Effets physiologiques de la naphtaline
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Effets physiologiques de la naphtalineClément Bellocq1876Format djvuAVANT-PROPOS――――Les animaux domestiques, en dehors de cas exceptionnels qui ne sauraient nouspréoccuper en ce moment, sont pour nous des machines qui fournissent un certainrevenu. C’est assez dire que dans tout ce qui les concerne, l’intérêt doit êtreconsulté ; par conséquent le médecin-vétérinaire qui traite un animal, a deux buts àremplir : 1° guérir ; 2° guérir à bon marché. Il est inutile de dire que toute cure dontles frais dépassent la valeur du malade est par cela même à rejeter. Il en résulteque les dépenses d’un traitement doivent être inférieures à une valeur déterminée,d’où l’obligation de rechercher nos moyens thérapeutiques dans les conditions lesmoins onéreuses. Ces considérations m’ont conduit à me demander si ]anaphtaline, qui n’est qu’un caput mortuum dans nos usines à gaz, où elle se forme,ne pourrait trouver une application dans notre médecine. Malheureusement, il m’aété impossible d’étudier les divers points de cette question ; je ne puis en présenterqu’une première partie (les effets physiologiques de la naphtaline), me réservant dela continuer plus tard.Pour rendre le sujet plus intéressant, il m’a semblé qu’il serait bon de rappelerd’abord les propriétés physiques et chimiques de ce corps, puis d’exposer l’étudede ses effets physiologiques, enfin de signaler les principales indicationsthérapeutiques auxquelles on a pensé qu’il pourrait satisfaire.Tel est le ...

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Effets physiologiques de la naphtalineClément BellocqFor1m8a7t 6djvuAVANT-PROPOSLes animaux domestiques, en dehors de cas exceptionnels qui ne sauraient nouspréoccuper en ce moment, sont pour nous des machines qui fournissent un certainrevenu. C’est assez dire que dans tout ce qui les concerne, l’intérêt doit êtreconsulté ; par conséquent le médecin-vétérinaire qui traite un animal, a deux buts àremplir : 1° guérir ; 2° guérir à bon marché. Il est inutile de dire que toute cure dontles frais dépassent la valeur du malade est par cela même à rejeter. Il en résulteque les dépenses d’un traitement doivent être inférieures à une valeur déterminée,d’où l’obligation de rechercher nos moyens thérapeutiques dans les conditions lesmoins onéreuses. Ces considérations m’ont conduit à me demander si ]anaphtaline, qui n’est qu’un caput mortuum dans nos usines à gaz, où elle se forme,ne pourrait trouver une application dans notre médecine. Malheureusement, il m’aété impossible d’étudier les divers points de cette question ; je ne puis en présenterqu’une première partie (les effets physiologiques de la naphtaline), me réservant dela continuer plus tard.Pour rendre le sujet plus intéressant, il m’a semblé qu’il serait bon de rappelerd’abord les propriétés physiques et chimiques de ce corps, puis d’exposer l’étudede ses effets physiologiques, enfin de signaler les principales indicationsthérapeutiques auxquelles on a pensé qu’il pourrait satisfaire.Tel est le plan de notre travail.EFFETS PHYSIOLOGIQUES DE LA NAPHTALINE.C.BFormule atomique C10 H8 ; en équivalents C20H8.La Naphtaline se forme lorsqu’on décompose un grand nombre de substancesorganiques à une température élevée ; néanmoins elle n’est connue que depuis1820. C’est Garden qui la remarqua le premier, et l’obtint en chauffant au rouge dugoudron de houille. L‘année suivante Kidd en fit connaître les principales propriétésphysiques, mais il ne l’analysa pas ; Faraday en détermina la composition etdécrivit l’acide sulfonaphtalique (C20 H7 S2 O2 H O), qui le conduisit à la formuleC20 H8 pour la naphtaline, Dumas en prit la densité de vapeur et en fixa le poidsmoléculaire ; mais le chimiste qui a le plus contribué à développer son histoire,c’est Laurent. C’est surtout à lui qu’on en doit une étude approfondie ; il étudiapendant plusieurs années l’action du chlore, du brome, de l’acide azotique et desoxydants sur la naphtaline, et décrivit une foule de dérivés. Depuis Laurent, lanaphtaline a été le sujet de nombreuses recherches qui ont ajouté beaucoup defaits à l’histoire si riche de cet hydrocabure. Qu’il suffise de citer Erlemmeyer,Faraday, Berzelius, Dumas, Berthelot, etc., etc., pour donner une juste idée de lavaleur des travaux dont ce corps a été l’objet.La naphtaline prend naissance par l’action d’une température rouge sur lesmatières organiques ; le goudron obtenu dans la fabrication du gaz d’éclairage par
la distillation sèche de la houille, des résines ou des huiles en fournit de notablesquantités ; Reichenbach l’a trouvée dans le noir de fumée, dans le goudron desmatières animales ; il a également reconnu que le corps cristallisé obtenu par deSaussure en décomposant l’alcool à une température élevée était de la naphtaline,ce qui a été confirmé par les recherches ultérieures de M. Berthelot. La naphtaline aété également trouvée par Pelletier et Walter dans la distillation sèche de la poix ;et par d’Arcet dans la destruction du camphre au rouge. M. Berthelot en a constatéla formation dans un grand nombre de circonstances : dans la décomposition par lachaleur rouge de l’acide acétique (C4 H4 O4) et de plusieurs carbures d’hydrogène ;par l‘action réciproque, au rouge, de ces mêmes carbures ; la naphtaline se formeégalement lorsqu’on dirige un mélange de sulfure de carbone (C S2) etd’hydrogène sulfuré sur de la tournure de cuivre chauffée au rouge.PRÉPARATIONNous ne nous occuperons point des moyens spéciaux employés pour former lanaphtaline de toutes pièces, ou pour la retirer des opérations ou réactions ci-dessus dénommées ; nous nous écarterions complètement du but proposé, notreintention n’étant point d’étudier la naphtaline au point de vue chimique. Il nous suffiradonc de prendre la naphtaline brute, telle qu’elle se dépose d’ailleurs dans lestuyaux des usines à gaz, et de voir comment on peut la ramener à un état tel, qu’ellepuisse être employée en médecine. C’est donc moins une préparation qu’unepurification de la naphtaline que nous allons décrire. Cette purification se fait dansles laboratoires d’une façon très-simple : la naphtaline brute est étendue sur unvase ; on recouvre celui-ci au moyen d’une feuille de papier joseph fixée avec unpeu de colle ; sur cette feuille de papier, on place un cône qui circonscritexactement le vase. Le tout étant ainsi préparé, on chauffe au bain de sable. Enemployant une douce température, la naphtaline se sublimera et viendra se fixer enpartie sur le papier collé au vase ; là se déposeront les plus belles lames qui sontd’une transparence parfaite ; mais une autre partie passera à travers cette feuillede papier et viendra se déposer à la face interne du cône. Les vapeurs denaphtaline commencent à paraître dix minutes environ après qu’on a commencé dechauffer. Dans la capsule, il reste un résidu noir, d’une odeur goudronneuse forte etdésagréable.PROPRIÉTÉSLa naphtaline se présente sous la forme de lamelles blanches et brillantes, d’uneodeur de goudron, d’une saveur âcre et aromatique. Obtenue par sublimation, elleest en lames blanches, rhomboïdales, extrêmement minces. Sa densité est de1,048, celle de sa vapeur est de 4,53 ; elle fond à 79°5, et bout à 217° ; elle sesublime à une température moins élevée. Elle distille facilement avec les vapeursd’eau et avec les hydrocarbures liquides ; elle brûle avec une flammeexcessivement fuligineuse. Elle est insoluble dans l’eau froide et très-peu solubledans l’eau bouillante qui devient laiteuse par le refroidissement ; elle est très-soluble dans l’alcool, l’éther, les huiles grasses et les huiles essentielles. Unedissolution de naphtaline dans quatre fois son poids d’alcool bouillant se prend parle refroidissement en une masse cristalline solide. Elle est également soluble dansl’acide acétique, l’acide oxalique et un peu dans l’acide chlorhydrique chaud. Sasolution dans l’essence de térébenthine est accompagnée d’un abaissement detempérature.Vohl a constaté quelques propriétés intéressantes de la naphtaline : lorsqu’elle estfondue, elle absorbe une très-grande quantité d’air qu’elle abandonne de nouveaupar le refroidissement. Lorsqu’on opère sur un kilogramme de naphtaline, ledégagement de l’air se fait avec effervescence. Cet air est beaucoup plus riche enoxygène que l’air ordinaire. Fondue, la naphtaline dissout l’indigo, le phosphore, lesoufre, les sulfures d’arsenic, d’étain et d’antimoine, qui s’en séparent cristalliséspar le refroidissement.Les alcalis sont sans action sur la naphtaline. L’acide azotique la transforme endérivés nitrés ; les autres agents oxydants (acide chromique, peroxyde demanganèse et acide sulfurique) donnent un acide particulier et des matièrescolorantes. — La naphtaline soumise à l’action du chlore fournit un bichlorure C20H8 Cl2 et un tétrachlorure C20 H8 Cl4 qui eux-mêmes donnent des dérivés chlorés.Avec le brome il se produit aussi des bromures. Un mélange de chlorate depotassium et d’acide chlorhydrique froid transforme la naphtaline en un mélange detétrachlorure de naphtaline et de tétrachlorure de naphtaline chlorée. Par l’action de
l’acide iodhydrique concentré, on obtient divers hydrocarbures suivant la durée dela réaction, la température et la concentration de l’acide.Lorsqu‘on dissout dans l’alcool bouillant de l’acide picrique et de la naphtaline, etqu’on laisse refroidir, on obtient une combinaison de molécules égales des deuxcorps en longues aiguilles d’un jaune d’or fusibles à 149° ; l’ammoniaque lui enlèvetout l’acide picrique et laisse la naphtaline.La naphtaline est le type d’une des séries les plus nombreuses et à la fois les plusremarquables de la chimie organique. On peut se faire une idée de la constructionde cette série, en supposant que le carbone du premier terme restant constant,l’hydrogène soit remplacé en tout ou en partie par du chlore, du brome, del’oxygène, de l’hypoazotide ; on peut également se figurer que la molécule primitive,soit qu’elle reste intacte, soit qu’elle se trouve modifiée par substitution, se combineavec du chlore ou avec de l’oxygène et donne naissance de cette manière à descomposés cloués de propriétés fondamentales tout autres que celles de lanaphtaline elle-même.EFFETS PHYSIOLOGIQUESEXPÉRIENCES SUR LE CHIENI. — 2 septembre 1875. Chien loup, 1 an. On lui fait prendre 0 gr. 50 de naphtalinecontenus dans sept pilules composées ainsi qu’il suit : naphtaline 0 gr. 50 ;mélasse, 3 grammes ; poudre de réglisse 2 grammes. On administre le tout en uneseule dose. L’animal ne paraît nullement inquiété ; il conserve son appétit ; aucunsymptôme ne montre une modification dans l’économie du sujet. Le lendemain onn’observe pas davantage un changement quelconque.II. — 30 septembre 1875. Chien de rue pesant 5 kilog. âgé de huit mois. On luiadministre un gramme de naphtaline bien pulvérisée et mélangée avec 40grammes de viande coupée en petits morceaux. L’animal prend cette préparationsans aucune difficulté, il l’a mangée même avec avidité. C’est vers cinq heures del’après-midi qu’on a donné ce mélange, le chien n’en a paru nullement incommodé,il est resté gai, et s’est amusé dans la soirée avec un autre jeune chien.Le lendemain matin, on remarque que le sujet a émis une quantité notabled’excréments ; ceux-ci sont mous et contiennent des substances glaireuses ; deplus ils sont un peu foncés. Néanmoins, le chien paraît avoir conservé toute sagaieté habituelle et tout son appétit. Le soir, les excréments sont encore mous.Le sur lendemain, 2 octobre, excréments encore ramollis, mais en quantité moinsconsidérable.3 octobre. Plus de modifications sensibles ; l’animal est en parfaite santé.III. — Chienne loup, âgée de 2 ans. Le 12 octobre, on lui donne 2 grammes denaphtaline mélangée avec quatre-vingt-dix grammes de viande hachée commeprécédemment. L’animal a hésité tout d’abord à cause de l’odeur assez forte de lanaphtaline ; néanmoins il a mangé le tout en une seule fois.13 octobre. Bien que le sujet n’eut mangé la veille que la quantité de viande quifacilitait l’administration de la naphtaline, on observe, le matin, une quantitéconsidérable d’excréments mous, glaireux et un peu foncés ; ils avaient, en un mot,les caractères de ceux décrits dans l’observation précédente. On n’a observéaucune modification dans l’état du sujet ; sa gaîté est restée la même.IV. — Le 30 octobre, on fait prendre à l’animal qui fait l’objet de l’administrationprécédente, deux autres grammes de naphtaline et dans les mêmes conditions : ona observé absolument les mêmes effets.Nota. Cette même chienne a été l’objet de plusieurs administrations de naphtalineà la même dose ; toujours les premiers résultats ont été confirmés. Cesadministrations se sont même répétées à des époques rapprochées sans qu’elleen parut impressionnée, l’émission constante de déjections alvines, ayant lescaractères déjà cités, a été le seul effet de ces administrations successives. C’est
ainsi que nous avons pu lui faire prendre deux grammes de naphtaline chaque jourpendant cinq jours consécutifs, sans observer de modifications autres que cellessignalées plus haut.V. — 11 janvier 1876. Chien loup, âgé de 3 ans. Administration de deux grammeset demi de naphtaline, avec quatre-vingt-dix grammes de viande, toujours préparéede la même façon. L’administration est faite à midi ; dans la soirée, pas d’émissiond’excréments, pas de modification sensible dans l’état du sujet.12 janvier. Le matin, on s’aperçoit que les excréments émis sont en quantité etprésentent toujours des caractères analogues à ceux déjà signalés.13. Les déjections sont encore un peu molles, mais en moindre quantité.14.On n’observe plus de modifications du côté des viscères digestifs. L’appétits’est toujours conservé avec la même intensité.VI. — 4 février 1876. Chien d’arrêt pesant 10 kil., âgé de 2 ans. On lui administrequatre grammes de naphtaline, mélangée avec quatre-vingt grammes de viande.Le sujet a très-bien pris cette préparation en une seule fois. Après avoir mangé,l’animal reste gai comme avant, et dans la soirée il est difficile d’observer en luiaucune modification.5 février. Le sujet paraît anxieux, la respiration est un peu accélérée, de même quele pouls, qui est en outre irrégulier. Il a émis des excréments presque complètementliquides et de la même couleur que dans les observations précédentes ; il y adiurèse. 6 février. Les troubles observés hier ont presque complètement disparu ;l’appétit est meilleur.7. Il n’est plus possible de reconnaître aucun symptôme indiquant un dérangementdans l’économie ; l’appétit est revenu à son état ordinaire.VII. — 26 février 1876. Chien d’arrêt, très-vieux, pesant 23 kil. On lui présente sixgrammes de naphtaline mélangée avec de la viande. Ce sujet, dont l’appétit est d’ailleurs très-faible et capricieux, refuse de prendre cette préparation. On essaye delui faire avaler la même quantité de naphtaline en mélangeant celle-ci avec de lasoupe, on n’obtient pas de meilleurs résultats.VIII. — 25 mars 1876. Chien bouledogue, 4 ans. Administration de six grammes denaphtaline mélangée avec cent grammes de viande. Le sujet a bien mangé cettepréparation, il l’a prise toute en une fois. Deux heures après, on n’observe aucuneffet.26. L’animal qui était très-excitable l’est bien moins aujourd’hui ; il a émis desexcréments mous, foncés. Son appétit a diminué, la soif est plus vive au contraire ;la respiration à une odeur de naphtaline marquée.27. Les excréments sont, encore ramollis ; le sujet ne mange pas avec son ardeuraccoutumée ; la respiration n’a plus qu’une faible odeur de naphtaline.28. L’animal paraît complètement revenu à son état normal.IX. — 4 avril 1876. Chienne loup, 3 ans, du poids de 5 kil. Administration de 8gram. de naphtaline dans 80 gram. de viande en une seule dose. Après l’ingestion,le sujet reste dans son état normal ; trois heures après, on va le voir, on le trouveanxieux, la respiration est accélérée, la circulation aussi, les muqueuses sontinjectées.5. Diminution de l’appétit ; l’animal boit avec avidité. Il y a de la fièvre, le pouls estdur et précipité ; il y a chez le sujet un affaiblissement des facultés locomotrices, lenez n’a pas sa fraîcheur habituelle, la bouche est chaude, la langue est chargée demucosités blanchâtres, l’animal reste couché et cherche à reposer son ventre sur unendroit frais. On constate des coliques qui sans être très-violentes sont continues,et l’animal a émis pendant la nuit des excréments mous ; il a même vomi desmatières glaireuses et claires.6. Les symptômes observés hier persistent, et se montrent même plus accusés.7. Anorexie. Les vomissements continuent, les substances ainsi rejetées sontjaunes. Les excréments sont plus mous et projetés sous forme de filets, cesmatières salissent la queue et les fesses. Le sujet est plus abattu, resteconstamment couché. Respiration grande et accélérée, pouls irrégulier.8. Le sujet est toujours triste ; il reste couché. Quand on lui ouvre sa loge, il en sort
et s’il trouve des liquides, il boit. La diarrhée continue. avec la même intensité, ontrouve même quelques stries de sang dans les matières évacuées.9. L’animal est plus triste ; il reste dans un assoupissement continuel. On observeaujourd’hui une diarrhée dysentérique qui paraît le fatiguer beaucoup. Le sujetmeurt le soir, entre 2 et 3 heures.L’autopsie est faite trois heures après la mort : Le sujet est étendu sur la facelatérale gauche. Il est d’un embonpoint satisfaisant ; sa bouche est humide, etcontient de la salive vers les commissures des lèvres.Cavité abdominale. — Le péritoine ne présente aucune lésion ; la masseintestinale a un volume un peu diminué, les intestins montrent un peu d’astriction. Sinous examinons le tube digestif dans toute son étendue, nous ne voyons rien dansla bouche, si ce n’est la salive dont nous avons parlé plus haut. L’œsophage nemontre aucune modification. L’estomac ne présente pas la même astriction que letube intestinal ; au toucher, il donne la sensation d’une poche contenant un peu deliquide. Une ponction suffit pour vider cet organe car il ne contenait absolument quele liquide déjà perçu à l’extérieur. L’analyse de ce dernier montre qu’il à lacomposition du suc normal ; le papier tournesol montre qu’il est très-faiblementacide ; par l‘azotate d’argent, on observe qu’il contient une quantité notable dechlorures ; l’oxalate d’ammoniaque y fait trouver un peu de chaux ; par lechlorhydrate d’ammoniaque on y remarque un peu d’acide phosphorique ; l’acidetartrique y fait reconnaître un peu de chlorure de sodium ; et l’acide picrique de lapotasse et une petite quantité d’ammoniaque. En résumé, ce liquide contient de lapotasse, un peu d’ammoniaque et d’acide phosphorique ; très-peu de chaux, deschlorures. Ce suc contenait ; en outre, des débris de consistance fibrineuse, quitroublaient un peu sa limpidité. C’est là, comme on le voit, à peu près, lacomposition du suc gastrique normal. Extérieurement, l’estomac présente dans sapartie la plus déclive, autour de la grande courbure, une teinte rouge bien marquée.L’ouverture de cet organe permet de voir une muqueuse injectée dans la régioncorrespondant à la partie extérieure rouge. Dans l’intestin grêle, la muqueuseprésente vers les premières portions des arborisations et des plaques rouges dontla surface varie entre un demi et un centimètre carré. Au fur et à mesure qu’on serapproche du gros intestin, la coloration rouge est plus étendue, et en arrivant danscette dernière partie, elle est uniforme. Vers les portions les plus postérieures, cettecoloration est foncée ; enfin, dans les parties qui précèdent le rectum, et dans celui-ci, les vaisseaux sont saillants et se montrent en relief, les veines ont une couleurcomplètement noire. Il y a un peu d’entérorrhagie. En résumé, l’inflammation va enaugmentant des premières aux dernières parties de l’intestin.Le foie est plus développé qu’à l’état normal, il est à peu près deux fois plus gros.La rate et le pancréas n’offrent aucune altération qui doive être signalée.Appareil urinaire. — Les reins ne montrent rien de particulier. La vessie à sesdimensions les plus restreintes. La muqueuse est en contact avec elle-même danstoute son étendue ; elle à une teinte rose qui indique une légère inflammation.Cavité thoracique. — Le cœur à son volume ordinaire ; ses cavités sontparfaitement nettes, cet organe ne présente aucune lésion. Les vaisseaux nemontrent non plus aucune altération pathologique.Les poumons ont une belle couleur rosée, de nombreuses incisions dans leurmasse démontrent la parfaite santé de ces organes. La trachée et le larynx sontaussi parfaitement sains.Encéphale. — Les méninges sont injectées ; la substance cérébrale aussi montreune trace de l’irritation qui l’a atteinte, l’hypérémie sablée existe sur toute sa masse.Les cavités ventriculaires ne contiennent rien que de très-naturel ; les plexuschoroïdes n’offrent pas de modifications sensibles.L’action évacuante de la naphtaline, que nous avons reproduite à volonté, enadministrant de un à quatre grammes de cette substance aux chiens, nous a montréune action purgative de ce carbure d’hydrogène donné à doses convenables. Àl’exemple de plusieurs pharmacologistes qui ont cherché à déterminer l’action despurgatifs en les injectant directement dans une partie circonscrite de l’intestin, et enpesant ensuite les liquides ainsi sécrétés sous l’influence de ces substances, nousavons entrepris l’expérience suivante avec la naphtaline.X. — 15 avril 1876. Chien d’arrêt, très-vieux. Pour déterminer l’action de lanaphtaline d’une façon absolue, nous avons rendu l’expérience comparative. Nousavons fait au flanc gauche une incision de cinq centimètres environ ; par l’ouvertureainsi pratiquée, nous avons attiré une partie de l’intestin grêle. Nous avons appliqué
sur lui deux lames de bois de manière à le comprimer ; les deux petits casseaux ontété maintenus sur l‘intestin en les fixant ensemble par leurs deux extrémités aumoyen de crin de cheval avec lequel nous avons fait le nœud de la saignée. Lecompresseur appliqué, nous avons soulevé l’anse intestinale de manière à fairedescendre progressivement les matières alimentaires, et nous l’avons presséedoucement entre les doigts à partir du point intercepté jusqu’à ce qu’elle ait étédébarrassée de son contenu sur une longueur de soixante centimètres environ.Sans déplacer les doigts, nous avons appliqué là un second compresseursemblable au premier, sans le serrer encore. Nous avons injecté ensuite ungramme de naphtaline tenue partie en dissolution, partie en suspension, dans deuxgrammes d’huile d’olive. L’incision par laquelle nous avons introduit cette substancea été faite juste en dehors du dernier compresseur que nous avons serréimmédiatement après avoir injecté. Pour rendre cette expérience comparative,comme nous l’avons déjà dit, nous avons isolé absolument de la même façon uneautre anse intestinale de même longueur, et dans cette portion, aucune substancen’a été introduite, on s’est contenté de la vider comme précédemment.Il est facile de comprendre qu’en agissant ainsi, nous avons obtenu tous lesavantages que M. Colin a conservés au moyen de son compresseur qui n’était pasà notre disposition. Les compresseurs ont été serrés modérément de manière à nepas blesser trop fortement les membranes sur lesquelles ils portaient leur action. Lacirculation n’est en aucune façon troublée puisque les petites anastomoses del’anse intestinale sont en dehors des points interceptés. Deux heures après, nousavons tué l’animal par effusion de sang. Dans les anses intestinales qui avaient étéisolées, nous avons laissé descendre par son propre poids à une extrémité dechacune d’elles, le liquide sécrété dans leur intérieur, et nous l’avons retiré aumoyen d’une ponction. La quantité de liquide contenue dans l’anse intestinale où onn’avait rien injecté pèse dix grammes ; celle contenue dans l’autre anse intestinalepèse treize grammes. La différence est peu sensible quant à la quantité, mais iln’en est plus de même sur le rapport de la qualité. Le liquide de la première anseest clair, ne se ressent pas de la moindre trace d’inflammation ; celui de l’anse oùon avait injecté la naphtaline est épais et d’un rouge foncé. L’examen des deuxanses intestinales ne montre pour la première aucune trace d’irritation, tandis quedans la seconde, il y à une coloration rouge sur toute la surface ; cette coloration semontre en pointillés, en arborisations, on aperçoit même des plaques qui sedistinguent parfaitement par leur coloration rouge plus foncée ; celles-ci se montrentsurtout du côté de la grande courbure.EXPÉRIENCES SUR LE CHEVAL ET LE MULETXI. — 10 janvier 1875. Cheval ariégeois hors d’âge. On lui administre dix grammesde naphtaline en suspension dans un litre d’eau et en breuvage. Le sujet ne paraîtnullement troublé après avoir pris cette préparation.11. On n’observe aucune modification ; il n’y a pas eu d’effets produitsXII. — 15 janvier 1876. Mulet gascon hors d’âge. On lui donne en breuvage dixgrammes de naphtaline en suspension dans un demi-litre d’eau. Pas d’effetsappréciables.XIII. — 20 janvier. Mulet gascon hors d’âge. Administration, à deux heures del’après-midi, de quinze grammes de naphtaline avec un litre d’eau. Dans la soiréeon n’observe aucune modification.21. Le sujet a émis des crottins foncés, ils ont gardé leur forme ordinaire, et ilsexhalent une odeur de naphtaline dans leur ensemble.XIV. — 25 janvier 1876. Cheval ariégeois, hors d’âge. Ce sujet n’a rien mangédepuis le 24 au matin. On lui fait prendre, à midi, vingt grammes de naphtaline dansun litre d’eau et en breuvage. Le sujet est laissé dans une diète absolue. Dans lasoirée, on n’observe rien de particulier.26. Le sujet a émis une quantité d’excréments qui paraît un peu augmentée, ceux-cisont moulés, ils ont leur dureté ordinaire et ils sont noirs à leur surface. Ils ont deplus l’odeur de naphtaline. Les excréments ont encore cette odeur le lendemain etle sur lendemain.XV. 31 janvier 1876. Mulet gascon hors d’âge. Administration commeprécédemment de vingt-cinq grammes de naphtaline.1er février. Les excréments ne sont pas augmentés et ont les caractères déjà
signalés dans les observations précédentes ; il y a eu un peu de tympanite qui adisparu le jour même.XVI. — 20 février 1876. Cheval du pays, 18 ans. On lui donne 25 grammes denaphtaline en solution dans 200 grammes d’huile d’olive et en breuvage. L’examendu sujet avant l’administration ne montre rien d’anormal, c’est un sujet vieux, usé,mais il n’y a pas de trace d’inflammation ; il a bon appétit, on compte 35 pulsationset 12 respirations par minute. Quatre heures après avoir donné la dose sus-indiquée, le sujet ne montre aucune modification.21. Le sujet est un peu triste, il ne mange pas bien ; rien de particulier à noter dansses excréments.22. Une irritation intestinale se manifeste par des symptômes marqués. La boucheest chaude, la soif vive ; on entend même à distance des borborygmes bruyants quise dirigent vers les parties postérieures de l’intestin ; l’animal regarde son ventrequi est légèrement ballonné, il expulse des vents et éprouve des épreintesaccusées par le relâchement et le resserrement de l’anus. Le pouls est un peu plusplein que le jour de l’administration ; on compte, quarante pulsations par minute.C’est surtout le nombre des respirations qui est augmenté ; on en comptait douze, ily en a aujourd’hui vingt par minute.23. Le pouls qui était légèrement modifié est revenu à son état primitif ; larespiration est encore un peu vite ; on n’entend plus les borborygmes avec la mêmeintensité ; l’appétit est revenu.24. L’amélioration se continue, il y a un peu d’accélération de la respiration, c’est làle seul indice de l’irritation qui s’est montrée.25. Le. sujet est complètement remis.XVII. — 15 mars 1876. Mulet gascon, hors d’âge. On lui administre le soir, à 2heures, quarante grammes de naphtaline en solution dans trois cents grammesd’huile d’olive, la dissolution n’est pas complète. On fait prendre le tout en une doseet en breuvage. Trois heures après l’administration, le pouls et la respiration sont unpeu accélérés.16. Le ventre est légèrement ballonné, les excréments ne montrent rien departiculier, si ce n’est qu’ils sont un peu ramollis. La respiration exhale une forteodeur de naphtaline.17. La respiration et la circulation sont accélérées, on compte vingt-cinqrespirations et soixante-dix pulsations par minute ; mais nous pensons qu’il fautsurtout attribuer ces effets non à la naphtaline, mais à la surexcitation d’une plaieque l’animal a au genou gauche, et qui a été irritée pendant les exercices de ferrurepour lesquels le sujet a servi.Le soir l’animal est sacrifié pour les opérations. L‘autopsie ne montre pasd’irritation dans l’estomac, ni dans l’intestin, c’est à peine si on trouve quelquepetites plaques rouges très-peu marquées dans l’intestin grêle. Celui-ci contientdes matières alimentaires délayées dans une quantité de liquide plus grande qued’habitude chez les, solipèdes. Ce liquide est glaireux et présente une très-légèrenuance jaune. Les glandes annexées au tube digestif n’offrent rien de particulier ;les reins non plus, mais la vessie montre une coloration rouge bien marquée surtoute l’étendue de la muqueuse.Applications externes.XVIII. — 1er avril 1876. Chien de rue, 2 ans. On fait une incision à la peau et onapplique dans le tissu conjonctif sous-jacent, un gramme d’une solution concentréede naphtaline dans l’huile d’olive. Pas d’effets appréciables.XIX. — 8 avril 1876. Chien dogue 3 ans. On lui fait une friction avec 15 grammesd’huile d’olive à laquelle on a ajouté 4 grammes de naphtaline. On opère à la faceinterne de la cuisse gauche, et sur une surface de moins d’un décimètre carré.Cette friction n’a été suivie d’aucune modification.Ces deux dernières expériences ont été répétées plusieurs fois ; mais elles ontdonné toujours les mêmes résultats ; nous pensons qu’il suffit de signaler ces deuxobservations pour ne pas tomber dans des redites inutiles.Nous terminerons l’exposé des observations, en donnant connaissance de
quelques faits spéciaux observés en administrant à deux chiens de la naphtaline ensolution dans l’huile.XX. — 24 avril 1876. Chien bichon, 10 mois. On fait dissoudre 4 grammes denaphtaline dans 40 grammes d’huile d’olive ; la solution n’est pas tout à faitcomplète. On donne 32 grammes et demi de cette préparation ; le sujet vomit deuxfois, et il est impossible de continuer l’administration. L’animal tombe et restecouché en décubitus latéral. La respiration est très-accélérée ; la circulation estprécipitée, on compte cent soixante-dix pulsations par minute ; les muqueuses sontinjectées, principalement la conjonctive. La pupille est très-dilatée, elle occupe toutela surface de la cornée transparente. Le sujet est raide en partie, il éprouve desconvulsions cloniques bien visibles aux membres. Ceux-ci éprouvent des flexionssubites marquées surtout aux membres antérieurs ; la contraction des musclespectoraux semble être le point de départ de l’action qui agit sur ces membres ;aussi voit-on leur flexion se manifester au commencement de chaque mouvementinspiratoire. L’animal reste dans cet état pendant trente minutes. Il se lève non sansdifficulté et reste un instant étourdi comme dans un état d’ivresse ; il essaye demarcher, mais il ne peut y réussir. Les membres postérieurs agissent, mais lesantérieurs ne peuvent fonctionner et ils refusent d’obéir à l’impulsion des membrespostérieurs. Enfin, après une marche titubante, l’animal paraît remis tout à fait ;dans quarante minutes tout a disparu. Nous nous sommes demandé si ces effetsne pouvaient pas résulter d’une action mécanique, de pressions exercées sur lecorps, l’animal étant maintenu dans des positions quelquefois pénibles pendantl’administration ; ou bien d’une fausse route prise par les substances ingérées ;mais il a été facile de nous convaincre que ces causes n’ont pas agi. En nousrapprochant autant que possible des conditions de la première administration, nousavons pu donner de la même façon des quantités d’huile d’olive pure égales, plusfortes, doubles même, sans observer aucun des effets que nous avons signalés.Ce sont là des symptômes que nous avons observés aussi sur un vieux chiend’arrêt auquel nous avons voulu faire prendre de la naphtaline de la même manière.Nous ne savons à quoi attribuer les effets complexes que nous venons de signaler ;il est probable qu’ils sont dus aux trois causes suivantes : 1° à une action spécifiqueexercée sur la substance nerveuse ; 2° à une congestion sanguine qui s’établit dansles centres nerveux et leurs enveloppes ; 3° à la gêne de la respiration et àl’hématose imparfaite qui en est la suite.Dans le résumé que nous avons donné de chaque expérience, nous nous sommessurtout attachés à faire connaître les modifications du tube digestif.Indépendamment des effets subis par cet appareil, il en est d’autres qui agissentsoit sur la respiration, soit sur la circulation, etc. Comme ceux-ci se sont montréstoujours avec des caractères identiques, nous avons cru ne pas devoir les signalerà la fin de chaque observation. Ils trouveront leur place dans l’exposé général qui.tiusRésumé analytique des expériences signalées.Pour ne rien omettre, et afin d’exposer toutes les particularités relatives à notresujet, nous étudierons d’abord le mode d’administration, puis les effets produits parles diverses doses ; nous verrons s’il n’y a pas des circonstances capables de lesmodifier, et nous parlerons des effets physiologiques.A. — Mode d’administration. Nous avons donné la naphtaline en suspension dansl’eau, et en dissolution dans l’huile ; nous l’avons administrée en breuvage, ou bienpour les carnivores mélangée avec la viande hachée ; dans ce dernier cas, lorsquela dose était trop forte, nous y ajoutions quelque gouttes d’huile d’olive pour cacherla naphtaline et diminuer son odeur. Le premier et le deuxième mode, nous lesavons employés sur les solipèdes, et à doses égales, la naphtaline en solution dansl’huile a donné des effets plus sensibles, ce qui est d’ailleurs très-naturel : cettesubstance étant soluble dans ce dernier liquide et non dans l’autre. Nous n’avonspas observé sur les chevaux, avec les doses que nous leur avons administrées, leseffets remarqués sur le chien en donnant la naphtaline dissoute dans l’huile enbreuvage ; aussi avons-nous préféré ce mode d’administration pour les solipèdes,tandis que nous avons été obligé de l’abandonner pour les chiens. Pour ceux-ci, unbon mode d’administration consiste à mélanger la naphtaline avec de la viande enpetits morceaux ; ainsi le sujet prend cette préparation sans difficulté et se purge delui-même ; de plus, comme je l’ai déjà dit, on peut y ajouter quelques gouttes d’huilesi la dose du carbure d’hydrogène est trop forte, l’animal prend ainsi mieux lemélange et n’en ressent aucun inconvénient. Il faut donner la naphtaline à jeun, si onveut obtenir tous ses effets. Il faut qu’on administre cette substance par l’estomac ;employée en frictions sur la peau ou dans le tissu sous-dermique, nous n’avons paseu de résultats.
B. — Doses. Pour accélérer les déjections alvines, 3 grammes de naphtalinesuffisent pour un chien de moyenne taille. Quatre grammes sur un sujet ordinaire,provoquent une légère irritation ; six grammes donnent parfois une inflammationdes voies digestives ; enfin, à huit grammes, nous avons vu une chienne mourird’une entérite diarrhéique et entérorrhagique. Ajoutons encore qu’a faible dose, unou deux grammes, nous avons eu des évacuations plus abondantes qu’en donnantla dose plus forte, quatre, cinq ou six grammes par exemple ; avec celle-ci nousavons eu des excréments ramollis mais non augmentés. Enfin, nous avons vu quechez le cheval on peut donner dix et vingt grammes sans avoir d’effet manifeste ; àvingt-cinq grammes, nous avons eu, une fois, une légère irritation qui a disparu aubout de trois jours ; et à la dose de quarante grammes chez le mulet, nous n’avonspas eu d’irritation des voies digestives bien marquée, mais la muqueuse de lavessie avait une teinte rouge sur toute son étendue.C. — Circonstances qui peuvent modifier les effets de la naphtaline. — Celles-citiennent à la taille, à l’âge et à l’espèce. Il est inutile d’insister sur la première de cesinfluences ; la dose devra varier selon que la taille est plus ou moins grande, le sujetplus ou moins fort. Ceci est tellement vrai, qu’on a essayé de déterminer les dosesde certains médicaments, des purgatifs surtout, en les basant sur un kilogramme dupoids vivant du sujet. Une influence bien marquée tient à l’âge : à la dose de ungramme, nous avons obtenu des évacuations molles et en quantité sur un chiendogue d’assez belle taille, âgé de dix mois ; tandis que cette même dose n’a paseu de résultats sur des sujets moins grands, mais plus âgés. Nous avons pu donnerdeux grammes de naphtaline par jour, pendant cinq jours consécutifs, à une chienneloup âgée de deux ans, sans avoir d’autre résultat qu’une augmentation desdéjections alvines ramollies, pendant le même temps ; sur un chien croisé loupbichon, âgé de six mois, il a suffi d’une seule dose de 2 grammes pour provoquer levomissement, et donner une légère inflammation des voies digestives. Lesdifférences tiennent encore à l’espèce, nous avons vu que pour les solipèdes onpeut leur donner jusqu’à quarante grammes de naphtaline, et on n’a qu’une irritationpassagère des voies digestives et un peu de cytiste.D. — Effets physiologiques. — Nous allons les distinguer en effets locaux et eneffets généraux.Effets locaux. — Injectée sous la peau en suspension dans l’eau, en solutiondans l’huile, ou incorporée à l’axonge, la naphtaline ne produit d’autre effet qu’uneirritation mécanique résultant de l’action d’une substance étrangère introduite danscette partie, mais nous ne pensons pas qu’il y ait là une action particulière due àcette substance. En frictions sur la peau, nous n’avons pas davantage observéd’effets, que la naphtaline fut en suspension dans l’eau ou en solution dans l’huiled’olive. Administrée par la bouche, elle donne quelquefois le vomissement auxcarnivores, et surtout aux jeunes chiens ; ce que nous avons attribué à l’âcreté decette substance, produisant un effet beaucoup plus sensible chez les jeunes sujets.Ce qui nous a fait admettre cette manière de voir, c’est que nous avons pu donnerdes doses beaucoup plus grandes, quelquefois même exagérées, à des sujets plusâgés sans avoir le vomissement : cet effet est donc, pensons-nous, le résultat d’uneaction purement locale et non point élective, comme cela a lieu pour les vomitifsproprement dits. Ce qu’il y a surtout à remarquer, c’est une inflammation bienmanifeste des endroits où la naphtaline se trouve en quantité trop grande. C’estainsi que dans une expérience plus haut signalée, il nous a suffi d’injecter ungramme de naphtaline directement dans une anse d’intestin grêle qui avait unelongueur de soixante centimètres, pour voir cette partie de l’intestin présenter unecoloration rouge sur toute la surface de sa muqueuse, et des plaques rouges plusfoncées vers la grande courbure.Effets généraux. — Donnée â des doses modérées, la naphtaline n’influe quetrès-peu sur l’ensemble de l’économie, nous avons vu des administrations suiviesde déjections alvines abondantes ne s’accompagner presque d’aucun autresymptôme dans les autres parties du corps. Toutefois, quand les doses sontaugmentées, la naphtaline ne tarde pas à réagir sur les appareils de l’organisme ;mais la plupart ne paraissent modifiés que 10 ou 15 heures après l’administration,de sorte qu’on est à se demander si quelques-uns de ces effets dépendent, nond’une action propre de la naphtaline, mais de l’irritation qu’elle provoque dans letube digestif. Quoi qu’il en soit, nous allons décrire les effets observés, et pour nerien omettre, nous allons envisager les modifications sur chaque appareilisolément.Appareil digestif. — En petite quantité, de un à quatre grammes chez le chien, parexemple, on n’observe pas d’irritation locale ; mais si pendant que les évacuationssont abondantes on ouvre le sujet, on remarque une quantité exagérée de sucentérique dans l’intestin grêle. Il s’est produit dans ce cas, probablement, une action
dialytique ; action qui, comme on le sait, a été admise à priori par le baron Liebig,démontrée par Poiseuille, et constatée sur les animaux par Moreau. Lorsque laquantité de la naphtaline est augmentée, les déjections sont moindres, lessécrétions intestinales diminuées, et l’irritation des voies digestives ne tarda pas àse montrer. Enfin, lorsque les doses sont trop exagérées, l’inflammation ne tardepas à se montrer sur toute l’étendue du tube digestif ; nous l’avons observée surune chienne loup à laquelle nous avions donné 8 grammes de naphtaline ; unediarrhée accompagnée d’un peu d’entérorrhagie s’est produite, et le sujet est mortau bout de 6 jours.Appareil urinaire. — Cet appareil se ressent aussi de l’administration de lanaphtaline. Nous avons observé des symptômes de cystite sur une chienne et unmulet, qui avaient pris la première 8 grammes et le second 40 grammes de cettesubstance.Appareil respiratoire. — Au moment même de l’administration ou de suite après, lanaphtaline produit une irritation des voies aériennes qui se traduit par desexpirations brusques, par la toux. Ces effets sont de courte durée, et bientôt lesmouvements de la respiration ne sont plus modifiés dans leur forme, mais leurnombre est plus grand. Nous avons compté vingt respirations par minute, sur uncheval à qui nous avions donné 30 grammes de ce carbure d’hydrogène- ; et plusde 50, dans le même temps, sur un chien à qui nous en avions donné 6 grammes.Appareil circulatoire. — Le pouls subit des modifications analogues à larespiration, il s’accélère et il devient un peu plus fort. Nous avons compté 150pulsations sur un chien, et 70 sur un mulet, par minute. Le sang ne reçoit guère demodifications ; l’examen microscopique de ce liquide a été fait avantl’administration, et dans les différentes périodes où se sont produits les effets de lanaphtaline, nous n’avons pu observer aucun changement. Toutefois, nous avonsrecueilli du sang dans des hématomètres avant et pendant les effets de lanaphtaline, et nous avons observé une légère augmentation du caillot rougependant que la naphtaline produisait ses effets les plus sensibles.Nous nous hâtons d’ajouter que les modifications de la respiration et de lacirculation s’observent surtout en même temps que l’inflammation des voiesdigestives, de sorte que nous croyons qu’elles dépendent exclusivement de cetteinflammation et nullement d’une action spéciale de la naphtaline.Système nerveux. — D’après M. Tabourin, la naphtaline exerce une actionsédative évidente sur le système nerveux, mais elle ne produit jamais les effetsnarcotiques du camphre. Nous pensons que les effets de la naphtaline ne sebornent pas à une action sédative exclusivement. Elle peut produire une excitationbien manifeste sur le système nerveux ; c’est ce que nous ont démontré deuxexpériences sur le chien, en administrant la naphtaline en solution dans l’huiled’olive.Élimination de la naphtaline. — Cette substance sous l’influence de l’absorptionpasse dans le sang où on peut la retrouver en nature. Elle est éliminée ensuite parla respiration, comme le démontre la forte odeur de naphtaline exhalée par l’airexpiré ; elle s’élimine aussi par les voies urinaires en produisant la diurèse.――――――INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES DE LA NAPHTALINELa naphtaline, tant étudiée au point de vue chimique, a été au contraire délaisséeau point de vue médical, On ne s’est point occupé à rechercher avec l’attention, lapersistance que comportent l’intérêt des recherches thérapeutiques, les usages decette substance ; aussi ne trouve-t-on à son égard que quelques notionssuperficielles dans les traités de matière médicale. Ce n’est pas qu’elle ne puissetrouver aucune application, la naphtaline pourrait constituer la partie active depréparations parfois très-utiles d’abord, à cause de leurs propriétés et aussi àcause de leur prix modéré. C’est ainsi que, d’après M. Rossignon, « la naphtalinepossède beaucoup de propriétés physiques et physiologiques du camphre. Ellepeut le remplacer dans l’art de guérir et même être utilisée avec avantage pourdétruire les insectes dans les engrais pulvérulents et dans quelques terres, emploi
pour lequel le camphre, en raison de son prix élevé, n’aurait pu être mis à profit. Lanaphtaline amenée à l’état de pureté absolue a un prix modéré ; elle se dissoutfacilement dans l’alcool faible, et forme ainsi un alcoolé qui à toutes les propriétésde l’eau-de-vie camphrée, sans coûter aussi cher.« La médecine vétérinaire et même la médecine humaine doivent donc trouverdans cette substance une ressource véritablement avantageuse. « Déjà même on aremplacé le camphre par la naphtaline dans un grand nombre de préparations dontcet agent fait partie, et leur application a été suivie des mêmes succès ; desinflammations chroniques des paupières, rebelles à tous les autres modes detraitement, ont cédé à la seule influence de la pommade naphtalinée. »Ces quelques lignes suffisent, nous l’espérons, pour faire comprendre que lanaphtaline aurait des droits pour faire partie des préparations pharmaceutiques, etmême pour démontrer qu’elle y aurait mieux sa place que plusieurs médicaments àpropriétés contestables que l’on y trouve. Combien de substances en effet,maintenues dans la pharmacie beaucoup plutôt à cause de leur réputation que desservices qu’elles rendent à la thérapeutique ? Combien de produits délaissés quipourraient cependant trouver d’heureuses applications ?Comme il ne nous a pas été possible d’observer les effets thérapeutiques de lanaphtaline, nous ne pouvons pas établir sur les faits observés les avantages quecette substance pourrait fournir. Aussi nous bornerons-nous à rappeler lesindications fournies par MM. Rossignon, Dupasquier, Zundel, à propos desapplications de cette substance.Expectorant. Quand on met en contact avec la langue un ou deux centigrammes denaphtaline, dit M. Dupasquier, on a bientôt la sensation d’une saveur forte, âcre etdésagréable ; bientôt on éprouve depuis le voile du palais et l’extrémité supérieuredu pharynx jusqu’à la muqueuse qui tapisse les bronches, une sensation de chaleurqui s’accroît peu à peu et se change en picotement incommode, lequel ne tardepas à déterminer la toux et l’expulsion d’un ou de plusieurs crachats, s’il se trouvedu mucus bronchique ou des mucosités filantes accumulées dans les voiesaériennes. Cette expérience, nous l’avons répétée plusieurs fois sur nous-même etsur plusieurs de nos camarades, et il nous a été impossible d’observer les effetsénoncés, du moins avec la faible dose indiquée. Aussi sommes-nous à nousdemander si, pour ressentir cette sensation de chaleur, ce picotement et enfin latoux, il. ne faut pas qu’une accumulation de mucus bronchique dans les poumonsréclame des efforts expulsifs de l’appareil respiratoire. Néanmoins, l’effetexpectorant, nous l’avons observé, et même dans les observations que nous avonscitées, chaque fois après l’administration de la naphtaline à des chiens, nous avonsremarqué la toux, des efforts comme pour éliminer une cause d’embarrasbronchique. L’effet propre aux médicaments incisifs et expectorants, ajoute M.Dupasquier, est infiniment plus prononcé avec la naphtaline que lorsqu’il est produitpar la gomme ammoniaque, le baume de tolu, l’acide benzoïque, etc., qui sontregardés comme les plus énergiques parmi les agents thérapeutiques de cetteclasse.Cette propriété de la naphtaline, non encore signalée, a fait penser à cet auteur quece carbure d’hydrogène pourrait prendre place et même être mis en première ligneparmi les médicaments expectorants. L’expérience clinique a confirmé cetteprévision. La naphtaline, employée dans les cas où une vive stimulation de lamuqueuse bronchique est nécessaire et même urgente, a produit d’excellentsrésultats ; c’est ce qui a été observé chez un assez grand nombre de vieillardsdébiles, atteints de catarrhe pulmonaire chronique, et arrivés à un état desuffocation imminente par l’effet de l’impossibilité où ils étaient d’expulser lesmatières muqueuses, glutineuses, qui obstruaient les bronches. À ce titre, onpourrait peut-être retirer d’excellents avantages de la naphtaline dans le cas de lamaladie des chiens qui se complique si souvent de pneumonie. M. Zundel s’en estservi avec avantage contre la gourme chronique, les jetages et les affectionstyphoïdes catarrhales. M. Rossignon nous apprend que, donnée à l’intérieur, lanaphtaline produit de bons effets dans les affections vermineuses. Il ajoute quecette substance s’associe parfaitement aux corps gras, et les pommades ainsiobtenues peuvent être employées en frictions dans les cas de contusions,d’entorses, etc.Sur un vieux chien d’arrêt, nous avons fait quatre incisions horizontales intéressanttoute l’épaisseur de la peau, de manière à arriver dans le tissu conjonctif sous-jacent. Ces incisions avaient chacune deux centimètres de longueur ; il y en à unesur la face latérale de la poitrine, et une sur le flanc à droite ; les deux autres sontdans les régions correspondantes à gauche. À droite, l’incision antérieure estonctionnée avec de l’axonge pure, et la postérieure avec de la pommade
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