Maria et l hippocampe
180 pages
Français

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Description

Marseille, 2229. Ouragans, typhons et tremblements de terre ont fait de la terre un enfer où les tueurs psychopathes donnent libre cours à leur imagination. Survivants d’un monde qui vomit les humains, le commissaire Scarlatti et le chercheur Julien Delmas se retrouvent sur le programme Hippocampe, vaste entreprise de localisation du centre de la mémoire dans le cerveau humain et nouveau procédé très utile pour visionner le passé. Mais à trop vouloir fouiller dans la mémoire des cadavres, il arrive que l’on y déterre des monstres… Opéra fantasmagorique et baroque, Maria et l’Hippocampe fait le rêve un peu fou d’accéder à la mémoire de l’humanité. Car, au-delà de la résolution de crimes et de l’identification des tueurs en série, visionner la mémoire des morts peut permettre de retrouver les pensées et les désirs enfouis des plus grands génies. Mozart, Verdi et bien sûr Maria Callas, la diva magnifique, qui éclaire ce roman cataclysmique de sa voix magique, tel un éclat de cristal illuminant le fin fond des ténèbres.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 20
EAN13 9782748367454
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Maria et l’hippocampe
Guy Torrens – Jean-Luc André










Maria et l’hippocampe






















Publibook
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IDDN.FR.010.0116670.000.R.P.2011.030.31500




Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011















Acte 1



Quand il pleure de ces temps-là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l’écume
Cette bave des chevaux ras
Au ras des rocs qui se consument

Léo Ferré. La mémoire et la mer.



Chapitre 1



Sombre était le jour, sombre était la nuit. On vivait dans
cette opacité propre à rendre fou n’importe quel homme
normalement constitué. Des ombres, une vie d’ombres.
Une langue de terre foireuse, au milieu d’un champ de mer
infini. Un réseau de digues pour se dire que la ville était là.
Elle émergeait de temps à autre quand le brouillard
reculait, un peu plus délabrée, un peu plus mitée avec
comme emblème le palais du Pharo, la maison des morts.
On pouvait voir tout autour, agglutinées, mêlées,
entassées, collées, des yourtes flottantes, des maisons-mer,
agitées au gré des vagues.
2229. Un chiffre du calendrier, sûrement pour se
souvenir que nous serions les derniers. Je ne savais pas bien
ce que je faisais dans cette époque poisseuse, ni comment
j’étais devenu cette terreur en chef, Édouard Scarlatti,
Commissaire principal des îlots marseillais. Je traquais,
arrêtais, tous les paumés ivres, les violeurs hallucinés, les
voleurs d’effroi, les tueurs du désastre.
On ne pouvait même pas en vouloir aux générations
précédentes, ce n’était pas un quelconque désastre
nucléaire qui avait entraîné tout ça. C’était seulement la terre
qui nous vomissait. Volcans, raz de marée, tremblements
de terres, ouragans, typhons, ils s’étaient tous donné le
mot pour nous expédier ad patres, une bonne fois. Mais
les humains sont têtus, dépressifs mais têtus, et nous
résistions tant bien que mal. On avait toutes les plaies mais il
nous manquait la cerise sur le sel. L’ange céleste qui allait
catalyser la folie ambiante. Il aurait pu aller ailleurs mais
non, c’était ici qu’il avait débarqué.
Il s’était présenté, formalité obligatoire quand on vient
d’ailleurs, même bardé de diplômes.
11 — Je m’appelle Julien Delmas, chargé de la mise en
place du programme Hippocampe.
J’avais complètement oublié qu’il devait arriver. On
était en pleine lutte pour la survie mais on continuait à
chercher, à chercher, je ne savais plus trop quoi.
Je m’attendais à une vieille taupe, et j’héritais d’un
fringant jeune homme aux yeux bleus perçants, à la
chevelure noir de jais, au sourire absent.
J’essayais quelques vannes histoire de détendre
l’atmosphère, mais visiblement il ne goûtait pas aux
plaisanteries policières. Comme je n’étais pas totalement
mufle, je lui souhaitais bonne chance dans ses travaux, et
je passai à autre chose. Pas le temps de m’ennuyer ni de
faire des ronds de jambes devant un adolescent mal
dégrossi. J’avais une ville à surveiller.

Trois mois déjà depuis son arrivée et la rencontre avec
le commissaire Scarlatti.
Il l’avait trouvé mal embouché, vulgaire, les yeux
fouineurs, mal rasé, en un mot dangereux. Mais il était
tellement plongé dans ses travaux que le temps lui avait
paru court. Il voulait à tout prix réussir ce pourquoi il était
là : La synthèse de l’hippocampe, la mémoire infinie. Il ne
s’était accordé aucun repos, il fuyait ses collègues et
menait une vie monacale, rentrant chez lui très tard. Il avait
trouvé un lieu qui lui correspondait, un loft en contrebas
de la lagune. Murs blancs, quelques tableaux abstraits et
très colorés, peu de meubles, une cuisine genre cargo, une
salle de bain parfaitement chirurgicale carrelée du sol au
plafond. Un endroit de transit. Rien à dire.
Hier il s’était accordé une balade.
Il avait fini plus tôt, et était rentré à pied par les digues.
Il avait flâné sur les hauteurs, et c’était comme ça qu’il
avait découvert ce magasin de musique au nom insolite La
Mama morta. Il avait poussé la porte, sans trop savoir
pourquoi.
L’intérieur n’avait rien de particulier, c’était bien rangé,
d’une propreté méticuleuse. Il avait traîné dans les rayons,
12 jeté un vague coup d’œil sur les projections en trois D, et
comme c’était l’heure de la fermeture et qu’il était le
dernier client, il s’apprêtait à partir. Presque au moment de
mettre le pied dehors, il entendit le vieil homme qu’il avait
vu à la caisse, s’adresser à lui :
— Vous cherchez quelque chose de précis ?
Il se retourna, mal à l’aise. Il n’aimait pas qu’on lui
force la main pour un achat et, en règle générale, n’aimait
pas qu’on l’interpelle directement. Il bafouilla trois
phrases incompréhensibles qui firent sourire le vendeur. Ce
dernier reprit :
— Rassurez-vous, je ne veux rien vous vendre. Mais
comme je vous ai vu faire le tour du magasin, je pensai
que vous cherchiez quelque chose de particulier ou de
rare.
Julien lui répondit qu’il était rentré à cause du nom
étrange et peu habituel pour une boutique de codes barres
chantant. Le plus long discours depuis trois mois.
L’autre hocha la tête, le regarda longuement lui sourit
de nouveau en lui disant :
— Est-ce que vous avez du temps à vous accorder ?
Un peu sur le qui-vive, Julien répondit par
l’affirmative. Le vendeur lui proposa de s’asseoir et baissa
le rideau.
— Comme ça, on va être tranquille. Et remarquant
l’inquiétude soudaine du jeune homme, ajouta :
— Ne craignez rien. Je veux vous faire écouter
quelqu’un que vous n’avez jamais dû entendre et une musique
que vous ne soupçonnez même pas. Détendez-vous ! Vous
voulez une bière ? Du thé ?
Va pour la bière. Julien se cala dans le fauteuil en
regardant son hôte disparaître dans l’arrière-boutique. Il
l’entendit brancher, un appareil, puis revint avec une bière
dans chaque main, lui en tendit une et dit :
— Maintenant je me tais, écoutez !
Et ce fut comme si tout renaissait, une mémoire du
dedans qui surgit brutalement. Un chant, triste, tragique,
plein de bruit, de fureur parfois, de passion toujours. Il ne
13 comprenait rien ou pas encore. Un langage oublié qui
revenait par petites touches.
Il se retrouva, les larmes aux yeux, une chaleur dans le
plexus, la tête errante.
— Vous ne vous attendiez pas à ça ?
Julien fit non de la tête, incapable de proférer un son.
— Je savais que Maria Callas, c’est le nom de la Diva
ultime, vous toucherez au plus profond. Je l’ai lu dans
votre rega

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