi convoquées pour être mises en regard, dans une perspective politologique, avec les mutations des États africains : « coups d’État » justement, élections, démocratisations...
Il nous a, quant à nous, semblé que le décentrement nécessaire serait de porter à l’analyse ces mouvements que Deleuze dirait « machiniques », ni vraiment voulus et rarement perçus, qui caractérisent la croissance ou l’involution des appareils d’État eux-mêmes. Cette sorte d’« inconscient » des appareils d’État conforme souvent l’action des gouvernements, dans un processus souvent mimétique de duplication des appareils de l’ex-puissance coloniale. C’est d’ailleurs pour l’historien Calchi Novati cette « parenthèse coloniale » qui a duré trois générations qui pèse encore aujourd’hui sur la perception autochtone de l’État - et ses pratiques inspirées de la prédation et

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents