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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 mars 2010 |
Nombre de lectures | 324 |
EAN13 | 9782296694033 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
PARADOXES DES MENTEURS
PHILOSOPHIE, PSYCHOLOGIE,
POLITIQUE, SOCIÉTÉ
Epistémologie et Philosophie des Sciences
Collection dirigée par Angèle Kremer-Marietti
La collection Épistémologie et Philosophie des Sciences réunit les ouvrages se donnant pour tâche de clarifier les concepts et les théories scientifiques, et offrant le travail de préciser la signification des termes scientifiques utilisés par les chercheurs dans le cadre des connaissances qui sont les leurs, et tels que "force", "vitesse", "accélération", "particule", "onde", etc.
Elle incorpore alors certains énoncés au bénéfice d’une réflexion capable de répondre, pour tout système scientifique , aux questions qui se posent dans leur contexte conceptuel-historique, de façon à déterminer ce qu’est théoriquement et pratiquement la recherche scientifique considérée.
1) Quelles sont les procédures , les conditions théoriques et pratiques des théories invoquées, débouchant sur des résultats ?
2) Quel est, pour le système considéré, le statut cognitif des principes, lois et théories, assurant la validité des concepts ?
Dernières parutions
Jean-Pierre COUTARD, De la singularité , 2009.
Michel de BOUCAUD, Psychiatrie et psychopathologie. Les désorganisations psychiques , 2009.
E. MORIM DE CARVALHO, La comédie de l’intellect dans les Cahiers de Valéry ou l’imitation de la comédie , 2009
E. MORIM DE CARVALHO, Le paradoxe sur le comédien ou la comédie de l’imitation , 2009.
Lucien S. OULAHBIB, Actualité de Pierre Janet, 2009.
Stéphanie COUDERC-MORANDEAU, Philosophie républicaine et colonialisme. Origines , contradictions et échecs sous la III e République , 2008.
Emmanuel GORGE, La musique et l’altérité. Miroirs d’un style , 2008.
A. BACHTA, J. DHOMBRES, A. KREMER-MARIETTI, Trois études sur la loi constructale d’Adrian Bejan , 2008.
Sébastien JANICKI, La Mécanique du remède. Pour une épistémologie de la pharmacologie du XVII e siècle à nos jours , 2008.
Laurent CHERLONNEIX, L’équivocité Vive. Une nouvelle représentation du Vivant , 2008.
E DMUNDO MORIM DE CARVALHO
PARADOXES DES MENTEURS :
PHILOSOPHIE, PSYCHOLOGIE,
POLITIQUE, SOCIÉTÉ
Variations sur le paradoxe 3 ,
volume 2
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wandoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11129-5
EAN : 9782296111295
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À MA MÈRE
AU-DELÀ DU MENSONGE
POUR L’ÉTERNITÉ
VARIATIONS SUR LE PARADOXE III DEUXIÈME VOLUME
INTRODUCTION
Le monde du menteur logique est un monde dépeuplé, paradoxalement sans menteurs. Le seul menteur qu’on puisse lui attribuer est l’ombre fugitive et estompée du théoricien. Or, quitter la sphère logique, cela veut rejoindre la cohorte des menteurs, abandonner les esquisses d’une pureté essentiellement duelle. Au vrai et au faux s’ajoute une troisième possibilité l’indéterminé, l’ambivalent, l’incertain. La relation entre le paradoxe et le mensonge doit alors être reformulée, quand on rejoint les mondes économique, politique, idéologique, psychologique, entre autres. Après un premier volume consacré au rapport du rapport du paradoxe à la logique, à la littérature, au langage, voici un deuxième multipliant les "scènes". Le Menteur devient de plus en plus pluriel, ce qu’il était déjà dans le premier volume, mais d’une manière moins soutenue. Nous y avions glissé du mensonge logique au mensonge littéraire. Le mensonge romanesque (Manganelli, Vargas Llosa, etc.) est lié au travail de simulation. Dire la vie en mieux, dépasser l’existence limitée, apprivoiser la vérité "suffocante", brutale, dans ses effets, diminuer ou réduire l’infini oppresseur, jeter un baume sur la douleur par une transformation symbolique.
Quitter la pureté logicienne, c’est aussi quitter l’univers aseptisé des éthiques logico-philosophiques et reconnaître l’omniprésence du mensonge et le caractère marginal, et parfois tragique, de la "vérité" prise dans les remous et les secousses de l’État, des divers pouvoirs et de la collectivité à la recherche d’un lien qui fasse tenir l’ensemble, qui lui donne un simulacre de consistance. Ce lien est souvent plutôt le mensonge que la "vérité" l’égalité sur le front des édifices publics est partiellement trompeuse, ainsi que la liberté et la fraternité. La vérité dans la cité, en dehors des subtilités des métalangages, est peut-être minoritaire, et elle le sera d’autant plus lorsque la cité a largement recours au mensonge par omission, par incomplétude, par réélaboration ou réécriture, etc. Il serait tentant de placer le mensonge au commencement et de lui accorder la place de l’universalité de laquelle le vrai vient de déchoir. Mais il faut résister à cette tentation d’un pur renversement et d’une généralisation abusive.
Pour certains, le mensonge est omniprésent, universel, la vérité, par sa marginalisation, n’occupant qu’un territoire assez réduit. Le faux est illimité, tandis que la vérité a des limites, des contraintes. En faisant basculer la multiplicité du côté du mensonge et du faux, on ne fera ainsi que les retrouver partout aisément {1} « Les mensonges, telles des mouches, apparaissent en tous lieux » (Pio Rossi, Dictionnaire du mensonge, Éditions Allia, 1996, p. 29). Quand on enlève mille masques, on n’a toujours qu ’un seul visage. « La vérité n’est qu’une. Les mensonges sont infinis » ( ibid., p. 28). On constate d’ailleurs cette même formulation chez Montaigne le « revers de la vérité a cent mille figures », tandis que la vérité n’a qu’un seul « visage » (Michel de Montaigne, Essais, I, 9, "Des Menteurs", Garnier-Flammarion, 1969, p. 74). On peut donc dire que le mensonge c’est-à-dire la série d’énoncés où il prend corps a plusieurs "visages" et la vérité un "seul", ou tout le contraire, que le mensonge est la vie et la vérité la mort, ou tout le contraire cela ne change rien à leur articulation. Une relation de conflit et d’exclusion à laquelle se mêle une relation de coexistence et d’intégration. Il suffit que la chaîne des énoncés s’allonge et quitte l’énoncé atomique du paradoxe du menteur pour assister à leur entremêlement. Ici, dans tel passage, le vrai pointe ; là, il est remplacé par le faux, créant une zone de déstabilisation où l’incertitude devient dominante. L’incertitude laisse supposer que les critères quantitatifs sont toujours opérationnels la part précise du vrai et du faux est indécidable dans une réflexion générale (exactement comme dans l’univers étroit du Menteur crétois). Il faut faire descendre le "vrai" et le "faux" dans la mêlée particularisant les enjeux et les intervenants pour pouvoir tenir peut-être l’un et l’autre. La réception de l’énoncé ou de l’affirmation est le lieu d’une joute. Si la vie ou la société est mensonge, elle serait aussi vérité, et aurait une tête "crétoise". Le mensonge est d’ailleurs pluriel par la pluralité de noms qui le sollicitent de l’arnaque au mirage, du ragot à l’embrouille ( Au commencement est le mensonge, Paul F. Smets, Classe des Lettres, Académie royale de Belgique, Bruxelles, 2006, pp. 55/6).
Le mensonge dit et ne dit pas la vérité : il l’appelle, la dissémine, lui fait jouer les apparitions intermittentes au détour d’un développement. Il est une refonte, un excès (dont on ignore l’extension), un embellissement, un dénigrement ou rabaissement. Il y a le mensonge presque instantané, réflexe, involontaire, et le mensonge longuement calculé. Le mensonge est volontaire et involontaire (le menteur malgré lui et le menteur assumé en première ou deuxième "nature"). Le paradoxe, en tant que stratagème d’ambivalence, ne peut que recouper la sphère du mensonge jouant sur les deux "tableaux" pour créer une incertitude protectrice il s’y développe comme une fleur bien "nourrie".