Gérontologie sociale
306 pages
Français

Gérontologie sociale , livre ebook

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306 pages
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Description

Michel Philibert, est l'un des pionniers de la gérontologie sociale. Le contexte démographique, social, économique actuel présente aujourd'hui des bouleversements tels que le "vieillissement de la population" apparait toujours comme porteur d'enjeux complexes. Revisitant l'œuvre de Michel Philibert, cet ouvrage se propose d'en interroger la pertinence contemporaine et d'en saisir les prolongements dans les travaux actuels.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 février 2012
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296483064
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La gérontologie sociale héritages et réflexions contemporaines
La gérontologie en actes Collection dirigée par Jean-Jacques Amyot L’évolution des connaissances sur le vieillissement et les constantes mutations de l’action gérontologique requièrent une large diffusion des études, des recherches et des actes de colloques, véritables brassages d’idées, de concepts, de pratiques professionnelles et de politiques publiques qui participent à l’innovation. La collectionLa gérontologie en actesvocation d’éditer ces contributions a qui accompagnent le développement de l’action auprès des personnes âgées. Déjà parus Sandra QUEILLE (sous la dir.),Mémoire du quartier du Grand Parc, 2011. Pierre PFITZENMEYER,Prendre soin du grand âge vulnérable, 2010 Christophe TRIVALLE, Vieux et malade : la double peine !, 2010 UNIORPA,Choisit-on d’entrer en établissement pour personnes âgées ? Enjeux éthiques et pratiques,2010. Sophia BELHADJIN-GONJON,Regards d’un médecin sur la fin de vie en gériatrie. Et si c’était moi ?,2009. Gaëtan MALACUSO,Le stress chez les personnes âgées, 2008. Blandine ORELLANA-GELAIN,Communiquer avec les personnes âgées. Guide pratique, 2007. UNIORPA,Le traitement social de la vieillesse, 2006. Colette EYNARD, Didier SALON,Architecture et gérontologie,2006. OAREIL,Le vieillissement des immigrés en Aquitaine,2006. Jean-Jacques AMYOT,La naissance de la gérontologie.Jean Bassaler, témoin en acteur, 2006. Jean-Jacques AMYOT et M. BILLÉ (sous la dir.),Vieillesses interdites, 2004. Michel BILLÉ,La chance de vieillir, 2004
Sous la direction de Catherine Gucher La gérontologie sociale héritages et réflexions contemporaines L’Harmattan
Les propos tenus n’engagent que leurs auteurs. © L’HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96048-0 EAN : 9782296960480
Avant-propos
Cet ouvrage se situe en prolongement du colloque international organisé par le Centre Pluridisciplinaire De Gérontologie de Grenoble (Université Pierre-Mendès-France) à l’occasion de son quarantième anniversaire les 27 et 28 septembre 2010.
Depuis sa fondation en 1970 par les Pr Hugonot, gériatre et Pr Philibert, philosophe, le CPDG a apporté une contribution signicative à l’étude du vieillissement et à la diffusion des connaissances en ce domaine. Tout au long des 40 dernières années, les équipes qui se sont succédées sous les direc-tions du Pr Philibert, fondateur puis du Pr Frossard, économiste, du Pr Alain Blanc, sociologue et de Catherine Gucher, sociologue, maître de conférences des Universités, ont porté le projet initial de Michel Philibert, tout en l’enri-chissant à travers de nouvelles approches multidisciplinaires et de nouvelles pratiques, tant en formation qu’en recherche, toujours en lien avec les préoc-cupations contemporaines des acteurs du secteur gérontologique.
A l’occasion du quarantième anniversaire de sa fondation, le CPDG a souhaité revisiter les fondements et interroger les prolongements théoriques et pratiques de la notion de gérontologie sociale et ce faisant, rendre hommage à Michel Philibert, qui en fut l’un des concepteurs dans les années 1960.
A travers cet ouvrage, nous souhaitons rendre accessible aujourd’hui la pensée de Michel Philibert, aux nouvelles générations de chercheurs et d’acteurs engagés en gérontologie, en souligner l’actualité et mettre en évidence ses ramications dans les travaux de recherche pluridisciplinaire. Il ne s’agit pas ici seulement d’un exercice convenu, mais bien plus d’une entreprise qui consiste à relier les générations engagées dans une recherche assidue de compréhension des phénomènes du vieillissement, an de ne rien perdre du legs des générations précédentes, qui furent des générations pion-nières, mais aussi an d’éclairer les débats sociopolitiques et professionnels actuels par la référence aux 40 ans passés de pensée sur le vieillissement et la vieillesse. Nous espérons ainsi faire œuvre utile dans le sens de la construction « d’une société pour tous les âges », et soutenir les chercheurs et les professionnels dans leurs actions et travaux.
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La gérontologie sociale : héritages et réexions contemporaines
Nous tenons à remercier pour leur soutien multiforme dans ce travail : – la famille de Michel Philibert, qui a mis à notre disposition des documents d’archives et des inédits ; – les partenaires et compagnons de route du CPDG qui ont contribué au succès du colloque de septembre et à la réalisation de cette publication ; – nos soutiens nanciers : la Fondation de France, Prémalliance, le Conseil Général de l’Isère, la Metro, la ville de Grenoble, sans lesquels cette initiative n’aurait pu trouver le jour ; – les éditions L’Harmattan et le directeur de la collection « La gérontologie en actes » ; – le conseil scientique du CPDG.
Introduction
Catherine Gucher Directrice du CPDG
Depuis les années 1990 et plus encore en 2010, « les problèmes de la vieillesse » font l’objet d’une médiatisation, qui relaie diversement les débats politiques et sociaux consacrés à la « prise en charge de la vieillesse » et suscite de nombreux mouvements d’opinion. L’espace public devient ainsi la « caisse de résonnance » des mises en forme politiques des difcultés qui accompagnent le parcours de vieillesse des individus et de ce qu’il est convenu de nommer le « vieillissement de la population ». Cependant, les dessous de ce terme géné-rique et apparemment non contestable méritent une exploration approfondie :
1. Cette situation de vieillissement, souvent qualiée d’inédite par les politiques et les médias, n’est au fond pas si originale qu’elle en a l’air. En effet, ce sont les années 1930 à 1970 qui ont été marquées par un accroissement rapide de l’espérance de vie : de 54 ans à 67 ans pour les hommes et de 59 ans à 74 ans pour les femmes. Depuis les années 1970, la progression se poursuit mais à un rythme plus lent : en 2010, l’espérance de vie s’établit à 78 ans pour les hommes et 84,8 ans pour les femmes. Ainsi donc le phénomène du vieillissement ne constitue pas une nouveauté mais ses corollaires altèrent aujourd’hui les aspects posi-tifs qu’il contient. La déformation de la pyramide des âges, si souvent utilisée comme preuve à charge du vieillissement dramatique de la popu-lation française, est à mettre en lien tout autant avec l’allongement de la vie qu’avec le recul de la natalité et des mouvements migratoires. A cet égard, la situation peut être qualiée de nouvelle puisque les années 1960 voyaient l’allongement de l’espérance de vie, « compensé » par le phéno-mène du baby-boom. La rupture démographique a donc déjà eu lieu. 2. Ce sont davantage les conséquences de cet allongement de l’espérance de vie, en tant que transformations du cycle de vie qui constituent une nouveauté. En effet, ce phénomène a contribué à redénir « les âges de la
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La gérontologie sociale : héritages et réexions contemporaines
1 vie » et à repousser la vieillesse dans les âges les plus avancés en lais-sant place à une autre période de la vie, nommée souvent le « troisième âge » qui ne s’apparente pas encore à la vieillesse mais bien plutôt à une nouvelle étape de maturité idéale, dans laquelle l’individu se trouve en situation d’organiser sa vie essentiellement à partir de ses choix et en grande autonomie, en dehors des contraintes du travail et de l’édu-2 cation familiale . Ces réorganisations s’accompagnent d’un processus de « désinstitutionnalisation » dulife spanle passage d’une augurant structuration collective normalisée des parcours de vie à un processus de 3 dénition individualisée des étapes de l’existence.
Ces éléments qui concernent in ne, davantage les formes sociales du vieillir, qu’un univers de données biologiques, démographiques et économiques objectivées sans conteste, apparaissent cependant, peu pris en compte par les politiques publiques en faveur des retraités et personnes âgées. Les manières de penser et de d’énoncer les « problèmes de la vieillesse » reposent sur un ensemble de considérations à dominante démographique et économique, dont les fondements en termes de représentations sociales et d’orientations idéologiques – au sens littéral du terme – sont le plus souvent occultés. En effet, quoiqu’il en soit du vieillissement démographique et de ses corollaires, il existe toujours différentes manières d’envisager la vieillesse, soit comme opportunitédonnée à une société à un moment de son histoire et de son déve-loppement soit commefardeau social, risquant de compromettre les équilibres sociaux et économiques.
L’intégration sociale des retraités ou encore l’articulation des groupes d’âge au sein de la société, étaient au centre des préoccupations de la « commission d’étude des problèmes des retraités et personnes âgées » et de P. Laroque, en 1962. La mise en forme du problème social de la vieillesse se fonde alors sur la réexion développée par la gérontologie naissante. Des acteurs engagés diversement dans une pratique professionnelle aux côtés des vieux ou dans
1 L’ouvrage de Michel Philibert,L’échelle des âges, paru aux éditions du Seuil en 1968, constitue un des premiers travaux à avoir mis en évidence cette structuration sociale des âges de la vie. 2 Voir à ce sujet Gauchet M.,Un monde désenchanté ?, Paris, Les Éditions de l’Atelier/Édi-tions Ouvrières, 2004. 3 Membrado M. et Salord T., « Expériences temporelles au grand âge », dans Marie Wierink (coord.), « Temps sociaux : concordances et discordances »,Informations Socialesn° 153, 2009, p. 30-37.
Introduction
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une recherche sur le vieillissement et la vieillesse, contribuent alors, collec-tivement et dans la pluridisciplinarité, à donner un sens à la vieillesse et à ce phénomène démographique nouveau. Leurs approches se fondent sur une approche humaniste, parente des thèses proposées par les tenants du person-nalisme et le programme du Conseil National de la Résistance.
Un examen attentif de l’évolution des politiques publiques récentes en direc-tion des retraités et personnes âgées donne à voir la centration accentuée depuis deux décennies, des « formes de problématisation » sur les ques-tions de « dépendance ». A cet égard, les inquiétudes socialement partagées vis-à-vis d’une vieillesse grevée de lourdes incapacités, nécessitant l’aide quasi-constante de tiers familiaux ou professionnels, trouvent un écho dans les orientations des politiques publiques. Les préoccupations afchées poli-tiquement apparaissent essentiellement liées à des enjeux économiques. La dépendance est alors socialement construite en tant que « problème de prise en charge », risquant de mettre à mal les équilibres budgétaires du système de protection sociale. Au-delà, et plus généralement, le vieillissement de la population représente une menace susceptible d’entraîner une privation de ressources collectives ainsi qu’une diminution du dynamisme et de la perfor-mance souhaitables dans le contexte d’une économie mondialisée.
Ainsi, en deux contextes différents, le vieillissement et la vieillesse font l’ob-jet de mises en forme sociales, radicalement différentes. Certes les contours statistiques des phénomènes appréhendés ne sont pas de même ampleur, sans doute le besoin de soins et d’aides n’était-il pas quantitativement aussi impor-tant dans les années 1960, mais pour autant, à l’échelle d’un pays alors en pleine reconstruction et dans la situation économique dramatique de l’après-guerre, des femmes et des hommes, pour certains engagés dans l’action politique, et pour d’autres investis dans des activités professionnelles et de recherche, ont alors, suscité une réexion fondamentale sur le sens individuel et social du vieillir et en prolongement, ouvert des pistes pour l’action profes-sionnelle et politique.
Une pensée sur le vieillissement et la vieillesse s’est alors initiée, à travers la mobilisation de disciplines des sciences humaines et sociales mais aussi des disciplines médicales. La philosophie des âges de la vie s’est afrmée comme prolégomènes incontournable à l’étude des phénomènes individuels et sociaux du vieillissement. Penser la vieillesse, pour la saisir dans toute la complexité de ses dimensions individuelles et collectives, avant que d’agir : telle a été l’ambition première de la « gérontologie sociale » proposée par
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La gérontologie sociale : héritages et réexions contemporaines
Michel Philibert. A posteriori, il est possible de comprendre ce mouvement de la gérontologie sociale naissante comme une tentative de réduire l’altérité contenue dans la vieillesse et de penser le vieux comme autre, mais proche et semblable, dont l’existence incombe à chacun du simple fait d’une humanité partagée. En ce sens, ses fondements philosophiques sont à reconnaître du côté des œuvres de Paul Ricœur ou encore d’Emmanuel Levinas, en ce que 4 leurs travaux comportent de questionnement éthique .
Cependant, au-delà des réexions philosophiques pionnières, le recours à d’autres disciplines s’est avéré indispensable pour saisir dans un premier temps les enjeux sociaux et politiques du vieillissement de la population. La sociologie a ainsi apporté une contribution essentielle à la compréhension des processus d’élaboration collective, sociale et politique du statut de la retraite et de la vieillesse mais aussi des modes d’organisation de la vie des retraités 5 dans la société des années soixante . Les transitions dans les parcours de vie – notamment le passage à la retraite – ont ainsi constitué assez rapidement un objet d’étude pour les sociologues, mais également pour les psychologues, qui se sont donné pour mission de saisir les réaménagements identitaires opérés tout au long du parcours de vieillissement. D’autres disciplines ont également investi les questions du vieillissement : il importe à cet égard de souligner la part essentielle de l’histoire, dans la compréhension de la manière dont les civilisations ont forgé à différentes étapes de leur développement, le « statut du vieillard », sur un socle de représentations sociales dominantes. Un peu plus tardivement, les économistes ont également, à travers leurs travaux, inscrits, dans le domaine de l’économie de la santé, permis de saisir les enjeux écono-miques du vieillissement de la population, et du développement des systèmes de protection socio-sanitaire destinés à ces groupes de population.
L’intelligence de Michel Philibert, a consisté, au-delà de l’apport essentiel de sa discipline, la philosophie, à accepter, voire solliciter d’autres disciplines des sciences humaines et sociales mais aussi de la biologie, de la médecine, pour construire un socle de savoirs en dialogue, autour des phénomènes de vieillissement individuel et collectif.
L’ouvrage, que nous proposons ici, se veut une invitation à reprendre cet itiné-raire scientique et éthique, pour renouveler notre pensée sur la vieillesse et le vieillissement et percevoir enn la complexité fondamentale de la double expé-rience, de vivre et d’accompagner le vieillissement. La gérontologie sociale,
4 Michel Philibert publia d’ailleurs un essai dédié à Paul Ricoeur, intitulé Paul Ricoeur ou La liberté selon l’espérance, paru aux éditions Seghers, n° 72 en 1971. 5 Voir à cet égard les travaux fondateurs d’A.-M. Guillemard.
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