Epistémologie de la morale
259 pages
Français

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Epistémologie de la morale , livre ebook

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Description

L'ensemble des quatre textes, dont nous proposons ici une traduction inédite, recèle une valeur considérable, restée trop longtemps ignorée, car ces textes mettent en valeur des problèmes fondamentaux, principalement en ce qui concerne l'épistémologie de la morale : quels sont les rôles respectifs joués par la raison, les sens ou l'émotion dans les jugements moraux ? Existe-t-il un principe fondamental de l'éthique ? Et si c'est le cas, quelles en sont les bases ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 327
EAN13 9782296698123
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉPISTÉMOLOGIE DE LA MORALE

Illustrations sur le sens moral (1728),
Correspondance entre Gilbert Burnet et Francis Hutcheson (1725),
Réflexions sur le rire et Remarques sur la Fable des Abeilles
(1725-1726)
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’EcoIe polytechnique ; 75005 Paris

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11746-4
EAN : 9782296117464

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Francis HUTCHESON


ÉPISTÉMOLOGIE DE LA MORALE

Illustrations sur le sens moral (1728),
Correspondance entre Gilbert Burnet et Francis Hutcheson (1725),
Réflexions sur le rire et Remarques sur la Fable des Abeilles
(1725-1726)


Avant-propos, introduction et traduction inédite
de l’anglais de Olivier ABITEBOUL


L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR


Diagonales. Essai sur le théâtre et la philosophie (PU d’Avignon, Editions ARIAS, 1997)

Le paradoxe apprivoisé (Paris, Flammarion, 1998)

Présence du paradoxe en philosophie (Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998)

Crépuscule des préjugés (Paris, Publibook, 2001)

La rhétorique des philosophes. Essai sur les relations épistolaires (Paris, L’Harmattan, 2002)

Essai sur la nature et la conduite des passions et affections avec illustrations sur le sens moral (deuxième partie) de Francis Hutcheson, Avant-propos et traduction inédite de l’anglais (Paris, L’Harmattan, 2003)

Fragments d’un discours philosophique (Paris, L’Harmattan, 2005)

Fascinations musicales. Musique , littérature et philosophie (Paris, Editions Desjonquères, 2006) [et al. / dir. C. Dumoulié]

Une brève histoire de la philosophie à travers les textes (Paris, L’Harmattan, 2007)

Comprendre les textes philosophiques. Concepts en contexte (Paris, L’Harmattan, 2008)
À mon père
Avant-propos
Francis Hutcheson (1694-1746) est un philosophe méconnu. Il a pourtant joué un rôle prépondérant dans l’essor de la philosophie morale anglaise du dix-huitième siècle. Il enseigna la théologie et la philosophie morale à Glasgow, fut l’auteur d’objections à Samuel Clarke concernant les preuves a priori de l’existence de Dieu, écrivit un essai de morale dirigé contre Hobbes ( Réflexions sur le rire ) et un autre contre Mandeville ( Remarques sur la Fable des Abeilles ) . Sa critique de l’égoïsme de Hobbes et de Mandeville provoqua l’apparition de théories adverses défendant l’égoïsme sur un plan à la fois théologique et psychologique, et eut ainsi une influence sur le développement des problématiques du volontarisme théologique, de l’association d’idées et de l’utilitarisme. C’est pourquoi la philosophie de Hutcheson a marqué toute une lignée de philosophes {1} qui s’étend de John Gay à James et John Stuart Mill, en passant par David Hartley et Jeremy Bentham. Il montra par ailleurs aux rationalistes qu’il leur fallait clarifier et étoffer leurs théories, et développa sa propre théorie du sens moral. C’est par la critique des rationalistes comme Samuel Clarke, William Wollaston ou Gilbert Burnet que purent ainsi se développer des théories rationalistes comme celles de John Balguy et Richard Price, modifiées ensuite par Thomas Reid. Grâce à sa théorie du sens moral, suggérée initialement par Shaftesbury, Hutcheson eut un succès remarqué auprès de David Hume et attesté par celui qui fut son élève, à savoir Adam Smith. Kant lui-même débattra avec lui dans sa Métaphysique des mœurs , et il ne passera pas inaperçu auprès de la philosophie analytique.
Les deux écrits de Hutcheson qui eurent le plus d’influence furent la Recherche sur l’origine de nos idées de la beauté et de la vertu (1725) et l’ Essai sur la nature et la conduite des passions et affections avec illustrations sur le sens moral (1728). Dans le premier, Hutcheson réfutait l’égoïsme et affirmait qu’il existe une bienveillance impartiale qui est immédiatement approuvée. Le second développe la psychologie du premier et clarifie la doctrine du sens moral.
La traduction des textes présentés ici est inédite {2} et l’ensemble des quatre textes, dont nous proposons une traduction, recèle une valeur considérable, restée trop longtemps ignorée, car ces textes, notamment les deux premiers, mettent en valeur des problèmes fondamentaux, principalement en ce qui concerne l’épistémologie de la morale {3} . Dans sa controverse avec les rationalistes, Hutcheson affirme qu’ils doivent faire appel au sens moral afin de rendre compte de la signification des jugements moraux. Les questions qu’il soulève sont les suivantes : quels sont les rôles respectifs joués par la raison, les sens ou l’émotion dans les jugements moraux ? Qu’est-ce qui donne sens aux concepts moraux ? Existe-t-il un principe fondamental de l’éthique ? Et si c’est le cas, quelles en sont les bases, et à quoi peut-on les reconnaître ? On le voit, Hutcheson occupe une place d’une importance considérable dans l’histoire de l’éthique.
Introduction
Résumé de la position de Hutcheson

La philosophie de Hutcheson est en quelque sorte une version revue et corrigée de l’empirisme de Locke. Il soutient que le contenu de la connaissance est fourni par l’expérience, c’est-à-dire soit par les idées de sensation, soit par les idées de réflexion, soit par les deux. Il y a toujours, chez Hutcheson, une référence à une expérience humaine, qu’elle soit sensorielle, émotionnelle, affective ou cognitive.
Nous faisons l’expérience d’un plaisir unique et singulier lorsque nous apprenons qu’une action est bienveillante. Ainsi ce plaisir doit avoir, comme nécessaire condition de son occurrence, l’existence d’un sens approprié, à savoir un sens moral. Il y a bien un plaisir unique expérimenté par le sens moral. Sans lui, comme le dit Hutcheson dans sa lettre du 9 octobre 1725, « le bien et le mal moraux nous seraient restés inconnus ». Ce qui signifie, dans le langage de Hume, que les distinctions morales ne sont pas dérivées de la raison, mais d’un sens moral.
Hutcheson a donc virtuellement retiré à la raison la capacité de jouer un rôle quelconque dans l’origine et la signification des concepts moraux. Il limite le rôle de la raison à la connaissance des vérités empiriques. Selon lui, la raison ne nous pousse ni à poursuivre une fin plutôt qu’une autre, ni ne nous montre que nous devrions poursuivre une fin donnée. Toutefois la raison prise comme connaissance factuelle joue un rôle important dans la théorie générale de la justification. Reste que c’est bien le sens moral qui est le plus fondamental. Le sens moral permet de faire le lien entre le descriptif et le normatif. L’approbation par le sens moral est ainsi la base de la justification morale des actions.
Hutcheson distingue entre les raisons excitantes et les raisons justifiantes. Dans sa tentative d’éclaircir les confusions des rationalistes qui se réfèrent à la raison, il proclame que la vertu réside dans la conformité à la raison et à la vérité. Les raisons excitantes, ou si l’on veut stimulantes, se réfèrent à l’intérêt personnel, aux affections égoïstes, et n’ont rien à voir directement avec la justification morale. Les raisons justifiantes, au contraire, fondent la vertu, le bien moral. Ainsi, le principe fondamental de la morale, c’est que la bienveillance est vertueuse. Et l’empirisme de Hutcheson le mène à ignorer l’idée de Burnet, selon laquelle ce principe est évident pour la raison. Les distinctions morales ne peuvent donc être réduites à l’intérêt personnel, contrairement à ce que pensent Hobbes et Mandeville, ; elles ne peuvent pas non plus être réduites à la volonté de Dieu, contrairement à ce que disent Locke, Berkeley, et d’autres moralistes chrétiens ; elles ne peuvent pas non plus, enfin, être réduites à la vérité connue par évidence, contrairement à ce que présuppose la position de philosophes comme Burnet, Clarke, Wollaston et d’autres rationalistes.
La théorie de Hutcheson n’est donc pas fondée de façon cognitive. L’approbation par le sens moral ne revient pas à connaître, ni à décrire. Elle suppose plutôt le plaisir singulier ou la souffrance ressenties par le sens moral. Le sens moral approuve la bienveillance d

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