L EDITION DU MANUSCRIT
316 pages
Français

L'EDITION DU MANUSCRIT , livre ebook

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316 pages
Français

Description

Cet ouvrage expose la relation tissée entre l'archive patrimoniale du conservateur, la valorisation scientifique assumée par le chercheur et la transmission des savoirs dont l'éditeur est garant. Il réunit des généticiens du texte, des conservateurs, des éditeurs, chacun faisant part de son expérience concernant la numérisation, l'appropriation des manuscrits et l'édition de genèse.

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Publié par
Date de parution 01 juin 2008
Nombre de lectures 6
EAN13 9782296493605
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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L’édition du manuscrit
De l’archive de création au scriptorium électronique
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Au cœur des textes
Collection dirigée par Claire STOLZ(Université ParisSorbonne)
1. Alia BACCARBOURNAZ,Essais sur la littérature tunisienne d’expression française, 2005. 2. Alya CHELLYZEMNI,Le sauveur dansBataillesdans la montagnede Jean Giono, 2005. 3. Noureddine LAMOUCHI,JeanPaul Sartre, critique littéraire, 2006. 4. Catherine VIOLLET et MarieFrançoise LEMONNIERDELPY (dir.), Métamorphoses du journal personnel. De Rétif de la Bretonne à Sophie Calle,2006. 5. Lia KURTSWÖSTE, MarieAlbane RIOUXWATINE et Mathilde VALLESPIR, Éthique et significations, 2007. 6. JeanLouis JEANNELLE et Catherine VIOLLET (dir.),Genèse et autofiction, 2007. 7. Irène FENOGLIO (dir.),L’écriture et le souci de la langue. Écrivains, linguistes : témoignages et traces manuscrites, 2007. 8. Irène FENOGLIO,Une autographie du tragique. Les manuscrits deLesFaitset deL’avenir dure longtempsde Louis Althusser, 2007. 9. Delphine DENIS (dir.),L’obscurité. Langage et herméneutique sous l’Ancien Régime, 2007. 10. Aurèle CRASSON (dir.),L’édition du manuscrit. De l’archive de création au scriptorium électronique, 2008. 11. Laurent SUSINI et David ZEMMOUR,La littérature engagée, à paraître.
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Aurèle CRASSON (dir.)
L’édition du manuscrit De l’archive de création au scriptorium électronique
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N° 10
A C A D E M I A A B B R U Y L A N T
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D/2008/4910/03
©BruylantAcademia s.a.  Grand’Place, 29  B1348 LOUVAINLANEUVE www. academiabruylant.be
ISBN 13 : 9782872098842
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit. Imprimé en Belgique.
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ARCHIVES MANUSCRITES LITTÉRAIRES : APPROPRIATIONS ET TRANSMISSION
1 Aurèle CRASSON
’objet du présent ouvrage consiste à donner un état de l’art des modes pubLlication, participent de près ou de loin à la conservation, à l’étude et à d’approche du document de travail de l’écrivain. Les acteurs intéressés sont ceux qui, hormis l’écrivain luimême qui s’en est éloigné après la transmission d’un manuscrit tantôt archive patrimoniale, tantôt support vivant de la création. Conservateurs et collectionneurs sont concernés ainsi que tous les lec teurs savants, tels les généticiens du texte, qui cherchent à reconstituer la chronologie des œuvres, à appréhender empiriquement la part d’ombre de la création scripturale et littéraire. Il s’agit également de montrer les nœuds de questionnement engendrés par la technologie hypertextuelle au regard de l’édition génétique, plus préci sément la façon dont se transforment les pratiques du livre dans le passage au numérique. L’entrée du manuscrit de création dans l’espace numérique est sous tendue par la question de sa représentation.Dans le cadre de cet ouvrage, « Manuscrit de création » est pris dans son acception génétique qui introduit une dimension chronologique : différents états d’écriture tendant vers un texte définitif.Par « représentation », nous entendons aussi bien l’affichage d’un feuillet manuscrit sur un écran d’ordinateur (le facsimilé numérique) que les différentes informations permettant d’identifier et d’exploiter le
1 Ingénieur informatique à l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM – UMR8132).
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’ . L ÉDITION DU MANUSCRIT DE L ARCHIVE DE CRÉATION AU SCRIPTORIUM ÉLECTRONIQUE
contenu tant scriptographique que topologique ou perceptif du manuscrit. Selon le regard qu’on lui porte ou l’usage qu’on en fait, le manuscrit se présente tantôt comme une image, tantôt comme un texte, voire comme un support ; rarement ces trois aspects sont envisagés comme parties prenantes d’un système. D’un autre point de vue, il peut être appréhendé comme une hybridation de traces scriptographiques et idiosyncrasiques intimement liées tant par le geste d’écriture que par les opérations de relecture. La transposition numérique de ces différentes couches interprétatives pourrait permettre une approche inédite du manuscrit de création. Pourtant un mauvais usage de cette technologie peut entretenir l’illusion qu’il n’y a, à l’exception du support, pas de différences entre l’image d’un objet et sa représentation sur un écran d’ordinateur. Celleci est pourtant fondamentale : s’il y a ressemblance au niveau de la perception, l’image analogique est une projection alors que le document produit par l’ordinateur est une information pouvant être décrite et exploitée en tant que telle.La complexité est encore plus grande avec le manuscrit qu’elle ne l’est avec une simple image. Un manuscrit multiplie les sources d’informations et les angles d’approches, chacun d’eux favorisant un parti pris de représentation. La question reste alors de savoir si le document continuera à être perçu comme une globalité – ce qui était donné par la reproduction analogique – ou s’il faudra trouver un moyen pour que le numérique ne renvoie pas qu’une somme d’informations partielles.
À l’espace privé du cédérom qui appelle un modèle d’édition clos, limité et inscrit dans le temps du fait de son support physique, s’opposent des modèles d’édition en ligne auxquels on accède aujourd’hui via un simple navigateur et une connexion Internet. Construits sur une dynamique d’un présent per pétuel, ils engendrent une approche sensiblement différente à la fois de l’ar chive et des conditions de son appropriation. Sites de présentation, portails, Ebooks, bases de données, etc. ; le choix est vaste mais il reste rare néan moins que cette offre si variée réponde à la fois aux ambitions de la critique génétique et aux désirs d’un public non initié, simples visiteurs de « l’arrière pays » des œuvres.
Avec l’avènement des ordinateurs et du traitement de texte, les manus crits constituent aujourd’hui des objets rares que l’on expose dans les vitrines des centres de conservation ou des musées. On se déplace pour observer la matière scripturale, le papier « épuisé », ce « matériau » sensible et charnel authentifiant l’origine de l’œuvre comme la main du scripteur.
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Aurèle Crasson –Archives manuscrites littéraires : appropriations et transmission
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Les manuscrits appartiennent désormais aux siècles passés. Si, dans notre e XXI siècle, nombre d’écrivains continuent d’écrire à la main, pour beaucoup, l’expression du geste ne se manifeste plus que dans les corrections des ver sions saisies au traitement de texte et imprimées sur papier blanc. La fonction 2 « effacer – remplacer ou couper – coller » du traitement de texte fait défi nitivement disparaître cette infime part des processus mentaux qui pouvait encore être décelée par les traces graphiques laissées sur le papier. Si l’on considère par ailleurs que l’on pourra de moins en moins appro cher de près les manuscrits des écrivains parce que leurs supports se fragili sent avec la lumière ou d’autres déprédations causées par le temps, il en va de la survie des archives d’être transposées sur ces nouveaux supports technolo giques d’informations et de communication. Il s’agit là, du reste, d’une double utilité pour les bibliothèques et les centres de conservation : faire découvrir des manuscrits à un nouveau public sans craindre l’altération des documents et bénéficier d’un archivage qui protège le manuscrit luimême grâce à des procédés de conservation adaptés tout en pérennisant son statut de document patrimonial par un traitement informatisé. C’est en partie à la question du « comment » faire vivre ce patrimoine, comment l’éditer numériquement pour que le scientifique comme le profane y découvrent un peu de sensible et beaucoup à apprendre, que cet ouvrage tente, par l’intermédiaire de généticiens du texte, d’éditeurs et de conserva teurs, d’apporter un éclairage. En consacrant un séminaire général en 2004 à l’édition savante du ma 3 nuscrit de création, l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) po sait de fait la question d’un modèle de référence d’édition génétique. Ce sémi naire supposait la possibilité de dégager un prototype exclusif, de préférence électronique, qui aurait pris corps sur la base d’expériences diverses menées
2 Quel écrivain conserve l’historique de ses enregistrements ? Qui aurait envie de se plonger dans une mémoire d’ordinateur pour reconstituer toutes les traces d’opé rations d’écriture ? 3 Sous la responsabilité du CNRS, ce séminaire général de l’ITEM a été organisé et coordonné par Aurèle Crasson. Les séances se sont tenues à l’École normale supé rieure de la rue d’Ulm à Paris. Les communications sont accessibles et téléchargeables sur le site de l’ENS, via la rubrique « Diffusion des savoirs » : http://www.diffusion. ens.fr/
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par des généticiens, des conservateurs et des éditeurs éloignés du champ de la recherche pure. Il a vite été constaté qu’il paraissait vain, au regard des approches édito riales présentées, de confiner l’édition à cet unique modèle préconisé. Sans compréhension du corpus luimême, de sa dynamique, de sa logique, de son étendue, il semble difficile d’imaginer dans le contexte du numérique des concepts de visualisations, de codages, de circulations, d’interactions auto risant des représentations singulières et alternatives valables pour tous les corpus. Chacun possède en luimême sa part de représentation qu’il revient au spécialiste de dégager, de même qu’aucune édition ne peut se conformer à un modèle proclamé, tant les approches sont différentes d’un « auteur – généti cien – critique » à l’autre. S’il n’y a donc pas de modèle à proprement parler, il existe sans doute un « idéal » d’édition pouvant répondre à la fois à l’exigence exhaustive du critique et aux attentes d’un lecteur mu par l’idée d’engager son regard dans le territoire intime de l’œuvre. Cette double configuration des attentes ne pouvant s’exprimer qu’à travers un médium supportant à la fois la source (l’image du manuscrit) et les annotations critiques actuelles et à venir qui s’y réfèrent, cette recherche d’« idéal » ne peut se faire sans l’apport des technologies numériques d’une part, mais surtout sans une compréhension du concept hypertexte initié par Georges Landow pour la construction d’un texte littéraire ou critique. Quelle est la part d’invention du généticien du texte pour transmettre la lecture active d’une œuvre en cours d’élaboration scripturale ? Dans quelle mesure le manuscrit, originellement lieu et support de travail de l’écrivain, peutil se donner à voir en tant que représentation d’un processus sur un sup port luimême réputé processuel ?
Le terme même d’édition, remis subrepticement audevant de la scène via les menus des interfaces de communication méritait que l’on en redéfinisse les contours puisque, de fait, est introduite l’idée « d’édition génétique », sujet de questionnement de cet ouvrage.
Qu’entendon donc par édition génétique ? Quel est le statut de la publi cation d’un facsimilé ? Quel public est concerné ? Doiton opposer l’exhausti vité de la publication du facsimilé à la sélection, aux coupes du chercheur qui cherche à faire partager au lecteur les espaces du manuscrit où se sont portées ses recherches ?
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Doiton, par ailleurs, s’interroger d’emblée sur les modalités de représen tations des documents avant même d’avoir produit une interprétation, une œuvre critique ou l’établissement du texte de genèse ? Quelle part doiton 4 donner à la transposition des sources, à la lecture , voire à l’incitation à créer des parcours pour reconstituer de la genèse ? Enfin, de quelle manière les technologies numériques qui touchent aujourd’hui l’ensemble de la chaîne éditoriale, de la numérisation à la pu blication en ligne ou sur cédérom, peuventelles répondre aux exigences de documents par nature hybrides ?
Médium d’édition
Le dictionnaireLe Robertplusieurs définitions du mot propose Éditer: « faire paraître un texte qu’on présente, publier et mettre en vente, imprimer ou présenter sur écran des informations, afficher une information et en per mettre la correction ». Elles indiquent toutes une action qui soit, soustend la possibilité d’un geste définitif en produisant un objet dépendant du support qui l’a créé, soit engendre des états virtuels de documents n’ayant d’existence que dans les mémoires d’ordinateurs. Contrairement au résultat obtenu par une impression papier, l’appel d’un document sur un écran est propice à de perpétuels remaniements. À l’imprimé stable et historique, s’oppose ainsi le virtuel actualisable au présent perpétuel.
C’està travers cette opposition que se définissent les enjeux de l’édition : d’un côté, le livre qui rassemble, circonscrit un propos, oblige l’auteur à anti ciper le moment où son œuvre ne lui appartiendra plus ; de l’autre, l’hyper texte électronique qui déborde le discours. L’édition se pose, il me semble, aujourd’hui dans cet entredeux.
5 Sauf exception concernant de très petits corpus , il ne viendrait aujourd’hui à personne l’idée de publier un dossier génétique sur un support imprimé ; le manuscrit luimême ne s’y prête pas et la manipulation d’un tel ouvrage va
4 Fragmentaire, cette « lecture » constitue une épreuve car elle implique de s’adapter aux nœuds de ruptures, aux impasses, à l’absence de linéarité et de logique narrative immédiate. 5 Voici un exemple récent : Marcel Cohen, Aurèle Crasson, Irène Fenoglio, Récitd’Edmond Jabès, les cinq états du manuscrit, Textuel, Paris, 2005. De nombreuses et remarquables éditions de textes ont été publiées ; elles ne sont toutefois pas
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