Charcot, Freud et l hystérie
190 pages
Français

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Charcot, Freud et l'hystérie , livre ebook

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Description


Collection : Acteurs de la Science

L'hystérie a été pendant des siècles un objet d'étude et de perplexité pour le monde médical. Ses symptômes ont déroulé leur théâtralité identique et répétitive de l'époque d'Hippocrate à celle de Charcot et de Freud. Les médecins ont peut-être eu le tort de l'avoir abordée comme une pathologie et non comme un phénomène paroxystique de défense naturelle de l'organisme contre un environnement hostile.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296502574
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Charcot, Freud et l’hystérie
Acteurs de la Science
Collection dirigée par Richard Moreau, professeur honoraire
à l’Université de Paris XII
et Claude Brezinski, professeur émérite à l’Université de Lille


La collection Acteurs de la Science est consacrée à des études sur les acteurs de l’épopée scientifique moderne ; à des inédits et à des réimpressions de mémoires scientifiques anciens ; à des textes consacrés en leur temps à de grands savants par leurs pairs ; à des évaluations sur les découvertes les plus marquantes et la pratique de la Science.

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Djillali Hadjouis, Camille Arambourg, Une œuvre à travers le monde, 2012.
Jacques Marc, Comment l’homme quitta la Terre, 2012.
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Thomas de Vittori, Les notions d’espace en géométrie, 2009.
Roger Teyssou


Charcot, Freud et l’hystérie
Du même auteur

La médecine dans le sang. Gabriel Andral, pionnier de l’hématologie (à paraître).

L’aigle et le caducée. Médecins et chirurgiens de la Révolution et de l’Empire, Editions L’Harmattan, 2011.

Une histoire de l’ulcère gastro-duodénal. Le pourquoi et le comment, Editions L’Harmattan, 2009.

Dictionnaire des médecins, chirurgiens et anatomistes de la Renaissance, Editions L’Harmattan, 2009.

Dictionnaire mémorable des remèdes d’autrefois, Editions L’Harmattan, 2007.

Quatre siècles de thérapeutique médicale du XVI è au XIX è siècle en Europe, Editions L’Harmattan, 2007.

La Médecine à la Renaissance, Editions L’Harmattan, 2002.


© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-99465-2
EAN : 9782296994652

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
En effet les grands hommes sont précisément ceux qui ont apporté des idées nouvelles et détruit des erreurs. Ils n’ont donc pas respecté eux-mêmes l’autorité de leurs prédécesseurs et ils n’entendent pas qu’on agisse autrement envers eux.
Claude Bernard

Les idées sont plus entêtées que les faits.
J.M. Charcot

Notre pauvre raison dont nous sommes si fiers, est fragile et combien nous sommes suggestibles, hallucinables, automates à nos heures {1} .
Hippolyte Bernheim

Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent, mais ne doutez pas de vous-même.
André Gide
Collection particulière
Introduction
Dans l’aliénation mentale, nous voyons les troubles les plus extraordinaires de la raison, dont l’étude est une mine féconde où peuvent puiser le physiologiste et le philosophe ; mais les diverses formes de la folie ou du délire ne sont que des dérangements de la fonction normale du cerveau, et ces altérations de fonction sont, dans l’organe cérébral comme dans les autres, liées à des altérations anatomiques constantes. Si, dans beaucoup de circonstances, elles ne sont point encore connues, il faut en accuser l’imperfection seule de nos moyens d’investigation. D’ailleurs ne voyons-nous pas certains poisons tels que l’opium, le curare, paralyser les nerfs et le cerveau sans qu’on puisse découvrir dans la substance nerveuse aucune altération visible ? Cependant nous sommes certains que ces altérations existent, car admettre le contraire serait admettre un effet sans cause {2} . Toute l’œuvre de Charcot était basée sur ces prémisses positivistes. Celle de Freud les ignorait superbement, avec un soupçon de réserve toutefois (on ne saurait trop préserver l’avenir), car il écrivait : On doit se rappeler que toutes nos connaissances psychologiques provisoires doivent être un jour établies sur le sol des substrats organiques. Il semble alors vraisemblable qu’il y ait des substances et des processus chimiques particuliers qui produisent les effets de la sexualité et permettent la perpétuation de la vie individuelle dans celle de l’espèce {3} . Tout l’enjeu de l’interprétation de l’hystérie résidait dans ce dilemme : d’un côté un scientifique novateur qui tentait d’appliquer la méthode expérimentale à l’étude d’une névrose, de l’autre un médecin qui réintroduisait la philosophie dans l’étude des maladies mentales. Charcot était le lucide contestateur de Pinel et d’Esquirol. Freud était leur génial continuateur. Georges Dujardin Beaumetz (1833-1895) en 1891 affirmait que par ses manifestations étranges, l’hystérie a supprimé le mot impossible de la pathologie . Il ajoutait, avec quelque désappointement, qu’elle était hors d’atteinte de toute thérapeutique, d’une part en raison du rôle essentiel joué par l’imagination dans les perturbations nerveuses qui la caractérisaient, d’autre part du fait de la tendance de ces malades à tromper leur entourage et leurs médecins, aptitude qu’il interprétait comme un délire malicieux. Pour finir, le thérapeute en était réduit à reconnaître que dans cette névrose, tout peut échouer et tout peut réussir {4} .
Or on peut imaginer que l’hystérie ne corresponde pas à un dysfonctionnement du système nerveux et résulte d’un fonctionnement normal mais inhabituel. Ce serait dès lors un trait constitutif du comportement de l’être humain comme le fait d’éprouver de la joie, de la peine, de l’anxiété ou de la colère, par contre dans la démesure. Ce serait la réponse excessive à un stimulus disproportionné, à un agent provocateur monstrueux, générateur de manifestations mobilisant en masse et dans le désordre toutes les ressources sensorielles, sensitives, motrices et végétatives de l’organisme. Que sa nature soit physique, comme le traumatisme provoqué par une blessure de guerre, ou moral, comme un deuil, ce stress se traduirait par une inhibition du contrôle qu’exercerait le cortex sur les comportements somatiques, et susciterait la libération de réactions plus archaïques de défense. Le néocortex passerait la main au paléocortex. Le pilotage humain deviendrait un pilotage automatique. Ce ne serait pas le surgissement de concepts anciens refoulés qui provoquerait la crise, mais la substitution d’une activité instinctive à une activité raisonnée. On comprend mieux l’attitude de l’inquisiteur qui y voyait une possession diabolique. L’hypothalamus pourrait effectivement s’identifier à Satan : il incarne ce que le système nerveux a de plus animal, de bestial aurait-on dit au Moyen Age. Il est philogénétiquement reptilien, et le serpent était l’incarnation du mal. Sans le savoir, Tomès de Torquemada (1420-1498) était peut-être plus proche de la vérité que Jean Martin Charcot et Sigmund Freud !
1 L’homme et le chercheur
Ne cherchez pas la statue de Charcot qui s’élevait à la porte d’entrée de la Salpêtrière à la fin du XIX ème siècle, les Allemands l’ont enlevée en 1942 pour la fondre et en récupérer le métal. Ne cherchez pas non plus le 1 rue du Faubourg Poissonnière. Là où se dressait la maison natale du grand neurologue, existe désormais un immeuble construit en 1993. Né le 29 novembre 1825, Jean Martin Charcot était le second fils de Simon-Pierre Charcot, carrossier, et de Jeanne-Georgette Saussier. Il avait été baptisé le 1 er décembre de la même année en l’église Notre-Dame de Bonne Nouvelle. Les témoins étaient Jean-Antoine Saussier, carrossier, et Martin Cathrein, arrière grand-oncle, propriéta

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