Des géographes hors-les-murs ?
410 pages
Français

Des géographes hors-les-murs ? , livre ebook

-

410 pages
Français

Description

Cet ouvrage présente des géographes aux itinéraires singuliers. Positionnés aux marges de l'institution, ce ne sont pas pour autant des marginaux, mais des hommes libres qui inventent leur parcours professionnel au fil du temps, des engagements, des projets. Pour la plupart d'entre eux, ces vies nomades sont tributaires d'une conjoncture tragique : la Première Guerre mondiale. Ils sont aussi parmi les premiers à saisir la mutation que constitue la mondialisation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2015
Nombre de lectures 10
EAN13 9782336393377
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de
Pascal Clerc et Marie-Claire Robic
Des géographes
hors-les-murs ?
Itinéraires dans un Monde en mouvement
(1900-1940)
Histoire des Sciences Humaines








DES GÉOGRAPHES HORS-LES-MURS ? Histoire des Sciences Humaines
Collection dirigée par Claude BLANCKAERT
Fortes désormais de plusieurs siècles d’histoire, les sciences humaines
ont conquis une solide légitimité et s’imposent dans le monde intellectuel
contemporain. Elles portent pourtant témoignage d’hétérogénéités
profondes. Au plan institutionnel, la division toujours croissante du travail et
la concurrence universitaire poussent à l’éclatement des paradigmes dans
la plupart des disciplines. Au plan cognitif, les mutations intellectuelles
des vingt dernières années ainsi que les transformations objectives des
sociétés post-industrielles remettent parfois en cause des certitudes qui
paraissaient inébranlables.
Du fait de ces évolutions qui les enrichissent et les épuisent en même
temps, les sciences humaines ressentent et ressentiront de plus en plus un
besoin de cohérence et de meilleure connaissance d’elles-mêmes. Et telle
est la vertu de l’histoire que de permettre de mieux comprendre la logique
de ces changements dans leurs composantes théoriques et pratiques.
S’appuyant sur un domaine de recherche historiographique en pleine
expansion en France et à l’étranger, cette collection doit favoriser le
développement de ce champ de connaissances. Face à des mémoires
disciplinaires trop souvent orientées par des héritages inquestionnés et par les
conflits du présent, elle fera prévaloir la rigueur documentaire et la
réflexivité historique.
Dernières parutions
B. Gérard, Histoire de l’ethnomusicologie en France (1929-1961), 2014.
e eN. Hulin, Les sciences naturelles. Histoire d’une discipline du XIX au XX siècle,
2014.
N. Hulin, Culture scientifique et humanisme. Un siècle et demi d’engagement sur
le rôle et la place des sciences, 2011.
É. Chapuis, J.-P. Pétard, R. Plas (dir.), Les psychologues et les guerres, 2010.
C. Blanckaert, De la race à l’évolution. Paul Broca et l’anthropologie française
(1850-1900), 2009.
N. Hulin, L’Enseignement et les sciences. Les politiques de l’éducation en
eFrance au début du XX siècle, 2009
S. Moussa (dir.), Le mythe des Bohémiens dans la littérature et les arts en
Europe, 2008.
Buffon, De l’homme, présentation par M. Duchet, postface de C. Blanckaert,
2006.
S. Collini et A. Vannoni (éd.), Les instructions scientifiques pour les voyageurs
e e
(XVII -XIX siècle), 2005.
M.-A. Kaeser, L’univers du préhistorien. Science, foi et politique dans l’œuvre et
la vie d’Édouard Desor (1811-1882), 2004. Sous la direction de
Pascal CLERC et Marie-Claire ROBIC





Des géographes
hors-les-murs ?



Itinéraires dans un Monde en mouvement
(1900-1940)





















L’HARMATTAN Chez le même éditeur
Dans la collection « Histoire des sciences humaines » :
Marie-Claire Robic, Anne-Marie Briend, Mechtild Rössler dir., Géographes
face au monde. L’Union géographique internationale et les congrès
internationaux de géographie, 1996.
Hèlène Blais et Isabelle Laboulais dir., Géographies plurielles. Les sciences
géographiques au moment de l’émergence des sciences humaines
(17501850), 2006.
Olivier Orain, De plain-pied dans le monde. Écriture et réalisme dans la
egéographie française au XX siècle, 2009.
Illustration de couverture : « Grandes voies de communication », Atlas
général Vidal-Lablache, Paris, Armand Colin, 1918.
© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-07227-2
EAN : 9782343072272Introduction

Nul souci d’utilité ou de rendement : j’étais installé dans un carrefour de
pistes précaire et encore mal débroussaillé, mais dont on pouvait pousser des
reconnaissances, selon son gré, dans tous les horizons.
(Julien Gracq, 1992 : 149-150)
[M]ais il faut bien dire que jusqu’alors les grandes questions dont nous
devinions, plus ou moins confusément, qu’elles domineraient notre siècle, ne
nous étaient guère posées qu’à travers les leçons de nos maîtres géographes.
(Pierre Vilar, 1962 : 12)
Loin de la tranquille « tour d’ivoire » dans laquelle se seraient
enferemés les professeurs au début du XX siècle pour assurer la clôture
impliquée par la professionnalisation universitaire, les géographes auraient-ils
affronté plus que leurs confrères de Sorbonne et d’ailleurs la turbulence
du monde ? Auraient-ils conservé une liberté de pratiques peu compatible
avec le « système disciplinaire » (Blanckaert, 2006) dans lequel la
géographie s’était engagée aux côtés de sciences concurrentes, telles la
sociologie et l’histoire ? C’est ce que suggèrent, à rebours d’une mémoire
culturelle tenace, plusieurs témoignages d’étudiants des décennies
19201930 sensibles à leur ancrage dans l’actualité et à « la puissance
d’entraînement qu’exerçait alors la géographie » (Duby, 1974 : 11).
Non que les géographes soient indemnes de l’apologie de la science
1pure professée par les maîtres de l’Université républicaine , au contraire.
Un long processus démarré sous le Second Empire au moins et des
conflits récurrents entre hérauts d’une géographie appliquée et tenants
d’un savoir formateur, facteur d’intelligibilité plutôt que d’action sur le
monde, ont abouti à l’adoption de cet idéal par les patrons de ce que l’on
commençait à appeler l’école française de géographie, au début des
années 1900. Les controverses sur les contenus de l’enseignement scolaire,
________________
1. Cf. la finalité de l’université vue par Alfred Croiset, longtemps doyen de la
Sorbonne : « Servir les progrès de la science et former de futurs savants, répandre dans le
public la connaissance des résultats les plus généraux établis par la recherche scientifique,
préparer des étudiants à certains grades professionnels » (selon un éloge funèbre de
Croiset cité par Olivier Dumoulin, 1985 : 134). 8 Pascal CLERC et Marie-Claire ROBIC
préparatoires à la grande réforme de 1902 (Gispert, Hulin, Robic, 2007),
les débats sur les finalités de l’enseignement supérieur (généraliste,
culturel versus professionnel), menés lors des nombreux congrès
internationaux réunis à Paris en 1900, ont mobilisé des réseaux qui ont tendu
à se déconnecter les uns des autres, comme si se produisait un grand
partage entre une géographie pure, victorieuse, et une géographie
engagée : les « groupes de géographes de la “tour d’ivoire” », selon
l’ex1pression de Marcel Dubois (1914), et les autres. Dès lors un Emmanuel
2de Martonne , jeune professeur à l’université de Lyon, pouvait prétendre
en 1908 réorienter les pratiques de la société de géographie locale en
direction de la « vraie géographie moderne ». Au même moment, l’un de
ses aînés, Pierre Camena d’Almeida, professeur à l’université de
Bordeaux, se félicitait que la géographie ne fût plus une « science à la
mode », et qu’il lui restât « la mission plus obscure et plus féconde
d’initier un petit nombre de travailleurs à des recherches qui ne sont pas sans
beauté sévère ni même sans utilité pratique » (Camena d’Almeida, 1910,
cité par Berdoulay, 1981 : 145). Initiation et ésotérisme semblaient
désormais requis par les maîtres universitaires pour pouvoir parler au nom de
la géographie.
Mais ne faut-il pas étendre l’enquête à une masse plus anonyme que la
vingtaine de professeurs composant le gotha de la géographie, dans la
« rép

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents