Sénégal - France, mémoires d alternances inquiètes
302 pages
Français

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Sénégal - France, mémoires d'alternances inquiètes , livre ebook

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Description

Le Sénégal et la France partagent une destinée commune. Forgée dès les origines de la mondialisation, elle est en proie aux turbulences politiques et sociales d'un XXIe siècle que les murs et les frontières peinent à enfermer. Histoires, mémoires, identités et patrimoines se heurtent violemment aux mœurs et usages sociaux et politiques. Cet ouvrage recense et réorganise des textes et éditoriaux, écrits entre 2011 et 2015, qui ont pour objet l'actualité politique, économique et sociale de ces deux pays.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336387499
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Points de vue
Points de vue
Collection dirigée par Denis Pryen

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Titre
Karfa Sira Diallo











Sénégal-France
Mémoires d’Alternances inquiètes
Copyright

Du même auteur

Triangle doré , Editions DiversCités, 2008
Matins noirs, Essai poétique pour une nouvelle négritude , Editions Ex-Aequo, 2011

















© L’HARMATTAN, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73760-7
INTRODUCTION
Mes deux patries d’adoption, le Sénégal et la France, sont à la croisée des chemins. L’année 2017 les placera devant un choix électoral qui devrait décider de leur avenir. Inaugurant la mondialisation au 18 ème siècle dans l’aventure coloniale, elles sont aux premières loges des ravages de la conquête et de l’exploitation effrénée et sans éthique de la planète.
La crispation identitaire et la peur de la mondialisation les entraine dans un même mouvement paradoxal faite d’avancées cruciales sur les plans économique, économique et social. Tout autant que de profondes régressions sur le plan du progrès des civilisations vers l’ouverture.
A géométrie variable néanmoins.
Si le Sénégal fait partie de cette Afrique qui inaugure un nouveau cycle de création de richesse avec des taux de croissances économiques et des marges de développement vertigineux (5 à 6 % selon les pays), la France reste une vieille nation européenne anesthésiée par l’irruption de nouveaux concurrents économiques et culturels.
Cependant, là où le Sénégal, et donc l’Afrique, peine à répartir équitablement les fruits d’une croissance qui ne profite qu’à une petite minorité, la France brille douloureusement par un modèle social encore vertueux et assailli par de nouvelles normes économiques toujours plus contraignantes. Là où la France cristallise son identité sur la sécurité identitaire et économique repoussant perpétuellement les hordes « d’indigènes » qui l’assaillent et érigeant de nouvelles frontières face à l’arrivée sur le marché mondial de nouveaux concurrents, l’Afrique quant à elle redevient le grand espace de circulation qu’elle a été pendant le moyen-âge européen. Avant l’arrivée des colonisateurs arabo-musulmans et occidentaux.
Le monde qui vient sera forcément un monde diasporique. Fait d’assemblages visiblement contradictoires sur les plans religieux, commerciaux, institutionnels et identitaires. L’Afrique y sera aidée par la capacité millénaire d’appropriation et d’ingestion à laquelle son histoire l’a préparée. La France, encore sonnée par le naufrage de son modèle, devra inventer une nouvelle société créole qui reconnait et intègre les « indigènes » d’hier dans son récit national et dans sa stratégie internationale.
A la croisée de ces deux peuples fiers et troublés, dans les domaines de réflexion et de travail qui sont les miens, j’ai recueilli, commenté et analysé ce que l’écume de leur actualité de ces deux dernières années m’évoquait. En arpentant les rues, consignant les dates et traçant des portraits, c’est une sorte d’archéologie d’un quotidien en profonde mutation où les peuples abritent leur frayeur dans les méandres de l’amnésie.
A la manière d’un rite, c’est-à-dire avec émoi et respect, avec un matériau sensible, la mémoire, cette chose infiniment grave en relation avec la violence du monde, produire et partager un sens du contexte qui relie savoir et vertu. En restituant la mémoire dans son humanisme c’est-à-dire sa complexité, il s’agit de rétablir les possibilités de dialogue. Dans la protestation contre les inégalités et injustices recensées ici, il faut voir une postulation irritée, certes impatiente, de la fraternité.
Face à la sidération provoquée par la violence de la mondialisation, garder précieusement son esprit critique et chaque matin s’accrocher à cette conviction que nous ne vivons pas dans un monde divisé entre gentils et méchants, bourreaux et victimes, mais dans un monde traversé de forces qui ne partagent pas les mêmes intérêts. Les violences que nous subissons sont à penser à penser avec les ravages causés par les guerres, le néo-libéralisme, avec l’instrumentalisation des peurs, des haines et des divisions.
Le fil conducteur de cette réflexion est une forte croyance qu’il appartient à la mémoire pour le salut et l’équilibre des peuples de penser, d’inspirer et d’animer l’action politique.

Karfa Sira Diallo
MEMOIRE
Le passé porte le présent comme une mère porte son enfant.
MEMOIRES DU NEGRE EN ARABIE 25 novembre 2012
« Les critiques que se fait l’individu en public sont en fait des éloges. »
Al Hassan al Basri (642-728)

Quel sens cela a-t-il aujourd’hui, pour un militant materné par l’arabe, de militer pour que les pays arabes ou dits tels assument la mémoire de la traite des noirs et de l’esclavage ? C’est la question à laquelle j’essaie de trouver une réponse depuis plusieurs années. Auparavant, j’avais également eu la question des raisons de la folie qui pouvait pousser un jeune africain ambitieux à s’engager, à Bordeaux, pour faire sortir de l’amnésie le 2èmePort négrier français toujours dirigé par le puissant Alain Juppé. Et récemment, à Dakar, à l’occasion du vote par le Sénégal de la 1 ère loi africaine déclarant la traite des noirs et l’esclavage crimes contre l’humanité, on m’a reproché d’évoquer la responsabilité de certains africains dans cette tragédie.
C’est que nous sommes en terrain miné. Dans l’univers militant les dés sont pipés. La vérité toujours rude. Pendant que le corps réclame la paix de l’oubli, le cœur blessé saigne d’une tragédie innomée et l’esprit inassouvi déraille, privé de son axe. Il ne s’agit, ici pourtant et toujours, ni d’une pétition en repentance car la promesse d’humanisme gît en toute société, ni du scénario d’un film d’horreur dénombrant des souffrances passées et actuelles à exposer, ni d’un réquisitoire d’accusation car la culpabilité n’est pas héréditaire.
Dans la résurgence du Noir en terre d’Arabie, nous sommes embarqués dans les contradictions de la rencontre entre l’histoire et la mémoire. Le pouvoir et la culture. La frontière et les peuples. La stratégie et la tactique.

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