La lecture à portée de main
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Description
Le scoop
Luc Hénin, jeune journaliste aux dents longues, est prêt à tout pour faire décoller sa carrière. Malheureusement, son idée audacieuse va tourner au fiasco.
Sujets
Informations
Publié par | 12-21 Editions |
Date de parution | 28 février 2013 |
Nombre de lectures | 18 |
EAN13 | 9782823806878 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Luc Hénin était un jeune journaliste gonflé d’ambition. Après un bac lettres, il avait bifurqué sur Sciences Po pour aboutir à l’école de la rue de Rennes, section « audiovisuel ». Son père jouait au golf avec le chef du service des sports de la nouvelle chaîne du service public : France 18. Le piston du paternel l’avait propulsé dans la grande marmite de l’info, stagiaire certes… mais stagiaire plénipotentiaire au moment de la coupe du monde de foot où toutes les rédactions étoffaient leurs équipes.
Le grand blond dégingandé aux yeux pers ne manquait pas d’assurance. Sa démarche de félin repu témoignait d’une maîtrise que son inexpérience déniait. Luc se voyait déjà présentateur du JT ; ce n’était qu’une question de temps. Cette sûreté de soi ajoutée à son « parachutage » auraient pu lui valoir quelques inimitiés au service des sports, mais Luc cachait son appétit sous un sourire candide de baba cool. Il ne la « ramenait » jamais, se mélangeait à tous, partageait divers points de vue sans jamais donner d’avis. À la cafétéria, c’était le confident idéal. Les filles l’adoraient et les mecs ne flairaient pas la concurrence.
Un vieux JRI (journaliste reporteur d’images) l’avait pris en amitié. Thierry Madrier, un baroudeur qui avait fait toutes les guerres : Irak, Afghanistan, Syrie, etc. Son visage patiné par les planques aux quatre vents portait les stigmates des atrocités dont peut être capable l’humain en conflit déclaré. Quand la loi officialise son instinct destructeur. Madrier était aussi abîmé de l’intérieur. Tête brûlée aux réactions imprévisibles. Il était refoulé par la plupart des rédactions. Et pourtant, c’était un as de la caméra. Le roi du « tourné-monté »… aucun déchet dans ses rushes ! On l’envoyait sur les coups tordus ou bien alors on l’utilisait comme Pygmalion avec les agneaux sortis de l’école. Ceux qui, à l’instar de Luc, ne se voyaient pas démarrer dans la vie professionnelle en serrant le frein à main.
Peu de temps après son entrée à France 18, Luc fut convoqué par le chef du service des sports, Ted Sergent. Le copain de papa. Il n’osait pas encore le tutoyer, même si, à la télé, il y a belle lurette que la hiérarchie se foutait des codes. La différence entre un directeur de l’antenne et un stagiaire n’apparaissait que sur la fiche de paie !
— Je vais t’envoyer sur la Coupe du monde, dit Ted.
Les yeux pers s’allumèrent comme des lampions.
— Au Qatar ?
— Ben oui, au Qatar… pas en Mongolie.
— Merci.
— Tu me remercieras peut-être pas quand tu sauras avec qui tu fais équipe : Madrier, l’ayatollah des cadreurs. Plus personne n’en veut et on me l’a refourgué. Eh oui, petit… les sports, c’est la poubelle de la rédac.
— J’veux bien faire des poubelles comme ça… j’veux dire : j’ai rien contre Madrier. À chaque fois qu’on a tourné ensemble, il s’est pointé au montage. Sans lui, j’vois pas comment j’aurais fait !
— Eh bien, y’en a au moins un dans la maison qui est compatible, lança le patron avec une pointe de cynisme.
Au service des Missions, Luc récupéra son billet d’avion et une avance sur ses frais. Juste au moment où il allait repartir, il tomba nez à nez avec Madrier. Luc l’attira dans le couloir, à l’abri des oreilles indiscrètes. Coup de bol, le local à café de l’étage était vide. Il fit signe au JRI de le suivre.