Observation incognito en sociologie
172 pages
Français

Observation incognito en sociologie , livre ebook

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172 pages
Français

Description

Le problème de l'implication du chercheur dans une enquête sociologique est un débat récurrent. Certes, l'observation participante incognito modifie l'environnement social étudié. Elle permet surtout l'accès à des terrains méconnus, tout en fournissant des matériaux riches et inaccessibles avec d'autres approches. Cet ouvrage propose une réflexion théorique, des conseils pour une application pratique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 39
EAN13 9782296510272
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

incognito modifie l’environnement social étudié. Et si elle pose de
réflexion théorique, des conseils pour une application pratique, ainsi
Christophe Dargère
L’OBSERVATION INCOGNITO EN SOCIOLOGIE
Notions théoriques, démarche réflexive, approche pratique et exemples concrets
Préface de Bruno Milly Postface de Stéphane Héas
L O G I Q U E S S O C I A L E S
L’observation incognito en sociologie
Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Dominique JACQUES-JOUVENOT, Gilles VIEILLE-MARCHISET (dir.),Socio-anthropologie de la transmission, 2012. Barbara LEBRUN (éd.),et performance. Mise en Chanson scène du corps dans la chanson française et francophone, 2012.Monique DOLBEAU,La mémoire de métier. Enquête sur le maréchal-ferrant, 2012. Claude GIRAUD,Que faisons-nous lorsque nous organisons ?, 2012. Christophe PERREY, Un ethnologue chez les chasseurs de virus. Enquête en Guyane française, 2012. Thomas SEGUIN,La politique postmoderne. Généalogie du contemporain, 2012. Emilie HENNEQUIN (dir.),La Recherche à l’épreuve des terrains sensibles : approches en Sciences Sociales, 2012. Michel LIU,La dynamique des organisations : l’émergence des formes démocratiques, 2012. Joseph AOUN,Les identités multiples, 2012. Henry TORGUE,Le sonore, l’imaginaire et la ville. De la fabrique artistique aux ambiances urbaines, 2012. Marie-Christine ZELEM,Mondes paysans. Innovations, progrès technique et développement. Témoignage de Pierre Brugel, 2012.
Christophe Dargère
L’observation incognito en sociologie
Notions théoriques, démarche réflexive, approche pratique et exemples concrets Préface de Bruno Milly Postface de Stéphane Héas
Du même auteur Si ça vient à durer tout l’été… Lettres de Cyrille Ducruy, soldat écochois dans la tourmente 14-18, Paris, L’Harmattan, 2010. Je vous écris de mon hôpital… Destins croisés de six soldats ligériens blessés pendant la Grande Guerre, Paris, L’Harmattan, 2011. Inconcevable critique du travail.Analyse sociologique des conséquences de l’activité humaine,Paris, L’Harmattan, 2012. Enfermement et discrimination. De l’entité médico-sociale à l’institution stigmate, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2012.© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00401-3 EAN : 9782336004013
Préface Un sociologue dans l’institution Avec la volonté de fuir les conseils méthodologiques trop prescriptifs et normatifs, je dis souvent à mes étudiants qui réfléchissent à des terrains de recherche potentiels que tous les terrains sont possibles : depuis les terrains familiers avec lesquels il s’agit de construire une étrangeté pour s’étonner de l’ordinaire, jusqu’aux terrains exotiques dont il s’agit de s’imprégner le plus longuement possible pour parvenir à comprendre l’extra-ordinaire. J’ajoute volontiers que tous les « coups » méthodologiques sont permis, depuis l’usage des techniques standardisées les plus éprouvées (les « classiques » questionnaires, entretiens semi-directifs, observations – participantes ou non – et analyses documentaires sur lesquels les manuels foisonnent) jusqu’à l’exploration d’innovations, mélanges et bricolages techniques incongrus. Acceptant de glisser de l’optatif vers le prescriptif et le normatif, je termine généralement en émettant quelques interdictions. Pas de terrains dangereux (pas d’enquête donc sur les milieux des sectes, de la mafia, des réseaux de drogue, … non pas parce que ces objets ne constituent pas des objets sociologiques « légitimes », mais parce que je ne veux pas que mes étudiants s’engagent dans des milieux qui pourraient mettre leur intégrité en péril). Pas non plus d’observation prolongée incognito (ni d’enregistrement caché, « en douce », des paroles) pour ne pas trahir la liberté des personnes de choisir de participer ou non à un terrain de recherche sociologique : il s’agit là d’un impératif « moral », « déontologique », « éthique » auquel je pense que tous les sociologues devraient être attachés, gêné que je suis quand je lis parfois des situations dérobées, des paroles volées, des anonymats transgressés,
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des « indigènes » ridiculisés quand sont rapportés des propos ou des situations saisis à leur insu. Contrairement à l’observateur placé derrière une glace sans tain et qui jouit de cette position supposée sans biais, le sociologue me sembledevoiraccepter de ne saisir que des situations dans lesquelles sa présence, même immatérielle, a été acceptée par les différents protagonistes engagés. Et pour reprendre 1 le point de vue de François Laplantine (1996) , il me semble qu’ildevraitfaire, sans regretter les éventuels le biais qui seraient liés à sa présence, mais en profitant au contraire de la plus-value que lui donne sa place dans la situation observée. Me voilà pourtant en train d’écrire une préface sur un ouvrage qui défend un point de vue radicalement inverse, non seulement en théorie, mais aussi en pratique ! Une posture si convaincante que je serai désormais (presque…) prêt à la conseiller à mes étudiants, comme si je leur disais : « Faites ce que je vous dis de ne pas faire ! ». Le nec plus ultrade l’injonction contradictoire… En tout cas, je leur dirai : « Si vous faites ce choix, lisez le livre de Christophe Dargère. »… Christophe Dargère n’est certes pas le premier sociologue à s’aventurer dans une observation incognito prolongée, et plus précisément à observer un milieu social dont il est membre, à changer progressivement de statut – depuis celui d’acteur jusqu’à celui de sociologue – et à choisir de ne pas révéler ce changement à ses « voisins d’institution » (qu’ils soient collègues ou publics). Mais il est parmi les rares qui se sont attachés à décrire si précisément cette expérience et à vouloir peser tous les enjeux méthodologiques et éthiques qu’elle recouvre. Son 1 Laplantine F., (1996),La description ethnographique, Paris, Nathan.
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initiative prend ainsi grand sens pour celles et ceux qui voudraient s’initier à l’observation participante et s’interroger sur l’intérêt ou la nécessité morale du dévoilement. Pour reprendre des catégories qu’il remobilise, il est plus « participant observateur » qu’« observateur participant » puisqu’en tant qu’instituteur, il « évoluait depuis fort longtemps dans le système qu’il a décidé d’étudier un 1 beau jour » . En ce sens, il est proche des travaux des écoles de Chicago, avec des sociologues qui, dans le sillage de Robert Park puis Everett Hughes, ont pris pour objet de recherche les milieux dont ils sont issus ou dans lesquels ils sont impliqués, des milieux dans lesquels ils ne jouent pas aux indigènes, mais dont ils sont les indigènes (pour une synthèse historique de ces travaux, nous 2 renvoyons à Daniel Cefaï (2003) , mais aussi à William 3 Foote Whyte dansStreet Corner Societyet à (1943) , Donald Roy dont les articles ont été récemment traduits en 4 français (2006) . Christophe Dargère est donc un indigène de l’institution qu’il observe. Ce statut enlève-t-il à l’impératif moral de se « dévoiler » en tant que sociologue, une fois que la décision est prise de passer de l’autre côté du miroir sociologique ? Je ne le pensais pas, mais suis prêt à reconnaître une quasi-conversion. Il faut dire que l’argumentation a été pensée pour être convaincante. Les quatre parties de l’ouvrage sont autant
1 Voir p. 26. 2 Cefaï D. (dir.), (2003),L’enquête de terrain, Paris, La Découverte. 3 Roy D., (2006),Un sociologue à l’usine. Textes essentiels pour la sociologie du travail.Paris, La Découverte. 4 Whyte W.F., (1943)Street Corner Society, Chicago, University of Chicago Press.
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d’arguments de poids face aux réticences de ceux pour lesquels « l’observation incognito demeure un épouvantail iconoclaste qui interpelle encore fréquemment la 1 bienséance académique de la sociologie » . Une première partie qui situe l’approche face à toutes les interrogations épistémologiques et déontologiques (je ne crois pas que l’auteur en oublie beaucoup !) sur ce type d’observation en sociologie et plus largement en sciences sociales : l’inventaire des questions et de quelques-unes des réponses que lui ont données les grands classiques est remarquable. Une deuxième partie fixant les repères méthodologiques incontournables pour tous ceux qui désireraient s’aventurer dans cette « chasse au trésor ». Deux parties enfin, livrant des matériaux bruts issus soit de communications verbales soit d’interactions visuelles, et proposant des analyses sociologiques de ces différents matériaux. Le lecteur hésitant a dès lors de quoi sentir chanceler ses certitudes éthiques, déontologiques et morales. C’est en tout cas le sentiment que j’ai personnellement au sortir de sa lecture. Avec comme seule ultime réserve : que ressentiront ses « voisins d’institution », ses collègues et ses anciens élèves, quand ils liront cet ouvrage, découvriront son auteur à découvert et se découvriront eux-mêmes « découverts » ? Là n’est finalement pas le moindre des paradoxes : la force de l’ouvrage tient aussi à ce que, à couvert sur son terrain, Christophe Dargère écrit à découvert. Tout au long de l’ouvrage, il se découvre à nous, ses lecteurs, à travers son enfance, son itinéraire universitaire et professionnel, ses interrogations d’enseignant dans un institut médico-professionnel, ses choix de sociologue, ses questionnements éthiques et moraux. À la façon dont il décrit les pêcheurs du Maelström évoqués par Norbert 1 Voir p. 145.
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1 Elias , il nous montre comment il a pu échapper au tourbillon institutionnel qui menaçait de l’engloutir et la force, dans ces circonstances, de l’observation incognito. Celles et ceux qui voudraient l’imiter pourront assurément le remercier des quelques bouées de sauvetage qu’il a lancées à leur attention. Pour avoir eu la chance de lire sa thèse dans sa première version académique, j’émettrai pour terminer un regret à la lecture du présent ouvrage : qu’il ne soit pas permis au lecteur de voir ce que Christophe Dargère a retiré de cette méthode et de son matériau du point de vue de l’analyse des institutions totales et des processus de stigmatisation qu’elles génèrent ou autorisent. Je me permettrai donc de terminer par un conseil au lecteur : compléter son regard en lisant un autre ouvrage de Christophe Dargère : Enfermement et discrimination. De l’institution médico-sociale à l’institution stigmate, Presses Universitaires de Grenoble, 2012.  Bruno Milly, octobre 2012  Professeur de sociologie  Université Lyon 2 1 Voir p. 46-49.
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