Histoire du repos dominical

Daniel Perron

Description

L'empereur Constantin, au IVe siècle, est le premier à avoir édicté une loi en matière de repos dominical. Le triomphe du christianisme impose cette règle pourtant sans cesse remise en cause. Transformé, adapté, aboli par la Révolution, réaffirmé, abandonné et finalement sécularisé, le non travail du dimanche est au centre des préoccupations sociales parce qu'il est au confluent de la religion, de l'économie et des principes de vie en commun.

Sujets

• Religion
• Histoire
• Civilisation
• Ethnologie
• Anthropologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2010
• Nombre de lectures: 107
• EAN13: 9782296249424
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Historiques
dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland


La collection "Historiques" a pour vocation de présenter les
recherches les plus récentes en sciences historiques. La
collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des
périodes historiques.
Elle comprend deux séries: la première s'intitulant "Travaux"
est ouverte aux études respectant une démarche scientifique
(l'accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire)
tandis que la seconde, intitulée "Sources", a pour objectif
d'éditer des témoignages de contemporains relatifs à des
événements d'ampleur historique ou de publier tout texte dont la
diffusion enrichira le corpus documentaire de l'historien.

Série Travaux

Nadège COMPARD,Immigrés et romans noirs (1950-2000),
2010.
Arnauld CAPPEAU,Conflits et relations de voisinage dans les
e
campagnes du Rhône auXIXsiècle, 2010.
John WARD,Placement et adoption des orphelins au
RoyaumeUni (1870-1926). L’orphelin et ses anges gardiens, 2010.
Jean-Pierre HIRSCH,Vie de bistrot en Alsace. Lieux de loisirs
et de sociabilité. 1844-1914, 2010.
Michaël CULOMA,La religion civile de Rousseau à
Robespierre, 2010.
Robert CHAPUIS,les relationsBourgogne/Franche-Comté :
ambi-guës entre deux régions sœurs et rivales, 2009.
Pascale PELLERIN,Les philosophes des Lumières dans la
France des années noires: Voltaire, Montesquieu, Rousseau et
Diderot, 1940-1944, 2009.
Didier CHAUVET,Georg Elsner et l’attentat du 8 novembre
1939 contre Hitler, 2009.

!

© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
[e-mail]

ISBN : 978-2-296-11228-5
EAN : 9782296112285

Je remercie d’abord les personnelsdela bibliothèque de
l’Assembléenationalepour leurassistanceprécieuse dans la
recherche des sources parlementaireset légales
indispensablesà cetravail.

Mes remerciements vontensuiteparticulièrementà ceux
qui m’ontapportéleuraide,M. leProfesseurNorbertOlszack
pour sesconseils,ÉlyaneBoutinetLaurentOllivier pour leur
relecture.

Sans lesoutiend’Herveline,
n’aurait pu voir lejour.

monépouse, cet ouvrage

Pour Alexandre

« La corruptionchez un peuple est le fruitdelaparesse et
dupouvloir ;eprincipe des mœursest quetout lemonde
travaille auprofitdelapatrie, et quepersonnenesoitasservi
ni oisif.»
Saint-Just

«Une étrange foliepossèdelesclasses ouvrièresdes
nations où règnela civilisationcapitaliste. Cette folietraîne à
sasuite des misères individuelleset sociales qui, depuisdes
siècles,torturent latriste humanité. Cette folie est l’amourdu
travail,lapassion moribonde dutravail,pousséejusqu’à
l’épuisementdesforcesvitalesdel’individuetdesa
progéniture.»
PaulLafargue

«Comment sereprésenter la forme des relations
susceptiblesdes’établirentre desagents tous indépendants
lesunsdesautreset tousfondésàpoursuivre àleurguisela
maximisationdeleursavantages, en l’absence d’une
composition impérative aunomdel’intérêtdetous ?»
MarcelGauchet

Introduction

Ce n’est pas«sous lesigne dela grâcequeselève
1
aujourd’hui l’hommenouveaudela civilisationdutravail.»
Lasentence deMarie-DominiqueChenuparuepour la
première foisen 1952exposetout le décalage entrele
message chrétienet laplace del’homme dans sa fonctionde
producteurauseindelasociété.

Étrangement, alors quelareligionapparaît partoutdans le
2
débat sur lasociété,ledésenchantement
dumonden’apeute
êtrejamaisétési puissantdepuis le XVIIIsiècle.Lapensée
dela citoyenneté est touchée dans sesfondementsauprofit
d’unevision obnubiléepar laseule fonctionéconomique des
individus, faisant perdrelesensdelavie del’homme comme
animal social.Aussi l’inquiétudesur l’évolutiondes mœurs
n’a-t-ellepas quittéleschrétiens.Bienaucontraire,les
dérives sesontaccentuées.«Il n’échappe àpersonneque,
jusqu’àun passérelativement récent,la «sanctification» du
dimanche étaitfacilitée, dans les paysdetraditionchrétienne,
parunelargeparticipation populaire et,pourainsidire,par
l’organisation même delasociété civile,qui prévoyait le
reposdominicalcommeunélémentconstantdes normes
3
relativesauxdifférentesactivités professionnelles.»Les
motsdupapeJean-PaulII, écritsen 1998 dansunelettre
apostolique destinée àredirel’importanceprimitive durepos
dominicaldans lapensée chrétienne,résonnentcommeun
signalde détresse devant lesavancéesd’unemodernité
tournant le dosaux valeurs qui luiapparaissentconstitutives
dela civilisation occidentale.

Laprise de conscience d’unaffrontemententreles
idéologiesfondatricesdel’Europemoderne,le christianisme
et lelibéralisme,réduisantàlaportioncongrueles pratiques
chrétiennes sur l’auteldel’utilitarisme économique

4
triomphant, conduitàseposer laquestiondelalégitimité de
préserver lereposdominicaldansunesociété éprise
d’accélérationconstante auméprisdel’hommesocial.Pour
lesfidèles,l’arbitragen’apasdesens.Le dimancheimpose
unarrêt momentané desactivitésauprofitd’undondetemps
àDieu.Poureux,le dimanche est leDie Christi.En
revanche,pour lereste delapopulation,le dimanchelaïcisé
estdevenufindesemaine consacrée auloisir.Lelien
spirituelévanoui,peut-êtreune faille existe-t-ellepour
remettre encauselejourdereposhebdomadaire communà
tousaunomdelareligionconsumériste àl’œuvre.

Pourcomprendrelesenjeuxd’undébat remisàl’avantde
l’agendapolitique françaisdès2007et temporairementabouti
par l’adoptiondelaloidu10août2009 quiélargit les
possibilitésdutravaildudimanche,ilestessentieldese
retourner sur l’histoire dela fondationdel’une des
institutions occidentales les plus porteusesdesens.Comment
est nélereposdominical ?Quels sont les ressortsde
l’émergence d’un jourdereposcommunàtous ?Quia
décidé d’unetelleinstitution ?Pourquoi ?

Dans sa forme actuelle,le droitdutravail prohibe en
principe auxemployeurs« de fairetravaillerun mêmesalarié
plusdesixjours par semaine » et imposele dimanche comme
5
jourderepos .Enapparence,leprincipen’apasvarié depuis
sonadoptiondans laloidu13juillet 1906.

Dès 1906, cependant, desexceptions multiples sont
aménagées.Outrele fait quelarèglenetouchequeles
personnes salariées,laissantainsi lesartisans, commerçants
indépendantsetautres professions libérales maîtresdeleur
tempsetdeleurschoix,ilexiste desdérogations permanentes
etdesautorisations individuelles issuesd’arrêtés
6
préfectoraux.

Le lent démantèlementdelarègle générale durepos
dominicalaboutitàun paroxysme aveclaloidu10août
2009. Lesdérogations permanentesétaient justifiées jusqu’à
cette date d’abordpar l’obligationdanscertains secteurs
économiques,pour lesquels l’interruptionest techniquement
impossibleoubiendont la continuité est nécessaire. Dansce
cas, aucune autorisation n’est requise. Uneplaceparticulière
étaitfaite à desactivitéscommelarestauration,lesdébitsde
boisson,lesentreprisesdespectacle,les journaux…Ilestaisé
deretirerde cesdérogations l’idéeque cesactivités
économiques inscritesdans les loisirs marquent la destination
première dureposdomini