L utopie positiviste chez des positivistes brésiliens
282 pages
Français

L'utopie positiviste chez des positivistes brésiliens , livre ebook

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Description

Ce livre relate l'installation du positivisme religieux au Brésil, en particulier à Rio de Janeiro, ayant abouti à la fondation de l'Eglise positiviste du Brésil, à travers la vie et l'oeuvre de deux hommes qui l'ont profondément marquée : Miguel Lemos (1854-1917) et Raymondo Teixeira Mendes (1855-1927). L'analyse de la rupture qui a marqué l'instauration de la pratique d'un positivisme strict et conforme aux enseignements d'Auguste Comte permet de comprendre la manière dont fonctionne l'orthodoxie au sein d'un groupe humain.

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Date de parution 01 décembre 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782336398440
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

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Historiques
LéONe Dal Corno
série Travaux
L’utopie positiviste chez des positivistes brésiliens
Là ONdàtION de ’ÉgIse pOsItIvIste du BésI (1874-1884) UNe cONtIbutION À ’étude du ONctIONNemeNt de ’OthOdOXIe
Historiques Travaux
L’utopie positiviste chez des positivistes brésiliens
La fondation de l’Église positiviste du Brésil (1874-1884) Une contribution à l’étude du fonctionnement de l’orthodoxie
Historiques Dirigée par Bruno Péquignot et Vincent Laniol La collection « Historiques » a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d’étude et des périodes historiques. Elle comprend trois séries : la première s’intitulant « travaux » est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la deuxième intitulée « sources » a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accueille des textes ayant une forte dimension historique sans pour autant relever d’une démarche académique. Série Travaux Françoise DASQUES,La pensée française de l’architecture mexicaine, Paris–Mexico 1784-1910, Architectures et univers mental, Tome III,2015. Françoise DASQUES,Du style parisien à l’éclectisme porfirien, Paris– Mexico 1784-1910, Architectures et devenir des formes, Tome II,2015. Françoise DASQUES,Deux Rome, Paris–Mexico 1784-1910, Architectures et transferts, Tome I,2015 Murielle PERRIER,Utopie et libertinage au siècle des Lumières. Une allégorie de la liberté, 2015. Welleda MULLER,Les stalles, siège du corps, 2015. Jean-Claude COLBUS et Brigitte HÉBERT (dir.),Approches critiques du plaisir (1450-1750), 2015. Jean-Claude COLBUS et Brigitte HÉBERT (dir.),De la satisfaction des besoins vitaux aux plaisirs des sens, aux délices de l’esprit et aux égarements de l’âme (1450-1750), 2015. Maxime RENARD,L’Héritage du jacobinisme, 2015. Christian BÉGIN,Tocqueville et ses amis(2 tomes), 2015. Christian FEUCHER,Buchoz-Hilton.Ennemi-bouffon de Louis-Philippe, 2015. Bernard CAILLOT,Lafayette. De l’Auvergne à l’Amérique, 1757-1784, 2015.
Léonel Dal Corno
L’utopie positiviste chez des positivistes brésiliens
La fondation de l’Église positiviste du Brésil (1874-1884) Une contribution à l’étude du fonctionnement de l’orthodoxie
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-06254-9 EAN : 9782343062549
INTRODUCTION ET PRÉSENTATION
Bref aperçu du positivisme d’Auguste Comte Le Positivisme a été le plus souvent considéré en France comme un phénomène purement philosophique, issu du scientisme encyclopédique du e XVIII siècle. Or il n’en est rien. La synthèse réalisée par Auguste Comte s’inscrit avant tout dans le mouvement de la recherche autour d’un nouvel ordre intel-lectuel et social, comme d’autres philosophes le firent à ce moment-là. C’est le cas, par exemple, des recherches entreprises par Henri de Saint-Simon sur la nouvelle société industrielle. Et au moment même où apparaissaient en 1 France les mots « socialisme », avec Pierre Leroux (vers 1832), et 2 « communisme », avec Étienne Cabet (vers 1840),Auguste Comte rédigeait sonCours de philosophie positive. Il faut cependant remonter à bien avant ces années-là pour se rendre compte de véritables intentions d’Auguste Comte, ainsi que de sa vraie vo-cation. Bien que sorti prématurément de l’École polytechnique– l’éta-3 blissement est fermé en 1816 au motif qu’il est républicain et bonapartiste Auguste Comte eut tôt des préoccupations d’ordre social. Il s’était assigné pour tâche de bâtir un nouvel ordre intellectuel, mais aussi moral, à travers la brèche entrouverte par l’Encyclopédie, qui annonçait comme seule science de l’homme la « science positive », marquant par là la suprême victoire d’une lente émancipation, comme l’avait souhaité Condorcet ; brèche éga-lement ouverte par la Révolution de 1789, avec le bouleversement des institutions politiques, et aussi par le commencement de l’industrialisation.
1 Pierre Leroux (1797-1871), publiciste et homme politique français, qui a contribué à la diffusion du saint-simonisme. Il est l’auteur de plusieurs écrits politiques commeDe l’huma-nité, de son principe et de son avenir (1840) etProjet d’une constitution démocratique et sociale(1848). 2 Étienne Cabet publia uneHistoire populaire de la Révolution de 1789 à 1830, où il proclamait son attachement à Robespierre et aux idéaux de la Constitution montagnarde de 1793. Mais c’est surtout son roman philosophique,Voyage en Icarie, publié en 1842, qui le fit connaître : il décrivait une société idéa-le dirigée par une organisation politique élue au suffrage universel et propriétaire des biens de production, où l’égalité de tous est assurée par la distribution des biens de consommation (vêtements, logements, loisirs) et par l’éducation. 3 En réalité, à la suite d’un chahut particulièrement sévère, faisant suite au renvoi de Gaspard Monge de l’École, le roi licencie tous les élèves de l’École. Les cours ne reprendront qu’en 1817. L’École polytechnique avait été fondée en 1794 par Gaspard Monge et Lazare Carnot dans le butr de former aux sciences et aux techniques les administrateurs civils et militaires appelés à intégrer les grands corps de l’État ; à ce titre, l’École participe de l’œuvre considérable de réorganisation administrative entamée lors de la Révolution et consolidée par Napoléon Bonaparte.
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Le jeune Comte débute sa vie publique en tant que secrétaire de Saint-4 Simon , en 1817, âgé alors de 19 ans. Henri de Saint-Simon le charge d’écri-re les quatre cahiers du tome III et le premier cahier du tome IV de son traité de l’Industrie. Son désir de réorganiser la société est manifeste lorsqu’en avril 1822, dans leSystèmeIndustrielde Saint-Simon, Comte publie, sous sa signature, un article intitulé « Prospectus de travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société ». En 1824, ce « prospectus » paraissait, légèrement re-touché, dans leCatéchisme des Industrielsmême Saint-Simon sous le du titre de « Système de politique positive ». Ainsi, pour Comte, le pont est établi entre la science et le politique, car ces deux domaines ont pour lui un lien bien plus profond que l’on ne se l’imagine : science et politique ont une même fin : le bonheur des hommes. Et alors, dit-il, « nous ne faisons aucune différence entre la politique et la morale ». Dans une lettre à son ami Valat, le 28 septembre 1819, il affirmait en effet :
[…] je ferai très peu de cas des travaux scientifiques, si je ne pensais perpétuellement à leur utilité pour l’espèce. […] J’ai une souveraine aversion pour les travaux scientifiques dont je n’aperçois pas clairement l’utilité, soit directe, soit éloignée ; et, en second lieu, je t’avoue aussi que, malgré toute ma philanthropie, j’apporterais beaucoup moins d’ardeur aux travaux politiques, s’ils ne donnaient pas prise à l’intelligence, s’ils ne mettaient pas mon cerveau fortement en jeu, en un mot s’ils n’étaient pas difficiles.
En mai 1824, il rompt avec Henri de Saint-Simon, car il estimait qu’il n’avait « plus rien à apprendre » de lui, et publie dans leProducteur un article intitulé « Considérations philosophiques sur les sciences et les savants ». Il y affirmait notamment que
En étudiant dans son ensemble le phénomène du développement de l’esprit humain, soit par la méthode rationnelle, soit par la méthode empirique, on découvre, à travers toutes les irrégularités apparentes, une loi fondamentale à laquelle sa marche est nécessairement et invariablement assujettie. Cette loi consiste en ce que le système intellectuel de l’homme, considéré dans toutes ses parties, a dû prendre successivement trois caractères distincts, le caractère théologique, le caractère métaphysique et, enfin, le caractère positif ou phy-sique.
Voici donc esquissée sa célèbre « loi des trois états ». Plus tard, en mars 1826, d’autres « Considérations sur le pouvoir spirituel » expriment le désir de « mettre dans tout son jour l’état moral de la société actuelle », dont le « pouvoir temporel […] doit finir pour être essentiellement attaché à la prééminence industrielle » donnant ainsi lieu à « l’établissement d’un nou-
4 Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825), l’un des principaux théo-riciens du socialisme français. Il laissa comme œuvre majeure leNouveauChristianisme(1825), mais égalementDu système industriel (1821-1822) et leCatéchisme des industriels(1823-1824).
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veau système social », et de « démontrer la nécessité de l’institution d’un pouvoir spirituel, distinct et indépendant du pouvoir temporel, et à déterminer les principaux caractères de la nouvelle organisation morale propre aux sociétés modernes ». Dès 1826, Comte est donc déjà convaincu de la nécessité sinon d’une religion, du moins d’un « pouvoir spirituel », d’unnouveaupouvoir spirituel. À partir de cette date, Comte s’emploie, par l’enseignement et la systéma-tisation de sa synthèse, à prêcher et à convaincre le public de ses idées. Ainsi, le 2 avril, il ouvrait à son domicile un cours de philosophie positive. En 1830 paraissait le premier tome duCours de philosophie positive; les autres tomes s’échelonneront jusqu’en 1842. Après la « mémorable secousse » politique de 1830, Auguste Comte figure parmi les membres fondateurs de l’Association polytechnique pour l’instruction populaire et propose un cours d’astronomie destiné aux ouvriers parisiens, cours qui se prolongera jusqu’en 1848. C’est dans cette circons-tance qu’il connut un groupe d’ouvriers avec lesquels il fonde la Société positiviste de Paris, dont la « classe active », en particulier les travailleurs, devra fournir le plus grand nombre. C’était un « club organique » à l’image du « club critique » des Jacobins, chargé non pas de développer la doctrine mais ses applications. C’est d’ailleurs pendant cette période – surtout à partir de 1832 – que nous voyons, pour la première fois, des brésiliens assister aux cours que donnait Comte en tant que répétiteur d’analyse et de mécanique rationnelle à l’École polytechnique. 5 En 1841, Auguste Comte entame, avec l’anglais John Stuart Mill , une longue correspondance, qui se prolongera jusqu’en septembre 1846. C’est le même John Stuart Mill qui, en 1844, alors que Comte est privé de son poste d’examinateur à l’École polytechnique et se trouve confronté à de grandes difficultés matérielles, se met en quête auprès de ses amis et compatriotes, suffisamment fortunés, pour venir en aide à l’auteur duCours de philosophie positive, auquel il avait totalement adhéré. La réputation de Comte franchit les frontières. C’est au cours de cette même année qu’Émile Littré s’inté-resse à l’œuvre de Comte et publie dans le journalLeNationalune série de
5 John Stuart Mill (Londres 1806 – Avignon 1873) est un philosophe, logicien et économiste e britannique, et sans doute un des penseurs libéraux les plus influents au XIX siècle. Partisan de l’utilitarisme, en économie, il fut certainement l’un des derniers représentants de l’école classique. Il fut également l’un des précurseurs du féminisme.On lui doit un livre sur le positivisme :Auguste Comte and Positivism (Londres, 1865), dont la première traduction française est due à Georges Clémenceau (Auguste Comte et le Positivisme, 1893). Il fut l’un des propagateurs du positivisme en Angleterre du vivant d’Auguste Comte. Lecteur précoce de la philosophie positive (dès 1841), il maintient une correspondance assidue avec le philosophe français, mais elle cessera le jour où celui-ci franchira les limites de laphilosophiepositivepour fonder laReligiondel’Humanité.
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