La dynamique identitaire de la Dominique
337 pages
Français

La dynamique identitaire de la Dominique , livre ebook

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337 pages
Français

Description

Cet ouvrage montre, à travers l'exemple de la Dominique, la dynamique sociale et culturelle à l'oeuvre dans la Caraïbe anglophone. Se trouve ici posé le problème du remodelage de l'espace civilisationnel britannique en Caraïbe : leurre idéologique, créativité culturelle ou pouvoir de l'imaginaire ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2008
Nombre de lectures 125
EAN13 9782296191938
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

"(…) So talking about preserving identity : the identity one has to preserve,
the only identity any culture has, is through its art.Itdoesn’thave identity
through itspolitics. Ultimatelyitis through itsartseven ifyou’retalking about
a period ofstressorconflict. (…)Youcannot talk of preserving an identityif
youdo nothavethe mechanism or the machinery to preservethatidentity
culturally.”

Derek Walcott
extraitde l’entretien personnel,
Sainte-Lucie,
7 septembre2004

“So it (the University of the WestIndies) gives usasense of
theregion andthe notionthat there isa germ of civilisation
coming outof ourhistoryand of ourexistentialreality.”

Rex Nettleford
extraitde l’entretien personnel,
Jamaïque,
08 juin2004

PREFACE

Depuisles travauxethnologiquesde ClaudeLEVY-STRAUSS etde Cheik
Anta Diop, parmitantd’autres, on peutaffirmer sanscontreditqu’il n’ya pas
de culturesinférieuresou supérieures, maisdesculturesdifférentes. Danscette
perspective différentialiste, on pourraitajouterqu’il n’ya pasnon plusde
« petitesnations» oude « petitsEtats» desecondezone, maisdesEtatsoudes
Nationsdetaille plusoumoinsgrande ouplusoumoins réduite, avec leur
identité propre etleur spécificité. Lasituation géopolitique de la Caraïbe nous
offreune parfaite illustration de cerelativisme politico-identitaire.
Comment un micro-Etatcomme l’île de la Dominique, peuplée de moinsde
centmille habitants, a-t-il pu, enun quartdesiècle à peine,sortirdesasituation
desous-développement structurel, combler seshandicaps,surmonter une crise
économique majeure, ce qui luivalut récemmentlesélogesappuyésdes
dirigeantsduFond Monétaire International ?
Ce «petitEtat» insulaire, l’un desconfettisde l’empire colonial
britannique, pourrait-il être proposé aumonde comme modèle à imiter?
L’ouvrage quesoumetà notreréflexion età notre analyse Bruce
JNOBAPTISTE, docteuren étudesanglophones(Université de ParisIV-Sorbonne),
permetderépondre à cette double interrogation. L’auteurestparticulièrement
qualifié pourcette entreprise àvaleurde gageure, puisque la prise de distance
critiques’imposaità lui inéluctablement. Il est, en effet, filsnaturel de la
Dominique par sesoriginespaternelles. Aucoursdesesmultiplesdéplacements
entresa Guadeloupe natale etla Dominiquetoute proche, il asillonnésans
rlelâche «’île aux 365rivières», pour tenterde percerles secretsdeson
incroyableréussite en matière de développementdurable etde construction
identitaire.

Etre anglophone dans la Caraïbe, les stratégies identitaires des petits
Etats : l’exemple de la Dominique.

Cetitre peutparaître ambitieux, maisil està la mesure de l’intérêtque doit
susciterla lecture d’un ouvrage qui permetd’accéderà la connaissance intime
d’un petitpaysqui attire de plusen pluspar son charme naturel,sa beauté
sauvage et,sansdoute aussi, parce qu’il abrite encoresur sonterritoire quelque
troisIndienmille «s» Kalinago, descendantsetderniers survivantsdes
Caraïbes, peuple guerrier, altieretfier, décimé parlesEuropéensdèsles
premièresannéesde la colonisation. L’un despointsfortsde cette étude de
Bruce JNO-BAPTISTE estprécisémentla place qu’elle consacre à cette
communauté indigène en lutte depuisplusdetrois sièclespour sasurvie etla
préservation deson identité culturelle en marge de la population allogène du
« Commonwealth » (République) de la Dominique, pathétique confrontation du

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Même etde l’Autre au sein d’une Nation pluralesoucieuse de cultiverla
« diversalité » commestratégie identitaire.
Cetouvrage entreprend avecune granderigueur scientifique l’identification
historique etanthropologique de lazone américano-caraïbe. Il montre, àtravers
l’exemple de la Dominique, la dynamiquesociale etculturelle à l’œuvre dansla
Caraïbe anglophone. Le décorplanté, nous sommesen mesure desuivre le
cheminementde l’expression identitaire danscetterégion duglobe qui ne
manque pasd’originalité.Setrouve ici posé le problème du remodelage de
l’espace civilisationnel britannique en Carleaïbe :urre idéologique, créativité
culturelle oupouvoirde l’imaginaire ?Ainsis’interroge l’auteur, qui laisse au
lecteurla possibilité d’yapporter sespropresélémentsderéponse.
Sontaussi passésenrevue leschampsd’action des stratégiesprioritaires
dédiéesaudéveloppementetà l’identitaire danslespetitsEtatsCaribéens
anglophones.
Quel lien existe-t-il entre développementetidentitaire ?
Quel projetéconomique peutémergerde ces troispôlesidentitairesquesont
la culture, la langue etl’éducation ? Quellestratégie identitaire le mouvement
d’intégrationrégionale est-il en mesure de générer? Quelles sontleslimitesde
la promotion dudéveloppementdurable dansla Caraïbe ?
Telles sontlesprincipalescomposantesde l’immense champthématique
parcourudanscetouvrage que lirontavec profitet sansdoute grand intérêt tous
ceux,universitaires, étudiants, ougrand public, quis’intéressentà la Caraïbe et
àsesenjeuxà l’ère de la mondialisation.
L’enjeuprincipal, conclutl’auteur, «est d’aboutir à une cohésion socialeoù
certainsnesontpasinfériorisésparce qu’ils viventautrement. Cette pensée
pourraitintéresserl’Europe […]
L’idée forte àretenirestdonc celle-ci:les petits EtatsCaribéens peuvent
aussi choisirun mode devie qui donne satisfaction à la population dès lors
qu’une partie de celle-ci ne souffre pas de la richesse de l’autre. Les plus riches
doiventcependantrespecter les règles de protection de l’environnement. »
C’est sansdoute la leçon àtirerde l’exemple de la Dominique
magistralementprésenté parBruce JNO-BAPTISTE danscetouvrage.

Lionel DAVIDAS,
Professeur, DirecteurduCentre d’Etude desLittératuresetCivilisationsde
l’Amérique Anglophone etHispanophone.
Université desAntillesetde la Guyane

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INTRODUCTION

ème
Les faitsqui différencientla fin duXXsièclerésumentlespointsfortsde
la marche du temps: le danger soviétique, la faillite ducommunisme, la montée
desidéologiesdesubstitution qu’ils’agisse duculte de l’individuetdeson
corps(santé morale etphysique), de l’intégrisme, islamique oupas,voire de
l’écologie, la mondialisation de l’information etdesmédias, l’injusticesociale
oùcertainsont touslesdroitsetd’autresaucun, l’élargissementde la fracture
sociale en Occident, la perte d’attraitde larévolution, le désenchantementdes
lendemainsde l’indépendance –seulslespetitsougrosdragonsde l’Asie
orientale ontpu s’intégreraufluxdévastateurde la mondialisation –, la mise en
dangerduwelfare state, les restructurationséconomiquesetla montée du
chômage, l’écartglobal entre les sociétéslesplus richesetlespluspauvres, la
création d’une conjoncture qui place dansle monde occidental, aumoins, la
gestionsociale dans une position défensive alorsqu’elle étaitoffensive jusqu’à
cesdernièresdécennies.En cette fin desiècle qui profite auxEtats-Unis,
nouveaumaître etgendarme dumonde, garantde la démocratie etde la morale
-un autre facteur, effetdirectde la fin desempirescoloniaux, modifie les
termesde lavie politique,tanten Europe qu’auxEtats-UnisouauCanada. Il
s’agitdudéveloppementde lavie communaliste qui favoriseune forme de
résistance à l’uniformisation, le corollaire de la mondialisation économique et
culturelle.
1
Parmitouscesfaitsdifférenciateurs, celui de laremise en question de
l’idéologie duprogrèsassocié au succèscontinude lascience peut renforcerle
pessimisme de ceuxqui doutentdesnouveauxapportsdu troisième millénaire.
L’espoird’un progrèsmatériel et technique, comme le laissaiententendre les
prodigieusesavancéesde la médecine, de la chimie, de la physique, n’a-t-il pas
entraîné dans sonsillage les signauxd’une catastrophe :l’émergence
d’épidémiesinconnues surle continentafricain appelé à faire face à l’impératif
dudéveloppement, le dangernucléaire prévuparlesécologistes(Tchernobyl),
le Sida, leseffetsde l’industrialisation des

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