Panorama de la philosophie au Cameroun
258 pages
Français

Panorama de la philosophie au Cameroun , livre ebook

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258 pages
Français

Description

On ne connaît pas beaucoup les philosophes camerounais dans le monde et les philosophes camerounais ne se connaissent pas beaucoup eux-mêmes, entre eux, chacun évoluant apparemment seul dans son domaine. Ce livre s'efforce de donner, pour la toute première fois, une présentation aussi complète que possible de la philosophie camerounaise : personne ne se demandera plus s'il y a de la philosophie au Cameroun et quels sont les brillants esprits qui l'ont animée et qui la poursuivent.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2014
Nombre de lectures 532
EAN13 9782336358413
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Hubert Mono Djana
PANORAMA DE LA PHILOSOPHIE CAMEROUNAISE
Panorama de la philosophie camerounaise
Ouvrage publié avec le concours du ministère de l’Enseignement supérieur
Hubert Mono Djana Panorama de la philosophie camerounaise
Du même auteurA-Essais philosophiques e 1.La Raison et son mythe, Thèse de Doctorat de 3 cycle, Tours, 1977. 2.La Philosophie en raccourci(manuel), éd. Objectif, Yaoundé, 1981, 160 pages. 3.Paradoxes. Essai sur les contradictions du sens commun, éd. Objectif, Yaoundé, 1981, 160 pages, épuisé. 4.L’Idée sociale chez Paul Biya, éd. Université de Yaoundé, 1985, 251 pages, avec une préface du Pr. Georges W. Ngango. 5.Révolution et création. Essai sur la philosophie du Djoutché, éd. Université de Yaoundé, 1988, 220 pages (Traduit en anglais et en espagnol par les Editions en Langues Etrangères de Pyongyang, ELEP), avec une préface du Pr. Pierre Boudot de La Sorbonne. 6.La Mutation. Essai sur le changement politique au Cameroun, éd. Carrefour/Y. Prugnot, Yaoundé/Bruxelles, 1992, 190 pages. 7.L’Ecume des tontines. Dissertation sur la crise économique et sociale, éd. du Carrefour, Yaoundé 1993, 61 pages. 8.Beauté et vertu du savoir. Esquisse d’une épistéméthique, éd. du Carrefour, Yaoundé, 1999, 150 pages. 9.Les Chansons de Sodome et Gomorrhe. Analyses pour l’éthique, éd. du Carrefour, Yaoundé, 1999, 130 pages. 10.A la tombée du jour. Problématique, théorie et pratique de la philosophie africaine, Carrefour/Minesup, Yaoundé, 2000, 365 pages. 11.L’Essentiel, en philosophie (ce qui reste quand on a tout oublié)(manuel), éd. Carrefour, Yaoundé, 2006, 246 pages. 12.Histoire de la philosophie africaine, éd. L’Harmattan, Paris, 2009, 256 pages. B-Ouvrages de littérature 1.La Revenante, théâtre, éd. Le Flambeau, Yaoundé, 1980. 2.Vice Versa, théâtre, éd. CEPER, Yaoundé, 1984. 3.Regard sur la Corée, pays mystérieux de l’Orient, récit de voyage et réflexions, éd. Afric-Avenir, Douala/Yaoundé, 1985, 160 pages. 4.Onambélé et Magaptché, théâtre, Presses de l’Université de Yaoundé, 2000. 5.Les Vampires du Godstank, roman, éd. du Carrefour, Yaoundé, 2006, 148 pages.© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03945-9 EAN : 9782343039459
AVANTPROPOS
Les pages qui vont suivre s'efforcent de donner, pour la toute première fois, une présentation aussi complète que possible de la philosophie camerounaise. Telle en est en tout cas l'intention originaire. L'on s'apercevra certainement qu'il s'agit d'une esquisse et non d'une épure. Au vrai, et question de temps, il ne pouvait en être autrement. La tentative part du principe que ce ne sont ni les Celtes ni les Teutons qui, pardelà leurs obligations domestiques, viendront encore ensemencer, alimenter, ou dévoiler cette philosophie à la face du monde. Elle ne présente aujourd’hui pour eux, et dans le meilleur des cas, qu'un intérêt secondaire. Tempels ne reviendra plus s'interposer en médiateur entre le Bantu et sa propre conscience. S'imposait donc une entreprise autochtone, pour l'esquisse de cet important travail de révélation et de dévoilement d'une philosophie qui aurait sans doute fini par se dissoudre, telle la "Belle au bois dormant", dans la nuit de l'oubli, à force d'attendre indéfiniment un Prince charmant.
La croyance est en effet tenace, au sujet de la haute technicité et de la compétence quasi exclusives de ce Prince, relativement aux questions de la culture africaine. Tandis que le labeur de l'intellectuel autochtone souffre d'un discrédit permanent dans son environnement d'origine, les moindres balbutiements de l'autre se trouvent d'emblée crédités d'un hyper coefficient de vérité. C'est l'expert. Il s'agit là, en fait, d'un réel complexe d'infériorité, d'une inhibition antiscientifique, qui constitue un obstacle très peu épistémologique. Donc un obstacle radical de blocage. Il faut pourtant le dépasser, dans la perspective du « Gneauti Seauton ».
Les pages qui suivent cherchent à montrer tout simplement que, même si elle n'a peutêtre pas encore produit un JeanPaul Sartre, un Karl Popper, un Jürgen Habermas ou une Hannah Arendt, la philosophie camerounaise existe et que, pour cela, elle mérite d'être connue, au moins à travers la vitrine de quelques extraits représentatifs suivis d'une bibliographie à la manière d'un manifeste. Une présentation en profondeur suivra peutêtre ultérieurement dans un ouvrage plus élaboré. II fallait tout d'abord répondre à un devoir de visibilité.
Mais à tout seigneur tout honneur. La collecte des textes ici présentés a nécessité de patientes et laborieuses recherches de terrain. Trois ou quatre promotions d'étudiants inscrits au séminaire de philosophie camerounaise que je dirige depuis une dizaine d'années y ont grandement contribué. Je les prie de trouver ici l'expression de mes sincères remerciements. Georgette a opéré la saisie du manuscrit et le classement des textes, avec beaucoup de doigté. La
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grande expertise de Serge a ensuite été requise pour la mise en page de tout l'ouvrage. Ces textes que j'avais sélectionnés étaient malheureusement trop longs. Je n'avais plus le courage de les"couper" moimême. Mon collègue Lucien Ayissi a bien voulu me suppléer dans cette besogne, et son coup de ciseaux incisif a ramené l'ouvrage à des proportions acceptables, plus pédagogiques. Dieudonné Zognong, alors doctorant, a relu de fond en comble et recorrigé le manuscrit. Chacun de ces collaborateurs mérite ma très profonde reconnaissance, ainsi que les auteurs et éditeurs qui m’ont permis de reproduire les extraits de leurs publications dans ce manuel. Je ne saurais par ailleurs oublier ceux qui ont financièrement rendu la publication possible à savoir, notamment, Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur. C'est grâce à eux que le lecteur peut enfin feuilleter ce manuel deLa philosophie camerounaisequi a longtemps attendu dans mes tiroirs. Je remercie également, à l’avance, ceux de mes lecteurs qui voudront me faire des observations constructives pour améliorer les éditions ultérieures.
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H. M. N. Yaoundé, le 25 février 2002
INTRODUCTION
Il y a plusieurs manières d'aborder la réalité de la philosophie africaine, la question de savoir si une telle philosophie existe étant devenue obsolète, cette dernière s'exprimant, au jour le jour, en des ouvrages qui en sont autant de manifestes éloquents. On peut l'aborder soit de façon frontale, dans sa globalité, à travers une vaste synthèse qui présenterait ses généralités essentielles. Cette approche panoramique renseigne sur la globalité et sur les grandes tendances, mais, sans cette précision enrichissante et colorée qu'apportent l'analyse et la description au cas par cas. Une autre manière de l'aborder consisterait en une entrée oblique à partir des données présentées sous une forme monographique. Cette méthode a l'avantage de sortir un gros plan sur un détail, un peu comme cela se fait dans les représentations de l'art plastique, d'où l'on détache un élément, ou une scène, pour des besoins d'étude ou d'illustration. Ainsi, de monographie en monographie, on peut espérer parvenir, dans la mesure du possible, à la recomposition de la totalité. Pour reprendre les termes de l'école, la première approche peut s'assimiler à une induction amplifiante, et la deuxième à une induction totalisante. Un exemple de pensée globalisante pourrait être pris dansLa philosophie 1 2 bantouede Tempels , ou dansLa pensée africainede Alassane N'Daw , ou encore dansLa philosophie négroafricaine de l'existencede BasileJuléat 3 Fouda , tandis que comme paradigme de monographie, on pourrait citerLa 4 philosophie bantu comparéed'Alexis Kagame , ou encoreLa philosophie 5 banturwandaise de l'êtredu même Kagame . Mais à propos de cet auteur, on devrait cependant souligner que toutemonographiqueque soit sa présentation, le résultat n'en est pas moins une induction amplifiante : il part du Rwandais, catégorie particulière, pour déboucher sur le Bantou, catégorie générale. Pour étudier la philosophie camerounaise sans sombrer dans la dérive inductive, il semble plus indiqué d'éviter les références et les sources orales, dites traditionnelles, des références"in illo tempore"qui ne permettent pas de cibler les repères avec précision, ni les doctrines avec exactitude. Certes, le
1  Placide Tempels,La philosophie bantoue(1949), Présence Africaine, édition de 1961. 2  Alassane N'daw,La pensée africaine,NEA, Dakar, 3  BJ. Fouda,La philosophie négroafricaine de l'existence,Thèse, Lille, 1967. 4  Alexis Kagame,La philosophie bantu comparée,Présence africaine, Paris, 1976. 5  Alexis Kagame,La philosophie BantuRwandaise de l'être,Mémoires de l'Académie Royale des Sciences d'OutreMer, Tome XII, Bruxelles, 1956.
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concept de philosophie camerounaise comporte une totalité globalisante et inductive, mais il s'agit alors d'une induction obtenue à la fin, à partir d'un processus totalisateur ou par agrégation. C'est à cette totalisation finale que nous allons nous essayer, d'auteur en auteur, de texte en texte, mais avec les indications bibliographiques nécessaires.
Cette approche s'impose par le fait que la philosophie camerounaise présente, à l'heure actuelle, assez de consistance pour qu'on puisse déjà l'exposer et la traiter à l'instar des autres philosophies du monde. Il existe en effet des ouvrages sur la philosophie allemande, la philosophie française ou même la philosophie américaine. Les penseurs camerounais n'ont peutêtre pas atteint les sommets de la spéculation, comme par exemple chez Kant et Hegel, ni les cimes de la systématisation du vieil Aristote. Mais si même ils n'en sont pas là encore, leurs différents travaux, publiés et discutés pour la plupart dans le monde entier, les situent au moins audelà de l'étape préphilosophique.
Témoignage devrait donc déjà être fait de ce décollage, histoire de confondre les sceptiques de tous bords. Chez ceux qui créèrent formellement la philosophie en tant que discipline, l'on distingue bien une période ditepré 6 socratique .Avec ce balisage, Socrate apparaît comme le seuil entre le philosophique et le nonencorephilosophique. Si cette époque est bel et bien intégrée dans l'histoire de la philosophie, puisqu'elle s'enseigne effectivement en tant que telle, la période actuelle dans notre pays, où le débat tarde à disparaître sur l'existence ou la nonexistence de la philosophie africaine, mérite aussi, en tant que problématisation du philosophique, de commencer à figurer dans l'histoire  en  train  de – se  faire de la philosophie camerounaise.
Les propositions de Thalès, d'Anaxagore, d'Anaximandre, de Protagoras, d'Héraclite, de Parménide, de Zénon d'Elée, etc..., qu'Aristote considère comme les tout premiers"balbutiements"de la philosophie, sont édifiantes à ce sujet, car, si nous n'en étions, nous autres, qu'à une étape similaire, nous ne devrions pas non plus laisser périr nos tout premiers balbutiements. En tout cas, personne d'autre que le penseur camerounais luimême ne viendra valoriser ces prémisses qui semblent certainement annonciatrices d'une philosophie à la recherche de son expression majeure. Si l'oiseau de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée du jour, l'abondante production camerounaise atteste que dans notre pays, comme dans tant d'autres pays africains, la pensée philosophique se trouve déjà un peu plus loin qu'à cette parturition vespérale. L'on pourrait alors se demander
6 en tant que discipline », au sens didactique, veut son pesant d’or à cet endroit.L’expression « Elle précise son objet et permet ainsi d’éviter de vaines empoignades avec les égyptologues et autres « artériologues »
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quelles sont les œuvres 7 philosophique .
et les hommes
qui témoignent
de cet élan
Comme on sait, nul ne peut sauter audessus de son temps. Les œuvres en question traitent des problèmes contemporains, y compris celui même du droit de poser le problème de la philosophie africaine. La philosophie camerounaise ne se trouve pas tellement, en effet, dans ces formes symboliques dont on voudrait à tort faire une spécificité africaine, mais dans des œuvres de connotation philosophique évidente, autoproclamées telles par leurs auteurs, et effectivement perçues comme telles par les lecteurs. Cette littérature philosophique se constitue d'ouvrages parus et vendus en librairie d'une part, et, d'autre part, des travaux spécifiquement académiques, du genre thèses ou mémoires publiquement soutenus, qui sont supposés contenir les résultats de recherches, ou en tout cas, de brillantes hypothèses. Dans cette présentation panoramique de la philosophie camerounaise, et en partant du principe qu'on ne saurait trouver de la philosophie endeçà ou audelà des textes, il ne serait pas exagéré d'adopter, comme critère de sélection, les ouvrages publiés, puis les thèses de Doctorat quel qu'en soit le régime, et également, quelques brillants mémoires d'études supérieures. Il est vrai que la thèse ellemême n'est qu'un commencement dans la carrière philosophique d'un auteur, qui peut d'ailleurs n'avoir aucun lendemain après ce commencement unique qui devient alors l'Alpha et l'Oméga de sa production. Peu importe. Cette "thèse" infertile qui n'a pas engendré d'autres œuvres n'en mérite pas moins notre considération, parce que, au moins, elle aura fait l'objet d'une soutenance publique. Elle mérite par conséquent d'entrer dans le débat ou dans le corpus de 8 la philosophie camerounaise . 7 Incontestablement, le Cameroun se trouve un peu plus loin qu’à la tombée du jour. Des œuvres existent, des hommes et des femmes également, dont le nombre dépasse au moins celui des dix doigts de nos deux mains. C’est pour cela que la rigueur extrême d’une sélection éditoriale n’ayant reconnu que quatre philosophes au Cameroun, en tout et pour tout, comme le livre dirigé par Ebénézer NjohMouelle et Emile Kenmogne,Philosophes du Cameroun(2006), peut difficilement échapper à la critique, et cela d’autant qu’il n’est pas accompagné de la mention « Tome 1 », qui aurait pu laisser croire à une probable émergence d’autres philosophes. Ce livre ne laisse aucune ouverture, aucun interstice où pourrait s’insinuer un nouveau visage. La clôture est totale. Elle exprime le refus de l’autre, le refus des autres, alors que personne n’avait déserté l’espace. Dire que dans le Cameroun philosophique, il n’y a que Marcien Towa, NjohMouelle, Eboussi Boulaga et Meinrad Hebga (où meton BasileJuléat Fouda ?) constitue, ni plus ni moins, une erreur à la fois historique et épistémologique. Erreur psychologique également, parce qu’on n’avait pas besoin d’un crime œdipien, on n’avait pas besoin de tuer le pair. Dans la mesure du possible, la présente publication voudrait contribuer à une sorte de rectification en donnant une information un peu plus complète, un peu moins restrictive. 8  A titre d'exemple, on peut signalerLa philosophie négroafricaine de l'existencede Basile Juléat Fouda, Thèse de 3e Cycle soutenue à Lille en 1967, qui n'a jamais été publiée, mais qu'aucun vrai spécialiste de pensée africaine ne saurait aujourd'hui ignorer dans ses analyses.
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