Barberousse aux trousses
252 pages
Français
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Description

Quelques mois avant l'armistice de 1918, un jeune garçon, apprenti bourrelier, vient à Gruissan acheter de la ficelle pour son patron. Louis-Antoine Grasseau, quatorze ans, tombe amoureux du village sitôt qu'il se trouve, au sommet d'un "pech", devant la Tour Barberousse entourée de ses étangs et de ses pinèdes. Ce sont ses souvenirs que raconte ici son petit-fils, Louis-Marie, auxquels il joint les siens.

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Date de parution 01 mai 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336347462
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Souvenirs de GruissaGn LouisMarieGrasseauBarberousseaux trousses
Graveurs de Mémoire Série : Récits de vie / France
Barberousse aux trousses
Graveurs de mémoire Cette collection, consacrée à l’édition de récits de vie et de textes autobiographiques, s’ouvre également aux études historiques. Depuis 2012, elle est organisée par séries en fonction essentiellement de critères géographiques mais présente aussi des collections thématiques.Déjà parus
Servant (Flavie),Besoin d’une infirmière de toute urgence, 2014.
Mathieu (Jean-Marie),Souvenirs de guerre d’Algérie, 2014.
Duhard (Jean-Pierre),C’est long une vie pour se souvenir de tout, 2013.
Nottara (Paltin),Entre la croix et le croissant, Les Notaras, une grande famille de Méditerranée orientale, 2014.Mesu’a Kabwa (Luabeya),Une jeunesse congolaise : de Luluabourg à Kinshasa, 2013. Charbon (Paul),L’aventure des frères Pathé, Du coq au saphir, 2013.
Frélaut (Jean),Le Graveur et le petit Renard, Lettres d’un Artiste du Livre à ses Amis Éditeurs (1939-1948),2013.
Fellrath-Bacart (Francine),Terrains vagues, 2013. Nguyen Ky(Nguyen),Saigon après 75, une histoire oubliée, 2013. Ebner (Olivier),Venu de Bucovine, Itinéraire d’un survivant raconté par son fils, 2013. Ces huit derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée
Louis-Marie GrasseauBarberousse aux trousses Souvenirs de Gruissan
© L'HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-30256-0EAN : 9782336302560
À mon ami Pierre Salençon Post mortem. Et à « Bob », mon ex-beau-frère, qui m’a encouragé à écrire ce petit livre.
UN
Gruissan est un petit village audois dont jadis l’accès était difficile : posé au milieu des étangs, deux routes seulement l’atteignaient, l’une grâce à trois ponts, l’autre grâce à de savants détours, et à peu près autant de ponts. Lors des crues, ces routes étaient inondées. Alors seule la barque assurait les déplacements. Se dissimulant derrière les derniers vallonnements des Corbières, Gruissan était peu visible de l’intérieur des terres, de Narbonne en particulier ; en revanche, ses contacts étaient plus faciles le long de la lagune, vers Port-la-Nouvelle à l’ouest, et Saint-Pierre puis les Cabanes de Fleury à l’est. Isolés au milieu des eaux, les habitants vivaient nécessairement de la mer. L’invasion romaine ayant eu pour corollaire l’invasion de la vigne, le village n’a pas échappé à la diffusion du goût pour la culture du fruit dionysiaque. Vers Narbonne s’écoulaient donc les produits vinicoles et ceux de la pêche. Celle-ci n’a pas enrichi grand monde à Gruissan ; mais les premiers ont permis l’éclosion de quelques jolies fortunes, surtout durant les années où la chaptalisation était encore permise ; les belles maisons, en pierres de taille, que l’on peut voir dans l’avenue centrale, datent de cette époque. Suite à des révoltes de vignerons laissés pour compte, l’intervention de Clémenceau a réduit ces insolentes
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fortunes... Aussi l’entre-deux-guerres a-t-il été calme quant aux négoces. Ce ne fut que dans les années 1960 que Gruissan reprit quelque activité économique, principalement autour du tourisme. Sous le règne de Pompidou s’amorça donc un processus révolutionnaire (qui d’ailleurs était la conséquence du souci du Général de Gaulle d’aménager la « Petite Camargue », puis le littoral méditerranéen) : alors que les Gruissanais se déplaçaient auparavant vers les autres populations, ce sont celles-ci qui vinrent à eux ; la nécessité financière poussait les pêcheurs et les vignerons vers les marchés les plus proches pour vendre leurs produits. Dès lors, ils n’eurent plus à se déplacer pour obtenir de l’argent. Des vagues de touristes sans cesse grandissantes venaient leur apporter leurs billets de banque, à domicile. Peut-être était-ce l’effet du Progrès. Depuis l’installation de l’électricité, il ne faut s’étonner de rien. Certes, quelques habitants belliqueux, les sourcils froncés, ont-ils parlé d’invasion. Peut-être fallait-il prendre les armes ? On leur fit valoir que cette invasion était pacifique et vitalement profitable, et qu’il y avait lieu de rester calme. Mais ces inquiets, avec entêtement, soupçonnaient quelque machination. Peut-être n’avaient-ils pas tort, si on considère l’enlaidissement moderne de ce village qui fut jadis si gracieux, quoiqu’il faille excepter quelques architectures récentes s’incorporant habilement dans le paysage. Il faut dire que des invasions historiques donnaient du poids aux inquiétudes des opposants au tourisme : celle des Romains, et celle des Allemands, qui, eux, non contents d’envahir, ont aussi « occupé » -à défaut de
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« conquérir ». Mais les premiers ont apporté la vigne, et les seconds les « bunkers “, qu‘on appelle aussi, je ne sais pourquoi, car ces fortifications ne sont pas en bois, « blockhaus ». Même les plus obstinément pessimistes reconnaissent que ces malheurs ont eu du bon (on a longtemps utilisé le fil de fer barbelé laissé par la Wehrmacht). Il faut certainement ajouter des invasions wisigothes ou catholiques (celles-ci derrière quelque lieutenant de Simon de Montfort), mais elles n’ont rien laissé d’aussi significatif que la vigne. Sinon l’eau bénite, qui ne manque pourtant à personne à l’heure de l’apéritif. Il est vrai que la population gruissanaise est chrétienne, du moins l’a-t-elle été, même si elle fut cathare (ce que rien ne prouve d’ailleurs), jusqu’à ce que cet aboutissement voltairien que fut la libre-pensée vînt altérer durablement la foi. En tout cas, point de huguenots (en tout cas sédentaires, car il y a eu des disputes durant les guerres de religion), même si la Révolution a atteint ce bout du monde. Elle y a apporté une Liberté qui n’a pas particulièrement modifié le mode de vie gruissanais : la terre y est restée toujours aussi basse, la mer aussi salée et meurtrière, et les impôts aussi impératifs. Les obligations laborieuses n’ont point changé non plus : pêcher le poisson ou mourir de faim, par exemple. Le seul changement notable fut la disparition du représentant de l’autorité royale : le bailli. Cette autorité royale, par l’intermédiaire de l’archevêché, avait entretenu une garnison au château (dont les restes sont appelés faussement « Tour Barberousse »), non pour surveiller les autochtones, qui étaient pacifiques, mais pour garder l’estuaire et prévenir un débarquement ennemi.
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