De l’indigestion chez les grands ruminants
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De l’indigestion chez les grands ruminantsAlbert Bru1875Format djvuAVANT-PROPOS――――Bien que les indigestions des animaux de l’espèce bovine soient aujourd’huiparfaitement connues, je n’ai pas hésité à en faire l’objet de ma thèse, parce queces affections, très fréquentes dans le pays où je dois exercer la médecinevétérinaire, résultent généralement du fait même des propriétaires, quiméconnaissent trop souvent les règles fondamentales de l’hygiène.C’est pourquoi, aussi, je m’efforcerai de donner à cette monographie inaugurale uncaractère essentiellement pratique.En conséquence, je m’attacherai surtout à signaler les nombreuses causes desindigestions du bœuf ainsi que les divers modes de traitement qu’il convientd’appliquer à ces maladies. Le traitement préservatif même, quoique découlant del’étude étiologique, fera l’objet d’un article spécial, car le vétérinaire, comme lemédecin, doit s’inspirer de la justesse de cet aphorisme médical que la science aérigé en principe : « Il vaut mieux prévenir les maladies qu’avoir à lescombattre. »Afin de faciliter la compréhension des phénomènes qui surviennent dans le coursdes affections dont je vais m’occuper, il me parait indispensable de donnerquelques notions préliminaires sur la disposition et les fonctions de l’appareildigestif des ruminants. Ce sera là l’objet de la première partie de cet opuscule,pour lequel j’ose espérer, de la part du lecteur, l’indulgence que mérite tout premieressai.A.BRU§ 1 ...

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De l’indigestion chez les grands ruminantsAlbert Bru5781Format djvuAVANT-PROPOSBien que les indigestions des animaux de l’espèce bovine soient aujourd’huiparfaitement connues, je n’ai pas hésité à en faire l’objet de ma thèse, parce queces affections, très fréquentes dans le pays où je dois exercer la médecinevétérinaire, résultent généralement du fait même des propriétaires, quiméconnaissent trop souvent les règles fondamentales de l’hygiène.C’est pourquoi, aussi, je m’efforcerai de donner à cette monographie inaugurale uncaractère essentiellement pratique.En conséquence, je m’attacherai surtout à signaler les nombreuses causes desindigestions du bœuf ainsi que les divers modes de traitement qu’il convientd’appliquer à ces maladies. Le traitement préservatif même, quoique découlant del’étude étiologique, fera l’objet d’un article spécial, car le vétérinaire, comme lemédecin, doit s’inspirer de la justesse de cet aphorisme médical que la science aérigé en principe : « Il vaut mieux prévenir les maladies qu’avoir à lescombattre. »Afin de faciliter la compréhension des phénomènes qui surviennent dans le coursdes affections dont je vais m’occuper, il me parait indispensable de donnerquelques notions préliminaires sur la disposition et les fonctions de l’appareildigestif des ruminants. Ce sera là l’objet de la première partie de cet opuscule,pour lequel j’ose espérer, de la part du lecteur, l’indulgence que mérite tout premieressai.URB.A.1 §CONLSIADPÉPRAARTIEIOLN DSI GANEASTTIOFMSI QDUESE SR EUTM IPNHAYNSTIOS LAONGAITQOUEMISE SURANATOMIELes organes de préhension, de mastication, d’insalivation et de déglutition desRuminants ont beaucoup de ressemblance avec ceux des autres animauxherbivores. Mais il n’en est pas de même pour l’estomac qui, lui, présente desdifférences essentielles.Au lieu d’être simple, il se trouve en effet divisé en quatre compartiments : le rumen,le réseau, le feuillet et la caillette, dont un seul, le dernier, jouit de propriétésvraiment digérantes.Le Rumen ou la panse est le premier réservoir gastrique, celui qui présentel’insertion de l’extrémité inférieure de l’œsophage, extrémité dont la formereprésente celle d’un entonnoir. Il a un volume énorme, puisqu’il occupe à lui seulles trois quarts de la cavité abdominale. Logé dans cette cavité un peu à gauche duplan médian, cet organe se trouve immédiatement situé sous le flanc gauche et
arrive en arrière jusque dans le bassin, tandis qu’il adhère en avant au diaphragme,surtout au pourtour de l’insertion œsophagienne. Une scissure médiane le divise endeux sacs peu distincts, l’un droit, l’autre gauche. Cette scissure extérieurecorrespond à des colonnes charnues intérieures ou piliers du rumen qui, par leursprolongements, peuvent produire la contraction en tous sens de l’organe. Cettecontraction peut être produite en outre par la couche charnue des parois du rumen.Quant à la surface interne de ce réservoir, elle est tapissée par une muqueuseépaisse recouverte par un épithélium très résistant fournissant une multitude deprolongements papillaires.Le Roseau ou bonnet, le second et le plus petit des compartiments gastriques, estappliqué contre la face postérieure du diaphragme, sous l’extrémité antérieure ducul de sac gauche du rumen avec lequel il communique par une ouverture assezlarge. Cet orifice, situé en regard de l’insertion œsophagienne, présente sur sonbord supérieur une sorte de demi canal, véritable continuation de l’œsophagefaisant communiquer ce conduit avec le troisième estomac ou le feuillet.Ce demi-canal, désigné sous le nom de Gouttière œsaphagienne, présente unelongueur de 15 à 20 centimètres et se trouve formé par l’adossement de deuxlèvres mobiles renflées à leur bord libre et fixées par leur bord adhérent sur la paroisupérieure du réseau, en regard de la cavité du rumen. Sous la muqueuse, ontrouve dans les parois de cette gouttière des fibres charnues transversales et desfaisceaux musculeux longitudinaux dont les contractions alternatives déterminent lecheminement, dans ce canal devenu complet, des matières alimentairessuffisamment fluides.Le Feuillet est donc mis en communication directe avec l’œsophage au moyen dela gouttière œsophagienne. Ce réservoir gastrique dont le volume égale, chez lebœuf, celui du réseau est contourné sur lui-même de façon à présenter deuxcourbures, l’une convexe, l’autre concave ; il est couché sur le réseau et le cul desac droit du rumen, et communique en arrière avec la caillette par un orifice assezlarge.Le feuillet est rempli par des lames muqueuses inégalement développées etdisposées parallèlement suivant sa longueur. Ces lames ont un bord adhérent fixé,soit sur la grande courbure, soit sur les faces de l’organe, et un bord libre, concave,tourné vers la petite courbure où existe un canal communiquant d’une part avec lagouttière œsophagienne, d’autre part avec la caillette.La Caillette ou quatrième compartiment gastrique est le véritable estomac, le seulqui jouisse de la faculté digérante. Ce réservoir, un peu incurvé sur lui-même etallongé d’avant en arrière, fait suite au feuillet et est placé sur le sac droit du rumen,contre l’hypochondre droit. Son extrémité postérieure ou sa pointe communique parla pylore avec le duodénum, la première partie de l’intestin. La muqueuse de ceréservoir est la seule qui sécrète le suc gastrique, c’est-à-dire le liquide vraimentdigestif, et, afin d’en fournir une plus grande quantité, son étendue est augmentéepar de nombreux replis qui affectent à l’intérieur de l’organe une dispositionspiroïde.L’intestin du bœuf est peu volumineux et d’un calibre assez faible, mais il présenteune longueur très grande, pouvant aller jusqu’à cinquante mètres dans les animauxadultes.PHYSIOLOGIEPar suite de la disposition que nous venons de signaler, les matières alimentairessont soumises deux fois à l’action des dents molaires : une première fois après leurpréhension, et une seconde fois lorsque, par la rumination, elles sont renvoyéesdans la bouche.L’insalivation s’opère dans la bouche non-seulement pendant les périodes de cesdeux mastications, mais elle se continue tout aussi abondamment pendant lesintervalles des repas et de la rumination. L’imprégnation des substancesalimentaires amassées dans le rumen est, en effet, la condition nécessaire àl’accomplissement régulier des fonctions digestives, car si la salive, au lieu de serendre dans ce réservoir, est tarie ou déversée au dehors, la rumination devientbientôt impossible, et, à l’autopsie, on trouverait les aliments tassés et durcis dansles divers compartiments gastriques. L’insalivation joue par suite, de même que lamastication, un rôle important comme acte préparatoire de la digestion chez les
ruminants.Considérons maintenant les fonctions propres du rumen :C’est dans ce réservoir que viennent s’accumuler les aliments ingérés après lapremière mastication parce que les bols qui sont alors déglutis sont assezvolumineux pour écarter suffisamment les lèvres de la gouttière œsophagienne ets’échapper de ce conduit. Au lieu de rester immobiles dans le rumen et entassésdans l’ordre de leur introduction, les aliments subissent de la part de cet organe unmouvement continu qui a pour but de les mélanger intimement entre eux et auxliquides auxquels ils sont associés. C’est seulement lorsqu’ils seront suffisammentimprégnés et ramollis qu’ils seront rejetés vers la bouche pour y subir une secondemastication et être ensuite déglutis. L’ensemble de ces derniers mouvementsconstitue le phénomène de la rumination acte physiologique sur le mécanismeduquel on n’est pas encore très bien fixé, du moins en ce qui concerne son premiertemps, c’est-à -dire la réjection du bol. M.M.Chauveau et Arloing ont cependantdonné de ce fait une explication généralement admise aujourd’hui. Ces savantsphysiologistes se basant sur les rapports intimes qui existent entre le diaphragmeet le rumen à la terminaison de l’œsophage, admettent que la réjection du bolalimentaire s’effectue par une sorte d’aspiration du côté du conduit œsophagien.Cette aspiration résulte d’une raréfaction de l’air contenu dans le poumon, produitepar une contraction très énergique et très brusque du diaphragme pendant que laglotte se trouve fermée. Les matières du rumen et du réseau rapprochées du cardiaet suffisamment délayées se précipitent, par suite de cette aspiration, dans l’orificebéant de l’œsophage. Immédiatement, une contraction du pilier droit dudiaphragme, en coupant ces matières, provoque la contraction antipéristaltique del’œsophage qui les amène ainsi à la bouche.Cette hypothèse vient d’être confirmée récemment par les expériences de M.Toussaint, de Lyon, au moyen des appareils enregistreurs.Quoiqu’il en soit, pour que la rumination puisse s’effectuer, il faut que les alimentssoient suffisamment détrempés dans la région du vestibule cardiaque, car c’est lacondition nécessaire pour que leur pénétration dans l’œsophage puisse seproduire.Outre la fluidité convenable des aliments, deux conditions sont encore nécessairespour la production et le maintien de la rumination : il faut que le rumen ne soit ni tropchargé ni pas assez. Quand il est distendu à l’excès par les aliments solides etliquides qu’il renferme, ses parois ne peuvent plus imprimer à ces matières lesmouvements nécessaires à leur mélange intime et le diaphragme ne pouvant secontracter suffisamment pour produire l’aspiration, il en résulte fatalement lasuspension de la rumination.Ce. phénomène physiologique se trouve encore empêché lorsque la panse est tropvide, car, pour que la contractilité des parois de ce réservoir soit mise en jeu, il fautqu’elles aient à réagir contre un certain poids. Ce poids, dans la mesure voulue, estaussi nécessaire afin que les muscles abdominaux qui agissent aussi dans l’actede la réjection trouvent à appliquer leur effort contre une masse qui leur offre unecertaine résistance.Les matières alimentaires contenues dans le rumen subissent pendant leur séjourdans ce réservoir quelques modifications physiques et chimiques : leurs partiessolubles se dissolvent dans les liquides et une certaine partie de leur fécule s’yconvertit en dextrine et en glycose sous l’action des salives ; mais cestransformations se produiraient aussi bien dans un vase inerte, car la faible quantitéde liquide alcalin sécrété par la muqueuse de la panse reste sans action sur lesmatières alimentaires. Cet organe n’est donc qu’un réservoir d’attente. Peu aprèsl’arrivée des aliments à son intérieur il se produit des fermentations portantprincipalement sur les matières sucrées de ces aliments. Ces fermentationsdonnent naissance à des gaz qui se dégagent dans la panse, et auxquels viennents’ajouter ceux provenant d’autres sources, par exemple l’air qui est battu avec lasalive pendant la mastication, et celui qui est dissout dans l’eau.Ce dégagement gazeux est donc un fait normal ; mais dans l’état physiologique, lesgaz ainsi produits ne s’accumulent pas dans la panse de façon à en gêner lesfonctions, l’animal s’en débarrasse au fur et à mesure de leur production par deséructations qui sont surtout fréquentes après les, repas.Les éructations sont, chez les ruminants, un phénomène tout à fait physiologique etsi, pour une cause ou pour une autre, elles ne peuvent se produire, des symptômesde météorisme ne tardent pas à se manifester.
Notons enfin que la rumination est si étroitement subordonnée à l’état de santé desanimaux, qu’elle peut en être considérée comme l’expression fidèle, car elle setrouve suspendue dans l’état de maladie ou de souffrance tant soit peu grave, etpour qu’elle puisse se rétablir il faut que cet état morbide ait cessé lui-même. Il n’estmême pas rare, quand il s’est prolongé, que, même après sa cessation, larumination ne se rétablisse pas encore, et qu’elle reste assez longtempssuspendue par suite du dessèchement des matières alimentaires à l’intérieur durumen et de l’inertie consécutive des parois de ce réservoir. De la sorte, lasuppression de la rumination, qui n’était d’abord que la conséquence d’un étatmorbide, peut devenir ensuite pour elle-même sa propre cause, cause d’autant plusefficace que cette fonction a été plus longtemps suspendue.L’action du réseau est si étroitement liée à celle du rumen qu’il n’est pas possiblede distinguer dans les indigestions du premier estomac les symptômes quiprocèdent de lui exclusivement et ceux qui seraient plus particulièrementl’expression des troubles fonctionnels du deuxième. Aussi quand les fonctions durumen sont troublées, celles du réseau le sont-elles également.Lorsque les aliments reviennent de la bouche après avoir subi la secondemastication, ils présentent un degré de fluidité suffisant pour leur permettre desuivre. l’étroit conduit formé par la gouttière œsophagienne et de parvenir ainsidans le feuillet. Si des bols étaient trop volumineux, il y aurait, comme dans lapremière déglutition, écartement des lèvres de cette gouttière et chute dans lerumen. Un fait semblable se produit dans la déglutition des liquides : si ceux-ci sontavalés à grandes gorgées, la plus grande partie tombe dans le rumen, tandis ques’ils sont avalés lentement ils se rendent directement dans le feuillet et la caillette.Nous tirerons de ce fait physiologique des indications importantes pourl’administration des breuvages.Les matières demi-fluides arrivant dans le feuillet se répandent entre les lamesmuqueuses de cet organe et cheminent vers l’ouverture de la caillette par unmouvement lent et continu qui parait produit par une force à tergo. Mais lorsque larumination est suspendue et que, conséquemment, le feuillet cesse de recevoir denouvelles matières, celles qui sont interposées entre ses lames s’y immobilisent etne tardent pas à s’y dessécher. Les parois de cet organe les expriment, en effet, enles resserrant, des liquides qui leur étaient associés, ou enlèvent encore cesliquides par absorption, de sorte qu’en résultat dernier le feuillet ne renferme plusque des matières alimentaires disposées en tablettes dures et résistantes. Danscet état de presque obstruction et d’inertie consécutive du feuillet, les substancesalimentaires n’arrivent plus que très difficilement dans la caillette, de sorte que lerumen, ne pouvant plus se débarrasser des matières qu’il reçoit, cesse sesfonctions jusqu’à ce que les voies alimentaires soient de nouveau rendues libres.Les matières alimentaires quittant le feuillet pour tomber dans la caillette ont subides préparations physiques si complètes et des modifications chimiques déjà siavancées que les indigestions du quatrième estomac sont rendues à peu prèsimpossibles. Ce qui contribue, en outre, à la régularité des fonctions de la caillette,c’est la lenteur avec laquelle le feuillet verse à son intérieur les petites ondéessuccessives de pâte alimentaire.La disposition des réservoirs gastriques chez le bœuf rend donc impossible lavéritable indigestion stomacale, c’est-à-dire celle de la caillette. Aussi les animauxadultes n’en sont-ils point atteints. Les jeunes ruminants seuls y sont exposéspendant les premiers mois de la vie, parce qu’alors le rumen, peu développé, nefonctionne pas encore, et que le lait se rend directement dans la caillette où sonaccumulation peut donner lieu à des troubles morbides.La perfection de l’action des estomacs sur les matières alimentaires et la lenteuravec laquelle le pylore les laisse passer dans l’intestin expliquent la rareté et mêmel’impossibilité de (indigestion intestinale chez les ruminants..II §CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES INDIGESTIONS DES GRANDSRUMINANTS.Lorsque les actions diverses exercée par l’appareil digestif sur les matières
alimentaires renfermées dans ses différents diverticulums sont suspendues ou nes’exécutent que d’une manière incomplète, il se produit des états morbidesd’intensité et de durée variables, prompts ou plus ou moins lents à se manifester,auxquels on donne le nom d’indigestionL’indigestion ne consiste donc pas dans les troubles eux-mêmes des fonctionsdigestives ou dans leur imperfection, mais bien dans l’état pathologiqueappréciable qui en est la conséquence. Il est possible, en effet, que des matièresalimentaires parcourent toute l’étendue du tube digestif et soient expulsées à peuprès telles qu’elles sont entrées sans que, pour cela, il y ait indigestion ; cetteaffection n’existe réellement que lorsque les troubles fonctionnels de l’estomac oudes intestins se traduisent à l’extérieur par des symptômes morbides.Chez les ruminants, avons-nous dit, l’indigestion n’est jamais intestinale, et sonsiège se trouve borné au rumen et au feuillet dans les animaux adultes. On n’a pasété de tout temps d’accord sur la dénomination à donner à cette affection. C’estainsi qu’on la désignait sous les noms divers de tympanite, de météorisation"" oude météorisme ; mais ces mots ont l’inconvénient de n’indiquer qu’un symptôme dela maladie, aussi le nom d’indigestion donné par Cbabert aux troubles fonctionnelsdes divers compartiments gastriques des ruminants a-t -il prévalu. Il est aujourd’huigénéralement adopté, car, si le rumen, le réseau et le feuillet peuvent êtreconsidérés anatomiquement comme des dilatations de l’œsophage, il n’en est pasmoins vrai qu’ils concourent d’une manière active à la digestion.Avant Cbabert, les rares auteurs qui avaient écrit sur les maladies des bœufsn’avaient guère signalé que la météorisation ou enflure du ventre, c’est-à-direl’indigestion simple. Ce grand praticien donna, le premier, en 1792, une descriptioncomplète des indigestions des ruminants, et il en distinguait cinq variétés : 1°indigestion méphitique simple ; 2° indigestion méphitique avec surcharged’aliments ; 3° l’indigestion putride simple ; 4 ° l’indigestion putride compliquée dela dureté de la panse, et 5° enfin, l’indigestion par irritation de la membranemuqueuse du rumen.Les auteurs de ce siècle ont suivi à peu de chose près la division de Chabert.Lafore n’a distingué que trois variétés d’indigestion des premiers estomacs :l’indigestion centreuse simple, l’indigestion avec surcharge et l’indigestion parinflammation des estomacs. II a décrit en outre l’indigestion laiteuse ou de lacaillette.M. Lafosse, notre éminent professeur, a divisé les indigestions des premiersréservoirs, d’après leur marche aiguë ou chronique, en deux grandes catégoriescomprenant chacune des variétés suivant quelles sont simples ou compliquées desurcharge, et selon qu’elles ont leur siège dans le rumen ou dans le feuillet.Quant à M. Bouley, il a, dans l’excellent article Indigestion de son dictionnaire,classé les indigestions des ruminants d’après leur siège, c’est-à dire enindigestions du rumen, indigestion du feuillet et indigestion de la caillette. Danscelles du rumen il reconnaît deux variétés : l’indigestion simple ou sans surcharge,et l’indigestion compliquée de surcharge. Il distingue enfin deux types dansl’indigestion du feuillet, le type aigu et le type chronique. Cette classification, quin’est autre que celle de M. Lafosse un peu modifiée, sera celle que nous suivrons ;nous aurons soin seulement de faire remarquer que l’indigestion du rumen avecsurcharge peut offrir elle-même deux variétés suivant que sa marche est lente ourapide.Au lieu d’adopter pour l’étude de ces affections l’ordre généralement suivi dans lesouvrages de pathologie, c’est-à-dire traiter séparément les diverses variétésd’indigestions en faisant connaître d’une manière continue à propos de chacuned’elles les causes, les symptômes, les lésions et le traitement, nous préférons fairemarcher de front la description de ces variétés ; ainsi à l’article étiologie nouspasserons en revue toutes les causes qui peuvent les faire développer ; il en serade même pour les symptômes, les altérations pathologiques etc.Nous croyons, par ce moyen, faciliter au lecteur l’examen comparatif qu’il désireraitfaire des éléments descriptifs de ces maladies.Toutefois, nous ne suivrons cette marche que pour l’étude des indigestions pouvantaffecter les animaux adultes, c’est-à-dire pour celles du rumen et celle du feuillet, etnous décrirons dans un article spécial l’indigestion de la caillette qui, on le sait, niese manifeste guère que sur les jeunes ruminants à la mamelle.
§ III.INDIGESTIONS DU RUMEN ET DU FEUILLET.Les troubles digestifs ayant leur siège dans le rumen peuvent être simplementoccasionnés par un dégagement considérable de gaz ou bien par une trop grandeaccumulation de matières alimentaires dans ce réservoir. Dans le premiers casc’est l’indigestion simple, dans le second l’indigestion avec surcharge. Il n’est pasà dire pour cela que dans la première variété il n’y ait pas à l’intérieur de la panseune quantité même assez grande de fourrages ; mais ces fourrages ont une actiontellement secondaire qu’une fois les accidents du météorisme conjurés, l’appareildigestif s’en débarrasse avec facilité. Dans l’indigestion compliquée de surcharge,au contraire, c’est la surcharge elle-même qui constitue le fait principal dans lestroubles morbides, et le météorisme n’en est qu’un phénomène accessoire ; aussipeut-il disparaître sans que pour cela la rumen puisse reprendre ses fonctions tantqu’il sera distendu par l’excès d’aliments.L’indigestion la plus redoutable et la plus terrible que les ruminants puissentéprouver est, sans contredit, celle qui résulte du dessèchement des alimentscontenus dans le feuillet. Cette affection, encore nommée obstruction ouengouement du feuillet, n’est pas facile à distinguer sur l’animal vivant del’indigestion de la panse à cause de leur coexistence fréquente qui résulte de ceque l’une entraîne l’autre presque inévitablement et réciproquement. C’est sansdoute cette concomitance qui a porté quelques auteurs à contester cette formespéciale de l’indigestion, mais il n’en est pas moins vrai que l’arrêt defonctionnement du feuillet devient dans certains cas partie essentielle de l’étatpathologique, c’est-à-dire le fond même de la maladie qu’il s’agit de combattre.ÉTIOLOGIE1. Causes des indigestions du rumen. — Les indigestions sont rares chez lesruminants à l’état de nature parce que ces animaux, guidés par leurs instincts,instincts qui ne les trompent guère, ne mangent que la quantité d’herbe nécessaireà leur estomac, de sorte que celui-ci n’en étant jamais surchargé s’en débarrassetoujours avec facilité.A l’état domestique il n’en est plus de même, car, au lieu de prendre eux-mêmesleurs aliments, les animaux les reçoivent de la main de l’homme, et au lieu detrouver toujours sous leurs pas la nourriture nécessaire à leur entretien, il n’enreçoivent souvent que des quantités insuffisantes ou peu en rapport avec lesbesoins de leurs organes. Leurs instincts restant ainsi inactifs finissent pars’affaiblir et ne leur permettent plus de distinguer ce qui est sain de ce qui estnuisible. Il n’est pas étonnant alors que nos grands ruminants domestiques, presquetoujours parcimonieusement nourris, se gorgent outre mesure d’aliments lorsqu’ilsen trouvent à leur disposition, et ingèrent en même temps des substances nuisiblesque, sans aucun doute, ils auraient su discerner à l’état de nature.La domestication a donc prédisposé les animaux à contracter des indigestions ;aussi l’homme doit-il par un régime convenable et régulier s’efforcer d’atténuer leseffets de cet asservissement.L’état même du sujet exerce une influence bien plus directe sur la production desindigestions ; c’est ainsi que les sujets dont les dents sont irrégulières ou cariées,ceux dont l’appareil salivaire est altéré, se trouvent par le fait même prédisposésaux indigestions du rumen, à cause de l’importance d’une bonne mastication etd’une salivation complète.Nous avons déjà dit, dans les considérations physiologiques préliminaires,comment la suspension de la rumination par quelque état morbide pouvait devenirà la longue une cause propre d’indigestion ; mais il est aussi des affections qui,sans arrêter complètement la rumination, gênent souvent cette fonction au point des’opposer à l’action des estomacs. Telle est la tuberculose, maladie si fréquente del’espèce bovine, qui peut empêcher la l’éjection des gaz ou des matièresalimentaires vers la bouche par suite de la compression qu’exercent surl’œsophage les ganglions bronchiques tuberculeux et hypertrophiés.
C’est par un mécanisme analogue que peut se produire l’indigestion du rumenlorsque des corps étrangers sont arrêtés dans l’œsophage. Le travail, ens’opposant à la rumination, devient une cause d’indigestion lorsqu’il suit de tropprès les repas et qu’il est trop longtemps prolongé. Cette action se manifeste assezsouvent sur les bœufs de labour aux époques des grands travaux de l’année, celledes semailles par exemple, où l’on voit ces animaux rester presque toute la journéesous le joug. Rentrés à l’étable, ils reçoivent presqu’immédiatement leur ration et ilsl’absorbent avant d’avoir ruminé celle du matin, de sorte que leur estomac se trouvesurchargé. Pour peu alors que les sujets soient affaiblis par l’âge ou par l’excès detravail, ils ne pourront se débarrasser de cette masse alimentaire et présenterontbientôt les symptômes d’une indigestion du rumen avec surcharge.Pendant les grandes chaleurs, le travail, n’a pas une moins grande influence sur lesarrêts de la rumination ; il n’est pas rare en effet de voir nos grands ruminantsaffectés d’indigestion après avoir dépiqué pendant des heures entières sous lesfeux d’une chaleur tropicale.Mais les causes diverses que nous venons de signaler sont loin d’agir dans laproduction des indigestions dits ruminants avec la même fréquence et la mêmeactivité que celles qui résultent du régime alimentaire de ces animaux. Lesaliments, en effet, donnent souvent lieu à des troubles fonctionnels des estomacs,soit par leur nature, soit par l’état dans lequel ils sont ingérés, soit encore par leurspropriétés particulières ou les altérations qu’ils ont subies.Tous les aliments, quelle que soit leur nature, peuvent donner lieu à desindigestions, les bons aussi bien que les mauvais et plus facilement même que lesmauvais, à cause des excitations plus vives qu’ils produisent sur l’appétit. C’estpourquoi les fourrages verts déterminent si souvent de graves météorisations.Parmi ces fourrages, les plus actifs dans leurs désastreux effets sont la grandeluzerne (medicago satina) vulgairement appelée sainfoin dans le midi, et le trèfle deHollande ou trèfle des près (trifolium pratense). Le trèfle incarnat est bien moinsdangereux, et d’ailleurs il est généralement donné à l’étable ; il en est de même del’esparcette.Les propriétés spéciales de ces plantes viennent ajouter leurs effets à l’action deleur masse et quelquefois même remplacer complètement cette action. Il n’est pasrare, en effet, de voir des bœufs fortement météorisés avant d’avoir ingéré, soit entrèfle, soit en luzerne, le quart de leur ration journalière. Cependant il est aussi descas où ces animaux peuvent prendre une bonne ration de ces mêmes fourragesavant d’en être incommodés. D’où vient cette différence ? D’abord de l’état dusujet, en second lieu des conditions dans lesquelles se trouvent ces aliments.Il est incontestable que les animaux conduits à jeun dans les pâturages semétéorisent très-vite à cause de la rapidité avec laquelle, par suite de leur appétit,ils absorbent les herbes savoureuses qui sont sous leurs pas.Mais l’état même des fourrages à une influence non moins malheureuse. Il est deremarque, en effet, que la dépaissance est surtout à craindre lorsque les herbessont mouillées par la pluie ou par la rosée, parce que, dans ces conditions, lesfermentations s’établissant plus lentement dans la panse, l’animal peut ingérer unequantité très considérable de ferment avant d’en ressentir les premiers effets qui leporteront à cesser de manger. On constate aussi que les météorisations sontfréquentes lorsque souffle le vent du midi et que les bestiaux paissent la têtetournée au vent.Le sorgho, que l’on avait essayé d’introduire il y a quelques années, dansl’alimentation des grands ruminants, a produit de nombreux et de gravesmétéorismes. Mais ces sortes d’indigestions se distinguent de celles queproduisent la luzerne ou le trèfle en ce qu’elles s’accompagnent souvent de torpeuret de vertige. J’ai moi-même vu une vache à laquelle on avait donné quelquesfeuilles de sorgho rester couchée et comme engourdie pendant plus de troisheures, même après que le météorisme eût été dissipé. Cette plante a donc uneaction toute particulière qui, d’après M. Lafosse, pourrait provenir de sa richesse enmatières sucrées. En fermentant dans le rumen, ces matières sucrées, tout enfournissant le dégagement de gaz, pourraient en effet produire de grandesquantités d’alcool qui, absorbé, donnerait lieu aux phénomènes nerveux que l’onobserve en même temps que le météorisme. Quoi qu’il en soit, le sorgho, vert ousec, doit être banni de l’alimentation jusqu’à ce que l’on ait trouvé le moyen d’utilisersans danger cette plante qui présenterait des avantages marqués à tant d’autreségards.Les fourrages secs qui, par leur nature, sont plus réfractaires aux actions digestivesque les fourrages verts ne donnent pas lieu cependant à des indigestions aussi
fréquentes, parce qu’étant moins appétissants ils sont mangés avec moinsd’avidité, et parce qu’étant moins fermentescibles ils n’occasionnent pas desaccidents de météorisme aussi rapides et aussi graves. Mais lorsque les animaux,pressés par la faim, en ingèrent rapidement une grande quantité, les indigestionsqui surviennent dans de telles conditions sont autrement graves que lesprécédentes, parce qu’alors le rumen est surchargé par une masse alimentairedont il ne peut se débarrasser.Parmi les aliments de cette nature qui occasionnent le plus souvent les indigestionsdu rumen avec surcharge, on peut citer : les foins des prairies basses et humidesparce qu’ils sont souvent mêlés à des laiches, des joncs, des renoncules, des carexetc., le trèfle, le sainfoin et la luzerne lorsqu’ils sont desséchés, poudreux et réduitsà leurs tiges, les plantes plus ou moins irritantes que l’on ramasse un peu partout etque l’on donne aux animaux dans les temps de disette, les feuilles de vigne, dechoux même, les balles de blé, d’avoine etc.Les aliments peuvent encore devenir nuisibles par suite des conditions danslesquelles ils ont été récoltés. C’est ce qui a lieu pour les foins vasés ou qui ont subil’action d la pluie après le fauchage, pour ceux encore que l’on a rentrésincomplètement secs. Ces derniers peuvent se recouvrir de végétationscryptogamiques qui, en irritant d’abord l’estomac, ne manqueront pas de produireensuite des indigestions. Les grains eux-mêmes, lorsqu’ils ont été mal conservés,les tubercules lorsqu’ils sont germés, peuvent produire les mêmes effetsdésastreux.Il est encore des aliments qui n’entrent pas dans la ration ordinaire des animaux etque l’on administre quelquefois aux ruminants dans les années de disette. Il y asouvent un principe irritant ou narcotique dans ces aliments ; quelquefois il y a del’acide prussique dans les tourteaux, de l’amylène dans les résidus des distilleries,des astringents et de l’acide acétique dans le marc de raisin : ce sont autant decauses d’indigestion.Il est possible, enfin, que des propriétés narcotiques se développent dans certainesplantes lorsqu’elles se sont échauffées en séjournant en tas ; c’est ce qui se produitsurtout pour les feuilles de betteraves dont les effets sont alors comparables à ceuxdu sorgho.Quoiqu’il en soit, lorsque les aliments sont très fermentescibles, comme lesfourrages verts, c’est surtout une indigestion simple qui se produit, tandis quel’excès de travail, les fourrages secs ou grossiers, déterminent généralement desindigestions avec surcharge.II. Causes de l’indigestion du feuillet. — On a admis pour l’indigestion du feuillet lesdiverses causes de l’indigestion du rumen avec surcharge, parce que les fonctionsde ces deux réservoirs gastriques sont, dans la plupart des cas, simultanémentsuspendues. Cependant les matières alimentaires peuvent s’arrêter ets’immobiliser primitivement dans le feuillet, soit par suite de l’état même desaliments, soit comme conséquence d’un état fébrile ou d’une inertie générale.La cause la plus fréquente de l’obstruction du feuillet consiste dans l’administrationde fourrage trop menu, de foin et de paille trop finement bâchés, de son, de ballesde graminées. Ces aliments, en effet, en raison de leur degré de division peuvent,s’ils sont donnés seuls, ne pas forcer les lèvres de la gouttière œsophagienne et,au lieu do tomber dans le rumen, s’engager directement dans le feuillet. Parvenusentre les lames de cet organe, ils ont besoin d’une grande quantité de sucs pourêtre imbibés, et comme le feuillet ne peut leur en fournir suffisamment, ils sedessèchent et forment bientôt des tablettes dures qui s’opposent au courant desmatières alimentaires du rumen vers la caillette.Ce fait se produit souvent sur les animaux affaiblis que l’en veut engraisser troprapidement par l’usage de pulpes et de farineux. Crusel a observé souvent cessortes d’indigestions qu’il attribue à une surcharge du rumen, mais qui ne sont enréalité que la conséquence de l’arrêt de fonctionnement du feuillet.L’influence de l’état fébrile sur les fonctions de l’estomac des ruminants n’est pasdouteuse ; cette influence se fait, surtout sentir sur le feuillet, et elle est renduemanifeste par le résultat des autopsies d’animaux qui ont succombé à desmaladies aiguës à marche plus ou moins rapide. Les troubles généraux del’organisme retentissent donc sur le feuillet et donnent lieu aux troubles propres desa fonction, lesquels se traduisent, en résultat dernier, par son obstruction,conséquence de l’interruption et du dessèchement des matières alimentaires àl’intérieur de ses nombreuses rigoles.
L’inertie générale des-sujets devient aussi dans certains cas une causel’obstruction du feuillet. Lorsque, par exemple, à la suite d’indigestion du rumen,l’animal ne peut reprendre que lentement l’exercice de ses fonctions digestives, lesmatières arrêtées dans le feuillet s’y dessèchent et peuvent devenir à leur tour unecause morbide. Pour la même raison, une indigestion antérieure, surtout si l’animalest encore en convalescence, est une circonstance qui prédispose à l’obstructiondu feuillet.SYMPTOMATOLOGIE.I. Indigestion simple du rumen. — Le symptôme prédominant en même temps quele plus caractéristique de cette variété d’indigestion est l’augmentation rapide duvolume du ventre, principalement du côté gauche. Cette distension des paroisabdominales résulte de la pression exercée en tous sens par le rumen rempli etdilaté par des gaz. D’un côté cette pression s’effectue sur l’intestin ; de l’autre, etd’une manière directe, sur la paroi abdominale gauche ; en avant, enfin, sur lediaphragme qui se trouve ainsi refoulé dans la cavité thoracique.Cette action qu’exerce le rumen pour se faire une place proportionnelle à sonvolume accru nous donne l’explication de tous les symptômes morbides queprésente un bœuf météorisé.Du côté gauche, les parois abdominales étant immédiatement en rapport avec lapanse cèdent bientôt à la poussée de cet organe et, soulevée par lui, ne tardentpas à dépasser le niveau de l’arête dorsale. Ces parois sont par suite tendues,élastiques, et sonores à la percussion, d’où le nom de tympanite souvent employépour désigner la météorisation. Cette tension et cette élasticité, bien quemanifeste ; dans toute l’étendue de la cavité abdominale, se remarquent surtout àgauche, à cause de la position plus superficielle du rumen.L’intestin, par suite de la pression qu’il reçoit, ne tarde pas à expulser les matièresqu’il renferme ; mais bientôt la pression devenant excessive, il est dansl’impossibilité d’exécuter ses fonctions, et c’est alors que survient l’absence dedéfécation.En même temps le diaphragme refoulé dans la poitrine presse le poumon,s’oppose à sa dilatation, d’où il suit que la respiration devient de plus en plusdifficile ; elle est courte et accélérée, et l’animal pour ne pas tomber asphyxié resteimmobile et la bouche entrouverte. Il va de soi que pendant cet état symptomatiquela rumination est suspendue et les éructations difficiles.L’action du diaphragme se fait sentir non-seulement sur le poumon, mais encoresur le cœur et les gros vaisseaux intra-thoraciques, ce qui produit des troublesprofonds de la circulation sanguine et explique pourquoi la mort survient parfoiscomme par apoplexie.Il suffit souvent de moins d’une heure pour que cette sorte d’indigestion se terminepar la mort. Cependant les animaux ne sont pas toujours fatalement condamnés àpérir, car il est des cas où ils parviennent par des éructations successives à sedébarrasser peu à peu de la masse gazeuse qui cause tous leurs troubles. Cetteterminaison heureuse est d’autant plus possible que la météorisation est moinsforte, car les efforts de régurgitation ne peuvent se manifester lorsque la distensiondu rumen est extrême.II Indigestion du rumen avec surcharge d’aliments. — L’indigestion avec surchargese manifeste avec plus de lenteur que la précédente. Elle se traduit d’abord par lerefus d’aliments, l’inrumination et une légère augmentation du volume de la panse.Bientôt l’animal devient triste, il s’éloigne de la crèche et pousse parfois de sourdesplaintes ; son flanc gauche est soulevé, mais à un moindre degré que dansl’indigestion simple, d’ailleurs, ici, la pression fait constater, au-dessous d’unefaible couche de gaz, la présence de matières alimentaires d’une consistancepâteuse. Cette présence d’aliments établit entre les deux variétés d’indigestion durumen la différence essentielle, différence qui persiste, toujours saisissable, mêmelorsque le météorisme vient ajouter ses symptômes à ceux de la surcharge elle-.emêmLa complication de météorisme se produit fatalement lorsque l’affection persisteplusieurs jours, par suite de la fermentation que subissent les matièresimmobilisées à l’intérieur de la panse. Ce réservoir n’effectue plus en effet ses
mouvements vermiculaires qui, en agitant la pâte alimentaire, facilitent l’expulsiondes gaz ; et l’on ne sent plus, en appliquant l’oreille contre le flanc gauche, les bruitsde frottement et de crépitation qui sont si manifestes à l’état normal.Lorsque cette maladie prend de suite un caractère aigu, en peu d’heures lemétéorisme devient considérable et rend la respiration très-difficile ; l’animal estcomme suffoqué, sa bouche se garnit d’écume, le pouls s’efface tandis que lesbattements du cœur sont forts, l’anxiété devient extrême, des tremblementsmusculaires se manifestent aux membres eau cou, enfin l’animal tombe et peutmourir instantanément.La guérison spontanée est cependant possible si l’animal, par suite du malaisequ’il éprouve, se livre à de violents efforts de réjection qui amènent la régurgitationde matières alimentaires. Ce véritable vomissement soulage immédiatement lesanimaux et les dangers de mort se trouvent conjurés. Santin, Girard, Cruzel, Weberont constaté des terminaisons de ce genre.Malheureusement le vomissement est rare chez les ruminants, et même impossibleà produire. D’où vient cette difficulté chez des animaux effectuant avec tant defacilité un phénomène analogue, la rumination, et dont le cardia présente lesconditions les plus convenables pour la réjection alimentaire ? Il y a lieu de croireque cela tient à la difficulté de production de la nausée chez ces animaux et àl’impuissance du rumen sur une masse trop compacte et insuffisamment délayée.Mais l’indigestion avec surcharge n’affecte pas toujours cette forme aiguë que nousvenons de décrire ; quelquefois elle affecte une marche lente et peut alors êtreappelée chronique. Dans ce cas, le météorisme est moins considérable, mais larumination est complètement suspendue et la peau renferme une massealimentaire dure, peu pâteuse ; le mufle est sec, l’appétit nul, et il y a constipation ouseulement quelques déjections alvines fétides. Les animaux maigrissentrapidement, leur poil se pique, leurs yeux s’enfoncent dans les orbites, et si cet étatpathologique se prolonge plus de huit ou dix jours, si la rumination n’est pas bientôtreprise, il y a complication d’inflammation de la muqueuse des estomacs,quelquefois du péritoine, ce qui achève de conduire les animaux au marasme et àla mort.Il faut dire cependant que l’indigestion avec surcharge se termine généralement parla guérison lorsque la rumination a pu être reprise. Dans certains cas, cette fonctiona pu rester suspendue pendant quinze à dix-huit jours sans que la mort ait été laconséquence d’un arrêt si prolongé du fonctionnement du rumen.L’indigestion du rumen avec surcharge alimentaire est une maladie grave à causede la difficulté du vomissement chez les ruminants ; néanmoins cette gravité estatténuée par la facilité avec laquelle on peut extraire du rumen les matières qui lesurchargent.III. Indigestion du feuillet. — Si l’indigestion du feuillet est essentielle, c’est-à-direqu’elle débute en l’absence de toute autre affection, les animaux refusent d’abordles aliments, ils s’éloignent de la crèche, et s’ils ruminent, ce n’est qu’à de raresintervalles et méfie avec assez de difficulté ; ils ont aussi de légères coliques. Lerumen n’est pas surrempli d’aliments, mais la masse qu’il renferme est un peu dure,pâteuse, et conserve l’impression des doigts ; il y a quelquefois un peu demétéorisme et un peu de constipation, néanmoins les excréments sont encore peumodifiés.Après être restée deux ou trois jours dans cet état, la maladie s’aggraveordinairement et alors les symptômes déjà signalés prennent plus d’intensité : latristesse et l’abattement augmentent, les mouvements deviennent lents et pénibles,l’animal refuse le fourrage qu’on lui présente ou s’il le flaire, c’est pour le délaisseraussitôt, il ne rumine plus ou s’il parvient à faire remonter quelques bols dans labouche, il les laisse souvent tomber comme s’ils produisaient une impressiondésagréable sur sa muqueuse gustative ; enfin le mufle est sec et les évacuationsalvines nulles ou très-rares et durcies. Le rumen qui n’avait jusqu’ici fourni aucunsymptôme saillant augmente peu à peu de dureté et cesse ses mouvements ; maisbientôt il se trouve légèrement soulevé par des gaz. Comme chez l’animal atteintd’indigestion du feuillet la soif est ordinairement conservée, les liquides, ne pouvantarriver facilement dans la caillette, tombent en grande partie dans le rumen etviennent surnager les matières solides desséchées que renferme cet organe. Enpressant le flanc gauche on sent, par suite, d’abord la couche gazeuse, puis lafluctuation due aux liquides ; enfin, si la pression est suffisante, ou peut constater audessous de la couche liquide la présence des matières alimentaires tassées etdurcies.
Lors de l’indigestion du feuillet n’est pas guérie en sept ou huit jours, elle secomplique généralement d’inflammation des estomacs et même de l’intestin. Alorsles poils se hérissent. les yeux deviennent ternes et enfoncés dans l’orbite, le muflese gerce, le pouls devient dur et accéléré, et les extrémités ainsi que les cornes etles oreilles se refroidissent.Le ventre est douloureux à la pression et la constipation persiste ; cependant lesexcréments se ramollissent parfois et l’on peut y voir, d’après M. Lafosse, desplaques minces et sèches qui semblent provenir du feuillet et sont quelquefoisrecouvertes par l’épithélium détaché du viscère.La desquamation de cet épithélium doit être même la condition nécessaire de ladésobstruction du feuillet, en permettant la disjonction des plaques alimentaires etleur glissement hors des gouttières de l’organe où elles avaient adhéré par le faitde leur dessication. Le feuillet, dans ces conditions, récupère sa contractilité, et larumination ne tarde pas à se rétablir ; l’animal est moins abattu et mangerait mêmesi on le lui permettait, ce dont il faut bien se garder encore.Mais si l’obstruction persiste, la mort doit s’en suivre inévitablement. Alorsapparaissent des tremblements généraux, une grande faiblesse, l’effacement despouls, le décubitus presque continu et enfin des mouvements convulsifs, prélude dela mort qui arrive ordinairement du vingtième au trentième jour.Dans d’autres cas plus rares, l’affection se complique de paraplégie, de péritonite,et quelquefois d’avortement chez les femelles pleines.Chabert, Meyer et Zundel ont signalé comme autre complication l’épanchement degaz dans le tissu cellulaire sous cutané surtout dans la région dorso-lombaire.D’après Chabert, cet emphysème général serait quelquefois semblable à celui quele boucher opère par l’insufflation.ANATOMIE PATHOLOGIQUEI Indigestion simple du rumen. — Le fait le plus caractéristique que l’on constate àl’autopsie des animaux qui sont morts des suites du météorisme, c’est la distensionénorme des deux premiers réservoirs gastriques, principalement du rumen. Si onincise les parois de ce réservoir, il s’en échappe aussitôt en abondance des gazgénéralement fétides et souvent inflammables dont la composition est un peuvariable suivant la nature des aliments et la période de la maladie.Ces gaz sont l’acide carbonique qui constitue à lui seul la plus grande partie de lamasse gazeuse, le protocarbure d’hydrogène, et, dans quelques cas exceptionnels,l’hydrogène sulfuré avec des gaz ammoniacaux.Quand les gaz se sont échappés, il ne reste plus dans le rumen qu’une massealimentaire d’un assez faible volume.Du côté de la poitrine on remarque des lésions non moins manifestes : lediaphragme est fortement refoulé par suite de la distension du rumen, et le poumoncomprimé est gorgé d’un sang noir ainsi que les gros vaisseaux. Le sang est demême épanché dans le foie et la rate, et il a partout une coloration noire, ce quiindique clairement, avec l’engorgement du poumon, que la mort est le résultat d’unevéritable asphyxie.Ce genre de mort dans les cas de météorisme explique pourquoi les animauxreviennent si facilement à la santé lorsque par le dégonflement du rumen on permetà la respiration de s’effectuer librement.II Indigestion du rumen avec surcharge alimentaire. — Lorsque la mort résulte del’indigestion avec surcharge d’aliments, la distension du rumen est produite non-seulement par des gaz, mais encore par l’accumulation très-grande des matièresalimentaires.De même que dans l’indigestion simple, le rumen comprime les intestins et pressesur le diaphragme de façon à le refouler profondément dans la cavité thoracique.On trouve, par suite, les mêmes lésions dans le poumon et le cœur. Le foie et larate sont flétris et fortement comprimés. Le sang est noirâtre si l’affection a étérapidement mortelle, tandis que si sa marche a été lente, ce fluide est souventaqueux, presque incolore, et les chairs pâles et lavées comme à la suite de la mortpar inanition.Les gaz du rumen sont d’une grande fétidité, ce qui indique un commencement defermentation putride des matières renfermées dans ce réservoir. Celles-ci sont un
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