La technique et le façonnement du monde
264 pages
Français

La technique et le façonnement du monde , livre ebook

-

264 pages
Français

Description

L'ouvrage soulève une question brûlante : et si les techniques, faisant système, donnaient corps à une sorte de poussée exponentielle de puissance qui asservit individus, groupes et sociétés ? S'imposant comme un ensemble irrésistible de normes interdépendantes, elles disciplinent corps et esprits selon un processus de totalisation en passe de devenir totalitaire, que seul une critique éthique et politique peut encore endiguer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2007
Nombre de lectures 80
EAN13 9782296171756
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LATECHNIQUE
ETLEFAÇONNEMENTDUMONDE© L'HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l'École-Polytechnique;75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-03172-2
EAN: 9782296031722Ouvragecoordonné par
GilbertVincent
LATECHNIQUE
ETLEFAÇONNEMENT
DUMONDE
Miragesetdésenchantement
L'HarmattanOuverture philosophique
Collection dirigée parDominiqueChateau,
Agnès Lontrade etBruno Péquignot
Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux
originaux sansexclusived'écoles oude thématiques.
Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions
qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. Onn'y
confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle
est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils
soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines,
sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes
astronomiques.
Déjà parus
DominiqueCHATEAU, Sémiotique et esthétique de l’image, 2007.
RamsèsBOATHIEMELE, Nietzsche etCheikhAntaDiop, 2007.
ArnoMÜNSTER, Sartre et la morale, 2007.
Aubin DECKEYSER, Michel Foucault.L’actualité de la vérité,
2007.
MiklosVETÖ (sous ladir.), Historia philosophiae, 2007.
Georg W. BERTRAM, Robin CELIKATES, Christophe
LAUDOU, David LAUER (coord.), Socialité et reconnaissance,
2007.
MichèleAUMONT, Ignace de Loyola. Seul et contre tous, 2007.
Xavier ZUBIRI, Intelligence et logos (Inteligencia y logos) trad.
Philibert SECRETAN, 2007.
PierreV.ZIMA, La déconstruction. Une critique, 2007.
JacquesCROIZER,De la mesure, 2007.
Paul DUBOUCHET, Pour une sémiotique du droit international,
2007.
MarlyBULCÃO,Bachelard : Un regard brésilien, 2007.
Christian SAVES, Eloge de la dérision: une dimension de la
conscience historique, 2007
BernadetteGADOMSKI, LaBoétie, penseur masqué, 2007.
Gabriel Marcel-Max Picard.Correspondance 1947-1965, introduit
par Xavier TILLIETTE et texte établi de Anne MARCEL et
MichaëlPICARD, 2006.Introduction :
Technique et techniques : perspectives d’analyse
Gilbert VINCENT
« … un membre du Parti appelé à émettre un jugement
politique ou éthique devait être capable de répandre des opinions
correctes aussi automatiquement qu’une mitrailleuse sème des
balles. Son éducation lui en donnait l’aptitude, le langage lui
fournissait un instrument grâce auquel il était presque impossible
de se tromper…»(Orwell, 1984)
Il y a près d’un demi-siècle déjà, JacquesEllul n’hésitait pas à
parler d’un «encerclement » de la vie par les techniques. Il nous
invitait, dans La technique ou l’enjeu du siècle, à voir, dans la
technique, en quelque domaine que ce soit, un même et implacable
processus. Le progrès des techniques, en nombre et en efficacité,
ne serait plus, comme en des temps désormais éloignés, affaire de
volonté, de projet, mais affaire d’efficacité et de cohérence.
Autrement dit, la technique serait assurée de se développer
indéfiniment car elle aurait réussi à imposer, à quiconque voudrait
l’interroger, des critères, tels ceux qu’on vient d’évoquer, qui
viennent d’elle. Comment songer alors qu’on puisse faire autre
chose que ratifier une représentation techno-logique de la
technique ?
Chaque technique particulière paraît non seulement assez
innocente mais encore assez bienfaisante pour que soit mis dans
son tort quiconque commence à soupçonner que, toutes ensembles,
les multiples techniques pourraient comporter aumoins autant
d’aspects négatifs que d’aspects positifs ; que les avantages que
certains (individus ou collectivités) en retirent pourraient se voir
largement payés par d’autres, en termes de contraintes nouvelles,
en termes d’obstacles inédits sur la voie de leur propre quête
d’autonomie ; que la découverte de solutions à certains problèmes
locaux ouconjoncturels pourraitentraîner l’aggravation,ailleurs ou
à plus long terme, de problèmes autrement redoutables que ceux
qu’on a cru résoudre ; que, enfin, l’aspect désormais familier de6
cette sorte de«méta-technique»qu’est la méthode de«résolution
de problèmes » pourrait bientôt induire la croyance, source
d’illusions dangereuses, que, tout bien pesé, la comparaison des
défis et des pouvoirs tournera toujours à l’avantage de l’aventure
humaine, laquelle ne rencontrerait jamais que des limites
provisoires: autant d’occasions, pour l’inventivité de certains et
pour les prouessescollectives,de se manifesterà temps.
Parmi les techniques, il en est qui, grâce aux connaissances
acquises en chimie ou en neurologie, ont pour domaine
d’application l’humain lui-même. Elles se présentent soit comme
des aides à la réalisation du moi, conformément à ses désirs ou à
sesambitions propres, soitcommedes moyens permettantàchacun
de s’adapter à une situation qu’il ne saurait modifier par ses seules
forces. Assurément, aucune de ces techniques «bio-psychiques »
ne se présente comme destinée à quelque (re)façonnement de
l’homme. Celles-ci, comme toutes les autres, ne seraient que des
« prothèses », quelque immatérielles qu’elles paraissent: des
artifices, certes, mais qui, s’ajoutant aux capacités « naturelles »,
ne changeraient guère la condition humaine, celle de sujets
toujours affrontés à la question du bon ou du mauvais usage des
moyens à leur disposition, le seul changement notable étant que
cette condition pourraitêtre rendue techniquement moins pénible,
voire plus heureuse. L’exemple des euphorisants n’illustrerait-il
pas tout ce qu’il serait possible et permis d’attendre des techniques
en matière d’ajustement du milieu interne de l’homme – ses
capacités, ses « humeurs » mêmes etc. – et des différents milieux
externes dans lesquels ou en fonction desquels il est amené à
vivre ? Au-delà des euphorisants et autres régulateurs d’hormones
et d’humeur, d’autres techniques, relationnelles, systémiques ou
autres, ne seraient-elles pas susceptibles de tenir cette double
promesse: augmenter le « potentiel » que nous sommes et en user
au mieux ?
Ce disant, on ne peut longtemps se masquer que l’énoncé
cidessus ressemble à s’y méprendre à un slogan. On nous accordera
qu’ici la ressemblanceest voulue,contrôlée.Maisdanscombiende
cas, au contraire, croyant parler de soi, est-on parlé ou ne fait-on
rien d’autre que parler d’un autre, en particulier de cet «autre »
auquel la publicité, elle-même méta-technique d’une époque qui7
pourrait en effet mériter son qualificatif de«post-moderne », nous
pousse plus ou moins habilement à nous identifier ?Cette situation
fort commune, celle de tout un chacun face aux médias – «face »
comme une cible vivante peut l’être devant une arme! – demande
àêtre méditée: oncroit parler, parleren première personne ; parler
en tant que«soi », par exemple, et donc parler, tant bien que mal,
de sesaspirations,de sesconvictionsetde ses refus ; non « parler »
(alors, en effet, le terme ne convient sans doute plus tout à fait) en
tant qu’être «naturel », plombé plutôt que marqué par son
caractère, ses habitudes, ses humeurs, ses «gènes » depuis peu.
Mais comment ne pas soupçonner, fugitivement au moins, entre
deux séquences de mitraille médiatique (Orwell ne parlait-il pas, à
propos du «Novlangue », du ton et du rythme des slogans,
semblables à ceux d’une mitraillette ?), que l’on est parlé ; que
stéréotypes et injonctions à dire, penser, faire ceci et être ainsi
plutôt qu’autrement nous parasitent tellement, jusqu’au cœur de
nos aspirations intimes, que l’hôte ne se laisse que rarement
déceler, à supposer d’ailleurs qu’on ne se prenne pas à aimer cet
hôteetà luiconfier notredestinée ?
Du langage à l’agir, la transition n’est pas forcée.D’une part,
parce que le concept marxien d’idéologie ainsi que les récentes
théorisations en lin

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