Le bonheur est une fatalité
25 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le bonheur est une fatalité , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
25 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Négocier un prêt étudiant destiné à être joué au Rapido, s’ouvrir les veines avec une bouteille de Château Lamothe 2006 suite à une séance de dessin ayant mal tourné, donner une conférence armé d’un thermos de Calva à des lycéens aux cerveaux mal oxygénés... Paul, écrivain en devenir, attachant et détestable, enchaîne les situations et les échecs dont il espère qu’ils feront de lui un authentique poète maudit.Avec humour et impertinence, Claude Marion propose un portrait du poète maudit, entre caricature et vraie réflexion sur la nécessaire liberté de l’écrivain. Le Bonheur est une fatalité est son premier livre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 août 2014
Nombre de lectures 258
EAN13 9782363152633
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE BONHEUR EST UNE FATALITÉ
Claude Marion
ISBN 978-2-36315-263-3

Août 2014
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res


LE JOUEUR DE RAPIDO
PYJAMAN
LE PLUS GRAND JOURNAL DE FRANCE
UN BORDEL À BRUXELLES
UN VRAI TRAVAIL
DEUX CONFÉRENCES À JEAN GUÉHENNO
LE POÈTE BÉNIT
UNE VIE FORMINABLE
SUR LE FOURRAGE DE GONZESSES
LA VISION DU CHRIST À DEAUVILLE
L’ABBAYE DU CHAMPS DE L’ÉPINE
Remerciements
Biographie
Vous avez aimé ce livre ?
« La vie est une succession de sketchs. »
Camille C.
LE JOUEUR DE RAPIDO


Le banquier m’a visiblement pris au sérieux. J’ai bien fait d’orienter l’entretien sur ces questions de CDS qui polluent depuis peu le débat économique. Romuald Richard, qui ne devait pas s’imaginer que l’on puisse spéculer en pariant sur le défaut de paiement d’un pays, et donc de favoriser ce défaut de paiement en faisant galoper ainsi le taux d’intérêt (en achetant des CDS), ne put qu’être agréablement surpris par l’intérêt que manifestait un futur client pour l’économie de précision. Et cela dut bien le rassurer sur ma future solvabilité. Des CDS, certain qu’il n’en a jamais entendu parler ; moi-même, j’avais découvert leur existence à la une des Échos ce matin, alors que je faisais ma petite série quotidienne de Rapido au PMU Le Penalty. Ce sujet nous passionnait tous les deux.
Je l’interrogeai un coup sur les comptes support, lui demandai ensuite s’il était possible de convertir un capital en yuan ; c’est que je m’inquiète d’un probable dévissage de l’euro, avec toute cette incertitude sur les marchés, la dette grecque ; il faudrait pour répondre à ces questions prendre rendez-vous avec la responsable de la banque. Ce qui était un bon point d’éclairci. Je lui demandai enfin le capital que je pouvais espérer via ce bidule de prêt étudiant.
– Trente mille euros, Monsieur Narbot. Pour des études de deux ans, si vous ne vous imaginez pas travailler pendant ces études… C’est plus ou moins le capital que nous prêtons habituellement.
– Trente mille euros… hum… Et je rembourserai donc lorsque j’aurai trouvé un emploi… à la sortie de mon BTS.
– Vous rembourserez lorsque vous aurez votre emploi de… ?
– De… hum… banquier.
– Banquier ! (Sourire très connivent). Eh bien ! Peut-être que l’on vous reverra par ici…
Romuald suait sous sa petite chemise rose. Et c’est certain que je ne me suis jamais imaginé saccager ainsi ma jolie collection de chemises noires Zara pour gagner ma vie.
Je fis un truc improbable avec mes mains, une espèce d’effet de manche foireux d’avocat que j’ai piqué à Marine Le Pen.
– Oh ! Cela pourrait être plus probable que vous le pensez, lui dis-je sur un ton mi complice, mi comique. Après ce BTS, il est en effet possible que je dépose ma candidature dans votre agence. Vous savez, je suis un gars de la campagne, et je me vois très bien travailler dans une petite agence régionale comme celle-ci. Ce doit être bien paisible : on connaît ses clients, les loyers sont peu excessifs, on a grandi ici, on imagine bien nos enfants faire de même… Et l’environnement professionnel ne doit pas être désagréable : on a trois ou quatre collègues, on boit le café ensemble, tout le monde se connaît…
J’ai repris mon souffle, levé les yeux en l’air pour signifier : « Ah, si c’était possible comme avenir pour moi ! »
– Et vous comptez donc travailler aussitôt votre diplôme en poche ?
– Vous savez, je ne supporte pas de ne rien faire… Si tout se passe bien, le diplôme en juin, j’aimerais travailler en septembre…
– Eh bien ! n’hésitez pas à envoyer votre CV chez nous, hein ? On a besoin de jeunes gens motivés !
– Vous le recevrez, c’est certain…
On a causé encore de mon projet de licence en cours du soir, après le BTS, de ma passion pour la géopolitique, la macroéconomie et la veille informationnelle, et de cette vie de moine que je menais à lire et à étudier.
Il me demanda ma carte d’étudiant, en fit une photocopie, tira un contrat de son imprimante.
– Je signe là ?
– Ici…
– Et ici ?
– Non, là c’est pour la banque…
– C’est rodé, dites-moi !
– On a l’habitude de ce genre de contrat, monsieur Narbot…
– Moi qui pensais que négocier un capital de trente mille euros à zéro pourcents d’intérêts serait bien plus difficile…
– C’est le système du prêt étudiant, Monsieur Narbot… C’est le rôle des banques d’investir sur l’avenir, voyez-vous…
Il m’offrit son stylo Crédit Agricole, m’accompagna jusqu’à la sortie de l’agence, me serra la main.
– Tu vois, dit-il en s’adressant à l’une de ses collègues de l’accueil, Monsieur est peut-être un futur collaborateur, hé ! hé !
Sourire de la future collaboratrice.
– Bonne journée !
– Bonne journée ! – en stéréo.
Le soleil était furax, les terrasses débordaient sur les trottoirs. J’avais un an devant moi pour gagner ma vie au Rapido.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents