Face au Sida, quel comportement en Afrique ?
266 pages
Français

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Face au Sida, quel comportement en Afrique ? , livre ebook

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Description

Cet ouvrage questionne et rend compte des facteurs qui sous-tendent les comportements d'exposition au risque par les jeunes du Cameroun qui sont pourtant bien informés sur le Vih/Sida. Il montre comment, derrière la question du Sida, se profile aussi un positionnement des peuples par rapport à l'idéologie des rapports qui structurent la domination à l'échelon mondial.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2016
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140004124
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Populations
Populations
Collection dirigée par Yves Charbit, Maria Eugenia Cosio-Zavala, Hervé Domenach
La démographie est au cœur des enjeux contemporains, qu’ils soient économiques, sociaux, environnementaux, culturels ou politiques. En témoigne le renouvellement récent des thématiques : développement durable, urbanisation et mobilités, statut de la femme et de l’enfant, dynamiques familiales, santé de la reproduction, politiques de population, etc.
Cette démographie contextuelle implique un renouvellement méthodologique et doit donc prendre en compte des variables en interaction, dans des espaces de nature diverse (physiques, institutionnels, sociaux).
La collection « Populations » privilégie les pays et les régions en développement sans pour autant oublier leurs liens avec les pays industrialisés et contribue à l’ouverture de la démographie aux autres disciplines. Elle est issue d’une collaboration entre les chercheurs de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), de l’UMR CEPED (INED, IRD, Université Paris Descartes) et du Centre de Recherches Populations et Sociétés (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense).
Derniers parus
Yves Charbit et Teiko Mishima (dir.), Questions de migrations et de santé en Afrique sub-saharienne , 2014.
Rokhaya Cissé, L’héritage de la pauvreté. Entre récurrence, rupture et résilience dans les trajectoires des pauvres au Sénégal , 2014.
Myriam de Loenzien, Famille et société au prisme du VIH/Sida au Viêt Nam , 2014.
Marc-Antoine Pérouse de Montclos (dir.), Crises et migrations dans les pays du Sud , 2014.
Maryse Gaimard, Population et santé dans les pays en développement,
2011.
Aurélie Godard, Le travail des femmes en Guinée maritime , 2010.
Céline Clément, La mère et ses enfants : devenir adulte et transmissions intergénérationnelles , 2009.
Olivier Belbéoch, Yves Charbit, Souraya Hassan Houssein (dir.),
La population de Djibouti. Recherches sociodémographiques , 2008.
Maryse Gaimard, Goitre endémique et démographique en Afrique noire. L’exemple d’un village en Côte d’Ivoire , 2008.
Titre

Lucas T CHETGNIA






Face au Sida,
quel comportement
en Afrique ?
L’exemple du Cameroun
Copyright

























© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-75648-6
INTRODUCTION. UN CHOC EXOGÈNE RÉVÉLATEUR DES TENSIONS LE CONTEXTE ÉPIDÉMIOLOGIQUE
Le Cameroun comme nombre de pays africains a été affecté par des mutations sociales profondes ces dernières décennies. La rapide détérioration de la situation économique, après une forte croissance entre 1965 et 1985, s’est accompagnée d’un accroissement de la pauvreté et des inégalités socio-économiques (INS, 2003) tant en zone rurale qu’urbaine. Cette situation où extrême pauvreté et extrême richesse coexistent a favorisé l’exode rural, en particulier des jeunes, lequel a contribué à l’émergence des bidonvilles, à un plus grand anonymat urbain et à un affaiblissement du contrôle social et de certaines traditions ancestrales.
Le Vih/Sida arrive au Cameroun au moment où la crise économique et ses corollaires se font sentir avec beaucoup d’acuité. Les deux Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) conclus par le Cameroun en 1988 et en 1991 avec le Fonds Monétaire International (FMI) accentuent les effets sociaux de la crise. Dans le cadre des PAS, les effectifs de la fonction publique sont revus à la baisse et les agents de la fonction publique endurent les réductions salariales dont la moyenne est de 60 %. Les secteurs de la santé et de l’éducation sont les plus pénalisés (Eboko, 1999 : 124). En déplaçant le fardeau de l’ajustement sur les plus faibles au profit des sociétés multinationales et des élites, les PAS vont renforcer les inégalités sociales en fragilisant les couches les plus pauvres de la société (Ela, 1994).
Avec un taux de séroprévalence au Vih estimé à 4,3 % en 2011, le Cameroun est l’un des pays d’Afrique les plus touchés par le Vih/Sida et se trouve en situation d’épidémie généralisée. La quasi-totalité des cas de transmission du sida se fait par voie sexuelle (90 %). En effet, la séroprévalence est passée de 0,5 % en 1987 à 6 % en 1998, atteignant 11,8 % en 2003 avant d’être corrigée par l’EDS 2004 à 5,5 1 La prévalence du Vih chez les jeunes âgés de 15-24 ans est de 1,7 %, mais on note un écart significatif entre les jeunes femmes (2,7 %) et les jeunes hommes (0,5 %). Ce taux correspond à un ratio femme/homme de 5,4, ce qui signifie que, dans ce groupe d’âges, 540 femmes sont infectées pour 100 hommes. Ce ratio est beaucoup plus élevé que celui de la population des 15-49 ans (ratio de 1,9) (Barrère et al, 2012 : 280). Chez les jeunes femmes, la prévalence augmente très rapidement avec l’âge : de 1,3 % à 15-17 ans, elle passe à 3,1 % à 18-19 ans, puis atteint un maximum de 5,1 % chez les femmes de 23-24 ans. Chez les hommes, la prévalence passe de 0,1 % à 15-17 ans à 0,8 % à 18-19 ans, mais elle reste inférieure à 1 % jusqu’à 23-24 ans. La prévalence est nettement plus élevée parmi les jeunes femmes en union (3,8 %) et surtout parmi celles en rupture d’union (7, 2 %) que parmi les célibataires (1,6 %). Chez les hommes, les variations selon l’état matrimonial sont très faibles. Nous reviendrons plus en détail sur le contexte socioculturel des rapports de genre et de la sexualité.
Les impacts économique, médical, psychologique et social du sida sont multiples. Au Cameroun, la population sexuellement active (15-49 ans) qui correspond à la tranche d’âge la plus productive économiquement, est celle qui est la plus touchée par la maladie. Les conséquences se font sentir dans tous les domaines d’activités. En effet, la perte de jeunes adultes compromet immanquablement la quantité et la qualité de la main-d’œuvre productive. À cela, il faut ajouter les dépenses importantes que la maladie engendre, ainsi que la prise en charge des orphelins et des enfants de parents malades. Alors que la transition démographique est loin d’être achevée en Afrique sub-saharienne, la part des jeunes dans la population reste significative et leurs attitudes face à la sexualité lourdes de conséquences (Petit et Tchetgnia, 2009 : 205).
En 2010, les jeunes de 15 à 24 ans représentent 20,65 % de la population (INS, 2011). Ils constituent un poids démographique important alors qu’ils sont très peu représentés sur le plan social et politique. Cette faiblesse en termes de représentation se traduit dans les faits par des politiques qui n’intègrent pas leurs attentes en matière de sexualité. La lutte contre le sida au Cameroun s’inscrit dans un contexte marqué par la conjoncture économique qui se traduit dans le quotidien par le chômage massif 2 , une mauvaise santé de la population, un contexte de maladies et d’incertitudes, un système de soins de santé défaillant avec une médecine « inhospitalière » (Jaffre et De Sardan, 2003) et un ratio d’encadrement sanitaire de la population qui reste en deçà de la norme de un médecin pour 1000 habitants fixée par l’OMS (Barrère et al ; 2005).
Emergence et mise en œuvre d’une politique de lutte contre le Vih.
Les premiers cas de Vih/Sida sont déclarés au Cameroun en 1985. L’information des populations est faite très rapidement grâce aux programmes radiophoniques et télévisés. La connaissance de l’existence de cette nouvelle maladie va jeter l’effroi au sein de la population d’autant plus qu’elle se transmet alors quasi exclusivement par voie sexuelle. Si la sexualité est une pratique structurante et fondamentale dans toute société, elle est à cette période très valorisée traditionnellement dans la société camerounaise. Elle permettait surtout d’avoir une descendance nombreuse, main d’œuvre gratuite pour travailler dans la plantation familiale. Une descendance nombreuse était aussi socialement valorisée parce que perçue comme un signe de bonne santé, de richesse et une assurance vieillesse pour les parents dans une société où la sécurité sociale est inexistante. Cette nouvelle maladie va bouleverser les représentations et les pratiques relatives 

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