Un missionnaire français au coeur de la décolonisation (Tome I)

Michel Legrain

Description

Les rapides considérations à propos des colonisations et décolonisations rapportées dans ce livre sont destinées à mieux saisir le contenu des 91 lettres qui ont ponctué le demi-siècle de la vie missionnaire de l'auteur, parti vers l'Afrique en 1957. Quelques années en pleine brousse congolaise, suivies de nombreux déplacements pour partager avec autrui interrogations et convictions en vue d'une meilleure évangélisation, l'ont amené à percevoir autrement l'activité missionnaire.

Sujets

• Colonisation
• Autobiographie
• Récit
• Témoignage
• Religión

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 janvier 2013
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782296512498
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 35 Mo

Extrait

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l’activité missionnaire. Quelques menus aménagements ne pouvaient suffire à un

: 978-2-336-00242-2 38

Michel LEGRAIN

UN MISSIONNAIRE FRANÇAIS AU CŒUR DE LA DÉCOLONISATION

Eglises d’Afrique

Tome 1

Un missionnaire français au cœur de la décolonisation Tome 1

Collection EGLISES D’AFRIQUE Dirigée par François Manga-Akoa Depuis plus de deux millénaires, le phénomène chrétien s’est inscrit profondément dans la réalité socio-culturelle, économique et politique de l’Occident, au point d’en être le fil d’Ariane pour qui veut comprendre réellement les fondements de la civilisation judéo-chrétienne. Grâce aux mouvements d’explorations scientifiques, suivis d’expansions coloniales et missionnaires, le christianisme, porté par plusieurs générations d’hommes et de femmes, s’est répandu, entre autres contrées et à différentes époques, en Afrique. D’où la naissance de plusieurs communautés ecclésiales qui ont beaucoup contribué, grâce à leurs œuvres socio-éducatives et hospitalières, à l’avènement de plusieurs cadres, hommes et femmes de valeur. Quel est aujourd’hui, dans les domaines économiques, politiques et culturels, le rôle de l’Église en Afrique ? Face aux défis de la mondialisation, en quoi les Églises d’Afrique participeraient-elles d’une dynamique qui leur serait propre ? Autant de questions et de problématiques que la collection « EGLISES D’AFRIQUE» entend étudier. Dernières parutions Georges NJILA Jibikilayi,La triple exégèse de la révélation chez Hans Urs von Balthasar, 2012. Armand Brice IBOMBO,L’œuvre missionnaire de Mgr Propser Augouard au Congo-Brazzaville (1881-1921),2012. Joseph Ntap NGOUPOU,De la souffrance à la délivrance : le pardon, Eveil pour une vie plus heureuse, 2012. Gaston OGUI et Francis BARBEY,Pensées théologiques et e communicationnelles pour l’Afrique du 21 siècle. Comment l’Afrique peut-elle défendre son identité dans le jeu universel ?, 2012. Aimable Uwimana RUKUNDO,Sainte Thérèse de l’enfant- Jésus, L’amour rédempteur et la souffrance dans la théologie vécue, 2012. Arthur LUBWIKA,Méditation sur l'identité chrétienne aujourd'hui,2012.

Michel LEGRAIN

Un missionnaire français au cœur de la décolonisation Tome 1 L'Harmattan

Ouvrages du même auteur Mariage chrétien, modèle unique ? Des questions venues d'Afrique,Le Chalet, 1978. Le Corps humain, du soupçon à l'évangélisation, Bayard, 1978, réédition 1992. Questions autour du mariage, permanences et mutations, Salvator, 1983. Les personnes divorcées remariées, Bayard, 1987, réédition 1994. Aujourd'hui le mariage, Mame, 1988. Les Chrétiens face au divorce, Bayard, 1991. Remariage et communautés chrétiennes, Salvator, 1991. Le Père Adolphe Jeanjean, missionnaire au Congo, Cerf, 1994. Se remarier après un divorce, édition L'Atelier, 2004. L'Eglise catholique et le mariage en Occident et en Afrique, 3 tomes, L'Harmattan, 2009. Le mariage des catholiques selon la diversité des cultures, en Occident et en Afrique, l'Harmattan, 2010 © L'Harmattan, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-336-00242-2 EAN : 9782336002422

Première partie Le cadre : colonisation-décolonisation

Préface «A vin nouveau, outres neuves » Mc 2,22 Nous avons basculé dans un monde nouveau. Nous sommes témoins et acteurs de la fin d'un monde et témoins et acteurs de la naissance d'un autre monde dont on ne sait pas ce qu'il sera et cela est de toujours. Tout ce qui semblait être une base solide dans nos sociétés traditionnelles est remis en question. Les vérités imposées ne s'imposent plus. Nous marchons sur un sol qui se dérobe. Tout bouge. Tout va vite. Il n'y a plus d'espace protégé. Les progrès de la technologie abolissent les distances. Il y a une nouvelle manière d'habiter l'espace. Tout le monde peut prendre la parole dans une agora devenue numérique. Les progrès des sciences changent notre rapport à la vie, à la mort, à la nature, au corps. Michel Legrain a connu, dans son enfance et sa jeunesse, le monde ancien. Il a été formé à Rome avant le concile Vatican II. Diplômé romain, il est envoyé en plein brousse congolaise. Il se mettra humblement à l'école de la vie africaine, découvrant la richesse de ses traditions et de ses cultures comme le mariage coutumier. Il accueille d'autres manières d'entendre l'action et le message de l'homme de Nazareth. Heureuse mission qui lui fait découvrir l'importance et l'originalité des cultures africaines ! Il s'agit moins d'une mise en ordre que d'une mise en route. Il n'est pas fait pour répéter, mais pour créer. Il marche désormais en innovant. La plupart de nos institutions ont été crées à une époque où le monde n'était pas ce qu'il est devenu. Si on a la nostalgie du passé et la tentation de regarder en arrière, on risque d'être transformé en statue de sel comme la femme de Lot ! L'accélération de l'histoire nous fait vivre dans l'immédiat, sans certitude absolue de l'avenir. On est préoccupé par les problèmes du présent. D'où l'inquiétude de beaucoup, de jeunes en particulier, devant les incertitudes de l'avenir. Ce que l'on attend d'un leadership aujourd'hui, c'est de dépasser l'immédiat et de proposer une vision d'avenir. Jésus prend soin de tourner ses disciples vers l'avenir. Il annonce et anticipe le Royaume qui est le monde selon le rêve de Dieu. Heureux êtes-vous, non parce que vous êtes pauvres, mais parce que vous allez cesser de l'être... Jésus est un prophète subversif qui est venu apporter le feu sur la terre. Il apporte le feu à la société, à la religion, à l'économie, aux structures patriarcales... mettant en valeur la liberté de choix de l'individu, l'égalité 7

entre tous les humains, l'émancipation de la femme, la justice, la non violence, le pardon, l'amour des ennemis, la séparation des pouvoirs spirituel et temporel. Quel message novateur et universel ! Ce qui faisait sa joie, c'était de voir des femmes et des hommes qui, enfin, naissaient à eux-mêmes et se découvraient capables du meilleur, délivrés de leurs fardeaux ou de leur culpabilité. Là où l'humain se redresse, le Royaume de Dieu commence à prendre corps. Quand nous travaillons à l'humanisation de l'homme, nous travaillons au salut de l'humanité. Michel a aidé des gens à grandir en humanité. Il les a aidés à devenir davantage des femmes et des hommes debout. Dans ses nombreux voyages à travers le monde, Michel a pu se rendre compte des multiples visages de l'Eglise. Il a compris qu'il n'y a pas d'Eglise véritablement catholique sans inculturation. Son message est porteur d'espérance. La vie au service de l'Evangile est une ouverture qui façonne le cœur de ceux qui s'y engagent. Nous sommes des voyageurs dont la vocation est la rencontre, une rencontre où l'on s'apporte mutuellement. L'avenir n'est pas écrit. Nous sommes au commencement de l'Evangile. Notre époque est rude et passionnante, car il nous faut inventer et prendre le risque d'ouvrir des chemins nouveaux comme ont su le faire tant de missionnaires avant nous. Aujourd'hui, le message évangélique s'est échappé de l'institution des Eglises pour revenir dans le monde moderne comme un ferment d'humanité. L'être humain est au centre, à commencer par les plus fragiles. Demain est à faire. N'enfermons pas Celui qui est venu nous libérer ! Jacques Gaillot

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Evêque de Partenia 30, rue Lhomond, 75005 Paris

Avant-propos Qu'il s'agisse des personnes ou des institutions, le cours de la vie entraîne nécessairement des adaptations et des évolutions.La vie est mouvement, déclarait déjà la sagesse ancestrale. A l'opposé, une rigidité cadavérique signe immanquablement la fin d'une vie, et nul ne s'y trompe, malgré les prodiges des embaumeurs professionnels. Les religions n'échappent pas à cette loi inexorable. Refuser un changement, sous le seul prétexte que ce serait trahirla Tradition, relève de l'ineptie, puisqu'aucune des traditions, retenues au long des siècles passés comme bienfaisantes pour une Eglise, ne nous provient directement de Dieu, mais d'une certaine écoute de la Révélation, entendue en des contextes culturels plus ou moins différents et plus ou moins changeants. Que cela plaise ou non, l'évolution est toujours constante. Cependant, quand on veut bien regarder les choses de près, on constate combien, dans la pratique, Jésus de Nazareth, proposant de placer au centre l'amour de Dieu et du prochain, en vue de la libération d'une humanité si souvent paralysée par la multiplicité des lois entourant le sabbat et la vie quotidienne. Il est évident que toute institution, quand elle atteint une certaine ampleur, a besoin de se préciser ses grandes frontières, afin de ne pas tomber dans une totale confusion et anarchie. Ainsi, pour l'Eglise chrétienne, une certaine discipline doctrinale et réglementaire s'est vite avérée indispensable, spécialement à la suite de trop d'explications maladroites et parfois excentriques de ces penseurs des sept premiers siècles de notre ère, que l'on vénère encore sous le terme flatteur dePères de l'Eglise. Certains d'entre eux furent fortement privilégiés par la hiérarchie ecclésiale dominante, et marquèrent profondément de leur perception particulière toute une Eglise, tel Augustin pour l'Eglise latine. En conséquence, furent éclipsées d'autres approches et traditions qui cependant ne manquaient pas d'intérêts ni de nuances, ouvertures qui auraient pu faire brèche dans un monolithisme de plus en plus étroitement imposé. Lorsque l'expansion missionnaire déborda l'Europe pour porter le message de Jésus-Christ jusqu'aux extrémités de la planète, ces nouvelles implantations prirent le visage de la chrétienté occidentale. Persuadés que notre fonctionnement possédait une sorte de plénitude péniblement acquise au cours des 20 siècles écoulés, les missionnaires attitrés ne songèrent guère à l'évangélisation des coutumes des populations indigènes. Au cours du XX°siècle, beaucoup constatèrent l'amplitude croissante de la volonté émancipatrice habitant de nombreux peuples jusqu'alors colonisées politiquement, socialement et spirituellement. De leur côté, bien des catholiques de tous bords prirent acte du manque de racines locales d'un catholicisme aux couleurs d'importation. Le concile Vatican II a semblé 9