L Afrique dans la modernité néolibérale
268 pages
Français

L'Afrique dans la modernité néolibérale , livre ebook

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Description

Peut-on espérer que les Sociétés multinationales capitalistes oeuvrant en Afrique deviennent un jour des entreprises citoyennes, travaillant pour une révolution technologique et éthique en offrant ainsi plus à l'humanité qu'une simple valorisation de leur capital ? Une éthique des Sociétés capitalistes multinationales serait pertinente en vue de réguler leurs activités pour déterminer la responsabilité de chacun, dans le but de démanteler les circuits mafieux sur le continent, en participant ainsi à la Renaissance de l'Afrique.

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Date de parution 01 janvier 2014
Nombre de lectures 17
EAN13 9782336335155
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

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Extrait

Augustin Ramazani Bishwende
L’Afriquedans la moderniténéolibérale
Responsabilités éthiques des multinationales capitalistes
L’Afrique dans la modernité néolibérale
Augustin RAMAZANI BISHWENDE
L’Afrique dans la modernité néolibérale Responsabilités éthiques desmultinationales capitalistes
© L'HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00130-2 EAN : 9782343001302
Si des philosophes comme E. Levinas semblent avoir réussi à opérer un véritable tournant dans l’histoire de la philosophie occidentale, en soutenant de façon absolue que la philosophie première n’est plus la métaphysique mais l’éthique, c’est à cause de la Deuxième Guerre mondiale et ses conséquences néfastes sur l’Europe des Lumières qu’il fallait reconstruire. Après Auschwitz, le génocide de Pol Pot, les génocides dans les Grands Lacs africains : Tutsi rwandais, Hutu rwandais, congolais ; on ne saurait comprendre la pertinence de l’éthique dans nos sociétés contemporaines en dehors d’une phénoménologie de la vie. Le respect de toute vie, végétative, 1 animale et humaine conduit à inscrire l’éthique dans le procès de l’histoire 1 Qu’est-ce que l’éthique ? Pourquoi parler de l’éthique et non de la morale dans cet ouvrage ?Dans l’Antiquité grecque au temps de Socrate, de Platon, et d’Aristote, l’éthique se confondait à la morale. Si, sur le plan étymologique (ethosetmores, mœurs, coutumes), les deux concepts ont presque le même sens, néanmoins, y a-t-il lieu de montrer une nette différence entre éthique et morale ? A partir d’E. Kant, l’éthique déontologiques’est engagée dans une voie critique des conditions de la morale et retiendra la notion dudevoir. Cette conception kantienne sera critiquée parl’éthique téléologiquehéritée d’Aristote qui insiste fondamentalement sur les objectifs et les résultats des actions. C’est au fur et à mesure que l’éthique se dissociera de la morale comme un ensemble des règles, des normes et des prescriptions qui règlent les comportements des individus à un moment historique précis. Dans cette perspective, la morale peut se situer du côté de la croyance religieuse, tandis que l’éthique serait plutôt une réflexion critique appliquée à une situation, à un objet, à un contexte social déterminé. C’est surtout les philosophes contemporains : L. Wittgenstein, P. Ricœur et A. Comte Sponville, qui ont établi une nette différence entre l’éthique et la morale.A. L’éthique et la Morale chez L. Wittgenstein LeTractatus Logico-philosophicusde L. Wittgenstein se veut un véritable tournant dans l’histoire de la philosophie contemporaine, il constate avec amertume que la philosophie traditionnelle semble avoir ignoré les principes du symbolisme. Celle-ci est née du mauvais usage du langage qui pouvait servir au déploiement de son épistémologie. Par devers les philosophies antérieures, Wittgenstein aborde successivement la structure logique des propositions et la nature de l’inférence, de la théorie de la connaissance ; il passe de la physique à l’éthique et enfin à la mystique. De ce fait, il place l’éthique dans la sphère de l’innommable, du non-dit ? «Sur ce dont on ne peut parler, il faut se taire» (fragment 7). Ainsi, il brise le silence en anticipant la distinction philosophique entre éthique et morale, bien avant certains philosophes postmodernes comme P. Ricœur, A. Comte-Sponville. Pour Wittgenstein, « l’éthique est transcendantale » (96.42) [WITTGENSTEIN L.,Tractatus logico-philosophicus. Traduction, préambule et notes de Gilles-Gaston Granger. Introduction par Bertrand Russel, Paris : Gallimard, 1993, p. 110]. Avant lui, Spinoza peut être considéré comme un précurseur dans l’histoire de la philosophie moderne (Cf. Hegel) pour avoir écrit un traité philosophique sur l’éthique. Spinoza dans ce traité soutient la thèse selon laquelle le propre de l’éthique serait de « nous élever de la conscience à la connaissance de nous-mêmes, connaissance qui enveloppe celle de Dieu ; c’est pourquoi, dans une exposition synthétique, il faut d’abord parler de Dieu ». SPINOZA,Œuvres III. Éthique démontrée suivant l’ordre géométrique et divisée en cinq parties. Traduction par Charles Appuhn, Paris : GF Flammarion, 1965, p. 15). B. La différence entre éthique et morale chez P. Ricœur. Dans son ouvrage «Soi-même comme un autre» [Paris : Le Seuil, 1990, p. 200-201], Ricœur considère l’éthique comme un mouvement, une intention, une inclination, une propension, comme la visée d’une vie accomplie, d’une vie estimée bonne avec et pour autrui, dans des institutions justes et démocratiques. Tandis que lamorale se rapporte aux lois, aux impératifs et aux normes, à ce qui s’impose comme obligatoire dans la vie de l’homme et dans la société. La morale selon P. Ricœur incarne la visée éthique dans des normes caractérisées à la fois par la prétention à l’universalité et par un effet de contrainte. Donc, cette distinction entre éthique et morale montre qu’on part ainsi « de l’intention éthique pour fonder les valeurs elles-mêmes, celles-ci à leur tour légitimant les impératifs et interdits, et ceux-ci se traduisant en normes et finalement en lois » [RICOEUR P., Avant la loi morale : l’éthique,Encyclopaedia Universalis, supplément II, 1985, p. 42-45 ; LACAN J.,L’éthique de la psychanalyse, Paris : Le Seuil, 1986, p. 11 adopte la même distinction dans son séminaire. La morale, écrit-il, met en relation avec une loi, l’éthique avec une direction, une tendance, au-delà du commandement]. Tout en montrant la
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e horrible du XX siècle. Si Auguste Comte montre que ce sont les morts qui aident à comprendre les vivants c’est-à-dire que nous ne pouvons comprendre le retour de l’éthique dans notre contexte postmoderne sans une
complémentarité de deux expressions : éthique et morale, P. Ricœur réconcilie, de ce fait, deux héritages : un héritage aristotélicien où l’éthique est caractérisée par uneperspective téléologiqueun héritage et kantien où la morale est définie par le caractère d’obligation de la norme donc parun point de vue déontologique. Néanmoins, entre les traditions kantienne et aristotélicienne, il existe un rapport de complémentarité qu’on ne saurait nier. C. La différence entre éthique et morale chez A. Comte-Sponville Comme Ricœur, Comte-Sponville affirme aussi que les deux termes sont interchangeables [COMTE-SPONVILLE A.,Le capitalisme est-il moral ?Paris : Albin Michel, 2004, p. 67. Il reprécise la définition de deux expressions. La morale c’est tout ce qu’on fait par devoir et l’éthique c’est tout ce qu’on fait par amour. L’ordre éthique c’est l’ordre de l’amour (de la vérité, de la liberté, de l’humanité). Cf. Idem, Morale ou éthique ? Valeur et vérité, Paris : PUF, 1994, p. 183-205]. Les deux mots, pour les anciens, étaient la traduction de l’un et de l’autre. Ils ne sauraient donc fonder quelque distinction conceptuelle que ce soit. L’éthique relève davantage du langage savant ou recherché. Pour se réclamer d’une éthique, il faut au moins être médecin, journaliste ou avocat ; un chômeur ou un épicier se contenteront plus banalement d’avoir la morale. L’éthique ne serait donc dans ce sillage qu’une morale distinguée. Par ailleurs, sur le plan philosophique, Comte-Sponville réconcilie d’un côté Spinoza et Gilles Deleuze et d’un autre côté, Kant. Pour Comte-Sponvillel’éthiquefait référenceaux modes d’existence immanentstandis quela moralefait toujours référence à l’existence desvaleurs transcendantes. La morale porte sur le bien et le mal considérés comme des valeurs absolues et transcendantes. L’éthique porte sur le bon et le mauvais considérés comme valeurs immanentes et relatives à un individu, à un groupe, à une société. Le propre de l’éthique est d’êtreparticulièretandis que la morale estune et universelleparce qu’elle suppose la transcendance. Dans cette perspective, Comte-Sponville définit la morale comme « discours normatif et impératif (la morale commande) qui résulte de l’opposition du bien et du mal, considérés comme valeurs absolues ou transcendantes : c’est l’ensemble de nos devoirs. La morale répond à la question « Que dois-je faire ? ». Elle se veut une et universelle. Elle tend vers la vertu et culmine dans la sainteté » [COMTE-SPONVILLE A.,Valeur et vérité. Études cyniques, Paris : PUF, 1994, p. 191]. Il définit l’éthique comme « tout discours normatif (mais non impératif,l’éthique recommande) qui résulte de l’opposition du bon et du mauvais, considérés comme valeurs relatives : c’est l’ensemble réfléchi de nos désirs. Une éthique répond à la question « Comment vivre ? ». Elle est toujours particulière à un individu ou à un groupe. C’est un art de vivre : elle tend le plus souvent vers le bonheur et culmine dans la sagesse » [Valeur et vérité, p. 192]. Par ailleurs, il n’y a pas à choisir entre l’éthique et la morale entre Spinoza et Kant. Il faut les deux. Pour une synthèse bien argumentée, l’éthique est par delà le bien et le mal, il va au-delà de la morale voilà pourquoi on dit d’elle, qu’elle est métamorale. L’éthique se veut déconstructrice, fondatrice, énonciatrice de principes ou de fondements ultimes. Par sa dimension plus théorique, par sa volonté de remonter à la source, au fondement même de chose, l’éthique se distingue de la morale et détient une primauté par rapport à la morale. Elle est le fondement, la fondation, la base des jugements moraux, bref, de la morale. L’éthique est beaucoup plus phénoménologique que métaphysique, elle s’inscrit et pénètre dans l’expérience existentielle du sujet, tandis que la morale reste attachée aux valeurs transcendantes métaphysiques. Elle désigne un élan créateur qui se transforme en normes, en principes, en prescriptions que l’éthique interroge, soupçonne et met à distance critique. 1° La morale, dimension fondamentale de l’être humain, concerne notre souci de faire la ‘bonne’ action, de prendre la ‘bonne’ décision. Elle fait appel à cette distinction essentielle que font les êtres humains entre le bien à faire et le mal à éviter. 2° La morale se caractérise par une tendance à soumettre nos actions à desexigences élevées ou supérieuresauxquelles nous nous sentons obligés de répondre parce qu’elles mettent en cause notre dignité d’être humain. 3° Elle se manifeste enfin par une tendance à ressentir des sentiments deremords, deculpabilitéou dehonte lorsque nous faisons le mal ou que nous ne sommes pas à la hauteur des exigences supérieures [METAYER M.,La philosophie éthique. Enjeux et débats actuels, Québec : Éditions du Renouveau Pédagogique (ERPI), 1997, p. 6]. Devant le succès étonnant de l’éthique et son recours dans tous les domaines de l’existence humaine : sociaux, économiques, politiques et technologiques ; l’ouvrage présente l’éthique comme un domaine vivant, en ayant prise sur la réalité du monde actuel, et comme un lieu de discussions, de réflexions critiques, bref un lieu de débats critiques.
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reprise des événements historiques ; nous ne devons pas oublier aussi que les e découvertes scientifiques et technologiques, depuis le XIX siècle, soutenues par le marxisme et le positivisme d’A. Comte, portées par une vision scientiste du monde, ont accélérées l’évolution vertigineuse du monde avec des mutations, des métamorphoses et des conséquences que nous connaissons aujourd’hui. Dans cette perspective, il n’est pas erroné d’affirmer que la complexité de la biodiversité et du monde des humains que nous connaissons, est soutenue et aggravée par la techno science. Les raisons historiques de l’évolution du monde grâce à la techno science, qui complexifie l’existence de notre monde, seraient l’origine, l’actualité et l’avenir de l’éthique dans la modernité contemporaine. La conviction ne suffit pas aujourd’hui pour persuader les gens à s’engager sur la voie du respect de la pratique éthique, mais aussi l’autosuffisance et l’autonomie du « cogito cartésien » n’y arrivera pas, il faudrait se situer beaucoup plus du côté du « cogito blessé », de l’expérience affective et effective du sujet éthique (P. Ricœur), bref du côté de laphénoménologie de la vie, comme e aimait bien le dire Michel Henry, qui relue les événements du XX siècle dans une dynamique non-métaphysique. En effet, dans cette introduction constituée de trois axes, nous présenterons, d’abord, l’intérêt et l’actualité de l’éthique dans une approche e phénoménologique en nous appropriant l’histoire du XX siècle dans son évolution dynamique. Ensuite, nous montrerons comment notre ouvrage sort des sentiers battus, il passe pour une déconstruction philosophique des théories néoclassiques et libérales de l’École de Chicago dans l’objectif de repenser la possibilité de convertir les sociétés multinationales capitalistes, œuvrant en Afrique, enentreprises citoyennesau service de l’humain. Enfin, 2 notre démarche vise à promouvoir une philosophie africaine pragmatique ,
2 Quelle différence existe-t-il entre le normatif et le pragmatique en éthique, entre l’éthique normative et l’éthique appliquée ? L’éthique normative(1960 à nos jours) s’impose sur les cendres de la méta-éthique, elle réfléchit sur les valeurs, les normes, les fondements du bien et du mal, les règles qui doivent guider l’action humaine. En fait, l’éthique normative tente de répondre à la questionQue dois-je faire? Tandis quel’éthique appliquéecherche à combler le fossé entre les principes généraux (éthiques déontologiques versus éthiques téléologiques, idéalisme moral versus réalisme moral, éthique du devoir versus éthique de la vertu) et les cas concrets. Elle cherche à appliquer les principes ultimes de l’éthique normative aux différentes situations concrètes de la vie. L’éthique appliquée est une étude descasuslatin pour en désigner des cas, d’où l’expressioncasuistiqueréflexion sur les cas. Le propre de l’éthique c’est-à-dire appliquée c’est de mettre en pratique des règles générales, des principes généraux de l’éthique normative en tenant compte des circonstances particulières, de la complexité des situations individuelles mais aussi de la collectivité, des conséquences de chaque décision. L’expression « éthique appliquée » apparaît aux États-Unis au cours des années 1960. Ce n’est que dans les années 1970 que les philosophes anglo-saxons vont s’intéresser à l’éthique dans son orientation pratique. Cet intérêt sera surtout encouragé et soutenu par le développement croissant de la technique et les découvertes scientifiques qui posent de nouvelles questions tant aux individus qu’aux sociétés. C’est ainsi que l’éthique se morcellera en plusieurs branches différentes : la bioéthique et l’éthique médicale se développeront en vue de donner des réponses aux problèmes liés aux avancées de la biomédecine ; l’éthique de l’environnement s’occuperont de l’avenir de la planète ; l’éthique des affaires se mettra en place en vue de fournir des solutions liées aux problèmes que l’on trouve dans les domaines économiques, politiques, sportifs, journalistiques. «Dans le domaine de
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