Le Violon d or
190 pages
Français

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Description

Après avoir perdu sa femme dans un accident, laissant une trace indélébile au sein de la famille, Philippe élève ses quatre enfants avec l'aide de sa mère Mathilde. Pourtant, quand il rencontre Juliette, la jeune institutrice du village, au sujet des talents de sa fille Nathalie pour le violon, le charme opère. Ils décident alors de se marier.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 19
EAN13 9782812918735
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Couverture L'auteur Du même auteur Dédicace Première partie : Enfances I II III IV V VI Deuxième partie : L’accident VII VIII IX X XI XII XIII Troisième partie : Un violon pour Nathalie XIV XV XVI XVII Épilogue 4ème de couverture
Pour son propre plaisir,Albert Duclozécrit depuis l’enfance romans, poésies, contes et nouvelles. Pourtant, après une carrière de directeur d’établissement de soins, ce n’est qu’en 2002 qu’il publie son premier romanCitadelles d’orgueil. En 2007, il obtient le prix Claude Favre de Vaugelas pourAmants de juin Les . Le Violon d'or est son troisième roman aux éditions De Borée.
LEVIOLON D'OR
Du même auteur Aux éditions De Borée
Les Jacinthes sauvages Une étrange récolte Autres éditeurs Citadelles d’orgueil La Métamorphose de la cigale La Vengeance du marais Le Piège à loup Les Amants de juin,prix Claude Favre de Vaugelas 2007 Les Dames blanches Les Enfants des étoiles Les Larmes de Chanteuges Les Mystères d’Anaïs Lettres d’Algérie à mes parents Pas à pas dans la neige
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. © , 2012
ALBERTDUCLOZ
LEVIOLON
D'OR
À Marcel Brandon, mon ancien instituteur.
En fin de journée, pour apaiser nos esprits,
il nous jouait du violon.
Première partie
Enfances
I
A PETITE AIGUILLE de l’horloge s’attardait sur le chiffre IV mais, s ur le bas du L cadran, la grande touchait le VI. Les enfants dans la classe se disaient : enfin 4 heures et demie, le moment tant attendu. Nathalie , assise à son pupitre, ses yeux noisette levés vers la plus haute vitre de la fenêtre, observait le soleil. Comme le cercle de l’horloge, l’astre lui paraissai t parfaitement rond et le feu de sa boule lumineuse caresserait bientôt sur la forêt du Breuil ses douceurs vertes en paix. Les cimes des sapins, en une longue échine noire verdie par leurs aiguilles, coupaient le bleu du ciel où des nuages pâles, annonciateurs de pluies pour le surlendemain, s’étiraient presque immobiles en flocons de soie grise. Au-delà, était La-Chaise-Dieu. Juliette, la jeune institutrice, savait qu’à partir de cette heure s’atténuait l’attention des enfants. Aux premiers jours de mai, vers les 4 heures du soir, lorsqu’il faisait beau temps, elle profitait d’un a près-midi tiède et ensoleillé pour emmener ses petits et grands élèves en classe uniqu e découvrir les êtres parfois minuscules et inconnus qui vivaient en liberté parm i les herbes, sous les lisières des forêts, voire dissimulés dans les jardins, si l eurs propriétaires acceptaient cette visite scolaire. Le grand air faisait oublier aux gamins l’enfermement du reste de la journée, ravivait leur curiosité d’appr endre. Armés de feuilles blanches, de carnets et de crayons, ils découvraien t et dessinaient ce que, dans leur village de Malvières, ces jeunes êtres côtoyai ent sans jamais s’en étonner. Niché au cœur d’une forêt cernée de terres, c’est u n pays de forêts sombres, saturé de parfums d’humus, de prairies vallonnées q ui ondulent sous le ciel, de petites routes perdues au fond de vallons verts. Da ns la plus grande de ses clairières, une pierre gravée apprend au promeneur que Jules César, se croyant définitivement vainqueur à l’issue de sa fameuse gu erre des Gaules, fut rattrapé à cet endroit par le coursier d’une légion d’arrièr e-garde : il l’avisait d’une première révolte des Gaulois et César dut faire dem i-tour. Dans les champs, les prairies, bois, potagers, buis sons et arbres creux vivent petits oiseaux, insectes, minuscules animaux ! Les élèves de l’école, pour la plupart fils et filles de paysans ou artisans, fini ssent par ne plus y porter attention. Mais cet après-midi de novembre 1967 s’étirait en l ongueur dans la douce clarté du bel après-midi. L’institutrice observait Nathali e, épiait le regard de la fillette : il s’évadait vers le soleil couchant par-delà la forêt . La maîtresse savait bien qu’à cette heure les matières du programme glisseraient sur elle et les autres élèves comme l’eau sur la toile cirée. La classe unique, s urtout à effectif limité comme celle de Malvières, représentait pour les enfants u n mélange difficile par les écarts des âges mais dynamique par son bouillon de culture idéal et qui les mélangeait : garçons, filles, petits et grands, ric hes ou pauvres. La leçon de morale du matin, les sorties de fin d’après-midi pa r beau temps, le chant du soir et la musique durant l’hiver retenaient toutes les attentions.
Assis en silence, bras croisés, tous, mais Nathalie plus encore, attendaient cet instant. Invariablement à cette heure, selon la mêm e liturgie, dès que la classe était en paix, la maîtresse se levait, marchait sur sa gauche jusqu’au bout de l’estrade, en descendait la marche, se dirigeait ve rs la haute armoire de sapin clair installée face à la fenêtre où se posait à ce t instant le regard de Nathalie. La
main de Juliette saisissait la clé engagée dans la serrure du meuble, la tournait, tirait la porte à elle. Ses deux mains se glissaien t alors dans l’espace le plus envié par Nathalie et ses petits condisciples. Lors qu’elles en ressortaient, cinq longs doigts pâles et pliés tenaient serrée entre e ux la poignée d’un étui noir ; toutes et tous savaient qu’à l’intérieur reposait e n silence le violon de leur maîtresse. L’autre main repoussait le battant de la porte pour bien fermer l’armoire. Juliette alors observait la classe, reto urnait vers l’estrade, remontait à son bureau, doucement y déposait l’étui, puis l’ouv rait. Les enfants ne perdaient pas une miette du moindre geste, du plus petit mouv ement de leur maîtresse. À ce moment, si par inadvertance et sans prévenir de sa visite l’inspecteur d’académie eût ouvert en silence la porte de la cla sse, ses oreilles auraient pu entendre les mouches voler, si déjà les gelées de n ovembre ne les avaient pas fait périr. Dans l’étui, la main de Juliette saisissait le viol on par le manche, le soulevait, puis, avec délicatesse et même avec amour, elle en posait la caisse sur le bureau. Sa main retournait à l’écrin, retirait l’archet, actionnait la vis fixée tout en haut pour régler la tension des crins qui composaie nt la mèche. Les enfants observaient à cet instant la main replonger dans l’ étui pour retirer le pain de colophane. Ils connaissaient le nom exact de tous l es éléments car la maîtresse, avant même de jouer pour la première fois, n’avait pas compté son temps pour très bien expliquer. Son pouce et son index en pinc e passaient et repassaient le pain de colophane sur les crins de la mèche, pour b ien les enduire afin qu’ils puissent faire vibrer les cordes du violon. Puis, a ussi bien par le regard que le toucher sous la pulpe de ses doigts, s’étant assuré e que les crins de l’archet étaient à présent suffisamment enrichis, elle repos ait ce dernier pour saisir par la main gauche le manche du violon et de la droite en accorder les cordes. Enfin, oreille tendue dans le silence, elle faisait une à une entre ses doigts vibrer les cordes, de la plus fine à la plus grosse. Attendu par tous ces enfants de la terre entre Livr adois et Forez, puisque Malvières et La Chaise-Dieu marquent exactement la frontière entre les deux pays, le moment magique arrivait enfin. Au début, p our la première fois que Juliette joua, les enfants émerveillés rapportèrent le soir à leurs parents l’immense plaisir de leurs yeux et de leurs oreille s. La plupart de ces derniers se montrèrent fiers que la jeune institutrice de leur petit village osa une telle initiative, donnant à leur progéniture le goût de l ’école, la joie d’y apprendre et le soir, pour terminer la journée, le plaisir d’écoute r la chanson du violon. Malgré tout, quelques esprits chagrins trouvèrent l’initia tive de cette pratique superflue et peut-être même nuisible. Ils demandaient à l’ins titutrice d’enseigner l’utile : lire, écrire et compter, auquel il convenait d’ajou ter un peu de géographie et de sciences naturelles, mais certainement pas d’appren dre à jouer du violon ! On n’avait que faire de cette frivolité : pour ces parents, le rôle de l’école se résumait dans l’apport du nécessaire permettant à leurs enfa nts de gagner plus tard leur vie : et nul à la campagne ne la gagnerait en jouan t du violon. Le plus risqué à leurs yeux était que cette maîtresse, qui venait de s environs du Puy-en-Velay – et cette ville est une grande ville pour Malvières –, risquait d’inculquer à leurs rejetons des goûts de luxe que devenus adultes ils n’auraient pas les moyens de satisfaire.
Mais deux événements apportèrent leur secours à Jul iette. En juin 1966,
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