La fin des notables

Antoine Tillie

Description

L'espace politique est actuellement confisqué par les notables : il faut le libérer. Cette situation, très largement conditionnée par l'obsession de la réélection, ce cancer de la démocratie, appelle une thérapeutique vigoureuse : la non-reconduction des élus en place. Le présent ouvrage est avant tout un livre d'action, et il se propose ainsi de redonner de la voix au citoyen. Prenant en compte d'excellentes idées émises par les bons esprits de ce temps, mais jamais mises en oeuvre, il s'attache à commettre -enfin!- la réflexion dans l'aventure des transformations politiques fondamentales. Imposant quelque distance aux idées de pouvoir, on tente de faire revivre le pouvoir des idées.

Sujets

• Philosophie
• Science politique
• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2005
• Nombre de lectures: 42
• EAN13: 9782336270029
• Langue: Français

Extrait

site : www.libraineharmattan.com e.mail : [e-mail]
© L’Harmattan, 2005
9782747592260
EAN : 9782747592260
La fin des notables
Pour une reconquête de la démocratie par les citoyens

Antoine Tillie
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Epigraphe INTRODUCTION I - LA REVOLUTION FRANCAISE CONTINUE II - UN ESPACE POLITIQUE CONFISQUE PAR LES NOTABLES III - RECONQUETE DE L’ESPACE POLITIQUE PAR LES CITOYENS IV - LES PRINTEMPS DU POLITIQUE RETROUVES V - LES OBJECTIONS VI - DUREE ET IMMOBILISME VII - LA PEUR DE REFORMER VIII - LES AMENAGEMENTS DU RETOUR A LA MOBILITE IX - LA TRANSPARENCE RETROUVEE X - UN MESSAGE TRANSNATIONAL XI - UN NOUVEL ELAN POUR LES CITOYENS
« Les sots qui marchent dans le chemin de la fortune prennent toujours les routes battues... Les gens d’esprit se font des routes particulières : ils ont des chemins cachés, nouveaux; ils marchent là où personne n’a encore pété Le monde est nouveau. »
MONTESQUIEU Mes Pensées Pléiade 1. p 1299
INTRODUCTION
Un sociologue, auteur de réflexions au demeurant pertinentes, déclarait récemment à propos du vide politique qu’il déplorait : « Je ne vois rien venir » Mais que ne prenait-il l’initiative de « faire venir » !

Emettre de belles idées représente une satisfaction esthétique pour l’esprit, qui arrive ainsi à s’exprimer et à se valoriser dans cette expression. S’épanouir de la sorte est un exercice culturel tout à fait respectable. D’autant que d’autres, s’y reconnaissant, apprécient de se sentir associés à ce plaisir. La pratique intellectuelle peut se suffire d’une certaine gratuité, où l’on se délecte du raffinement des analyses, sans plus. Face à l’événement on est commentateur, voire exégète, mais non acteur, encore moins inventeur.

Le politique demande davantage. Non que la satisfaction culturelle pour elle-même fût à éconduire, tant s’en faut ! Mais dès que les réalités humaines se font pressantes, la pensée a besoin d’être vécue pour être crédible : question d’éthique. Fondamentalement la pensée est ordonnée à une action : on pense d’abord pour agir, une véritable idée est une idée-force, une idée qui éclaire et s’implique dans un élan. La cohérence intellectuelle exige que l’on soit aussi l’acteur de ses idées : mettre en scène ses conceptions, éventuellement tenir un rôle, c’est ainsi que l’on accède à la vérité. La pensée authentique est pragmatique quelque part.

L’espace politique se fortifie à travers ces idées-forces qui sont autant de vecteurs d’action, il se nourrit d’initiatives qui explorent des terres inconnues. Telle une voiture dont la rutilante carrosserie n’aurait point de moteur, l’idée faible parade dans le magasin d’exposition des intellectuels, mais ne conduit nulle part ; c’est la pensée-zéro, celle qui ne débouche pas sur une initiative, celle qui se contente de discourir sur les problèmes du moment sans interpeller les possibilités du lendemain et s’y compromettre. C’est une pensée sans courage eût dit ALAIN. C’est une pensée finalement inutile. C’est ainsi que la liberté, l’égalité, la justice, la solidarité, le changement, l’amour même... meublent les discours, mais ne vont nulle part. L’idée-force «fait venir » l’événement, elle va à sa rencontre.

La démarche ici proposée se veut rustique : quelques directions taillées à la hache, des images empruntées à la vie courante, un discours simple, le tout animé d’une intense ferveur. Il convient que le citoyen « ordinaire » s’y retrouve et se sente capable de prendre lui-même ses affaires en main. A cet égard, il sera également incité à les prendre à bonne hauteur, en s’élevant parfois au dessus de l’horizon borné du quotidien, car s’affairer au cœur d’un embouteillage afin d’aider le sergent de ville à démêler l’écheveau de la circulation par telle ou telle mesurette inévitablement modeste, c’est intéressant et utile, mais reste de portée limitée : les problèmes ne sont pas appréhendés au niveau décisif. L’essentiel de la démarche politique, sa vérité en quelque sorte, est très en amont, dans le long terme et peut se résumer ainsi : comment réguler les flux qui dégénèrent.

Nous devons être des citoyens entreprenants. Dans cette perspective, nous proposons quelques axes d’intervention autour de nouveaux équilibres. Certes, en s’engageant dans la boue des campagnes non défrichées, les actions proposées connaîtront les risques et aléas des voies non encore expérimentées ; mais, soutenues par le souffle et l’ardeur qui fondent la conviction, ces initiatives feront émerger des valorisations inédites. Seuls les projets pleins de risques menés à travers des difficultés sans nombre laissent derrière eux des « œuvres ». Qu’on se rappelle l’aventure du Canal de SUEZ : d’abord la « vision » d’un attaché d’ambassade, puis plus de vingt ans de péripéties extraordinaires, enfin une « œuvre» qui passe les siècles. Les intellectuels de l’époque l’avaient évidemment déclarée irréalisable...

Face à l’incapacité des politiques à inventer un avenir, n’attendant rien