Philosophie de la régénération
260 pages
Français

Philosophie de la régénération , livre ebook

-

260 pages
Français

Description

L'aptitude du vivant à se régénérer reste un sujet d'étonnement et d'investigation, depuis l'élaboration d'une conception scientifique de la régénération au XVIIIe siècle, avec les découvertes majeures sur les polypes des deux naturalistes Tremblay et Réaumur qui bousculent les représentations du vivant. Si les bras des polypes se reconstituent, ne pourrait-il en être de même pour d'autres créatures vivantes ? Jusqu'où les êtres sont-ils capables de régénération ? Pourrait-on mettre en oeuvre une chirurgie de la régénération ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 192
EAN13 9782296242234
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Philosophie de la régénération

Médecine, biologie, mythologies

HIPPOCRATE ETPLATON
$abPQ`PQ]TUX\`\]TUQPQXLZ0PQOU[Q

+\XXQOaU\[PU_US0Q ]L_ 3QL[ 5\ZML_P

L’unité originelle de la médecine et de la philosophie, qui a marqué l’aventure
intellectuelle de laGrèce, a aussi donné naissance audiscoursmédical de
l’Occident. Cette collection accueille desétudesconsacréesà larelation
fondatrice entre lesdeuxdisciplinesdansla pensée antique ainsi qu’à la
philosophie de la médecine, de l’âge classique auxLumièresetà l’avènement
de la modernité. Ellese consacre au retourinsistantde la pensée
contemporaineverslesinterrogationsinitiales surle bonusage du savoiretdu
savoir-faire médical et sur son entrecroisementavec la quête d’unesagesse.
Ellevise enfin à donner un cadre audialoguesurl’éthique et sur
l’épistémologie danslequel pourraient seretrouver, comme auxpremiers
tempsde larationalité, médecinsetphilosophes.

,0V)]L_b`

Jean Lombard,L’épidémie moderne et la culture du malheur, petit
traité du chikungunya,2006.
Bernard Vandewalle,Michel Foucault, savoir et pouvoir de la
médecine,2006.
Jean Lombard etBernard Vandewalle,Philosophie de l’hôpital,2007.
Jean Lombard etBernard Vandewalle,Philosophie de l’épidémie, le
temps de l’émergence,2007.
Simone Gougeaud-Arnaudeau,La Mettrie (1709-1751), le
matérialisme clinique,2008.
Jean Lombard,Éthique médicale et philosophie L’apport de
l’Antiquité,2009.

s]L_L6a_Q

Bernard Vandewalle,Spinoza et la médecine.

Gilles Barroux

Philosophie de la régénération
Médecine, biologie, mythologies

L’Harmattan

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10488-4
EAN : 9782296104884

LA RÉGÉNÉRATION:ARKHÈD’UNE PHILOSOPHIE DE LA
NATURE ET D’UNE HISTOIRE DU MONDE

Régénérations d’hier, régénérations d’aujourd’hui –
Mythologies de la régénération – Physiologie et chirurgie à
l’origine d’une approche scientifique de la régénération – La
régénération comme métaphores dans les anthropologies
perfectionnistes et eugénistes – Que reste-t-il à écrire sur la
régénération ?

Régénérations d’hier, régénérations d’aujourd’hui

Leterme derégénération, quand il appartientau
vocabulaire de la biologie, désigne l’aptitude de corpsou
d’organismesàreconstituerdespartiesperdues. Un champ de
définitionsetdesignificationsbeaucoup pluslargesuggère des
mondesimaginairesouimprobables: ceuxde la mythologie la
plusancienne, ceuxquisonthabitésparde multiplesprodiges
qu’on a décelésoucrudécelerdansla nature aufil des
siècles… Il désigne encoreune étendue indéfinie de
possibilités, de projetsémanantdesapprentis sorciersquesont
leshommes, inventeursetexpérimentateursjamais satisfaits.
Cellules souchesd’un côté, espècesanimalesde l’autre,
chacune dansdescontextesexpérimentauxdifférents,
contribuent, bien malgré elles, à fairese côtoyer science et
imaginaire.
Unsujetaussi fécond etambitieuxnesauraitlaisserdans
l’indifférence lesphilosophes. Mais sousquel angle aborder
unetelle étude ?Faut-il composer un ouvrage faisantdes
sciences– physiologie, biologie, médecine principalement–
son objetcentral, oubien, convient-il plutôtdes’essayeràun
livre convoquantessentiellementla mythologie et
l’imaginaire ? Ne pas trancherest un crime quand on prétend à
unrationalismerigoureux:rien de plusdistinctentre cesdeux
ensemblesde mondes,rien de plusdangereuxque la confusion
entre l’universdesmythesetcelui desfaits. Maisil existe des

8

Philosophie de la régénération

mythesqui parlentaux sciences ;ilsnesontpasprécurseurs
pourautantde quelque découverte. Tel estle casdu sortcruel
de Prométhée qui estcondamné àvoir son foie éternellement
dévoré parlesoiseaux, commesi cetorgane possédait– qualité
biologique effectivementexistante –une aptitude à la
régénération… Ilya des sciencesqui produisentdesmythes,
1
des récits, deshistoires. Le polype d’eaudouce découvertpar
Abraham Tremblaya donné à penserque d’autresêtres vivants,
pluscomplexesdupointdevue de leurorganisation, pouvaient
posséderlesmêmesaptitudesàrégénérerleursbras, faisant
ainsirêverlescontemporainsde Tremblayet ses successeurs
surlesinfiniespotentialitésde la nature,surlesmouvements
perpétuelsde lavie… Cesallerset retoursentre mythe et
sciencesousla forme d’épisodes, d’anecdotes ressortissent
nettementplusd’unrelevé anecdotique que d’une interrogation
philosophique… D’autresmotivationsensontdonc à l’origine :
quelregard lesphénomènesderégénération conduisentdes
chercheursévoluantdansdespériodeshistoriqueséloignéesles
unesdesautresà porter surl’ordre dumonde,surla nature,sur
l’Homme, maisaussisurles sciencesetles techniques?
Parmi cesmotivations, figure ce qui provient, le plus
directementqu’ilsoitpossible, dumonde actuel, avecsa
cohorte d’événements, de déclarationsetd’espoirs suscitésdans
le domaine desdécouvertesetdesinventionsbiologiqueset
médicales. Or, aujourd’hui,souventàtortetàtraversmais
égalementparfoisà justetitre, l’on parle derégénération :
tissus, culturescellulaires. Un nouvel acteura fait, depuis
quelquesdécennies une entréeremarquée, alimentant une
impressionnantesomme d’articlesdans toutesles revues
appropriées, maiségalementdanslesmagazinesde
vulgarisatleion :scellules souches. Ellesontainsirévélé, non
pas une existence déjà connue depuislongtemps, maisdes
vertus, desfonctions reproductricesdont unusage expérimental
n’a cessé, depuis, des’avérerprometteur. Un processus, qui est
probablementen grande partie le propre de lascience, de ce

1

Polype, poulpe, dulatinpolypus: plusieursbras.

Régénération et observation

9

qu’on lui demande, de ce que l’on en attend dans son ensemble,
s’estmisen mouvement: passerde l’observation avectoutes
lesdéductionsquis’imposentà la pratique dansle dessein d’un
usagethérapeutique. Edward Jenneravait, en 1796, personnifié
ce même mouvement, en observantpuisen manipulantle
célèbrecow poxmontrantainsiunevertujusque-là ignorée de
ceuxqui n’évoluaientpasdansle monde paysan etqui
pensaientplutôt trouverla clé desphénomènesétudiésdansdes
lieuxhautementplus scientifiquesaupremierabord.
Désormais, le pusdes vachespouvaitagircommeun préservatif
contre la petitevérole, comme la première forme avouée du
2
vaccin anti-variolique . LouisPasteurétaitloin de perdreson
tempsaufond descaves, ens’attardant surlesprocessusde
3
moisissure .Le monde desmatièresdégoûtantesapportait sa
contribution à l’élaboration d’une première immunologie,
dimension dontla médecine ne pourra plus se passer.
Autre facetteremarquable des recherches surlescellules
souchesetde leurspropriétés thérapeutiques: comme celas’est
déjà produità plusieurs reprises, la médecine devientou
redevientauto médecine. C’estducorpslui-même, deson
organisme, desesmicro-organismes, ques’extraientles
matériauxpremiersd’unethérapeutique. Le corpshumain,
animal, maisaussivégétalressemble ainsi àune maison dans
laquelle onvivraitdepuisbien longtemps,ressentantparfois son
étroitesse et, découvrantdetempsentemps, cela parl’effetde

2
Edward Jenner(1749-1823), médecin-chirurgien, partisan de
l’inoculation, observe attentivementlesmainsdespaysansdesonvillage
natal, Berkeley, couvertesde pustules semblablesà cellesquisontproduites
parlecow-pox(vaccine)surle pisdes vaches, etil établit un lien amené à
devenirfortpertinentavec le faitque cesmêmespaysansnesontjamais
maladeslorsqu’éclateune épidémie devariole. Vingtansplus tard, le 14 mai
1796, ilvaccineson premier sujet, JamesPhilipps, en lui injectantle pus
d’une pustule d’une femme at

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents